Dès sa première présentation en mars dernier lors de l'ID@Xbox, Death's Door a séduit les joueurs grâce à son univers intrigant. Le titre d'Acid Nerve, publié par Devolver Digital, vous propose d'incarner un petit corbeau faucheur d'âme. Maintenant disponible sur PC et les machines de Microsoft, cette nouvelle aventure à la croisée des chemins d'un The Legend of Zelda et d'un Hollow Knight est-elle à la hauteur de ses inspirations ?
Après avoir travaillé une première fois avec Devolver Digital en 2015 pour nous présenter l'étonnant Titan Souls (un jeu à la difficulté corsée opposant un archer à une quinzaine de colosses), Mark Foster et David Fenn, les deux talents du studio indépendant Acid Nerve, décident de réitérer l'opération pour livrer Death's Door. Cette production, même si elle partage de nombreux points avec Titan Souls à commencer par sa vue isométrique, s'éloigne grandement de son aîné en faisant le choix de vous mettre dans la peau d'un oisillon qui travaille pour le compte de la Mort en personne.
La D.A. et au-delà
Tout commence lorsque le jeune volatile met pour la première fois ses pattes dans le Siège de la Commission des Faucheurs pour récupérer sa première mission : celle de prendre l'âme d'un être qui a depuis trop longtemps déjoué la mort. Une mission qui se révèle plus difficile que prévu et qui pousse notre héros ailé à traverser différents royaumes. Fort heureusement, ce lieu de travail est aussi et surtout un gigantesque hub (une place principale interconnectée avec le reste du monde), ce qui va grandement faciliter la tâche de notre faucheur en herbe. Depuis cet endroit magique, il peut passer n'importe quelle porte pour se rendre à la destination souhaitée. Une fois que vous avez choisi votre adresse, il ne vous reste plus qu'à prendre les armes pour pourfendre les nombreux ennemis qui vous empêchent d'arriver à vos fins et vous élancer dans un univers qui en met plein les yeux.
Dès nos premiers pas dans les bureaux de la Commission des Faucheurs, l'ambiance, rappelant en bien des manières Hollow Knight (le metroidvania à succès de la Team Cherry), est instaurée. Avec Death's Door, Acid Nerve dévoile un monde onirique aux tons monochromes (qui sied si bien à notre héros à plumes) et de petites touches de couleurs disparates. Ce macrocosme intrigue autant qu'il séduit et donne irrévocablement envie de l'explorer. Cela tombe bien, puisque le joueur va être amené à découvrir des paysages tantôt sombres et lugubres, tantôt chatoyants et colorés, mais toujours charmants. Le tout est en plus sublimé par les différents éléments de décors aux contours arrondis qui contrastent fortement avec le ton sombre du récit et qui, comme vous vous en doutez, revient constamment sur le thème de la mort ainsi que sur toutes les peurs qu'elle engendre. De leur côté, les partitions musicales enivrent et composent avec l'avancée de notre jeune combattant en jouant en rythme avec les différentes plates-formes qui habitent le décor ou en accélérant la cadence lors des phases d'action.
À la vie, à la mort
Oubliez le gameplay minimaliste de Titan Souls qui vous permet d'abattre d'une seule flèche de gigantesques colosses puisqu'avec Death's Door, Acid Nerve s'inspire davantage des mécaniques des premiers The Legend of Zelda. Notre héros plumé doit repousser des monstres en les assénant de coups d'épée au corps-à-corps qui peuvent être savamment punis par l'adversaire. Par sécurité, il peut aussi réaliser des attaques à distance. Pour utiliser ces dernières, il est impératif de les recharger en allant directement au contact. L'objectif est de rendre ces combats plus dynamiques en incitant le joueur à prendre des risques quitte à y laisser des plumes… Et ça marche très bien !
Ces combats jouissifs font effectivement la part belle à cette épopée animalière permettant aux joueurs d'exécuter de jolies chorégraphies (en plus des différentes attaques citées ci-dessus, notre avatar peut aussi bien exécuter des roulades pour éviter les assauts ennemis, charger ses coups, renvoyer des projectiles ou utiliser sa magie). Cependant, même si le tout fonctionne bien grâce à de magnifiques animations et des adversaires qui obligent le joueur à être constamment en mouvement, cet aspect ne réussit pas à se réinventer tout au long des huit à dix heures de jeu nécessaires pour arriver au bout de l'aventure. Les cinq armes disponibles s'utilisent exactement de la même manière et trois des quatre pouvoirs sont de simples projectiles. Pour contrer ce petit souci, le hub dispose d'une petite boutique qui permet, contre des âmes égarées, d'améliorer la force, la vitesse ou encore la portée de la frappe de notre héros. Mais malgré tout, cela ne change en rien l'approche des combats.
Souvent comparé à un roguelite (ce qu'il n'est pas) ou à un Souls-like, on aurait pu s'attendre à ce que Death's Door soit un titre particulièrement difficile, mais ne vous inquiétez pas, ce n'est pas le cas. Même si le jeu d'action/aventure reste exigeant et demande de vous y prendre à plusieurs fois pour certains passages, le tout reste accessible au plus grand nombre. La difficulté est particulièrement bien dosée et des points de sauvegarde réguliers sont dissimulés aux quatre coins de la carte. Toujours pour simplifier votre progression, certains objets peuvent même être utilisés à des endroits précis pour récupérer la totalité de vos points de vie.
Death's Door : Les 15 premières minutes du dernier jeu estampillé Devolver
Des labyrinthes et de la poésie
Death's Door n'est pas qu'un simple jeu d'action. À l'image d'Hollow Knight que nous avons déjà cité plus haut, la nouvelle création d'Acid Nerve est aussi un metroidvania. Comprenez que le titre favorise naturellement l'exploration en proposant aux curieux d'arpenter quatre biomes aux level-design labyrinthiques. Il ne faut alors pas hésiter à revenir sur vos pas après avoir récupéré des compétences pour résoudre certaines énigmes aux mécanismes malheureusement trop enfantins, ouvrir des passages jusqu'alors inaccessibles et y découvrir des trésors inestimables. Notez par ailleurs que vous devez compter sur votre sens de l'orientation pour atteindre ces zones puisque le jeu ne fournit aucune carte ou indication. Quoiqu'il en soit, l'ensemble est suffisamment bien construit pour que l'on ne se perde jamais (ou presque). En plus des différentes portes du hub principal qui vous emmène là où vous le souhaitez, Death's Door débloque constamment de nouveaux raccourcis au sein même de ces différents niveaux pour éviter de parcourir des kilomètres.
Sur son chemin, le joueur rencontre des personnages marquants, chacun ayant un passé tumultueux et chargé de regrets. Pour tout vous dire, c'est là l'une des plus grandes forces du titre. Qu'ils soient hostiles ou amicaux, ces protagonistes ne cessent de vous faire sourire et de vous émouvoir en vous contant leurs histoires qui reprennent souvent la sagesse, la poésie et les thèmes abordés par les films d'Hayao Miyazaki. Les différents récits et les dialogues sont si bien écrits que l'on aurait même apprécié davantage de rencontres et que le tout soit bien plus bavard.
Points forts
- Une magnifique épopée
- Un univers enchanteur sublimé par une direction artistique et une bande-son enivrante
- Des niveaux labyrinthiques parfaitement agencés
- Des affrontements dynamiques
- Une difficulté bien dosée
- Des dialogues drôles et touchants pour des personnages attachants
Points faibles
- Des combats et une formule qui se renouvellent peu
- Une esquive difficile à gérer dans les lieux étroits
- Des énigmes qui manquent d'inventivité
- Un système d'amélioration de personnage trop léger
Avec Death's Door, Acid Nerve fait mouche une nouvelle fois. Le studio britannique dévoile ici une magnifique épopée qui, certes, peut manquer d'originalité sur le fond, mais charme par sa forme. En plus de profiter d'affrontements spectaculaires, le jeu d'action/aventure fait voyager en dévoilant un univers inspiré. Tout en nuances, le monde de Death's Door est constamment mis en valeur par sa direction artistique variée, son sound-design rythmé et ses personnages tiraillés entre la vie et la mort. Vendu à petit prix, le titre publié par Devolver Digital est à notre sens la bouffée d'air frais à ne pas manquer cet été.