Après avoir fait couler le sang sur borne d'arcade en 1988, Ryu Hayabusa est revenu sur le devant de la scène en 2004 avec une production détonante : le désormais emblématique Ninja Gaiden ! Cet opus fort réussi a donné vie à une trilogie (composée de plusieurs rééditions) qui s'est conclue en 2013 avec Razor's Edge, la dernière version en date du troisième épisode. Aujourd'hui donc, après presque dix ans d'absence, cette même trilogie fait son grand retour avec la Ninja Gaiden Master Collection qui a pour ambition de remettre la saga de Koei Tecmo au goût du jour. Faut-il craquer pour cette nouvelle compilation ? Réponse tranchée dans quelques lignes.
Avant de commencer ce test, rappelons ce qu'est la Ninja Gaiden Master Collection. Cette dernière, qui s'adresse notamment à tous les ninjas en herbe, est une compilation qui propose aux joueurs de découvrir ou de redécouvrir les rééditions de trois grands jeux qui ont marqué l'histoire du beat'em all 3D. Le premier n'est autre que Ninja Gaiden Sigma sorti pour la première fois en 2007 sur PlayStation 3. Le second est bien évidemment Ninja Gaiden Sigma 2 qui a atterri sur cette même console deux ans plus tard. Et pour terminer, le troisième titre à rejoindre cette compilation est Ninja Gaiden 3 : Razor's Edge qui a fait un saut sur PlayStation 3, mais aussi sur Xbox One et Wii U en 2013. Bonne nouvelle, ces trois titres sont livrés avec leurs DLC respectifs… Autant dire que le sang va couler, et pas qu'un peu.
Une trilogie, trois gameplay grisants
Que ce soit Ninja Gaiden Sigma de 2007, Sigma 2 ou encore Razor's Edge, la saga a toujours été saluée par la presse comme par les joueurs pour son gameplay aussi réussi qu'exigeant. Aujourd'hui, malgré les années, cette vérité tient toujours. Quel plaisir de retrouver ce bon vieux Ryu Hayabusa qui enchaîne toujours aussi bien les esquives et les contre-attaques dans Ninja Gaiden Sigma. Quel bonheur de le voir sabrer ses adversaires à coup de katana et d'enchaîner les figures avec toujours autant d'aisance dans Sigma 2. Et quelle jouissance de le regarder faire couler le sang de façon aussi spectaculaire dans Ninja Gaiden 3 : Razor's Edge. À vrai dire, si l'on ne s'en tenait qu'aux ressentis en combat, la recette n'a pas pris une seule ride. Dans chacun des jeux, notre héros se meut avec grâce, réalise des combos dévastateurs et découpe des sous-fifres de la plus belle des manières. On regrettera cependant l'aspect un peu plus brouillon du troisième épisode. Un opus qui nous noie sous une pluie de missiles, par exemple, et nous fait évoluer dans des zones fourmillant de détails, peut-être trop...
Attention, ce n'est pas parce que vous êtes un ninja que vous êtes invincible pour autant. Bien que rapide, Ryu Hayabusa ne manquera pas de se faire matraquer à plusieurs reprises par une poignée d'ennemis. Vous l'avez compris, la licence, également connue pour sa difficulté légendaire, propose une fois de plus beaucoup de challenge à tous les joueurs en manque de sensations fortes. Même si rien n'est vraiment insurmontable, tout du moins en Normal (s'attaquer aux modes Difficile et au-delà vous demandera beaucoup de courage), il vous faudra probablement plusieurs tentatives pour venir à bout des nombreux adversaires humains, robotiques ou plus simplement monstrueux qui vous mèneront la vie dure. Même si l'intérêt de cette trilogie réside dans sa difficulté, notez que les nouveaux venus pourront essayer sans risque les trois aventures avec le mode Héros qui réduit considérablement les chances de passer de vie à trépas.
La saga Ninja Gaiden n'est pas seulement célèbre pour sa grande difficulté, son héros charismatique et ses joutes spectaculaires, elle l'est aussi pour sa violence. Il faut dire qu'un katana, ça tranche, et de manière plutôt nette même. Rapidement donc, soit juste après le lancement de Ninja Gaiden Black (la seconde version de Ninja Gaiden de 2004), la saga a été confrontée à la censure. De ce fait, la décapitation des ennemis humains était impossible dans la version de 2007 de Ninja Gaiden Sigma et les gerbes de sang étaient remplacées par des sortes de flux violets étranges qui nuisaient en immersion et en lisibilité dans l'édition de 2009 de Ninja Gaiden Sigma 2. Aujourd'hui, ce problème est plus ou moins réglé en fonction des épisodes : les décapitations sont de retour dans le premier Sigma, mais les flux violets restent omniprésents dans Sigma 2.
Ninja Gaiden Master Collection : Les 15 premières minutes de Sigma en 4K
Un manque de nouveautés et une formule vieillissante
Pas sans défaut, on aurait apprécié que la trilogie Ninja Gaiden profite de l'arrivée de cette nouvelle collection pour corriger les nombreuses erreurs du passé. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Outre la présence d'un affichage compatible 4K/60fps sur les consoles les plus puissantes du marché (PlayStation 4 Pro, PlayStation 5, Xbox One X et Xbox Series X|S), cette nouvelle compilation n'est, comme son nom l'indique, qu'une simple compilation. Cela signifie que les joueurs devront une nouvelle fois faire face à l'un des gros problèmes récurrents de la série : les soucis de caméra. Que ce soit dans Sigma, Sigma 2 ou Razor's Edge, la caméra ne cesse de se nicher derrière des textures, des barrières en tout genre ou des ennemis imposants, ce qui, il faut l'avouer, est plus que contraignant.
Bien évidemment, celui qui a le plus souffert des années est Ninja Gaiden Sigma. Ce dernier dispose encore et toujours d'un système de sauvegarde archaïque. Un conseil, après avoir achevé un niveau, ne quittez pas votre jeu sans avoir pris soin de passer un point de contrôle. Nous avons fait le test pour vous et cela se conclut malheureusement par un retour à la dernière sauvegarde manuelle et non au début du nouveau chapitre tout juste entamé. Côté menu, même problème : nous ressentons une fois de plus le poids des années. L'interface de cet épisode manque de souplesse et oblige à mettre le jeu en pause pour changer d'arme ou d'objet de lancer. Heureusement, ces soucis sont corrigés dans les suites. Mais encore une fois, cette compilation aurait mérité d'un petit travail supplémentaire pour redonner un coup de jeunesse aux titres les plus vieillissants.
Contrairement aux dernières trilogies vidéoludiques qui ont vu le jour ces dernières années, cette Master Collection ne profite pas d'un menu principal qui centralise les trois jeux à l'image de celui de Crash Bandicoot N. Sane Trilogy. Cela vous oblige donc à fermer votre application pour lancer un autre épisode par exemple ou, sur PlayStation 5, à switcher d'une version à l'autre en passant obligatoirement par le menu principal de la console. Sur PC, c'est pire ! Pour changer la résolution de votre jeu, il faut ouvrir les propriétés de la collection depuis votre bibliothèque Steam et saisir la définition choisie (720p, 1080p ou 4K) dans le champ de texte "Option de Lancement". On a déjà vu plus pratique…
Même si certains épisodes s'en sortent mieux – on pense inévitablement à Sigma 2 qui profite d'une direction artistique léchée ou au tout premier Sigma qui fait voyager grâce à son ambiance plus colorée et cartoonesque – la trilogie accuse également son âge dans sa partie visuelle. Les décors sont généralement vides et l'aliasing (effet d'escalier sur les différents éléments graphiques) est omniprésent. Ce constat est encore plus marqué dans Razor's Edge, ce qui renforce d'autant plus l'aspect brouillon de ce troisième opus que nous avons déjà pointé du doigt en début d'article.
Des heures de jeu en perspective
Avec leurs nombreux modes de difficulté et la multitude de niveaux disponibles, cette collection vous occupera des heures durant. Il vous faudra bien 14 heures de temps de jeu pour terminer une première fois l'aventure du premier opus, d'un peu plus de 10 heures pour finir le scénario du second épisode et de 7 heures pour achever celui du troisième chapitre. À tout cela s'ajoute l'intégralité ou presque des extensions des différents épisodes, ce qui vous donne le droit de participer à une multitude de défis et de prendre le contrôle de quatre personnages jouables supplémentaires. En effet, Ayane, Kasumi, Rachel et Momiji sont une fois de plus de la partie en fonction des jeux. En revanche, cette compilation fait l'impasse sur tout le contenu En Ligne des différents softs.
Ninja Gaiden Master Collection : On découpe des ninjas sur Sigma 2
Points forts
- Trois excellents jeux enfin réunis
- Des combats intenses et un gameplay maitrisé
- Plusieurs modes de difficulté pour convenir au plus grand nombre
- Des heures et des heures de jeu
- Le combo 4K/60fps sur PS4 Pro, PS5, Xbox One X, Xbox Series X et S
- Cinq personnages jouables : Ryu, Ayane, Kasumi, Rachel et Momiji
- Des DA qui fonctionnent toujours aussi bien sur Sigma et Sigma 2
Points faibles
- Une compilation qui se contente du minimum
- Un système de sauvegarde archaïque pour Sigma
- L'aspect brouillon de Razor's Edge
- Encore et toujours des problèmes de caméra
- Des graphismes qui accusent leur âge
- Encore de la censure pour Sigma 2
Si vous n'avez jamais touché la saga Ninja Gaiden, mais que vous aimez les expériences relevées, ou si vous êtes un grand amateur de la licence de Koei Tecmo, cette Master Collection est faite pour vous ! Malgré les années, la trilogie reste un excellent cru composé de deux merveilleuses expériences et d'un troisième titre spectaculaire. Cependant, gardez à l'esprit que cette nouvelle compilation n'apporte aucune nouveauté si ce n'est l'ajout du sacro-saint 4K/60fps sur PlayStation 4 Pro, PlayStation 5, Xbox One X et Xbox Series X et S. Trois excellents jeux donc, qui sont malheureusement regroupés dans une compilation qui se contente du minimum syndical. Maintenant que vous êtes prévenus, c'est à vous de décider de ressortir le katana ou non pour faire couler des litres et des litres d'hémoglobine.