Plus ou moins passé sous le radar fin d’année dernière (sans doute à cause de l’agitation liée à la next-gen), le metroidvania mêlant action et réflexion Batbarian : Testament of the Primordials n’a pas dit son dernier mot, et revient sur PS4 et Xbox One, après être passé par la case PC et Switch. L’occasion pour les fans du genre de découvrir ce chouette titre, créé par un studio français.
Dès son introduction, Batbarian : Testament of the Primordials se casse la figure. Littéralement. Pas le titre en lui-même, mais son personnage, un ou une barbare selon le choix que vous ferez en début de partie (pas grand chose ne distingue les deux si ce n’est une apparence différente). Une sacrée entrée en matière. Vous voilà lâché dans l’Abysse, une gigantesque forteresse souterraine regorgeant de monstres et de secrets. Votre objectif sera simple : vous sortir de ce trou à rats. Pour ce faire, vous pourrez compter sur l’aide de Pip, votre fidèle chauve-souris qui dégage naturellement de la lumière. Et ça tombe bien, parce que le donjon est plongé dans le noir, et que le mammifère sera le seul moyen de voir où vous mettez les pieds.
Ce test a été réalisé à partir de la version PS4 de Batbarian : Testament of the Primordials, sur laquelle nous n’avons rencontré aucun problème technique, mis à part des rares chutes de framerate lors de certains boss, lorsque l’écran était trop chargé en effets. Pour ce qui est de la mouture Switch, le titre nous a paru tout aussi fluide que sur PlayStation, que ce soit en mode docké ou portable. Ce dernier semble toutefois rendre moins honneur au très bon travail du studio Unspeakable Pixels pour tout ce qui touche au pixel art et à la direction artistique. Sur les versions Xbox One et PC, nous n'avons pas constaté de souci particulier.
Dès les premiers instants, le studio Unspeakable Pixels, derrière le titre qui nous intéresse, agrippe le joueur grâce à son pixel art soigné ainsi que son humour. Le récit concocté par l'équipe ne faiblit pas de bout en bout, avec son lot de situations et personnages loufoques. Dans les faits, Batbarian parvient régulièrement à prendre le joueur par surprise (dans le bon sens du terme), que ce soit grâce à un décor inspiré ou une phrase bien sentie. D’ailleurs, vous pourrez choisir vos propres répliques de barbare sanguinaire - ou complètement à côté de la plaque - selon les dialogues. La narration d’Unspeakable Pixels s’y adaptera franchement bien, même si c’est davantage pour le plaisir du vers que pour mettre en place un scénario aux multiples embranchements. Pour l’heure, Batbarian n’est pas encore disponible en français, mais les développeurs évoquent une VF à venir “dans les prochaines semaines”.
Batbarian : Testament of the Primordials - Les 10 premières minutes de l'aventure
MELTING CHOPE
Un autre point qui surprend agréablement dans le jeu d’Unspeakable Pixels, c’est le mélange des genres. Alors oui, Batbarian est avant tout un metroidvania avec tout ce que cela comprend de zones interconnectées à débloquer avec de nouvelles compétences, ainsi que de combats contre tout un casting d’ennemis et des boss. Mais il y a aussi largement de quoi faire côté réflexion, avec des passages - parfois obligatoires, parfois facultatifs - qui fonctionnent comme de véritables petites énigmes. Au cœur de cet aspect du jeu, on retrouve la petite chauve-souris, qu’il sera possible de diriger grossièrement à l’aide de différents fruits. La “baie légère” permet par exemple de l’amener à un endroit précis (dans la limite de votre portée) pour un court instant, alors que le “fruit collant” l'occupera plus longuement avec, en plus, l’avantage de se coller à un mur. Généralement, le but sera de faire en sorte que le mammifère se rende à un endroit bien particulier pour activer un mécanisme avec sa lumière. Le timing du joueur, que ce soit pour les phases de plateforme ou le lancé des “pitits” cailloux - une référence à Dark Castle sans doute - aura aussi son importance. Bref, Unspeakable Pixels ne manque pas d’idées pour faire travailler les méninges et réflexes du joueur. Au global, ces énigmes sont plutôt réussies, même si elles ont le désavantage de ralentir brutalement le rythme, surtout après un combat survolté. Mais la diversité qu’elles apportent est à saluer.
L’aventure en général est d’ailleurs placée sous le signe de la diversité, avec toujours une idée de game design / level design sous le coude, sans parler des nouvelles compétences qui arrivent au fur et à mesure pour étoffer le tout. Il n’est donc pas impossible de tomber sur un tableau infesté de monstres avec un poil d’énigme et de plateforme, ou alors une zone uniquement dédiée à la réflexion ou au combat. D’ailleurs, sachez que la chauve-souris sera aussi utile pendant les affrontements : elle est capable de renverser certains ennemis et de s’entourer d’une aura de flamme et de glace, pouvant briser la défense de créatures bien précises et même protéger votre héros de boules magiques. Avec en plus les différents fruits à gérer, Batbarian n’est pas forcément très facile à prendre en main, et jongler entre les compétences pourra s’avérer frustrant, surtout dans les moments décisifs (spoiler : il y en a un paquet). Mais cela participe évidemment au charme du titre d’Unspeakable Pixels, qui prend parfois des airs de “metroidvania / twin-stick shooter”. En marge de cette originalité, les combats sont simples et agréables. A noter qu’il n’est pas possible de bloquer les attaques ou de dasher. Le saut sera votre meilleur moyen de défense. Enfin, pendant l’aventure, un personnage secondaire pourra venir vous prêter main forte.
Batbarian : Testament of the Primordials - Plongée dans les ténèbres
BARBARE TROP CRUEL ?
On vous parle depuis tout à l’heure de “moments décisifs” et de zones “infestées de monstres", alors il est temps de parler de challenge. Pour le coup, Batbarian met en place une courbe de difficulté qui démarre tout en douceur et s’emballe soudainement après quelques heures, laissant un léger goût amer qui ne fera sans doute pas l'unanimité. Dans les faits, Unspeakable Pixels livre un jeu plutôt exigeant, mais n'oublie pas les joueurs moins acharnés grâce à toute une batterie d'options d’accessibilité. Depuis le menu pause et à tout moment de l'aventure, vous pourrez ainsi améliorer la lumière ambiante, votre attaque ou votre défense, faire en sorte que votre premier cœur se régénère tout seul ou encore que les items de soin soient deux fois plus efficaces. De quoi contenter un peu tout le monde : même avec ces options d’accessibilité actives, Batbarian ne sera pas de tout repos. Elles ne trahissent donc pas l'expérience de jeu.
Sur l'ensemble de l'aventure, Batbarian parvient à trouver un bel équilibre côté exigence sans pour autant verser dans la frustration. Car oui, à un moment donné, la difficulté passera un cap et il faudra souvent s'accrocher. Et outre les options d'accessibilité, le titre offre un système de checkpoint assez généreux qui vous permettra parfois de réapparaître entre deux points de repos. Une idée bienvenue, pas trop intrusive, qui pourra toutefois avoir le désavantage de vous enfermer dans une situation compliquée, avec peu de vie. D'ailleurs, lors de rares combats et phases de réflexion, Batbarian nous a semblé manquer un poil de précision (hitbox, comportement d'IA) ce qui nous a valu quelques frustrations. Ne pas avoir une ressource pour une énigme pourra aussi créer ce sentiment, même s'il est possible d'annoter la carte pour signaler un secret.
Au final, on ne peut que saluer l’effort d'Unspeakable Pixels pour rassembler plusieurs profils de joueurs. Mais pour celles et ceux qui voudront relever tous les défis du titre, il y aura de quoi s’occuper. Déjà parce que, pour ce faire, il faudra fouiller tous les recoins de la carte à la recherche d’améliorations (enchaîner les batailles augmentera également l’attaque, la défense, la chance). Et car ce joli programme vous prendra un certain temps : si vous êtes du genre à récupérer tous les trésors, la durée de vie de Batbarian passera de douze à vingt heures de jeu. Sans oublier qu’il existe plusieurs fins différentes et des zones totalement optionnelles. Bref, vous l’aurez compris. Avec ses qualités visuelles, d’écriture et de gameplay, Unspeakable Pixels nous offre un metroidvania plein de charme qui a de sérieux arguments pour convaincre.
Points forts
- Humour omniprésent et très efficace
- C’est beau, c’est fluide, c’est soigné
- Une BO parfaitement dans le ton
- Un gameplay original et maîtrisé
- Belle durée de vie (20h pour 100%)
- Une difficulté modulable à l’envie
Points faibles
- Challenge pas toujours bien dosé
- Des imprécisions parfois frustrantes
Note de la rédaction
Avec un humour et un pixel art de haute volée, Batbarian : Testament of the Primordials séduit dès les premiers instants et continue d'étonner au fil des heures. Le titre regorge d’idées et de situations délirantes, servies par un gameplay “action / twin-stick shooter” original et maîtrisé - malgré quelques imprécisions - qui se décline franchement bien pendant les douze à vingt heures de durée de vie (selon le 100% ou non). On pourra seulement regretter un rythme un poil en dents-de-scie, à cause d’un challenge parfois mal dosé et de phases d’énigmes certes réussies, mais pouvant interrompre l’élan des combats survoltés. Mais rien de bien méchant. Il y a même tout un tas d’options d’accessibilité pour ceux qui souhaitent une aventure moins exigeante. Une très belle réussite.