Six mois après avoir bouclé sa longue épopée, Ubisoft nous propose de retourner sur Assassin’s Creed Valhalla à l’occasion de la sortie de son premier DLC. Exit l’Angleterre et place aux terres d’Irlande, théâtre de ce contenu appelé la Colère des Druides… Druides que nous ne verrons malheureusement que trop peu…
Eire we go again
Histoire de commencer sur de bonnes bases, sachez d’abord que nous ne jouerons qu’Eivor au sein de ce contenu. Aucune réalité alternative, aucun présent et aucune fiction mythologique ne sont à attendre ici, et c’est franchement dommage tant ce fut rafraîchissant et intégré de manière plutôt maline dans Valhalla.
Nous retrouvons donc notre personnage, tout juste débarqué à Dublin, capitale de l’Irlande. Il y recherche son cousin, désormais roi. En bon Viking qu’il est, ce dernier doit, difficilement, négocier sa place de païen aux côtés de Flann Sina, chrétien et haut-roi emblématique de l’île. Vous vous en doutez, rien ne se passe comme prévu et la suite des événements implique évidemment un complot… et des druides !
Ces mages celtiques, dont le dogme est menacé par le christianisme conquérant de l’époque, fomenteront des attaques tout au long des 10 à 15 heures de campagne que propose le DLC. Adeptes de la dissimulation, ils forment un Ordre de dix membres, cachés au sein de la société irlandaise, groupe que vous devrez évidemment traquer et éradiquer, comme vous l'avez si bien fait avec l’Ordre des Anciens de Valhalla. D’ailleurs, petit conseil : évitez de trop regardez les silhouettes des membres, notamment du chef car, comme sur Valhalla, il est très facilement reconnaissable et vous gâchera un petit twist scénaristique… Si l’arrivée des druides, mystiques et intrigants, apparaît comme une bonne idée au sein du cadre un peu trop convenu des intrigues politiques médiévales, gageons qu’on ressort du DLC plutôt déçu de leur présence, finalement assez timide et peu exploitée.
Un peu d’enfer, le Connemaraaaaaaa...
Parlons désormais du terrain. L’Irlande, cette île si sauvage du Royaume-Uni, est donc notre toute nouvelle aire de jeux pour ce contenu. La map, inédite, est plutôt vaste, escarpée, dotée de paysages stylisés, soignés, et agrémentés de quelques points d’intérêt bien sentis. Il n’y a pas à dire, Assassin’s Creed a le chic pour nous faire découvrir des contrées et nous inviter à ouvrir une petite page Wikipedia, histoire de vérifier comment ce fameux lieu, qu’on explore dans le passé, s’intègre désormais dans l’Irlande contemporaine. De la magnifique colline de Tara jusqu’à la très étrange Chaussée des Géants : il n’est pas rare de s’arrêter pour s’instruire, ou juste se reposer les yeux, entre deux batailles.
En revanche, ne vous attendez pas à trouver sur ces terres de singulières villes reconnaissables entre mille. Non, non, non, pas de ça ici. La Colère des Druides vous rappelle continuellement qu’il n’est « qu’un DLC de Valhalla », et reprend donc en grande partie ses éléments graphiques et ses featurettes de gameplay. Le souci, c’est qu’en plus de cet aspect recyclage, Ubisoft semble avoir du mal à remplir le terrain, et dissémine donc son contenu au tamis, histoire d’en faire un peu moins avec une surface pourtant très vaste. On aura donc au programme pas mal de déplacements pas forcément très intéressants entre les différents points-clés, assez éloignés les uns des autres. Et si de prime abord il peut s’agir d’un plus, forçant l’aventure et l’exploration, cela devient assez vite source de frustration.
Car oui, rien n’est ici par hasard et, à la manière de Valhalla, un lieu-dit que vous découvrez hors-mission servira très probablement plus tard pour une quête. On a donc assez souvent l’impression d’aller plus vite que le jeu, tant dans l’exploration que dans la progression globale.
Monter le premier GAFAM d’Irlande
Mais que faire en Irlande, mis à part suivre la trame imposée ? Figurez-vous qu’une de vos tâches principales dans La Colère des Druides, sera de monter des avants-postes marchands dans toute l’Irlande. Mais si la proposition peut séduire par son originalité, la réalité du terrain est beaucoup moins trépidante.
En gros, différents lieux, occupés par des créatures hostiles, devront être nettoyés, puis repeuplés et reconstruits. Notez que chacun de ces avant-postes produira une ressource particulière. Le but de la manœuvre est évidemment d’accumuler des ressources et de les envoyer à Dublin. Là-bas, on pourra les dépenser dans un tableau, qui vous rappellera forcément celui dédié à la pèche dans Valhalla.
En honorant les commandes de ressources à travers ce tableau, on fait monter la renommée marchande de Dublin, ce qui déverrouille des récompenses thématisés, notamment des pièces d’armure. Style byzantin, russe ou encore egyptien : les sets récupérés vous permettront de changer de garde-robe, même si l’utilité de tout ceci est finalement assez limitée… En effet, il vous suffira de quelques heures de jeu, sans forcer, pour tout débloquer sans même avoir à trop vous en préoccuper.
Une boucle de gameplay revue et corrigée
Côté contenu, en dehors de la map et du gimmick marchand, plutôt dispensable, La Colère des Druides ressemble à ce que l’on trouve en faisant “une grosse zone” de Valhalla. Vous vous rappelez probablement de la vingtaine de fiefs que vous avez dû libérer, délivrer, en suivant généralement le même mode opératoire ? Sachez ici que la Colère des Druides vous propose globalement trois gros fiefs, mais exploités sous une forme beaucoup moins convenue qu’auparavant. Ubisoft étire ici sa boucle de gameplay, la rendant plus agréable et surtout un peu mieux mise en scène.
Toutefois, gardez en tête qu’à l’arrivée, on finit toujours par massacrer tout le monde et piller tout ce qui bouge avec une facilité déconcertante, même en mode difficile. Les combats du DLC sont comme une partie de roulette russe avec des balles en mousse, puisqu’un chien loup errant sera parfois bien plus résistant qu’un boss. Mais bon, si vous êtes venu à bout de Valhalla, ce ne sera pas une surprise… Après tout : « on s’en fout, on est des vikings ».
Des druides sous-exploités
On ne pourra en revanche que regretter que l’arc des druides soit si peu exploité, et n’ai pas vraiment d’univers à défendre. Pourtant, il y avait vraiment quelque chose à faire : une plongée psychédélique, une représentation plus poussée de l’univers celtiques, mais non. Ici, les druides et adeptes du culte sont réduits à une caste d’ennemis peuplant les différentes zones d’Irlande. Globalement, ce sont des sorciers aux patterns de combat plutôt complexes, pouvant miser sur des familiers.
Avec la fumée verte qu’ils étendent lors des combats, ils troublent l’esprit d’Eivor et lui font voir des éléments surnaturels : leur chien-loup se transforment en loup-garou et leur puissance est alors démultipliée. Les premières rencontres sont d’ailleurs assez marquantes et très réussies mais, très vite, on en vient à pester contre le manque de lisibilité de l’action lors de ces affrontements. La fumée verdâtre, le flou volontaire, la surabondance de glyphes à l’écran, le nombre d’ennemis ultra-mobiles, le feu, sans compter les soucis de caméras toujours pas réglés et les problèmes d’animation : ce qui devait être de beaux combats sont souvent assez frustrants à jouer.
Malgré l’ajout de compétences, d’armes et d’armures, le pan combat du DLC reste miné par des soucis de finition et par une difficulté franchement très mal calibrée, ce qui est assez triste pour un jeu où la quasi-totalité des situations se règle au combat. Il restera donc une trame narrative plus soutenue qu’auparavant bien qu’elle se contente trop souvent de nous réciter la même leçon qu’il y a six mois.
Les images qui illustrent ce test sont tirées d'extraits vidéo. Test réalisé sur la version Xbox Series X.
Points forts
- L’Irlande, une toute nouvelle map intégrée au jeu.
- 10 à 15 heures de trame scénarisée avec ses à-côtés.
- Une structure de jeu un peu moins répétitive.
- Ciara, la « Priscilla » du DLC, très réussie dans ses interventions.
- Pas mal d’armures à récupérer.
Points faibles
- Equilibre de la difficulté à revoir.
- Aucun arc mythologique, mystique, ou contemporain.
- Des combats contre les druides qui manquent de lisibilité.
- Nombreux bugs : pathfinding, soucis de caméra, scripts…
- Plutôt avare en quêtes annexes (hors-collectibles).
- Assez peu d’éléments ou features inédits.
- Une histoire assez convenue.
La Colère des Druides est un DLC intéressant de par sa générosité mais qui manque cruellement d'originalité et d'éléments inédits par rapport à Valhalla. Offrant 10 à 15 heures d’aventure scénarisée, il permet de prolonger l’expérience, en nous servant l’Irlande sur un plateau. On aurait cependant apprécié un traitement plus profond des druides, relégués au rang de menace obscure façon « Ordre des Anciens » et une difficulté bien mieux équilibrée, histoire de faire honneur aux différentes quêtes, principales comme secondaires.