Après la série des XXL et son dernier opus particulièrement pointé du doigt, Microids a décidé de tourner la page et écrire une nouvelle histoire pour la franchise Astérix & Obélix. Et c'est avec Mr Nutz Studio que l'éditeur s'est associé pour débuter cette aventure au bon goût de nostalgie. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que visuellement le jeu a su donner envie. Mais alors que se cache-t-il derrière cette direction artistique fort bien léchée ?
Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ. Toute la Gaule est occupée par les Romains... Toute ? Non ! Enfin j’imagine que vous connaissez la chanson. C’est donc dans le petit village de nos irréductibles Gaulois préférés que débute ce beat'em up 2D. Vous y incarnez Astérix et son acolyte Obélix à travers diverses aventures connues. L'occasion de défoncer du Romain à gros coups de poings, mais surtout de se replonger dans les bandes dessinées ayant bercé notre enfance.
Le Tour de Gaule d'Astérix (et Obélix)
Il faut dire que Mr. Nutz Studio a mis le paquet sur la nostalgie, offrant une véritable déclaration d'amour à l'univers créé par Goscinny et Uderzo dans les années 60. Dès les premières secondes, cela saute aux yeux. Et c'est le cas de le dire puisque c'est avant tout par la direction artistique que cet hommage est rendu. Pas besoin de passer par quatre-chemins : le jeu est tout simple beau. Que ce soit au niveau du design des personnages ou des animations, on a l'impression de voir vivre sous nos yeux les bandes dessinées d'antan. Des dessins aux animations de KO en passant par les ombres, tout a été réalisé à la main sous la coupole de Philippe Dessoly. Si ce nom ne vous dit peut-être rien, sachez qu'il se cache notamment derrière les jeux Mr. Nutz et Toki ainsi que les dessins officiels de séries telles qu'''Albator, Ulysse 31'' ou encore ''Goldorak''.
Les décors sont loin d'être en reste. Enchanteurs et cohérents, ils vous transportent dans un autre monde à chaque nouvelle mission. Au fil des 50 niveaux, il n'est néanmoins pas rare de retrouver la même base de décor simplement modifiée (navire, forêt...). Il n'empêche que les couleurs chatoyantes et autres petits détails sont agréables à (re)découvrir. Surtout qu'ils sont accompagnés d'un très bon sound design qui nous plonge dans une ambiance toute particulière.
Ce dernier a d'ailleurs lui aussi eu le droit à un travail de fond. Le jeu est en effet ponctué de petites interventions des deux protagonistes. Commentant tantôt les lieux ou leurs coups, elles dynamisent l'expérience et viennent ajouter ici et là quelques notes d'humour. Et pour éviter que tout cela ne sonne trop répétitif, les développeurs de chez Mr Nutz Studio n'ont pas fait les choses à moitié. On note en effet pas moins de six ou sept interactions différentes pour certains coups spéciaux. Et pour les interpréter, le studio est parti dénicher Jean-Claude Donda (Astérix & Obélix XXL 3 : le Menhir de Cristal) et Guillaume Briat (Astérix : Le Secret de la Potion Magique). Deux voix qui donnent au jeu une saveur toute particulière. Notez également la présence d'une voix de narrateur, en la personne de Serge Biavan, rappelant les dessins animés de l'époque.
Néanmoins, les développeurs ont fait le choix de se concentrer uniquement sur les phases de gameplay. Les cinématiques (prenant la forme de cases de bande dessinée) ne sont pas doublées. Une décision qui se comprend car elle aurait demandé plus de travail et de moyens, mais que l'on regrette tout de même. On ne dit jamais non aux chamailleries bruyantes de Cétautomatix et Ordralfabétix ou les envolées lyriques d'Assurancetourix qui font le charme de cet univers si bien retranscrit en jeu.
Argumentum Baculinum
Mais Astérix & Obélix : Baffez-les Tous ! n'est pas juste un bel hommage. C'est aussi un bon beat'em up 2D aux airs de Musô. Les ennemis sont souvent nombreux à l'écran... très nombreux. Si bien que l'on peut vite se sentir à l'étroit, surtout dans les quelques lieux clôts. Notons que quelques niveaux bénéficient d'un plan plus large. Un petit détail ingénieux qui change la perception de ces combats. Mais quoi qu'il en soit, il faut dire que foncer dans une foule de Romains et voir les boucliers voler est assez satisfaisant.
Mais ne vous y méprenez pas ! Si Baffez-les Tous exploite à fond ce côté défouloir, il vous faudra faire preuve de stratégie si vous souhaitez venir au bout de ses différents niveaux. Pour cela, vous pouvez compter sur les coups variés et emblématiques de nos gaulois, mais également le décor ou les autres ennemis qui peuvent infliger des dégâts à vos opposants. Tout se réfléchit : il ne vaut mieux pas user d'un coup puissant vous rendant vulnérables aux attaques si vous êtes entouré d'ennemis par exemple. Autre point important : il est possible de changer de personnage en cours de partie. Si cela vous permet d'exploiter à bon escient les différences de gameplay entre Astérix et Obélix, c'est surtout le meilleur moyen d'éviter le KO. Chaque personnage a en effet sa propre barre de vie. Si l'un d'elles tombe à zéro, c'est la fin de la partie. Il faut donc faire attention à cela et changer de personnage avant que celui que vous incarnez ne trépasse.
À tout moment au cours de votre épopée, vous pouvez décider de passer en mode coopération. Le jeu peut en effet aussi bien se jouer en solo qu'à deux (en local seulement). La même règle s'applique alors : si l'une des barres de vie tombe à zéro, on recommence la mission du début. Il est impossible de changer de personnages dans ce mode, ce qui rend la tâche bien plus corsée. En somme, l'expérience est plus difficile et surtout différente à deux joueurs.
Puisque l'on parle difficulté, le moment est tout choisi pour évoquer l'accessibilité de ce jeu. Avec ces quatre modes de difficulté (de Facile à Très Difficile), Astérix & Obélix : Baffez-les Tous ! s'adresse aussi bien aux novices qu'aux tryharder dans l'âme. Jouant à la fois sur la force et la résistance des ennemis, ils proposent des expériences radicalement différentes. Notez que les amateurs de défi pourront chercher à obtenir le meilleur score possible dans le Mode Libre. Disponible une fois le Mode Histoire terminé, il s'agit du seul mode additionnel de ce jeu.
Côté ennemi, sachez qu'ils ne se limitent pas à des hordes de Romains. Les irréductibles Gaulois ont su trouver pas mal d'opposants au fil des leurs aventures. On les retrouve donc ici réunis dans cinq grandes familles. Si certains sont plus faibles, d'autres peuvent asséner des coups redoutables. Néanmoins, à force de les rencontrer, on comprend assez vite les mécaniques de ces derniers. Les terrasser devient donc assez simple à partir du milieu de l'histoire. Elle présente donc peu de défi à partir de là, à l'exception de quelques niveaux surprenants qui parviennent à nous donner du fil à retordre.
Il en va de même pour les boss présents dans certains niveaux. S'ils sont très punitifs, la mécanique de leurs coups est vite compréhensible et facilement contrable. Sans compter que certains apparaissent plusieurs fois dans le jeu sans gagner en difficulté. Néanmoins, cela fait plaisir de pouvoir affronter des méchants emblématiques de cet univers. Surtout que quelques boss assez surprenants font exception à la règle, dynamisant habilement cette longue aventure.
La Grande Traversée
Nous l'avons évoqué plus haut, le jeu contient pas moins de 50 niveaux. Ces derniers sont répartis en six actes différents, reprenant les aventures emblématiques de nos héros, mais également une histoire inédite. Cela donne une bonne durée de vie pour le Mode Histoire qui peut se terminer en six ou huit heures. Une aventure plutôt conséquente pour ce genre de jeu, mais qui ne traîne pas en longueur. Cela est notamment dû à une bonne gestion du rythme, alternant niveaux longs et courts.
Autre point censé dynamiser un peu l'expérience : la présence de mini-jeux. Hélas, ces derniers sont assez simples et peu nombreux. De ce fait, ils peinent à vraiment impacter l'expérience de jeu, qui est déjà suffisamment riche et appréciable avec ses nombreux combats.
Au fil de ces derniers, nous avons tout de même croisé quelques pépins. De légers bugs se sont en effet invités lors de notre partie. Très rares et pas franchement dérangeants, ils se cantonnent au changement de couleur d'un ennemi, l'immobilité d'un autre ou quelques soucis de curseur au niveau des mini-jeux. Autant dire que l'on a connu bien pire dans l'industrie vidéoludique, mais on aurait préféré ne rien avoir à signaler de ce côté, tant le reste des finitions est agréable à constater.
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Points forts
- Un hommage réussi à l'univers emblématique de Goscinny et Uderzo
- Une direction artistique qui fait plaisir à voir
- Une pointe d'humour gauloise
- Un sound design travaillé
- Un équilibre bien trouvé entre défoulement et stratégie
- Deux gameplay différents qui encouragent à utiliser Astérix et Obélix
- Un mode coopération qui change l'expérience
- Un jeu pour tous les genres de joueurs
- Une bonne durée de vie
Points faibles
- Des boss trop faciles
- Des ennemis prévisibles à la longue
- Des mini-jeux qui peinent à convaincre
- Des cinématiques qui gagneraient à être doublées
Note de la rédaction
Avec Astérix & Obélix : Baffez les tous, Microids ouvre un tout nouveau livre. Habitué aux adaptations de l'univers de Goscinny et Uderzo, l'éditeur a changé son cheval de bataille pour revenir aux sources. Et ça marche ! Avec son style rétro (que ce soit au niveau de la forme comme du fond), ce nouveau jeu parvient à rendre l'hommage que cette oeuvre mérite. Le principe colle parfaitement à l’univers et l'expérience est équilibrée sur tous les points. De là à dire qu'Astérix & Obélix : Baffez les tous est la meilleure adaptation, il n'y a qu'un pas que certains ne manqueront pas de franchir. Une chose est sûre, ce beat'em up est le fruit du travail de véritables passionnés et cela se ressent en jeu.