Madden NFL 21 avait loupé sa sortie de génération, c'est un fait. Mais voilà que débarque Madden NFL 22 sur PS5 et Xbox Séries. Attendu comme un vrai passage de témoin et un "vrai" épisode next-gen, le jeu se livre enfin pour donner son verdict. On espérait la même transition qu'entre les quarterbacks Patrick Mahomes et Tom Brady, égéries de la jaquette du nouvel opus de Madden, on reste encore sur notre faim.
C'était sans doute la franchise phare des années 2010 en termes de rapport qualité-prix pour EA Sports, mais la simulation de football américain Madden NFL nous a finalement laissé la désagréable sensation de faire du pur EA Sports, à savoir stagner sans proposer de réelles nouveautés dans le gameplay et loupant le coche sur le nouveau contenu. Madden NFL 22 doit en ce sens faire oublier son prédécesseur, déception en pleine transition des générations de consoles.
Do you speak American ?
Malheureusement pour les fans francophones de Sports US et plus particulièrement de football américain, Madden NFL ne propose toujours pas de localisation française. Une rengaine toujours assez désagréable, car même si les commentaires de Brandon Gaudin et Charles Davis ne sont pas dérangeants et ajoutent du cachet à l'immersion, on aimerait bien voir un jour les textes traduits, histoire de ne pas perdre voire attirer les néophytes.
Pas de révolution aussi dans la mise en scène et le rendu visuel des matchs de NFL, si ce n'est l'ajout d'une poignée de nouvelles animations et des "Next-gen stats". Cette dernière feature consiste à illustrer par des chiffres au bord de l'écran des statistiques inédites par rapport aux derniers opus, et intègre de nouveaux ralentis entre les phases de jeu. De quoi ajouter un peu de variété et on ne va pas s'en plaindre, car le terrain de la mise en scène est bien celui où Madden NFL ne souffre d'aucune concurrence dans le genre des jeux de sports. Le tout est aussi amplifié par le moteur Frosbite et l'apport de la next-gen. Car sur PS5 et Xbox Series X, les visages des joueurs, coachs sont d'un réalisme saisissant, un peu comme ceux de NBA 2K21 next-gen par comparaison. On saluera également les playbooks gargantuesques (les choix de systèmes défensifs ou offensifs selon la position de l'équipe), l'ambiance sonore réussie et peu de chutes de FPS lors des cinématiques comme c'était le cas dans le dernier opus.
Allô Momentum Bobo
Deux nouveautés de gameplay sont à noter pour Madden NFL 22, et non des moindres. Le titre intègre les Momentums, visibles toute la durée du match au-dessus du score. Chaque équipe a une jauge de Momentum qui se remplit au fur et à mesure des bonnes actions (une bonne défense ou un sack -plaquage du quarterback adverse-, une tentative réussie ou un touchdown...). Cette jauge est divisée en deux ou trois paliers, et l'équipe jouant à domicile atteint plus rapidement le premier. Chaque palier donne un boost pour progresser plus facilement ou un malus à l'adversaire. Par exemple, les routes des courses de chaque joueur sont brouillées si l'équipe adverse à un momentum au top. Petite précision, les jauges des deux franchises ne peuvent se remplir en même temps, il faut que l'une soit à 0 momentum pour que l'autre progresse. Une très bonne idée, comme l'ajout du Gameplan. On définit une stratégie avant la première période (attaques en course et défenses blitz par exemple) qui améliorera l'efficacité sur certains secteurs. Réaliser ce plan de jeu (dont une partie du playbook est dédiée) est donc favorable sur le long terme.
On retrouve aussi avec plaisir les facteurs X et les Superstars Abilities, deux features bien parties pour ne plus quitter la licence. Pour les nouveaux-venus, chaque joueur plus ou moins célèbre dispose d'un ou plusieurs X Factors, un bonus sur certaines statistiques qui s'active lorsque le joueur réalise un objectif pendant le match. Les Superstars Abilities concernent les meilleurs joueurs de NFL. Des stars comme Tom Brady où Drew Brees ont donc un badge leur permettant de mieux lancer des passes sous pression, d'autres comme Ezekiel Elliott, Derrick Henry peuvent leur permettre de casser le premier plaquage adverse facilement, etc.
La franchise à la relance, la carrière en errance
Face to the Franchise, saison 2. Et que le Longshot, l'aventure scénarisée d'il y a quelques saisons est bien loin... Dans la mauvaise lignée de son grand frère sur next-gen, on y incarne un joueur offensif les quelques semaines avant la Draft NFL pour un scénario découpé en 5 chapitres. Une fois encore, les transitions et cinématiques entre les chapitres sont sans grand intêret ou profondeur, avec un doublage assez moyen en version originale. On oubliera assez vite l'intrigue et les personnages secondaires jusqu'à la Draft, le jeu basculant en mode carrière classique (mode franchise du joueur).
Le pendant collectif de Face to the Franchise, c'est le mode franchise, justement. Et EA Tiburon a été inspiré cette saison. Outre la gestion du collectif, des transferts et des dispositifs de l'équipe incarnée, l'accent a été mis sur la progression individuelle avec à la fin de chaque rencontre des points d'attributs à définir pour certains joueurs. Un petit côté "Ligue des Masters" empreint de nostalgie que proposaient les jeux Pro Evolution Soccer lors de leur période faste. Celui-ci s'étend même au staff technique, puisqu'un arbre de compétences a été ajouté aux entraîneurs. On peut maintenant améliorer l'équipe du côté de l'entraînement, de la mise en place des stratégies, ou encore du momentum via cet arbre, second souffle du mode.
Les nouveaux MUTants
La partie Ultimate Team est encore dans le flou total. Le studio Tiburon stagne clairement sur ce point, et même si les façons de jouer au célèbre jeu de cartes estampillé EA Sports sont nombreuses (Draft en ligne, duel contre l'IA et saisons multi, challenges) on peste toujours autant sur le manque de lisibilité, les temps de chargement trop présents et surperflus d'autant que le mode n'apporte aucune nouveauté. The Yard, le penchant "Street" du Foot US avec des matchs à 6 vs 6 sur terrains réduits (80 yards), jusqu'à trois joueurs en co-op est reconduit, tout comme le mode Superstars KO. Un mode similaire au battle-royale où il faut éliminer ses adversaires en ligne un à un avec des règles comme "inscrire en premier un Touchdown" pour l'emporter. Encore assez fouillis malgré leur statut de bonne alternative au Foot US classique, ils diviseront le public. Car leur intêret réside dans le fait d'y jouer en ligne, et une nouvelle fois Madden NFL 22 tombe dans l'un des freins réguliers de la licence : la trop forte présence de bugs et d'imprécisions techniques.
Points forts
- Encore plus complet dans les modes
- Un show toujours plus spectaculaire
- Statistiques et playbooks infinis
- Le momentum, vraie bonne idée
- Les quelques ajouts du mode Franchise
- Upgrade gratuite vers la next-gen
- Des modélisations parfaites sur PS5/XSX
- The Yard et Superstars KO reconduits...
Points faibles
- ...deux modes qui diviseront
- Le scénario de la Carrière agaçant à mourir
- Un mode MUT sans grandes nouveautés
- Menus tristounets et peu lisibles
- Bugs encore trop nombreux
- Temps de chargements superflus
- Toujours pas de traduction française...
Si l'on doit comparer Madden NFL 22 à l'un des deux quarterbacks sur sa jaquette, ce dernier est plus Tom Brady que Patrick Mahomes : il s'affine et est plus complet avec le temps, mais tourne toujours au ralenti comme ses dernières années. Le jeu s'essouffle d'un point de vue technique, et la différence entre la next-gen et les versions PS4/ONE n'est pas si flagrante sur le visuel, d'autant que les bugs en ligne et en solo sont toujours aussi fréquents. En revanche, Madden ne tombe pas dans le piège qui a fait de l'opus 21 un échec, à savoir donner une seconde jeunesse aux modes Franchise et à la Carrière via des ajouts sympas (Momentums, arbre de talents du coaching staff...). Pour le reste, on attendra le véritable épisode "claque" que mérite la nouvelle génération de consoles les années à venir.