En ces temps incertains, les amateurs de jeux de plateau doivent ronger leur frein ou passer par des solutions alternatives pas toujours très ergonomiques. Ainsi les jeux vidéo proposant des règles issues de ces expériences conviviales gagnent en popularité. Et si des titres comme Among Us, inspirés par le Loup-Garou de Tiercelieux, ont trouvé le succès, c’est sans aucun doute par leur aspect très convivial. Dans une moindre mesure, For the King fait partie de ce type de jeu.
For The King permet à un groupe de maximum 3 joueurs, en local et/ou en ligne, de prendre part à différents scénarios. Donjon interminable, quête maritime, expédition enneigée, chasse au trésor… Il y a de quoi faire. Une fois l’aventure sélectionnée, le groupe choisit sa classe parmi les grands classiques du jeu de rôle. Archer, Soigneur, Protecteur, etc. Différentes classes et apparences se débloquent évidemment au fil des parties. Mais comment se déroule une partie de For the King au juste ?
Un défi à relever entre amis
Les débuts de parties varient en fonction du scénario sélectionné, mais dans la majorité des cas, les joueurs sont placés sur un plateau composé de cases hexagonales. À chaque tour, un dé virtuel est lancé pour déterminer le nombre de déplacements du joueur. À lui de prendre la bonne voie et de participer aux (très) nombreux évènements disponibles sur le plateau. Ces évènements dépendent du scénario sélectionné, mais également d’un pool aléatoire. Les joueurs doivent user avec intelligence de leurs tours, car plus le temps passe, plus nombreux et plus puissants sont les ennemis disséminés sur la carte. Ces évènements sont nombreux, variés et ce sont eux qui confèrent sa rejouabilité au titre. En effet, For the King intègre des éléments de Rogue-Like à son expérience. Comprenez par là qu’à chaque partie, le joueur perd l’essentiel de sa progression et que chaque run est différente, grâce à de nombreux paramètres sélectionnés aléatoirement. En plus de générer la carte procéduralement, le maitre du jeu virtuel pioche dans ses réserves pour proposer différentes activités. Les combats sont nombreux, qu’ils soient aléatoires ou indiqués sur la carte. Évidemment, le joueur récolte expérience et récompenses en cas de victoire. Il peut également se rendre dans des villages pour se revigorer, accepter diverses quêtes annexes ou encore faire des emplettes et se débarrasser de son équipement inutile. D’autres commerces plus spécifiques, comme les marchés nocturnes proposant une marchandise alternative ou les ports permettant de s’offrir un bateau, sont également de la partie. Sur sa route, le joueur découvre également des autels offrant diverses bénédictions. Immunité aux malédictions, augmentation du gain d’expérience ou d’or, etc. En somme, chaque case hexagonale peut abriter un point d’intérêt plus ou moins décisif. Les plus importants étant à n’en pas douter les donjons.
Ces donjons font s’enchainer différents types de salles : des combats, des salles piégées, des boss et des récompenses. Franchement pas évidents, ces dédales demandent une préparation minutieuse et une coordination totale dans les affrontements. Ne songez même pas à pénétrer dans un donjon ayant un niveau requis plus élevé que le vôtre et encore moins sans avoir fait toutes vos emplettes. Oui, derrière son esthétique gentillette, sur laquelle nous reviendrons plus tard, For the King est un jeu plutôt intransigeant. Et si un mode facile est disponible, il est loin d’être un parcours de santé. Comme dans bon nombre de Rogue-Like, chaque prise de décision compte dans For the King. Ainsi, un joueur trop téméraire peut très rapidement causer du tort à toute son équipe. Par exemple, s'il déclenche un combat alors qu’il est isolé de son équipe, il se battra seul. S’il attend ses coéquipiers, c’est toute l’équipe qui affrontera le monstre. Un joueur pressé qui lance un affrontement avec une équipe incomplète peut faire perdre plusieurs vies à sa brigade, ce qui peut largement compromettre le dénouement de la partie. Un membre cupide conservant l’intégralité de l’or plutôt que de le partager avec ses coéquipiers, en un clic bien pratique, pourra creuser un écart trop prononcé entre lui et ses camarades rendant les combats impossibles.Le plus grand point fort de For the King, c'est qu'il oblige les joueurs à coopérer de A à Z. Chaque décision doit être prise au profit du groupe pour garantir une victoire. C’est en cela que le titre d’IronOak Games prend tout son sens en coopération. S’il est divertissant et sympathique en solo, la gestion d’inventaire fait preuve de trop de lourdeur pour gérer 3 personnages seul et les combats perdent en saveur.
C'est bien, mais c'est vilain
Les combats d’ailleurs, parlons-en. Se déroulant au tour par tour, ils ne déroutent pas le joueur ayant déjà lancé un J-RPG dans sa vie. Avec l’arme que sa classe lui permet d’utiliser, chaque joueur tente d’infliger un maximum de dégâts à ses cibles. Pour ce faire, l'équipe peut utiliser des compétences directement liées à son équipement. Ainsi, certains arcs permettent de passer outre l’armure de l’adversaire tandis qu’une épée spécifique inflige des dégâts de foudre. La réussite d’une attaque dépend de lancers de dés qui seront plus ou moins influencés par les statistiques du joueur. Le chasseur avec un haut taux de vigilance réussit toujours son coup, par exemple. Si ses statistiques sont insuffisantes, il peut utiliser des points de concentration pour piper les dés en sa faveur. Ces points se régénèrent en se reposant et sont également utiles lors des déplacements ou du désamorçage d’un piège.
Les statistiques des héros varient principalement en fonction des récompenses équipées. Encore une fois, les joueurs se doivent d’agir avec intelligence et d'échanger leurs équipements pour optimiser leurs héros. De quoi alimenter de vives discussions tout au long de la partie. Il en va de même pour les combats, car prioriser la mauvaise cible au mauvais moment peut littéralement signer l’arrêt de mort de l’équipe. La communication est ici indispensable. Même lors d’une partie avec des parfaits inconnus sur PC, nous avons continuellement utilisé le chat intégré au jeu. Sur les autres supports, nous vous recommandons de jouer en vocal autant que faire se peut, car tout le sel de cette aventure se trouve dans la coopération.
C’est indéniable, For the King a réussi son pari d’intégrer avec intelligence l’esprit du jeu de plateau à un Rogue-Like. Nous serons peut-être moins enthousiastes quant au rendu visuel du titre. S’il opte pour un rendu visuel au faible taux de polygone plutôt intéressant, la direction artistique est assez quelconque, voire de mauvais gout en fonction des sensibilités. Les visages des héros affichent des proportions disgracieuses et les animations sont d’une raideur indiscutable. On finit tout de même par passer au-dessus de ces griefs une fois pleinement investis dans la partie. D’un point de vue strictement technique, le bilan est positif et on ne note pas de bugs ou de ralentissements. On apprécie également le moteur physique qui intervient une fois un ennemi vaincu, ce qui offre un peu plus de panache aux affrontements.
Points forts
- Un mix maitrisé entre jeu de plateau et Rogue-Like
- Le contenu, conséquent (surtout pour un jeu vendu 19,99 €)
- La coopération et la communication au coeur de l’expérience (jusqu’à 3 en local et/ou en ligne)
- Différents scénarios qui changent réellement le déroulement d’une run
- Un challenge au rendez-vous
- Une bonne rejouabilité
Points faibles
- Un intérêt bien plus limité en solo
- Quelques lourdeurs d’interface
- C’est quand même plutôt vilain
Si vous avez deux amis adeptes du jeu de plateau en manque de leur dose de lancers de dé, For the King est peut-être fait pour vous. Mêlant habilement ses racines au genre Rogue-Like, il propose un contenu conséquent pour qui est adepte des combats tactiques et des jeux de société coopératifs. N’y allez pas en pensant y jouer seul, car le tout perd dramatiquement en intérêt. Les mordus de jeux de société, eux, verront en For the King un bon palliatif à leurs activités habituelles.