Nouveau membre de l’écurie Annapurna, Maquette est le premier jeu du jeune studio Graceful Decay. Pour l’occasion, l’équipe américaine a vu les choses en grand, mais aussi en tout petit. Le titre est un puzzle-game où le joueur peut manipuler la taille de différents objets, grâce à une reproduction miniature de l’espace de jeu. Un concept intéressant qui permet d’amener des énigmes mais aussi une chouette histoire. Et en plus, c’est gratuit sur PS5 via le PS Plus jusqu’au 1er avril prochain.
Car toute cette histoire d’environnement miniature n’est pas un projet de fin d’année en architecture. Maquette raconte la relation de Kenzie et Michael, rencontrés au détour d’un café. Le couple devient rapidement inséparable, mais connaîtra des hauts et des bas. Le titre nous fait ainsi voyager de souvenir en souvenir, avec des puzzles qui font écho à cette romance, mais aussi grâce à des saynètes où le très bon jeu des acteurs, à la fois crédible et touchant, est mis en avant (voix en anglais et sous-titres en français).
L'épopée de Kenzie et Michael est assez convenue, mais sa simplicité touche en plein cœur, notamment grâce au talent des acteurs de doublage et aux situations qui sont dépeintes. Mais les autres points forts de Maquette accompagnent cette réussite : la superbe direction artistique, détaillée et colorée, et la bande-son jouent une place très importante, et parviennent à créer un univers imaginaire, à la lisière entre les bâtiments de San Francisco et ceux du jeu Monument Valley, dans lequel on a envie de se perdre. Les moments de pure mise en scène, qu’ils fassent référence à un bon ou à un mauvais souvenir, paraissent ainsi toujours suspendus dans le temps. Et tous les éléments, sonores comme visuels, semblent exactement à leur place.
Maquette - Un peu de narration et d'énigmes (Gameplay)
Ça tourne dans Maquette
Pour dresser un fil entre ces différents moments, Graceful Decay mise sur des pensées qui s’affichent sur les parois in game. Ces petits mots vous aideront aussi à savoir si vous allez dans la bonne direction. Ce qui n’est pas de trop, dans la mesure où le concept au cœur de Maquette peut être assez déroutant. Les énigmes s’articulent en effet autour d’une version miniature de votre espace de jeu qui se trouve au centre du niveau, les deux étant interconnectés. Le titre demande ainsi de réfléchir sur différentes échelles pour avancer : une clé ayant votre taille servira par exemple à ouvrir une porte de votre hauteur, mais pourra aussi être utilisée comme un pont pour traverser un gouffre, une fois placée sur la maquette.
À plusieurs reprises lors de notre phase de test, nous avons rencontré des saccades voire des chutes de framerate, sans doute à cause de la complexité du concept de Maquette, qui simule un même espace de jeu à plusieurs échelles. Rien de pénalisant, dans la mesure où le rythme du titre est assez lent. Mais c'est tout de même à signaler.
Les différentes manières d’exploiter la mécanique au centre de Maquette se développeront au fil de l’aventure (entre 4h et environ 6h selon votre réussite face aux énigmes). En ce qui nous concerne, nous estimons que pas mal de puzzles ne sont pas suffisamment intuitifs, souvent car la manière de les résoudre n’a pas été suggérée en amont ou que les indications pour réussir manquent. Certains joueurs pourront ainsi se retrouver face à une grosse incompréhension, voire estimer que le jeu tout entier ne fonctionne pas correctement (comme dans la seconde partie dédiée aux cristaux). À noter que Maquette ne comprend pas de système d’aide.
Maquette - Les 15 premières minutes de l'aventure (Gameplay)
Rien de bien méchant
Ces petits problèmes - qui dépendent toutefois du raisonnement de chaque joueur - seront susceptibles de trahir le rythme de Maquette, trop centré sur la narration pour que des errances de ce genre passent comme une lettre à la poste. Mais le tout n’est jamais bien méchant, car résoudre une énigme procure toujours du plaisir, et que cela permet d’avancer dans l’histoire, notamment via les saynètes évoquées plus tôt. Surtout, l’équipe ne s’étend pas lorsque de nouvelles mécaniques entrent dans la danse, et fait souvent varier les ambiances ainsi que les raisonnements. Ce qui fait de Maquette une aventure ingénieuse et accrocheuse.
Points forts
- Direction artistique très réussie
- Doublage de haute volée
- Histoire simple et touchante
- Concept ingénieux et bien exploité
- De très beaux instants de mise en scène
- Très chouette bande-son
Points faibles
- Certaines énigmes pas assez intuitives
- Quelques bugs par-ci par-là
Il sera facile de pester contre les énigmes de Maquette, dont certaines ne sont clairement pas assez intuitives, mais le titre excelle tellement dans les autres domaines que ces défauts s'effacent rapidement. Avec sa narration et sa direction artistique très réussies ainsi que son concept ingénieux, Graceful Decay parvient sans mal à embarquer le joueur dans une histoire d'amour touchante, toute en simplicité. Une histoire notamment soutenue par d'excellents doublages (seulement en anglais) qui donnent de la crédibilité et une forme de réalité à la trame du jeu. L'univers de Maquette est ainsi une représentation métaphorique de cette relation. Pour progresser dans celui-ci, il faudra très souvent manipuler une représentation miniature de votre espace de jeu, et changer la taille des objets à votre disposition. Le tout prendra parfois des tournures surprenantes, à l'instar de l'histoire d'amour entre Kenzie et Michael, qui saura vous captiver sur les 4h à 6h que compte l'aventure (selon votre efficacité face aux énigmes). Graceful Decay n'en fait ainsi jamais trop, et sait changer les ambiances quand il le faut. Au final, Maquette est une expérience prenante et assez unique, même si entachée par quelques défauts.