De prime abord nouveau candidat dans la catégorie Souls-like en 2D, Eldest Souls ne cache pas ses inspirations, allant même jusqu’à reprendre une partie du titre du chef d'œuvre de From Software. De quoi l’accueillir avec une certaine retenue, alors que de nombreux autres jeux ont essayé - et parfois réussi - de s’inspirer de la saga légendaire pour sa difficulté. Faut-il zapper la proposition du studio Fallen Flag pour autant ? Non, non et non. Eldest Souls a bien trop de qualités pour cela.
Ce test a été réalisé sur la version PC d'Eldest Souls, aussi dispo sur PS4, PS5, Xbox One / Series et Switch.
Tuons dans l'œuf cet insoutenable suspense. Oui, Eldest Souls est jeu d’action exigeant à la difficulté bien relevée comparable à Dark Souls. Plus précisément, comme on l’appelle dans le jargon, il s’agit d’un Boss Rush, un titre qui vous fera enchaîner les combats contre de gros ennemis avec des petits moments d’accalmie entre deux arènes. Durant ces derniers, pas d’affrontement contre des adversaires plus modestes : dans Eldest Souls, ces transitions servent à explorer la mystérieuse Citadelle, trouver des items de quête et des objets qui vous en apprendront plus sur l’histoire - cryptique - de l’endroit, mais aussi discuter avec des PNJ. C’est d’ailleurs dans ces moments que vous pourrez prendre le temps d'admirer le pixel art d’Eldest Souls, absolument sublime, de la trempe d’Hyper Light Drifter ou de Narita Boy. À saluer également, le choix de la vue isométrique, qui retranscrit avec brio la démesure des environnements. Avec en plus un joli travail sur le son, explorer les couloirs de la Citadelle est un véritable plaisir. Contre les boss, ce plaisir se mue en quelque chose de plus sadique. Car au global, il faut un tant soit peu aimer souffrir.
PRÊT ? CHARGEZ !
Rentrons donc à présent dans le vif du sujet : les combats de boss. Pour le coup, Eldest Souls se distingue avec un gameplay bien à lui, à la fois vif, flexible et jouissif. Pour les bases, le plus gros enjeux est de gérer le timing des attaques chargées. D’une, ces attaques se lancent avec un dash et sont plus puissantes que les coups standards (que vous n’utiliserez au final que rarement). De deux - et c’est sans doute le plus important -, les frappes chargées sont le seul et unique moyen de regagner de la vie. Oui, vous avez bien lu : Eldest Souls ne propose aucun item de soin, et la meilleure défense sera bel et bien l’attaque. Il ne propose pas non plus d’autres armes que l’épée, qu’il sera quand même possible de personnaliser à l’envie (on vous en parle après). Autrement dit, pas de magie ou d’arc pour faire des dégâts à distance. Fallen Flag Studio nous pousse dans la mêlée, encourageant le joueur à être offensif et à utiliser abondamment les esquives, dont il faudra bien surveiller les trois slots d'endurance qui se rechargent seuls pour ne pas se retrouver piégé. Il faudra systématiquement foncer dans le tas, se retirer pour ne pas trop morfler puis réadapter sa trajectoire avec les attaques chargées. Ça va vite, c'est agréable et intéressant à faire.
Eldest Souls - Les 10 premières minutes de l'aventure (Gameplay)
L’un dans l’autre, le gameplay d’Eldest Souls est à la fois rapide et tactique, et l’omniprésence des dashs et du corps-à-corps pour regagner de la santé confère au titre une véritable identité manette en main. Et vous n’avez pas encore tout vu. En plus de mécaniques de base solides, Eldest Souls propose trois classes et trois arbres de compétences distincts pour trois styles de combat différents. Le premier est centré sur la vitesse, le second l’attaque, et le dernier, la défense, chacun ayant son propre pouvoir spécial. À la suite de chaque boss, vous recevrez un nouveau point de compétence à dépenser dans l’un des trois arbres. Point qu’il sera ensuite possible de redistribuer à tout moment du jeu, pour essayer une autre tactique offensive. Cerise sur le gâteau, chaque boss battu vous donnera également un fragment, renfermant le pouvoir de l’ennemi terrassé. Les fragments peuvent être assignés aux différents coups et activeront des bonus et pouvoirs selon leur emplacement. Bref, sachant qu’il y a une dizaine de boss et que les trois arbres de compétence renferment plus d’une vingtaine de bonus passifs chacun, il y a de quoi se faire plaisir.
Après notre session de jeu sur Eldest Souls, il nous a semblé que les trois classes n’étaient pas vraiment sur un pied d’égalité. Celle centrée sur le contre offre en effet un sacré avantage au joueur : avec sa capacité spéciale - le contre -, il est possible d’arrêter les dégâts adverses puis de répliquer par un puissant coup, moyennant le bon timing (dont la fenêtre est plutôt généreuse). Surtout, ce pouvoir peut être lancé au beau milieu d’un mouvement, contrairement au dash, et sa barre de spécial se remplit facilement. Autrement dit, vous pourrez coller aisément le train d’un ennemi et utiliser abondamment le contre. Les autres classes feront bien plus appel à l'esquive. À ce propos, le style de combat axé sur la vitesse nous a quant à lui paru assez anecdotique, dans la mesure où il est tout à fait possible d'aller plus vite avec la capacité spéciale de la classe centrée sur l’attaque. De plus, les trois styles se jouent globalement de la même manière. C'est dommage.
SUR LE FIL DE LA LAME
Le système de combat d’Eldest Souls offre donc pas mal d’alternatives qui sauront trouver leur véritable intérêt en New Game Plus, où le challenge sera encore plus corsé avec de nouvelles attaques pour les nombreux boss. Mais rien que lors d’une première partie, le studio Fallen Flag propose une aventure très exigeante, parfois jusqu’à l’excès. Un boss précis nous a en effet particulièrement donné du fil à retordre, alors que d’autres n’ont duré que quelques minutes. Votre avancée dépendra de votre compréhension des subtilités de gameplay ainsi que des différentes classes, et les fameux pics de difficulté feront tout de même office d'entraînement, certes dans la douleur. De notre côté, il nous a fallu 10h pour boucler l’aventure. Quoi qu’il soit, Eldest Souls n’apparaît jamais injuste et sait se faire le moins frustrant possible, grâce à des combats courts et un système de réapparition qui vous renvoie directement face au boss après une mort, n’occasionnant aucun malus ou perte de ressource (il n’y a pas de mécanique d’âmes pour faire évoluer les statistiques de son personnage). De quoi se relancer directement dans la bataille, et apprécier des ennemis globalement épiques et bien designés, ainsi que des situations de jeu différentes.
Eldest Souls - Deux boss pour le prix d'un (Gameplay)
Conclusion
Points forts
- Du challenge en veux-tu en voilà
- Gameplay vif, flexible et jouissif
- Une dizaine de boss bien épiques
- Jamais injuste, rarement frustrant
- Un pixel art absolument sublime
- Une belle rejouabilité
Points faibles
- Courbe de difficulté un poil mal gérée
- Trois classes mal équilibrées et qui manquent de variété
Note de la rédaction
Avec un pixel art absolument sublime, un gameplay vif et jouissif bien à lui ainsi qu'une dizaine de boss réussis et une jolie rejouabilité, difficile de reprocher des choses à Eldest Souls. Si vous aimez les jeux d'action exigeants, vous allez être servis. Peut-être un peu trop d'ailleurs. Pour faire la fine bouche, on peut dire que le studio Fallen Flag se fait parfois un peu trop plaisir sur la difficulté, même si cela fait office d'entraînement à la dure pour saisir les subtilités de gameplay. Surtout qu'une fois ces subtilités assimilées (notamment pour la classe orientée contre), l'aventure devient bien plus simple. Certains iront alors jusqu'au New Game Plus afin d'être mis à l'épreuve. On peut aussi reprocher des choses aux trois classes, qui ne proposent finalement que peu de différences manette en main, en plus d'être assez mal équilibrées. Mais la diversité apportée par les combinaisons de fragments - en gros, les âmes des boss - et les nombreux bonus passifs offrent une flexibilité très appréciable. Sans oublier qu'Eldest Souls fait de son mieux pour ne pas être frustrant. Au final, malgré quelques petits défauts, on retient surtout les qualités du titre.