Première création du studio Demagog Studio, Golf Club : Wasteland s'était d'abord réservé à l'écosystème Apple l'été 2018 avant de s'exporter cette année sur PC et consoles. C'est ainsi l'occasion pour nous de s'essayer à cet original parcours golfique post-apocalyptique.
Dans un futur surréaliste, l'effondrement écologique a causé l'exil de l'humanité sur Mars. La Terre, elle, n'est plus qu'un vaste terrain de golf désolé pour les ultra-riches en voyage. C'est à partir de ce scénario absolument cauchemardesque que Golf Club : Wasteland dresse son cadre. Affublé d'une combinaison jaune et d'un jetpack, le héros de ce petit jeu de sport narratif va afficher ses meilleurs swings dans des décors post-apolycaptiques étonnants.
Une balle, une histoire
L'accent étant mis sur l'atmosphère, Golf Club : Wasteland vous propose un gameplay très épuré. Il suffit d'orienter le stick gauche de la manette afin d'orienter la balle dans la direction souhaitée, de doser la puissance de sa frappe et de préciser son angle de tir. Trois paramètres actionnés en un temps seulement, que vous validez via le bouton A/X de la manette. En somme, les mécaniques se veulent tout aussi accessibles que maniables. La difficulté se trouvera du côté du level-design qui fourmille de bonnes idées et à qui on pourra seulement reprocher une légère répétitivité. La balle doit surmonter les parois d'un yacht, glisser dans le conduit d'un tuyau, voire dévaler le cou d'une girafe. À plusieurs reprises, les obstacles peuvent s'avérer particulièrement corsés.
Usines abandonnées, centres commerciaux défraîchis, mines de bitcoins, bouches de métro en ruines ; les décors somptueux de Golf Club : Wasteland défilent horizontalement et se dévoilent au fil de la trentaine de niveaux disponibles. Toujours gorgés de teintes bleues, ils s'agrémentent de néons roses, de sculptures vertigineuses ou même de girafes mutantes, offrant un rendu à la fois mystique et chimérique. Aussi la découverte d'une nouvelle étape se fait toujours avec une grande hâte. Le jeu de Demagog Studio offre avant tout une expérience contemplative qui prend le pas sur le reste. Et l'ambiance imposante qui en découle doit aussi beaucoup à la bande-son.
Radio Nostalgia from Mars
L'animateur à la voix suave de Radio Nostalgia from Mars vous accueille dès votre atterrissage sur la planète bleue et introduit les témoignages qui s'enchaînent à l'antenne ; le joueur écoute les anecdotes de réfugiés serbes qui racontent avec amertume leur quotidien d'antan, font des références à la guerre froide et se lamentent du climat politique actuel.
On nous expliquera alors les conditions de vie des Martiens modernes, lesquels sont limités à trente secondes de douche par jour, ou doivent distiller de l'urine pour obtenir un semblant de vin. Les temps semblent durs sur la planète rouge et les intervenants, parfaitement doublés, insufflent aux auditeurs un doux vent de nostalgie. Entre deux anecdotes, la radio diffuse des morceaux chantés aux sonorités nébuleuses, oscillant entre Techno-house et Trip hop. La bande sonore est un atout indéniable de l'aventure et apporte habilement quelques détails au contexte scénaristique. Elle est le fruit d'une collaboration avec Shane Berry, un concepteur sonore et ancien DJ anciennement basé à Tokyo.
Court mais rejouable
En tout, l'aventure devrait vous occuper environ trois heures ; on pourrait lui reprocher d'être trop courte, tant on aimerait pénétrer davantage dans son récit et s'essayer à de nouveaux défis. Mais le jeu a l'avantage de proposer une certaine rejouabilité qui se montre très appréciable ; Déverrouiller certains succès ou atteindre le trou en un nombre de coups record octroie l'accès à de nouvelles bribes du journal de notre golfeur solitaire. Celui-ci constitue le fil rouge de l'histoire qui, s'il a tendance à se faire trop souvent oublier, hérite d'une conclusion tout à fait attendrissante.
Trois modes différents se proposent, lesquels offrent des expériences bien distinctes et plutôt bien dosées : Le mode histoire, par exemple, ne limite pas les coups et met plutôt l'emphase sur le scénario. Les plus aguerris peuvent opter pour le mode Défi, qui impose cette fois une limite de coups. Enfin, le mode hardcore se montre bien plus punitif, la moindre erreur valant la mort.
Conclusion
Points forts
- Une direction artistique saisissante
- Une incroyable bande-son
- De bonnes idées de level design
- Une bonne rejouabilité
Points faibles
- Une expérience très courte
- Un fil rouge narratif qui s'oublie parfois
- Une légère répétitivité dans certains niveaux
Note de la rédaction
Golf Club : Wasteland peut être considéré comme une sorte d'exutoire habile, une expérience hautement relaxante portée par une ambiance post-apocalyptique particulière et un gameplay minimaliste efficace. On en retire notamment une bande-son impeccable, alternant intelligemment entre les musiques et les témoignages précieux pour le contexte scénaristique. Et si l'aventure est courte, on lui accorde une bonne rejouabilité.