Après la parution de Wolfenstein 3D en 1992, le monde du jeu vidéo a vu naître de nombreuses légendes du FPS. Des légendes qui ont, certes, peu à peu disparu des radars, mais qui aujourd'hui, restent ancrées dans le cœur des joueurs et des développeurs. C'est d'ailleurs pour cette raison que 3D Realms, le créateur de l'excellent Duke Nukem 3D de 1996, décide de prendre les armes, en compagnie de KillPixel, pour offrir aux joueurs en manque de sensations fortes Wrath : Aeon of Ruin, un titre au doux parfum rétro qui s'inspire fortement des expériences d'antan : Quake, DOOM ou encore le susnommé Duke Nukem 3D.
Le test de Wrath : Aeon of Ruin évalue les qualités et les défauts de l'accès anticipé du titre et ne représente en rien un avis définitif. Ce test, valable pour la date du 04/03/2021, sera amené à évoluer au fil du développement du jeu, avant le test de la version finale.
Récemment repoussé à l'été 2021, Wrath : Aeon of Ruin est disponible dans sa version Early Access depuis de nombreux mois déjà, mais récemment, le titre s'est vu agrémenter de plusieurs nouveautés, à commencer par un niveau inédit, un bestiaire plus complet, des artefacts supplémentaires, et bien évidemment de nouvelles armes. Nous avons donc profité de cette récente mise à jour particulièrement conséquente pour nous attarder plus amplement sur ce jeu sur lequel nous nous étions déjà arrêtés lors d'un épisode de Refund or Not.
Back to the 90's
En quelques secondes seulement, Wrath : Aeon of Ruin réussit son objectif premier : plonger les joueurs nostalgiques dans les années 1990. La création de KillPixel, éditée par 3D Realms, ne s'embarrasse pas d'un scénario nanardesque, mais propose directement de partir à l'aventure armé d'une magnifique épée pour dézinguer des morts-vivants et autres démons particulièrement envahissants dans des lieux communs au genre fast-FPS : cryptes, catacombes, châteaux en ruines et paysages dévastés. Avec Wrath : Aeon of Ruin, KillPixel choisit donc de revenir à la source du genre pour mettre en avant le gameplay, un gameplay bien évidemment dynamique et réussi sur lequel nous reviendrons dans quelques lignes.
Pour renforcer davantage son côté rétro, le titre reprend un moteur vieux comme le monde, à savoir l'id Tech 2... et ce que l'on peut dire, c'est que le moteur réalisé par John Carmack et Michael Abrash en 1996 à l'occasion du tout premier Quake effectue encore et toujours des miracles. Le jeu, étonnamment beau et absolument fluide, propose de magnifiques panoramas aidés par des éclairages dynamiques. Plus étonnant encore, il réussit à mettre en avant des joutes bestiales et spectaculaires entre votre héros anonyme et les différents monstres qui occupent les lieux. Les créatures n'hésitent pas à exploser sous la charge de votre double canon, et les gerbes de sang s'amusent constamment à repeindre les dédales de ce monde gothique. Malheureusement, malgré une totale maitrise du moteur, on regrette ici un trop grand classicisme. En voulant reprendre à la lettre la formule apportée par les FPS d'autrefois, les développeurs de KillPixel ont oublié d'ajouter une petite touche d'originalité. De ce fait, la production ne surprend donc jamais, ni par sa direction artistique ni par sa construction.
Des démons et un double canon, une formule qui détone
Là où le titre excelle, c'est dans ses affrontements qui arrivent parfaitement à rendre hommage à ses principaux modèles. Avant de débuter un combat donc, Wrath : Aeon of Ruin propose aux joueurs, à la manière d'un DOOM Eternal, d'étudier le terrain pour prendre le dessus sur les opposants attaquant souvent en nombre. En plus de devoir utiliser la palette de mouvement du héros, le joueur doit donc éliminer en priorité les bêtes imposantes ou celles lançant des projectiles pour espérer ne pas finir en charpie avant la fin de l'aventure. Bien évidemment, pour aider notre protagoniste dans sa quête, le titre propose aussi et surtout des armes variées au design étonnant. Même si nous avons seulement pu mettre la main sur six d'entre elles (contre neuf dans la version finale), on peut d'ores et déjà annoncer que nous sommes conquis de ce côté-là. Chaque arme, disposant de deux tirs, un principal et un secondaire, apporte son lot de sensations. Malheureusement, rapidement, certaines d'entre elles se retrouvent relayées au second plan, comme le pistolet particulièrement inefficace que nous avons rarement sorti après l'obtention du shotgun.
Lors de son périple, le joueur pourra également compter sur la présence d'une poignée d'artefacts qu'il sera possible d'activer à tout moment pour se sortir d'une mauvaise passe. Ces bonus, rappelant inévitablement les différents items à ramasser dans Quake et DOOM, permettent aux joueurs de sauvegarder, de récupérer de la vie après un assassinat, de respirer sous l'eau, idéal pour traverser les grands tunnels aquatiques, ou même de rallier des monstres à sa cause. Bien que loin d'être indispensables (excepté l'artefact utilisé pour sauvegarder la partie), ces petits atouts arrivent une fois de plus à dynamiser un gameplay pourtant déjà bien huilé en permettant aux joueurs de ne pas rester bloquer dans une même zone pendant de longues minutes. Cependant, malgré une réalisation solide, on aurait tout de même apprécié quelques suppléments pour ajouter un peu de punch à l'ensemble, à commencer par la mise en place d'une touche spécifique pour esquiver les tirs ennemis ou encore d'une bande-son digne de ce nom. Les différentes compositions réalisées par Andrew Hulshult (DUSK, Quake Champions) se fondent dans la masse et sont, pour la plupart, parfaitement anecdotiques.
Avec Wrath : Aeon of Ruin, les joueurs n'ont pas à s'inquiéter de la stabilité du titre. Que ce soit en 30, 60 ou 120 fps, le shooter ne souffre jamais de ralentissement. Mieux, lors de notre longue session, entre 7 à 8 heures de jeu, nous n’avons tout simplement rencontré aucun bug. On peut donc saluer le travail réalisé par KillPixel, qui n'a pas attendu de nous livrer une édition définitive pour offrir aux joueurs une version qui tient la route.
Wrath : Aeon of Ruin - Le puits des fous !
À court de cartouche ?
Au final, là où le titre pêche, c'est définitivement dans son contenu. Certes, le jeu est encore et toujours en accès anticipé – la version finale du jeu débarquera cet été –, certes le titre proposera dans sa version complète un total de 15 niveaux pour presque autant d'heures de jeu, mais c'est sans compter sur la présence d'un bestiaire relativement mince. La construction réussie des différents niveaux labyrinthiques fait tout pour casser ce problème majeur, mais malheureusement, en vain. Rapidement donc, la faute à un nombre de monstres peu impressionnant (11 dans l'Early Access contre 15 dans la version finale), le joueur aura sans cesse l'impression de se retrouver face aux mêmes situations.
L'autre souci majeur de Wrath : Aeon of Ruin réside dans l'intelligence artificielle des différents adversaires. Ces derniers, même s'ils restent agressifs, sont lents, peu mobiles et surtout se retrouvent régulièrement bloqués devant un élément de décor. Parfois donc, lors des moments les plus difficiles du jeu, le joueur, bien conscient de la faiblesse du FPS, n'hésitera pas à se calfeutrer dans des lieux plus exigus pour espérer, au passage, coincer ses nombreux adversaires. Bien évidemment, cela n'entachera pas votre expérience de jeu, mais facilitera fortement votre avancée, même dans les plus hautes difficultés.
Points forts
- De bonnes sensations
- Beau et fluide, malgré un moteur vieux comme le monde
- Un bel hommage aux productions d'antan
- Un arsenal varié et efficace
- Des niveaux longs et agréables à parcourir
Points faibles
- Une bande-son en retrait
- Manque parfois d'un peu de punch
- Certaines armes rapidement obsolètes
- Un bestiaire limité
- Une direction artistique manquant d'identité
- Une I.A. pas toujours au point
Il nous aura suffi de quelques minutes de jeu seulement pour comprendre tout le potentiel de Wrath : Aeon of Ruin. La réalisation de KillPixel éditée par 3D Realms réussit son pari en proposant une expérience à la hauteur de ses nombreux modèles. Le FPS, utilisant pourtant un moteur particulièrement vieillissant, reprend donc tous les codes de ses ancêtres avec bravoure pour permettre aux joueurs d'évoluer dans des niveaux construits avec intelligence, de participer à des affrontements réjouissants et dynamiques et d'observer de sublimes panoramas. Cependant, en reprenant à la lettre la formule d'autrefois, le titre manque cruellement d'identité. Il faudra alors faire face à un univers que l'on a déjà traversé 100 fois. Malheureusement, là n'est pas le seul problème de la production rétro. Le titre souffre également d'une répétition certaine, la faute à un bestiaire particulièrement timide.