Sept ans après la sortie du jeu original, la saga horrifique Five Nights at Freddy’s (FNAF) accueille déjà le huitième titre de sa série principale (sans compter les nombreux spin-off) avec Security Breach. L'occasion pour la franchise d'apporter un peu en nouveauté en permettant cette fois aux joueurs d'explorer un immense complexe pour échapper à de maléfiques animatroniques. Mais au-delà d'approfondir l’univers de FNAF, Security Breach réussit-il avant tout à être un bon survival-horror ?
À l'image d'Amnesia, Five Nights at Freddy’s (FNAF) est une franchise qui doit une grande partie de son succès à de célèbres YouTubers qui ont produit de nombreuses vidéos autour des différents jeux de la saga. Et pour cause, il s'agit de jeux divertissants à regarder car ils reposent beaucoup sur les jumpscares, une technique qui fait apparaître brutalement à l'écran un élément effrayant accompagné d'un bruit souvent très fort (un screamer). Il s'agit d'une ficelle très simple mais efficace pour les oeuvres horrifiques car elle déclenche forcément une réaction chez le spectateur/joueur. Malheureusement, plus que de faire peur, ce ressort fait surtout sursauter ce qui peut finir par être agaçant à force d'utilisation.
Ainsi, les premiers jeux FNAF reposaient en grande partie sur ces jumpscares puisqu'on y incarne un gardien de nuit dont la mission est de surveiller des animatroniques, c'est-à-dire des robots que l'on contrôle à distance qui étaient souvent utilisés au cinéma avant la démocratisation des effets numériques. Par exemple, c'est ce qui a fait le succès des films Jurassic Park dans les années 90 puisque de nombreux dinosaures étaient en fait des animatroniques ce qui leur donnait un aspect réaliste. Malheureusement, dans FNAF, les animatroniques prennent la forme d'animaux anthropomorphiques qui cherchent à vous tuer et qui sont en fait les vraies stars de la saga. Pour survivre, puisque vous ne pouvez pas vous déplacer, vous devez constamment surveiller les caméras et fermer des portes pour les empêcher de vous atteindre tout en gérant l'électricité du bâtiment.
Une nouvelle formule réussie ?
Après sept jeux sans que l'on puisse décoller sa chaise, Five Nights at Freddy’s : Security Breach apporte un peu de nouveauté à la franchise puisque l'on doit cette fois se déplacer dans un énorme complexe pour échapper à ces maléfiques animatroniques. Pour être un peu plus précis, l'action du jeu se déroule au sein du Freddy Fazbear’s Mega Pizzaplex, un énorme complexe dédié à un groupe de glamrock d’animatroniques composé de Roxie la louve à la keytar, Chica la poule et Monty l'alligator à la guitare et surtout Freddy l’ours au chant.
Alors que la troupe joue son spectacle habituel, un bug met Freddy hors service ce qui force les organisateurs à interrompre brutalement le concert pour faire une maintenance des robots. C'est dans ce contexte que l'on va incarner un jeune garçon du nom de Gregory qui se retrouve bloqué au sein du complexe, tout seul, sans ses parents. Perdu, il part se réfugier dans la loge de Freddy qui semble être le seul animatronique à ne pas avoir été corrompu par un étrange dysfonctionnement. Activement recherché par la gardienne et les autres animatroniques, Gregory va essayer de sortir du bâtiment le plus vide possible avec l'aide de Freddy. Mais la nuit, il se passe des choses étranges au Freddy Fazbear’s Mega Pizzaplex et Gregory va découvrir de nombreux secrets qu’il n’aurait jamais imaginé.
Pour s'échapper, le joueur est donc invité à explorer le complexe à la recherche de passes et autres badges qui permettent de débloquer de nouvelles zones, toujours dans l'objectif de se rapprocher de la sortie. Toute l'action se déroule à la première personne et on est bien évidemment amené à croiser la route des maléfiques animatroniques lors de nos pérégrinations. S'ils finissent par vous rattraper, c'est game over après une animation de jumpscare qui est toujours la même pour tous vos poursuivants. Pour leur échapper, la fuite n'est pas toujours une bonne solution car à cause de sa jauge d'endurance, votre personnage ne peut pas sprinter en permanence et peut se faire rattraper assez facilement.
Heureusement, le titre propose différentes options pour s'échapper. Tout d'abord, il est possible de consulter les caméras de surveillance qui vous entourent à tout moment grâce à la montre de Gregory. Mais si vous vous faites repérer, vous disposez de plusieurs options comme vous cacher dans des éléments du décor comme dans Outlast, distraire vos ennemis en faisant du bruit ou encore se cacher dans le torse de Freddy s'il vous accompagne. Une fois à l'intérieur, vous devenez alors invisible aux yeux de ceux qui vous poursuivent. Présenté comme l'un des arguments forts du titre, il faut reconnaître que Freddy n'est que rarement à vos côtés et que sa batterie se décharge beaucoup trop vite pour qu'il soit vraiment utile.
Des bugs et des ficelles évidentes qui brisent l'immersion
Malheureusement, à mesure que l'on avance, certains bugs et autres astuces utilisées par les développeurs finissent par briser l'atmosphère horrifique du titre. Pour donner un exemple concret, sachez qu'en dehors de la gardienne et des animatroniques, vous croiserez la route de robots de maintenance ou de surveillance qui peuvent indiquer votre position s'ils vous repèrent. Et c'est à ce moment-là qu'apparaît l'un des grands problèmes du jeu : rapidement, on se rend compte que se faire repérer par l'un de ces robots a pour conséquence de faire automatiquement surgir l'un des animatroniques dans votre dos quelques mètres derrière vous. Et cela vaut même si vous avez en aperçu un auparavant loin devant nous. Dès que vous faites remarquer, l'une de ces créatures sera téléportée de façon systématique dans votre dos, un peu comme la police dans Cyberpunk 2077 par exemple. Une fois qu'on s'est rendu compte de cette astuce utilisée par les développeurs, l'immersion prend un sacré coup et la peur disparaît d'un coup.
Ce côté terrifiant que cherche à procurer l'expérience perd aussi beaucoup en efficacité lorsqu'on est amenés à recommencer plusieurs fois un même passage à cause d'un manque d'explications, ou pire, à cause de bugs. Dans la séquence du parc à jeu par exemple, il est possible que l'animatronique qui vous poursuit arrive à traverser les murs pour vous atteindre à cause de problèmes de collision. Au bout de plusieurs essais, ces moments finissent plus par être frustrants qu'effrayants. On pourrait même dire que c'est parfois agaçant lorsqu'on voit plusieurs fois d’affilée la même animation au cours de laquelle vos ennemis vous crient dessus dès qu'il vous attrape, surtout que cette dernière est la même pour tout le monde. Enfin, on peut aussi que l'intelligence artificielle des robots est très permissive, ce qui fait qu'on a souvent tendance à courir à côté d'eux en évitant leur champ de vision sans trop d'inquiétude. Par la somme de tous ces détails, l'aspect horrifique de l'expérience perd de plus en plus en efficacité alors que le titre ne fait déjà pas particulièrement peur de base comparé à Amnesia ou Outlast pour citer ses concurrents directs.
Ces défauts sont particulièrement regrettables car Security Breach réussit à côté à proposer de nombreuses séquences originales qui sortent de la routine. Si l'on oublie les bugs, la phase du parc à jeux est plutôt efficace puisqu'elle nous demande de rallumer des générateurs dans le noir en escaladant des toboggans tout en étant poursuivi par une terrifiante créature. Même chose pour l'exploration de la maintenance qui demande de garder constamment un oeil sur les robots qui n'avancent que lorsque vous avez le dos tourné. On retrouve même des moments qui font directement référence aux premiers jeux de la saga au cours desquels on est enfermé dans un bureau alors que les animatroniques cherchent à y pénétrer pour nous capturer.
Un jeu réservé aux fans ?
Ces quelques bonnes idées sont rendues possibles grâce à une exploitation intelligente du bâtiment. Puisqu'il s'agit d'un complexe de divertissement dédié aux enfants, il est normal qu'on retrouve des activités comme un laser game qui offre une séquence qui change des phases d'infiltration et de course-poursuite habituelles. De manière générale, le Freddy Fazbear’s Mega Pizzaplex dégage une certaine aura en jouant à fond la carte de l’esthétique néo-rétro très années 80 avec le visage des animatroniques stars que l'on retrouve dans tout le bâtiment. Malgré le fait que les différentes parties du bâtiment soient assez reconnaissables, l'exploration est laborieuse à cause d'un manque d'indications claires de la part du jeu, mais aussi à cause de l'absence du nom des zones sur la carte du jeu, ce qui rend difficile de s'y repérer.
Et si le bâtiment est plutôt réussi visuellement, avec quelques effets de reflets efficaces, la technique du titre est loin d'être irréprochable. Le principal souci vient d'abord du framerate qui est très (voire trop) souvent saccadé, en particulier lors de certaines séquences comme le laser quest. Une remarque qui s'applique même sur PS5 en mode performance, alors que le mode visuel peine régulièrement à afficher un 30 FPS fluide. De manière générale, la technique du jeu souffre de finesse graphique sur certains détails comme les ombres très aliasés ou encore la résolution d'images des caméras de surveillance qui est particulièrement faible. On note aussi un manque de finition globale du titre qui donne parfois le sentiment d'avoir à faire à un accès anticipé. Entre des sous-titres français qui ne s’affichent pas toujours ou qui occupent la moitié de l'écran, des textes qui se superposent dans le menu (quand ils ne sortent pas de leurs cases) ou encore des mini-jeux qui ne se lancent pas sur PS5, il reste des aspects à peaufiner.
Pour terminer sur le scénario, il faut reconnaître qu'on se contente la majeure partie du temps d'aller d'un coin à l'autre du bâtiment pour récupérer un badge ou un passe et explorer de nouvelles zones. On a de temps en temps droit à des événements surprenants ou des révélations sur ce qui se trame vraiment dans le complexe, mais ces éléments parleront avant tout aux fans de la franchise. Ces derniers seront ravis d'en apprendre toujours sur cet univers horrifique, notamment grâce à tous les objets qu’il est possible de récolter en cours de route. Et pour ceux qui veulent vraiment tout savoir, ces derniers pourront refaire plusieurs fois le jeu pour obtenir les différentes fins. De toute façon, le titre reste dans la moyenne du genre avec une durée de vie qui tourne autour des dix heures de jeu.
Conclusion
Points forts
- L'ambiance néo-rétro du Fazbear’s Mega Pizzaplex
- Quelques bonnes séquences qui viennent briser la routine
- Toujours plus de lore pour les fans de FNAF
Points faibles
- Des bugs qui brisent régulièrement l'immersion
- Des chutes de framerate trop fréquentes, même sur PS5
- Des ressorts horrifiques rapidement visibles
- Une intelligence artificielle un peu trop permissive
- Scénario peu engageant qui ne parlera qu'aux fans
Note de la rédaction
Five Nights at Freddy's : Security Breach n’est donc pas un jeu qui révolutionne le survival-horror. En reprenant les codes du genre sans idées particulièrement originales, le titre se destine avant tout aux fans de la franchise qui souhaitent en apprendre toujours plus sur cet univers horrifique rempli d'animatroniques et de secrets. Malheureusement, les nombreux bugs, les soucis techniques, le manque de finition et les ficelles un peu trop visibles utilisées par les développeurs pour faire peur rendent l'expérience difficilement accessible pour les autres. Il n'en reste pas moins un jeu d'horreur classique avec quelques séquences intéressantes qui pourra faire plaisir aux amateurs de survival-horror en manque de titres à se mettre sous la dent.