Assez étonnamment, depuis des années maintenant, le jeu de photographie est un genre (de niche) à part entière dans le jeu vidéo. Les Pokemon Snap et autres Fatal Frame ont prouvé que l'on pouvait développer une expérience amusante ou effrayante armé d'un appareil photo virtuel. C'est dans ce créneau que s'inscrit Toem, petit jeu tout à fait charmant qui vous propose de mettre à l’œuvre votre œil de photographe.
- Test réalisé à partir de la version PC
Gagner son pain, un appareil à la main
Tout commence par une mission, confiée à un jeune protagoniste par sa plus proche parente : celle d'assister au phénomène Toem et de le photographier pour elle. Pas plus d'indications ne seront données à notre héros sur la nature de l'événement. Il devra donc entamer un long voyage jusqu'à l'endroit où se produit l'objet de sa mission et pour s'offrir ce trajet, il devra rendre de multiples services aux populations habitant les différentes escales qu'il sera contraint de vivre pendant son trajet en bus. Et c'est là un mal nécessaire puisque le transport n'est pas gratuit et pour passer d'une escale à une autre, et donc progresser dans le jeu, il lui faudra récolter un nombre croissant de « tampons », qui permettront de valider son titre de transport pour le prochain trajet. Et, comme vous vous en doutez, pour gagner sa croûte et payer son voyage, notre avatar devra essentiellement utiliser son appareil photo.
Chacune des cartes / escales traversées est divisée en plusieurs zones affichant la beauté simple du noir et blanc dessiné à la main. Certains petits personnages auront des bulles affichées au-dessus de leur tête et si cette dernière est assortie d'une étoile, cela signifiera qu'une mission sera à récupérer. Entamez le dialogue avec le personnage en question et la nouvelle quête sera automatiquement consignée dans votre carnet de route, avec des textes parfois précis sur les objets à photographier, parfois plus nébuleux. Par exemple, un membre d'un groupe de scouts vous demande de photographier la « plus petite armée du coin ». Inutile d'aller chercher des soldats en armes ici. En revanche, prendre un cliché d'une colonie de fourmis dans une zone un peu plus éloignée satisfera aux exigences de votre commanditaire. Un autre vous demandera de capturer un « moment fou », et cette jeune skateuse faisant en boucle la même figure pourrait bien être le cliché idéal pour votre quête. Une fois enregistrées, les photos qui vous paraissent être en adéquation avec vos objectifs doivent simplement être rendues aux personnes les ayant demandées. Et si vous satisfaites à leurs exigences, vous repartirez avec un tampon supplémentaire vous permettant, une fois une certaine somme cumulée, de partir vers la zone suivante. Pas de points de photo ici, pas de score, pas de rareté : juste photographier ce qu'on vous demande et vous débrouiller pour que les clichés soient pris.
Des zones variées pour autant de clichés
Vous traverserez donc une ville, une zone enneigée, une forêt... chaque escale proposera ses propres challenges et à de rares exceptions près, des petites quêtes « fil rouge » vous demanderont de parcourir le monde pour y identifier des sujets de photographie qui ne seront pas cantonnés à un seul secteur. Vous pourrez rendre les clichés en question après avoir vu le générique de fin, ou même avant, puisque si l'accès à une nouvelle zone est soumis à l'accomplissement d'un certain nombre de quêtes dans celle qui la précède, le voyage vers une escale déjà explorée est gratuit. Car bien entendu, si telle zone vous demande 9 tampons pour passer à la suivante, chacune regorge d'objectifs secondaires, qu'il vous appartient, ou non, d'accomplir. Ajoutez à cela un compendium qui peut recenser toute la faune du jeu, ainsi qu'un encart dédié aux succès et vous comprendrez que vous passerez du temps l'oeil dans votre objectif.
Cet objectif, comme l'ensemble du jeu d'ailleurs, est d'une simplicité enfantine et vous permet de détecter les sujets d'intérêt, de zoomer ou encore de retourner la caméra pour prendre quelques selfies. Notez qu'au fil de l'aventure, vous obtiendrez quelques bonus visant à diversifier l'usage de votre appareil photo, à l'image du trépied qu'il faudra parfois poser là, l'air de rien, pour photographier les individus les plus timides sans qu'ils aient conscience de la caméra. Vous récolterez aussi parfois des déguisements ou autres objets à équiper pour faciliter votre progression à l'image de ce chapeau de presse, permettant l'accès à un défilé de mode. Toem, sous ses aspects enfantins, sait se faire très original et varié, autant dans ses petites énigmes que dans ses environnements et livre une expérience courte (comptez 2/3 heures en ligne droite, 5h maximum pour le 100%), mais apaisante, autant grâce à sa direction artistique épurée qu'à son concept même.
Il résulte de tout cela un jeu tout à fait charmant et familial, qui demande essentiellement de faire preuve d'observation pour être bouclé. Il n'est jamais déplaisant de se creuser (un peu) la tête pour savoir quel élément vous venez de photographier correspond à quel objectif et c'est même avec une pointe de regret que le générique de fin apparaît, tant Toem fait partie de ces jeux dont on prend plaisir à découvrir quels nouveaux environnements et quelles nouvelles énigmes les développeurs nous ont concoctés. Alors évidemment, la trame du jeu ne fait pas beaucoup sens, elle ne va pas chercher très loin, et s'avère très explicite en matière de message à base de voyage et de destination, mais qu'importe, il n'est jamais désagréable de jouer à Toem, vraie petite bouffée d'air frais idéale le temps d'une pause.
Conclusion
Points forts
- Idéal en famille
- Personnages et univers charmants
- Solide dans sa DA
- Des petites énigmes malines mais accessibles
- Variété des situations
Points faibles
- Assez court (2-3h en ligne droite / 5h pour le 100%)
- Une trame trop légère
Note de la rédaction
Toem est un jeu très plaisant et reposant. Idéal pour jouer en famille, ce petit jeu de photographie reste plus malin qu'il en a l'air, grâce à un concept simple, mais efficace, à des petites énigmes bien faites et un univers sans artifices, mais mignon comme tout. Très court et accessible, le titre de Something We Made est sans doute ce qu'il vous faut si vous désirez vous livrer à une expérience paisible, peuplée de personnages aussi absurdes qu'amusants. Il ne va pas plus loin que ça, n'en a pas la prétention, et c'est sans aucun doute très bien ainsi.