L'arcade va mal

Ici, pas de gameplay asymétrique et encore moins de viles créatures de films horrifiques des années 80' et 90'. Avec Arcadegeddon, Illfonic fait le choix de transporter le joueur dans un monde rongé par la méga-corporation Fun Fun Co. Une gigantesque multinationale sans visage qui, comme vous vous en doutez, porte mal son nom : elle empêche nos héros de s'épanouir en détruisant leurs jeux vidéo préférés un à un. Cependant, ces futurs résistants n'ont pas dit leur dernier mot. Ils décident de se réunir dans la salle d'arcade la plus emblématique de la ville pour sauver la dernière production vidéoludique existante. Vous l'avez compris, pas de grand scénario au programme, mais à quoi bon quand tout se résume à tirer sur tout ce qui bouge ? Parce que oui, Arcadegeddon est un shooter coopératif en vue à la troisième personne (TPS) et, bonne nouvelle… il l'assume pleinement.

Dans Arcadegeddon, une fois que vous avez créé votre héros en utilisant les quelques éléments de personnalisation disponibles, clôturé le court prologue et rencontré les premiers donneurs de quêtes de la salle d'arcade, vous avez le choix de prendre les armes en solo ou bien de réunir une petite équipe de quatre joueurs pour partir à l'aventure. Une aventure qui, à l'image de Left 4 Dead, propose aux participants de traverser une infinité de niveaux tout en faisant face à de nombreux ennemis. Sur le chemin, il faudra également remplir divers objectifs comme sécuriser une zone, fermer des brèches ou récupérer des clefs ; ces missions ont pour but commun de stopper la progression d'un virus. En effet, contrairement à la licence de Valve qui se déroule dans un monde post-apocalyptique, l'action d'Arcadegeddon prend directement place dans le jeu que nos combattants essaient de sauver. Mais ce n'est pas la seule différence qu'a Arcadegeddon avec son mentor. La création d'Illfonic troque également les zombies contre des robots belliqueux et profite d'une difficulté grandissante. À chaque niveau terminé ou checkpoint validé, vos ennemis seront plus nombreux et plus coriaces.

Quand les gâchettes adaptatives font Sense

Heureusement, pour leur faire face, vos héros disposent d'un arsenal varié et ô combien efficace. Et c'est d'ailleurs là que réside le plus grand intérêt du soft. Oublions tout de suite les gunfights à peine convaincants de Predator : Hunting Grounds, puisqu'ici, détruire des robots par dizaines n'a jamais été aussi plaisant. C'est simple, chaque arme se comporte d'une façon unique et vous fait ressentir sa puissance. Ce sentiment est bien évidemment décuplé si vous jouez au jeu sur PlayStation 5, puisque tout comme Returnal ou encore Ratchet & Clank : Rift Apart, le titre profite pleinement des différentes fonctionnalités de la DualSense. Que vous maniiez un pistolet à glace, un fusil à pompe électrique, un lance-disque dévastateur, un lance-flamme ou encore une sulfateuse, les gâchettes adaptatives répondent différemment dans le but de vous donner l'impression d'avoir l'arme utilisée en main. Pour varier les plaisirs, notez que le TPS vous pousse à changer régulièrement de pétoire en cours de partie.

Ces différentes armes sont bien évidemment au service d'un gameplay survitaminé et explosif qui vous oblige à être constamment en mouvement. Si vos premières parties peuvent vous sembler brouillonnes à cause d'un trop-plein d'ennemis à l'écran et d'une pluie d'effets spéciaux, rapidement, vous allez vous prendre au jeu. Utiliser tous les mouvements qui sont à votre disposition comme des bonds surpuissants, des roulades et même des glissades à la Vanquish pour éliminer vos adversaires avec style deviendra alors une seconde nature. Malheureusement, toutes ces cascades perdront de leur charme au fur et à mesure de votre progression puisque le jeu a tendance à répéter constamment les mêmes situations à cause d'un système de génération de niveaux procéduraux défaillant – on retrouve sans cesse les mêmes agencements – et d'un manque flagrant de contenu.

Un contenu un peu trop léger

Il fallait s'y attendre, le jeu actuellement en accès anticipé est chiche en contenu. À l'heure où nous écrivons ces lignes, le titre ne présente que trois types d'univers différents à explorer (jungle, ville, science-fiction), deux boss à éliminer et un seul et unique mode de jeu : le mode Survie. En fonction de votre profil de joueur, cette proposition pourra vous occuper pendant des heures et des heures ou vous lasser au bout de quelques parties seulement. En effet, les amateurs d'expériences arcades en redemanderont pour parfaire leur score et espérer se faire une petite place dans le classement des meilleurs joueurs de la semaine, tandis que les autres se contenteront de remplir les quêtes données par les différents PNJ de la salle d'arcade (tuer 100 ennemis avec un fusil à pompe, soigner cinq alliées…) pour remporter des tenues pour leur héros. Mais pour nous, avec Arcadegeddon, Illfonic fait avant tout le choix de s'adresser aux hardcore gamers qui n'ont pas peur de faire face à une expérience chronophage. Les parties sont beaucoup trop longues pour le commun des mortels (entre 30 minutes et plusieurs heures de jeu), surtout qu'elles peuvent être entrecoupées par des sessions de jeux PvP (joueur contre joueur).

Vous avez bien lu, au sein même de son mode Survie, Arcadegeddon propose à son escouade de survivants de prendre part à divers mini-jeux aux objectifs variés (tuer un maximum d'ennemis robotisés dans le temps impartis, être le dernier debout…). Malheureusement, même si la proposition est originale, cette dernière, bien trop secondaire, allonge les déjà trop longues parties du mode Survie. Heureusement, ces activités uniquement disponibles dans les checkpoints des différents niveaux peuvent être parfaitement ignorées par les joueurs.

Si le principe s'inspire grandement de Left 4 Dead, l'aspect visuel, lui, semble venir tout droit du Battle Royale d'Epic Games, nous avons nommé l'indémodable Fortnite. Et même si certains pourraient exprimer une forme de lassitude en voyant la direction artistique choisie, il faut reconnaître que le tout est magnifique. Les décors sont fouillés et colorés, l'univers fonctionne à merveille et les effets vous explosent sans cesse au visage sans même causer de quelconques ralentissements. Le tout est en plus sublimé par une bande-son électronique signée Aaron Rutherford, Jimmy Blythe (AFK), Mark Rutherford et Ray Volpe, qui colle parfaitement à l'ambiance générale et fait l'exploit de dynamiser toujours plus vos affrontements.