Annoncé dans une certaine discrétion en 2020, Tormented Souls est un survival horror qui ne cache pas ses inspirations, évoquant des grands noms du genre comme Resident Evil ou Silent Hill. Mais pas n’importe quelle version de ces grands noms. Avec des angles de caméra fixes, un mélange entre gestion des ressources, exploration et énigmes, Tormented Souls va plutôt chercher du côté des années 90, avec bien sûr des graphismes remis au goût du jour. Alors, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes ? Réponse avec notre test. Voici notre verdict sur Tormented Souls.
Ce test a été réalisé depuis une version PC. Tormented Souls est actuellement aussi disponible sur PS5.
Après la sortie récente de Resident Evil Village et sa caméra une nouvelle fois à la première personne, vous prendrez bien une cuillerée de nostalgie ? C’est en tout cas ce que propose Tormented Souls, survival horror qui vient tout juste de débarquer sur PS5 et PC, et arrivera plus tard (pas plus d’info) sur PS4, Xbox One, Xbox Series et Nintendo Switch. Nostalgie, c’est bien le mot, car le titre de Dual Effect et Abstract Digital a bien révisé ses classiques, avec une caméra fixe ainsi qu’un cocktail à base d’exploration, action et énigmes qui vous fera rapidement replongé dans l’âge d’or du genre, milieu et fin des années 90, lorsque les premiers Resident Evil et Silent Hill régnaient en maître. L’hommage est donc bien là, mais reste encore à voir si le tout tient la route. Dans Tormented Souls, le joueur incarne Caroline Walker, jeune femme sans histoire qui se retrouve catapultée dans un hôpital terrifiant, poussée à enquêter sur la disparition de deux jumelles. Pour ne rien arranger, l’établissement était auparavant un manoir, où sommeillent encore les secrets d’une bien étrange famille. Il y a même un lien avec un ancien cimetière indien. Original, non ?
Tormented Souls - De l'autre côté du miroir (Gameplay)
Frustration et fascination
Vous l’aurez compris, côté scénario, Tormented Souls ne s’épargne aucun cliché. Notre cher Caroline devra en effet s’aventurer au plus profond du manoir, découvrant au fur et à mesure les infâmes expériences qui y sont menées pour (peut-être) s’en sortir. Comme d’habitude avec le genre, vous trouverez en chemin tout un tas de documents qui vous apporteront de nouveaux éclairages sur le scénario. À la différence près qu’il faudra ici bien les lire, dans la mesure où les pages contiennent souvent des indices importants pour résoudre les très nombreuses énigmes du titre. Oui, Tormented Souls ne vous fera pas décoller de votre siège grâce à son scénario, mais ce dernier permet d’installer une ambiance particulièrement maîtrisée. Les décors élaborés par Dual Effect et Abstract Digital sont superbement glauques et détaillés, donnant un véritable cachet et ambiance aux lieux, dont l’impact est de plus renforcé par les effets de lumière ainsi que les angles de caméra fixe, très réussis. Il faut avouer que c’est toujours stressant de voir son héros plongé dans le noir à l’autre bout de la pièce, surtout quand on manque de munitions. On retrouve l'atmosphère poisseuse d’un Silent Hill comme les environnements baroques de Resident Evil. Sans oublier le design sonore, qui compte des compositions bien angoissantes. L’exploration est un plaisir. Du moins au début.
Car après avoir fait un bon premier tour de la bâtisse, explorant une à une les pièces dans un premier temps accessibles et débarrassant les couloirs de ses monstres gluants (on parle du système de combat un peu plus tard), Tormented Souls entame une seconde partie laborieuse, où les énigmes - parfois bien tirées par les cheveux - s’entassent, et où le rythme de l’aventure s’effondre, avant de repartir de plus belle dans le troisième acte. Certes, la résolution de chaque mystère dépendra du raisonnement de chacun, mais il est en revanche difficile de pardonner la manière dont le titre se dispense de donner certaines informations. Le plus bel exemple, c’est la carte de Tormented Souls, dont vous récupérerez progressivement les différentes parties, façon Silent Hill. Mais à la différence du cultissime jeu d’horreur, Dual Effect et Abstract Digital ne vous diront jamais quelle pièce vous avez visité, ni même s’il reste des objets essentiels à la progression dans un coin. Seules les salles pour sauvegarder et quelques rares points d’intérêt sont indiqués. Les déambulations frustrantes dans le manoir deviennent ainsi monnaie courante, et pourront grandement faire varier la durée de vie. De notre côté, nous en avons eu pour un peu plus de 9 heures.
Tormented Souls - Dans les couloirs du manoir (Gameplay)
Un hommage trop appuyé ?
Après ce deuxième acte laborieux, difficile d’accueillir avec enthousiasme les autres énigmes de Tormented Souls, même si le retour des phases d’action et d’exploration - par la suite avec de nouvelles zones - renouvellent l’intérêt. Au global, le plaisir suscité par l’ambiance très soignée de Tormented Souls, ajouté au fait d’en apprendre plus sur une histoire certes convenue mais efficace, occulte presque ses défauts, surtout qu’il y a aussi de belles idées de gameplay. Car des défauts, il y en a pas mal d’autres. Nous n’allons pas nous étendre sur les animations et le design du casting, ni sur les problèmes de gameplay induits par le système de caméra fixe (ennemis hors-champs, route du personnage déviée à cause des changements de plan). Par contre, difficile d’accepter l’inventaire “comme à l’époque” qu’il faut sans cesse ouvrir pour changer d’arme ou consulter sa carte. C’est tout simplement pénible à la longue. Nous avons également eu ce sentiment avec le système de sauvegarde manuel et limité, qui demande un item à la moindre utilisation façon Resident Evil. Sur le principe, pour accroître la tension, oui, c’est une bonne idée. Mais pas quand il n'y a aucun moyen d'enregistrer pendant deux heures. Dommage, car Tormented Souls se tire quelques balles dans le pied pour pas grand chose. Ce qui n'empêche pas de l'apprécier malgré tout.
Pendant une bonne partie de l’aventure, Tormented Souls vous obligera à porter exclusivement un briquet ou l’une des trois armes à disposition. Cela veut dire que, sur plusieurs heures, il ne sera pas possible d’attaquer et de s’éclairer en même temps (à moins que les lumières soient déjà allumées). Du coup, c’est la galère ? Alors oui, un peu. Mais cela permet surtout d’amener des situations intéressantes. Dans certaines pièces, vous trouverez un chandelier pour créer un puits de lumière et ainsi sortir votre arme. Autrement dit, il faudra d’abord affronter ses peurs jusqu’à trouver une solution et se défendre. C’est simple et efficace.
Conclusion
Points forts
- Ambiance horrifique vraiment réussie
- L'angoisse des angles de caméra fixe
- De très jolis effets de lumière
- Techniquement plutôt solide
- Belle durée de vie (environ 9h)
Points faibles
- Système de carte à revoir entièrement
- Inventaire “old-school” laborieux
- Des énigmes tirées par les cheveux
Note de la rédaction
Sous ses airs de survival horror fauché, Tormented Souls est bien plus solide qu’il n’y paraît, notamment grâce à une réalisation et une ambiance très maîtrisée. On parcourt ainsi avec grand plaisir les couloirs d’un manoir bien mystérieux, jusqu’à se retrouver face à des énigmes à la difficulté déconcertante, de plus alourdies par une carte qui manque cruellement d’indications. Le frisson de la découverte se transforme alors en déambulation frustrante, surtout lors d’une seconde partie qui oblige à retraverser l’essentiel des pièces déjà visitées. D’autres défauts (animations, inventaire) viennent alourdir encore un peu plus l’ensemble, sans pour autant l’engloutir. On se retrouve donc avec un bel hommage aux Resident Evil et Silent Hill de l’époque, mais pas spécialement face à un immanquable du survival horror. À essayer tout de même.