Muramasa : The Demon Blade, ça vous parle ? Il y a un peu plus de dix ans, le titre de Vanillaware - qui s’est récemment illustré avec 13 Sentinels : Aegis Rim - nous avait transportés grâce à son approche picturale du folklore japonais et son action jouissive. Bladed Fury, du studio chinois Next Studios (filiale de Tencent), marche indéniablement dans les pas de ce grand jeu. Et même si le résultat n’est pas aussi flamboyant, le titre n’a pas à rougir. C’est l’heure du test.
Dans le cadre de ce test, nous nous sommes uniquement penchés sur la version Switch de Bladed Fury. Le titre est aussi disponible sur PS4, One depuis le 25 mars dernier, et sur PC depuis 2018.
Bladed Fury nous invite à suivre l’histoire de Ji, une princesse accusée du meurtre du roi, alors changé en démon sous le regard de tous. Pour la peine, elle devra s'exiler et collecter des indices afin de comprendre ce qu’il se trame, rencontrant toute une galerie de personnages et surtout, jouant des lames pour abattre de nombreux démons. Clairement, le scénario n’est pas le point fort de Bladed Fury, raconté uniquement en VO avec des sous-titres anglais. Pas l’idéal pour comprendre les subtilités qui se cachent (peut-être) entre les lignes de Next Studios. Mais rien de gravissime, dans la mesure où le principal intérêt du titre, c’est son gameplay. L'équipe chinoise l’a d’ailleurs bien compris : deux minutes après le début de l’aventure, on vous remet votre arme principale, des doubles-lames très rapides. Et en avant la musique.
Tout pour la baston
Quand nous disions que l’action de Bladed Fury est “survoltée”, croyez-nous, nous n’employons pas le mot à moitié. Les affrontements du jeu sont en effet vifs et très plaisants, notamment grâce aux doubles-lames évoquées plus haut, qui permettent d’enchaîner les coups à toute allure pour envoyer un ennemi dans les airs, puis le faire retomber au sol via une attaque circulaire. Manette en main, on pourra de temps à autre avoir l’impression de faire du button mashing, dans la mesure où tout ce qu’il faut savoir de l’arme se situe sur un bouton, avec parfois une direction (haut ou bas) à faire en même temps pour réaliser un geste précis. Et c’est là que la seconde épée du titre - qui se débloque très rapidement - entre en jeu, plus lente et lourde que sa consoeur. Elle vous donnera entre autres la possibilité de renvoyer les tirs adverses, mais aussi de faire une attaque chargée, très efficace à condition de réussir à la placer, ce qui n'est pas forcément évident.
Bladed Fury - On attaque un camp ennemi (Gameplay)
Cette autre lame changera ainsi drastiquement le feeling des combats, surtout que Next Studios vous invitera très fortement à l’utiliser. Au milieu de l’aventure, certains vilains seront en effet protégés d’un bouclier, très vulnérable à l’épée lourde. Une bonne idée, car dans les faits, les deux armes ne sont pas spécialement complémentaires, et on peut parfaitement bourrer la première, très rapide. Dans le même ordre d'idée, on regrettera que le bouclier et le système de parade / contre-attaque, n’aient pas bénéficié de ce traitement, malgré des pouvoirs ennemis qui peuvent seulement être renvoyés avec ces techniques (mais qu’on peut aussi esquiver à l’aide du dash voire du double-saut). Concrètement, l’action est trop rapide et les assaillants, trop nombreux. Et avec la 2D, pas évident de distinguer chaque coup quand ces derniers se superposent.
Puissance & maîtrise
Fort heureusement, Next Studios amène régulièrement de la diversité dans les combats, déjà avec son bestiaire, assez varié (aussi bien au niveau du design que des stratégies d’attaque), et également grâce à un système de puissants pouvoirs, directement issus des chouettes boss rencontrés sur votre route. Il sera ainsi possible de faire tomber une nuée de flèches sur un adversaire pendant un court instant, ralentir le cours du temps, voire dégainer un énorme fusil. Des capacités très efficaces dont l’usage est bien sûr limité : chacune dispose d’un temps de recharge ainsi que d’un nombre précis d’utilisation. Pour tout remettre au maximum, il faudra s’arrêter à l'un des petits sanctuaires, qui fait office de checkpoints mais aussi de boutique pour acheter de nouvelles compétences (actives et passives) grâce aux âmes récoltées lors des combats et cachées dans les niveaux.
Les niveaux d’ailleurs, parlons-en. Le level design de Bladed Fury est assez linéaire, et n’a en tout cas rien à voir avec un metroidvania. Des petites énigmes offriront parfois un cheminement plus labyrinthique que d’habitude, avec aussi des phases de plateforme. Au global, la progression du titre s’apprécie de long en large, avec une montée en puissance progressive du joueur, un bestiaire qui évolue constamment, de nouveaux boss et des zones variées, en plus servies par une jolie direction artistique. On regrettera toutefois une finition globale assez imparfaite, tant au niveau de la réalisation pure (quelques arrière-plans pixélisés) que des menus, ou de l’enchaînement des phases narratives et d’action. Une louche de difficulté supplémentaire n'aurait pas non plus été de trop. Mais au final, les six heures que compte l’aventure “passent crème”, comme on dit.
Bladed Fury - Face à l'un des boss du jeu (Gameplay)
Points forts
- Gameplay vif et jouissif
- Une jolie direction artistique
- Le folklore chinois, bien exploité
- Sentiment de progression constant
- Les pouvoirs issus des boss
Points faibles
- Une finition assez imparfaite
- Quelques problèmes de lisibilité
- Petits ralentissements sur Switch
Malgré quelques défauts (techniques sous-exploitées, finition globale imparfaite), Bladed Fury nous propose une aventure captivante, en particulier grâce aux très bonnes sensations de combat qui rythment la progression, mais aussi au cadre, inspiré du folklore chinois. Vous rencontrerez ainsi tout un tas de démons variés, de boss imposants et bien mis en scène. Next Studios parvient ici à installer un sentiment de progression constant, par le biais des ennemis rencontrés et des techniques débloquées au fur et à mesure, à l'instar des nouveaux mouvements d'épée et des puissants pouvoirs issus de boss. Des éléments qui inciteront le joueur à poursuivre, en plus d'une très jolie direction artistique. Une valeur sûre pour les fans de jeu d'action dépaysant.