Tapi dans l’ombre, Hideaki attend le moment opportun pour frapper l’ennemi à la carotide. Furtif, chirurgical et rapide, le ninja du clan Black Lotus est l’un des maigres espoirs d’un Japon en perdition. Mêlant action, infiltration, plate-formes et technicité, Within the Blade est un jeu immersif en 2D qui pourrait rappeler quelques bons souvenirs aux amateurs de la série Tenchu.
Auparavant appelé Pixel Shinobi, le titre d’Amelist Studio se déroule en 1560 au Japon. Le dernier shogunat (général) a perdu le contrôle du royaume et le pays sombre dans une archanie la plus totale. Avide de pouvoir, le Daimyo (chef militaire) du clan Steel Claw s’est emparé de techniques ancestrales interdites et s’est peu à peu transformé en un terrible démon. Pour ne rien arranger, l’homme s’est approprié les services de neufs autres créatures maléfiques puissantes et rien ne semble en mesure de les arrêter. Désormais, l’espoir de toute une nation repose sur un clan retranché, le Black Lotus, et son ninja intrépide, Hideaki.
L’ART DU NINJUTSU
Prônant l’amour du beau pixel et des animations choyées, Within the Blade est un jeu très prenant. En dépit d'une construction plutôt classique (le village faisant office de place centrale), le jeu repose sur un système de missions aux objectifs multiples visant à varier l'expérience.Pour terrasser les sbires du clan Steel Claw, Hideaki doit d’abord mener l’enquête pour comprendre ce qui se trame dans le royaume avant d’affaiblir ses ennemis (élimination, destruction d’un dépôt d’explosifs, sauvetage de prisonniers…) et d'affronter les démons enrôlés par le Daimyo tyrannique. Pour se frayer un passage dans les rangs de l’opposant, Hideaki doit vaincre des samouraïs, des archers, des spécialistes en arts martiaux ou encore des rônins. Le bestiaire n’est pas des plus varié, mais il a le mérite de surprendre (notamment les boss) et le décor est suffisamment interactif pour s’aider de l’environnement. On peut ainsi balancer le combattant adverse pour qu'il s'empale dans des obstacles tranchants, l'envoyer paître dans des lances aiguisées ou le propulser sur orbite en allumant un baril de poudre.Tous les moyens sont bons pour progresser et c'est l'une des grandes forces du jeu.
Dans Within the Blade, le joueur doit constamment s’adapter à la situation. Hideaki peut se planquer dans l’herbe et surgir pour éliminer son vis-à-vis, utiliser son grappin pour surprendre l’ennemi depuis les airs, bondir depuis un arbre, se faufiler en douce pour exécuter le pauvre quidam ou se lancer dans un duel en face à face, en prenant le soin de parer les coups pour contre-attaquer au moment opportun. Ses mouvements d’action viennent compléter une panoplie de déplacements assez vastes (course rapide, course sur les murs, double-sauts, glisse aérienne…). Bien qu’il soit entièrement en 2D, le jeu d’action se montre suffisamment précis, que ce soit dans ses animations ou sa maniabilité, pour que l’utilisateur ressente les évènements et agisse en conséquence. Fort d’un dynamisme omniprésent, Within the Blade est ultra pêchu (l’impact des coups de katana est particulièrement bien rendu) et on se met à dévorer les niveaux pour en voir toujours plus. Forêt de bambous, forteresse imprenable, souterrains lugubres aux mille dangers… les environnements sont sympathiques, mais il est regrettable que ceux-ci ne soient pas plus variés. On a l’impression d’évoluer dans des décors qui se répètent encore et encore. Un défaut qui pourra être rédhibitoire aux yeux de certaines personnes.
UN APPRENTISSAGE DE LONGUE HALEINE
Lorsqu’Hideaki revient au village, il prend conseil auprès de son maître pour la suite de sa mission et en profite pour améliorer ses compétences. Pour booster les aptitudes du gaillard, il suffit d’activer les capacités de la roue prévue à cet effet. Au sein du village, il est également possible de faire des emplettes auprès d’un marchand (grâce aux pièces et trésors récupérés durant les missions) et même de passer par un bâtiment permettant de fabriquer de l’équipement. Sur ce point, Within the Blade est assez mal fichu. L’interface n’est pas terrible et l’ergonomie – en tout cas sur la version Switch testée ici – est catastrophique ! Le curseur permettant de sélectionner les éléments est invisible et il faut pratiquement aller à tâtons pour créer ses objets. C’est dommage car Hideaki peut disposer d’un équipement très efficace : grenades de différentes natures (incendiaires, explosives, furtives…), shuriken, grappin, potions de soin, mines, poisons, katana, etc.
Heureusement, ces objets sont également récupérables via le marchand ou dans les coffres planqués dans les environnements. Par ailleurs, il est important de souligner que l’arme tranchante du héros s’abîme avec le temps et qu’il n’est pas rare de se retrouver à se bastonner aux poings et aux pieds. Pour une efficacité toute relative face aux ennemis les plus puissants…
Malgré cette tare, Within the Blade offre suffisamment de possibilités pour appréhender les objectifs de différentes manières. C’est d’autant plus vrai que la plupart des missions comportent des objectifs secondaires obligeant le joueur à ne pas utiliser des grenades, à ne pas se faire repérer, etc. Pour les adeptes du défi, il y a donc de quoi faire, surtout si on se frotte aux niveaux de difficulté les plus élevés. L’aventure principale n’est pas très longue, mais il est possible de la poursuivre en s’essayant au redoutable mode Challenge.
Alors que vous venez d’éliminer le boss Rônin, la console Switch affiche un beau message d’erreur et revient au menu de lancement. Vous tentez alors de repartir en croisade contre ce même boss… et rebelote ! Pour éradiquer ce bug fatal, il suffit de passer le jeu dans une langue autre que le français. Vous pourrez ainsi poursuivre votre mission pour éradiquer le clan Steel Claw !
UNE RÉALISATION VRAIMENT SOIGNÉE
Si Within the Blade est si attachant, il le doit en partie à ses graphismes soignés et la qualité des mouvements. Ces derniers sont fluides, on ressent chaque coup, chaque impulsion, chaque élimination. Lorsque le personnage se déplace sur une longue distance ou qu’il atterrit sur le sol, un nuage de poussière se soulève. L’ambiance est excellente, on retrouve une IA à la Metal Gear Solid avec des ennemis qui se mettent sur le qui-vive s’ils repèrent quelque chose avant de partir inspecter les lieux. La musique, quant à elle, fait appel aux instruments traditionnels japonais. Shamisen, Biwa, Taiko, Koto ou encore Shakuhachi, tout y passe ! Le contraste est d’ailleurs saisissant lorsque les riffs de guitare électrique et la batterie viennent se mêler à cette atmosphère des plus planantes. Seul bémol : comme les décors, les mélodies auraient pu être plus nombreuses.
Points forts
- Graphismes en pixelart réussis
- Animations de qualité
- Les différentes méthodes d'approche
- Atmosphère immersive
- L'action ultra dynamique
- Les combats contre les boss
Points faibles
- Aventure assez courte
- Le bug du niveau 2-5
- Pas assez d'environnements différents
- Interface et ergonomie des menus (inventaire...) à revoir
Note de la rédaction
Connu auparavant sous le nom Pixel Shinobi, Within the Blade est un jeu d’action furtive qui s’assume. Très soigné, il repose sur des bases classiques, mais regorge d’idées intéressantes. Avec son gameplay dynamique et ses 25 niveaux, le titre du studio Ametist offre quelques heures trépidantes et saura convaincre les adeptes du katana et des shuriken. Tout n’est pas parfait, l’aventure est assez courte, mais son prix attractif et son punch en font un titre de choix en cette période estivale.