Disponible depuis peu, Tribes of Midgard propose à 10 joueurs de survivre à Ragnarök, la fin du monde nordique. S’il n’est pas dénué de bonnes idées et propose un mix intéressant entre différents genres, le titre de Norsfell édité par Gearbox peine à engager le joueur. Voilà pourquoi.
Ce test a été rédigé sur base de plusieurs sessions de jeu. Certaines de ces sessions ont pris place avant les mises à jour du 29 juillet qui corrigent de nombreux bugs. Si la plupart des bugs que nous avions rencontrés semblent avoir disparu, nous ne pouvons confirmer que le titre en est dénué.
= Un mélange de genre
Au premier coup d'œil, on pourrait penser que Tribes of Midgard est un Hack & Slash inspiré de Diablo et consorts visant à faire accumuler un maximum de loot au joueur. Finalement, il s’apparente plus à un Rogue-Lite mâtiné de tower defense et ressemble bien plus à un Don't Starve qu’à un action-RPG. Dans ToM, jusqu’à 10 joueurs sont lâchés sur une carte générée procéduralement. Au centre de cette carte se tient leur village au milieu duquel trône un arbre ancestral qu’il faut protéger de vagues de monstres nocturnes contrôlés par l’IA. Si cet arbre est détruit, c’est la défaite instantanée et vous devrez reprendre toute votre progression depuis le début. Pour le défendre, les Vikings doivent améliorer leur équipement et leur campement. Ainsi, comme dans la plupart des jeux de survie, il faudra courir à travers champs pour récolter des matériaux essentiels. Le silex et les branches permettent d’assembler une pioche et une hache rudimentaires qui permettent de récolter des matériaux plus avancés. Le joueur peut ensuite concevoir des armes, des armures et renforcer les défenses de son château. Il peut donc installer des tours de garde, construire des portes renforcées et améliorer les stations de travail des artisans du village. Il est également possible de construire des ponts ou des pentes pour accéder à certaines zones, mais leur utilisation est ponctuelle et n'apporte pas grand chose aux parties. Améliorer la forge donne accès à de meilleures armes tandis que perfectionner l’atelier permet l’élaboration de meilleurs outils, etc. Le tout fonctionne, mais manque un peu de profondeur et de personnalité, car hormis des armes et des pioches de plus en plus efficaces, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Toutes ces actions doivent être effectuées de jour, car la nuit tombée une horde de monstres s’attaque aux remparts. Les joueurs doivent donc s’organiser et venir à bout d’ennemis de plus en plus puissants. Au bout de quelques jours de survie, un Jötunn se dirige vers votre village. Ces géants disposent d’une barre de vie gigantesque et votre groupe devra faire preuve de patience, car il faut de longues minutes pour le vaincre. Il est primordial d’attaquer la créature à plusieurs, car certaines d’entre elles vous abattent en deux coups alors qu’il vous faudra des centaines d’attaques pour en venir à bout. Dans le cas contraire, il pulvérisera l’arbre de l’équipe en une fraction de seconde. Cet arbre peut-être soigné en échange d’âmes, une ressource récoltée à chaque action. Ce n’est pas leur seule utilité, car elles servent à la réparation d’outils et à l’amélioration du camp… Bref, cette ressource est essentielle. Prenez garde, car en cas de mort la totalité de vos âmes disparait. Le reste de votre loot peut être récupéré au lieu de votre mort.
Le jour, les joueurs partent à la recherche de ressources, nettoient des camps de monstres pour gagner des matériaux rares, accomplissent des quêtes, participent à des évènements et explorent les environs. Ces missions se résument généralement à parler à un protagoniste avant de tuer la cible qu’il désignera ou récolter une plante spécifique. Pas franchement palpitant. La nuit, ils se téléportent à leur base pour repousser les monstres de plus en plus puissants. Cette routine n’est pas désagréable et est facilitée par les nombreux sanctuaires qui permettent de rejoindre un lieu déjà exploré en un instant. Ce qui rend cette structure problématique c’est que le nombre de ressources demandées pour améliorer son héros ou le village est astronomique. On est constamment à court, et ce même si l’on arpente efficacement les plaines. Un groupe organisé pourra plus aisément optimiser ses récolte et parvenir à survivre jusqu’à pouvoir vaincre le boss de la Saga en cours, Fenrir en l’occurrence.
La structure de Tribes of Midgard n’est pas exempte de défauts et malheureusement le système de combat ne parvient pas à sauver l’expérience. Les héros ont accès à un coup simple, une ou plusieurs attaques spéciales soumises à une jauge de mana et une esquive qui manque de vivacité. Plusieurs armes sont disponibles comme la hache, l’épée, l’arc ou la masse. Les statistiques et les capacités du héros peuvent être améliorées via un arbre de compétence lié à une classe qu’il faut choisir en début de partie. Le joueur gagne régulièrement en niveau et peut donc attribuer des points pour gagner différentes capacités. Augmenter ses dégâts à l’épée, annuler les dégâts de chute, augmenter la durabilité des armes... Et s’il est plaisant de crafter et de débloquer des lames surpuissantes et d’augmenter drastiquement ses dégâts, le feeling général des affrontements ne convainc pas. Les animations sont rigides et manquent parfois de lisibilité. Le manque de variété d’approches impose aux joueurs de marteler la touche d’attaque avant de lancer son coup spécial de temps en temps. C’est dommage, car tout n’est pas à jeter. Le sound design est de qualité, mais le manque de feedback visuel, la raideur générale des animations, l’équilibrage des dégâts, les barres de vie gigantesques des Jotunn et la pauvreté du système de combat rendent les joutes ennuyeuses.
S’il est loin d’être une claque technique, Tribes of Midgard propose un univers plaisant. Le cel-shading fonctionne bien et les couleurs chatoyantes sont agréables à l'œil. Les créatures mythologiques nordiques sont reconnaissables en un instant et les biomes offrent chacun des ambiances radicalement différentes. Dommage que le rythme des parties empêche d’explorer à son rythme et d’apprécier les décors. Notez que certaines zones sont en proie à des conditions météorologiques particulières. Il faudra donc consommer des potions spécifiques permettant de surmonter le chaud ou le froid pour les traverser.
Conclusion
Points forts
- Un mix de genre intéressant
- La direction artistique efficace
- La menace d’un Jotunn qui avance lentement vers le village
- Un jeu qui encourage la coopération
Points faibles
- Des combats mous et simplistes
- Les améliorations demandent beaucoup trop de ressources
- Le loot et le craft, trop basiques
- Les Jotunns, des sacs à PV qui font beaucoup trop mal
- Une expérience globalement déséquilibrée
- La construction, anecdotique
- Des quêtes rébarbatives
Note de la rédaction
Après quelques heures de jeu, on se rend vite compte que Tribes of Midgard s’essaye à trop de genres en même temps et ne va pas au bout de ses idées. Ce Rogue-Lite mâtiné de RPG et de survie propose de belles choses, mais trop de systèmes de jeu manquent de profondeur pour engager les joueurs. La simplicité excessive des combats mêlée à un loot et un craft minimaliste ont bien du mal à faire oublier la structure redondante et déséquilibrée de l’expérience. Il reste alors un univers sympathique et plaisant à explorer. Dommage que ce soit impossible de le faire à son rythme, car il est obligatoire de rejoindre le campement la nuit tombée.