Encore peu connue chez nous, la licence Xuan Yuan Sword évolue. Ce septième opus canonique veut séduire un public plus large, en s’orientant vers un Action RPG structuré comme les jeux de rôle occidentaux. Domo Studio signe ainsi un épisode qui tente une percée en occident, notamment chez les francophones : objectif atteint ?
Avant tout, il faut savoir que Xuan Yuan Sword 7 peut être parcouru sans connaître les autres opus. L’histoire de ses protagonistes est inédite et même si les nouveaux joueurs peuvent percevoir que certains personnages ont déjà été rencontrés par le passé, cela ne gêne nullement la compréhension de l’aventure de Xiang et Zhao, nos deux personnages principaux. Cerise sur le gâteau, le doublage chinois est accompagné par des sous-titres et une interface en français. Les lignes de dialogues ont bénéficié d’une traduction, qui, malgré quelques anachronismes et manques, n’en demeure pas moins de bonne qualité et élargit l'accessibilité du titre à un plus grand nombre.
Sorti initialement sur PC, Xuan Yuan Sword 7 a fait son entrée sur nos consoles. Le test que nous vous proposons a été réalisé sur une version numérique Playstation 4 installée sur une PS5. A une exception près (image d'un mini jeu), les vidéos et images proviennent de nos sessions réalisées sur cette dernière.
Nos premiers pas dans Xuan Yuan Sword 7
Des inspirations glanées chez Ghost of Tsushima, The Witcher, ou encore A Plague Tale : Innocence
Pour ce septième épisode, les développeurs de Domo Studio ont abandonné le système de combat au tour par tour, figure de proue de leur licence, pour s'orienter vers un Action RPG dont certains aspects peuvent évoquer des éléments de différents titres à succès en Europe, à commencer par l'histoire de nos deux héros qui n'est pas sans rappeler A Plague Tale : Innocence. En effet, suite à de dramatiques évènements, le jeune Zhao se retrouve seul et doit prendre soin de sa petite sœur prénommée Xiang, alors âgée d'un an. Nous les retrouvons quelques années plus tard, Zhao est devenu un chasseur de prime émérite, notre duo fraternel tente de trouver un moyen de sauver la jeune fille, tout en étant impliqué contre son gré dans le conflit qui ronge le pays. Ce faisant, les raisons pour lesquelles les évènements du passé se sont produits vont se dévoiler.
L’action prend place dans une Chine féodale en proie à la guerre, en parallèle peuplée de créatures démoniaques inspirées de la mythologie chinoise. L’équipe de développement Taïwanaise intègre fort bien la culture, le folklore et l’Histoire Chinoise aux aventures des jeunes Zhao et Xiang, à l’image de Ghost of Tsushima, l’action RPG qui met en scène le samouraï Jin Sakaï dans un Japon médiéval faisant face à l’invasion Mongole. Dans Xuan Yuan Sword 7, on retrouve notamment le courant Mohiste, mouvement pacifiste aujourd’hui éteint, mettant en avant des idées antimilitaristes. Le titre met également en avant le Mohisme et la technologie, notamment par le biais de mécanismes faits de rouages rencontrés lors d'énigmes à résoudre, durant notre progression.
Le parallèle avec Ghost of Tsushima peut également se faire plus particulièrement sur une des mécaniques de combat qui offre à notre héros la possibilité d’opter pour une posture ou une autre, chacune ayant ses propres caractéristiques. Cependant, cet aspect reste trop restreint et limité pour être aussi satisfaisant et utile que dans le jeu de Sucker Punch Productions. Malgré la présence de trois postures différentes, le gameplay demeure simple et nous avons vite fait le tour des quelques attaques standard et attaques lourdes disponibles au fil du jeu, en dépit des nouveautés et de l’amélioration des techniques qui se fait via leur utilisation. Enfin, nous disposons d’invocations et de sorts "à la The Witcher" pour compléter notre panel de compétences. Bien que peu spectaculaires, elles ajoutent un plus significatif aux mécaniques de combat, en leur évitant de sombrer encore plus rapidement dans une redondance trop envahissante.
Si Xuan Yuan Sword 7 permet de combattre aux commandes de Zhao, le jeu implique d’autres personnages dans les affrontements. Même si nous ne dirigeons pas ces combattants, il nous est cependant possible de leur attribuer différentes capacités qu’ils utilisent pour venir à bout des ennemis. Les deux personnages qui vont accompagner Zhao peuvent ainsi utiliser des attaques physiques ou non, telles que l’envoi de bombes capables de toucher simultanément plusieurs ennemis ou la production d’un trait d’énergie dévastateur. Ces soutiens passifs sont très utiles, peut-être un peu trop tant ils facilitent les combats, du moins la plupart du temps. Ceux qui recherchent un défi plus corsé doivent aller le chercher dans un des deux modes de difficulté supérieurs. A contrario, pour une expérience plus axée sur l’aventure, il est possible d’opter pour le mode dédié.
Nous pouvons également compter sur les sempiternelles améliorations d’équipement inhérentes aux RPG, ainsi que sur les quêtes secondaires qui peuvent rapporter de belles récompenses, notamment celles du mini-jeu nommé Zhuolu Chess, inspiré du Liubo, un jeu populaire en Chine à l’époque durant laquelle se déroule jeu. Fil rouge des quêtes annexes, le Zhuolu Chess ressemble au Morpion et nous demande d'exercer nos talents sur un jeu de plateau qui nécessite une bonne dose de stratégie.
Un monde ouvert ? Pas si ouvert que ça...
En dépit des premières impressions données par Xuan Yuan Sword 7, notamment avec ses indications sur la direction à prendre et la distance à parcourir qui pourraient laisser penser qu'il est possible de s'écarter de notre objectif, nous ne sommes pas dans un monde ouvert et la liberté dont nous disposons est illusoire. La progression est linéaire, ponctuée de scènes qui comportent des QTE (phases qui demandent au joueur d’appuyer successivement sur des boutons de la manette prédéfinis), totalement scriptée et riche en cinématiques qui portent une narration très présente et particulièrement classique. Malgré tout, la magie opère. Le scénario peu surprenant parvient tout de même à nous porter durant une quinzaine d’heures et si nos actions s’avèrent répétitives, les protagonistes sont attachants. Le jeu est agréablement porté par un univers encore peu rencontré dans le jeu vidéo, il est raconté par des développeurs dont l’envie de transmettre une part de la culture de leur pays est palpable. Sur ce point, c’est une totale réussite.
C’est d’autant plus agréable que le soin apporté aux graphismes participe à l’immersion et au plaisir de parcourir l'aventure. Force est de constater que c’est largement perfectible, notamment sur la question des - gros - ralentissements lors des changements de zone, ainsi que celle des personnages non jouables et des décors trop peu variés, mais le travail fourni est bluffant, compte tenu des moyens dont dispose le studio. Certes les expressions faciales sont figées, mais une synchronisation labiale très correcte soutient des dialogues en chinois au doublage qualitatif.
Les musiques ne sont pas en reste et correspondent parfaitement à l’ambiance attendue. Ce n’est pas une surprise quand on sait que ce n’est autre que Yōko Shimomura qui en est à l'origine, la compositrice japonaise au CV impressionnant qui a travaillé sur des titres comme Super Smash Bros. Ultimate, Final Fantasy XV, Kingdom Hearts III, ou encore Streets of Rage 4. En quelques mots, Xuan Yuan Sword 7 est agréable à la fois pour les rétines et pour les tympans.
Conclusion
Points forts
- Les protagonistes : on s'y attache !
- Des graphismes à la qualité inattendue
- La culture chinoise, parfaitement intégrée à l’expérience
- Le Zhuolu Chess, un mini-jeu stratégique plaisant
- Le doublage en chinois, le ton juste
- Les musiques
Points faibles
- Les combats qui manquent de saveur
- Extrêmement linéaire
- Répétitif dans sa structure et dans ses visuels
- On aurait aimé un scénario plus stimulant, moins plat
Note de la rédaction
Avec ce septième opus canonique, l’équipe Taïwanaise de Domo Studio signe une entrée en matière prometteuse dans nos contrées. Faisant figure de premier essai dans la catégorie Action-RPG, Xuan Yuan Sword 7 a de quoi séduire un vaste public, hors des frontières asiatiques. Sans jamais renier ses origines - ce qui est un tour de force en soi, d’autres studios s’y sont cassé les dents - cet épisode pêche cependant par sa technique et par son contenu sous-exploité, mais malgré cela et son classicisme flagrant, les bases sont là. En outre, on peut également regretter le manque de développement des éléments qui ont servi de structure aux mécaniques de jeu. Une fois la manette posée, demeure un sentiment mitigé, fait d'une sensation de trop-peu et de la satisfaction d'avoir passé un bon moment malgré tout. Quoi qu’il en soit, les amoureux de culture asiatique et ceux qui sont à la recherche d’un titre au gameplay accessible devraient y trouver leur compte, ce grâce à des mécaniques de combat simples à maîtriser et une progression qui ne nous perd jamais en route. Domo Studio et sa licence demeurent des candidats à prendre au sérieux : ils ont un beau potentiel qui pourrait leur permettre de se faire une place de choix en occident.