L’arcade à la maison ! Annoncé lors des Game Awards, Capcom Arcade Stadium est arrivé sur le store de la Switch à la fin de la diffusion du Nintendo Direct du 17 février dernier. Dans cette compilation, l’éditeur a réuni de grands classiques des années 1980 et 1990 ! En attendant que tout ce beau contenu débarque sur les autres plate-formes, la console de Nintendo s’offre une avant-première qui ravira les amateurs d’action, de shoot ou encore de réflexion. Et une fois n’est pas coutume, la présentation est soignée !
Avant de commencer, sachez que vous pouvez télécharger gratuitement Capcom Arcade Stadium pour profiter de l’intégralité de 1943 : The Battle of Midway (ainsi que Ghosts'n Goblins mais seulement jusqu’au 25 février). Ensuite, vous pourrez télécharger, au cas par cas, les packs qui vous intéressent. Ils sont proposés pour une quinzaine d’euros et réunissent une dizaine de softs à chaque fois. Au total, ce ne sont pas moins de 32 jeux qui sont au rendez-vous de cette compil’ ! Que vous soyez attirés par les anciens jeux ou tout simplement curieux, elle ne devrait pas vous laisser indifférent. Faisons le tour du propriétaire, à commencer par Capcom. D’ailleurs, savez-vous d’où vient Capcom ?
De la barbe-à-papa aux jeux vidéo
Tout a commencé en 1966 lorsque Kenzo Tsujimoto, après un premier échec commercial, a ouvert une échoppe de confiseries à Osaka. À l’époque, le jeune homme de 25 ans travaille comme un forcené pour faire vivre sa petite entreprise. Un jour, il décide d’installer de nouveaux types de distributeurs qui vendent… de la barbe-à-papa. Le garçon remarque vite que les enfants font la queue pour satisfaire leur gourmandise mais aussi se délecter du drôle de spectacle offert par ces machines. Tsujimoto va alors commencer à acheter plusieurs distributeurs puis, de fil en aiguille, se tourner vers le divertissement. En 1974, l’homme fonde une nouvelle entreprise appelée IPM (International Playing Machine) et se lance dans la production de bornes de pachinko qu’il élargit aux flippers et à divers appareils ludiques, comme des manèges à une place. Au cours de ces années-là, la concurrence des bornes électromécaniques fait rage et Tsujimoto ne compte pas les heures pour se démarquer. À la fin des années 1980, IPM est une société réputée et suit de très près l’évolution du marché et l’avènement du jeu vidéo. Il y a d’abord le casse-brique Table Block en 1978 puis IPM Invaders, un clone officiel de Space Invaders (comprenez par là que Tsujimoto a acheté la licence auprès de Taito). En 1979, l’intéressé reçoit un coup de fil d’IBM. La firme américaine ne voit pas d’un bon œil l’extension prodigieuse de cette entreprise japonaise et craint que la confusion avec son nom (IBM/IPM) soit trop importante.
IPM devient IREM Corporation (International Rental Electronics Machine) mais les débuts sont très compliqués, la faute à un pari appelé Capsule Invaders qui se révèle être calamiteux. La vague Space Invaders commence à lasser les joueurs et l’entreprise se retrouve avec des quantités astronomiques de bornes invendables. Alors qu’elle est toute jeune, IREM Corporation passe sous le contrôle de Nanao et Tsujimoto est relégué à une position sans aucun pouvoir exécutif. Il décide de partir. Après une série d’évènements assez fous (à découvrir, si vous le souhaitez, dans l’Histoire de Capcom aux Éditions Pix’n Love), Kenzo Tsujimoto donne naissance à Nihon CAPsule COMputer et embauche des employés prometteurs provenant de… Konami. La prise de risques, le talent des développeurs et l’histoire feront le reste en faisant de Capcom l’une des firmes de jeux vidéo les plus emblématiques de tous les temps. Et Capcom Arcade Stadium symbolise plutôt bien cette philosophie.
Diversité et intensité
Capcom Arcade Stadium brasse les œuvres des années 1980 et 1990 et ne s’encombrent pas de titres de bas étage. L’un des tous premiers jeux de la société nippone, Vulgus, fait partie de la compilation et il est bien plus qu’un petit programme. Grand succès à sa sortie en 1984, il se veut assez classique dans sa démarche mais affiche des graphismes soignés et fait état d’une belle réalisation technique pour l’époque. Toutefois, ne vous laissez pas charmer par ses dégradés à l’ancienne, ce titre est redoutable et met en lumière l’importance des options de cette compilation. À l’image des autres productions du même genre, Capcom Arcade Stadium offre la possibilité de rembobiner l’action, voire même de la ralentir via les deux boutons de tranche. Outre les continues illimités (il suffit de presser le stick droit pour insérer une pièce), cette friandise n’est pas de trop pour résister à certaines œuvres. C’est toujours pratique lorsqu’il faut zigzaguer entre les opposants et les boulettes, surtout dans un soft comme Vulgus qui profite d’une intelligence artificielle rendant les déplacements des aéronefs ennemis (complètement) aléatoires. L’option permettant de sauvegarder à tout moment est, elle aussi, bien présente.
Avec 32 jeux, on pouvait s’attendre à ce que plusieurs Street Fighter soient de la partie et c’est le cas (au grand dam de certains qui vont juger cela comme du copier/coller et ils n’auront pas tort). Aux côtés du mythique Street Fighter II, on retrouve le Turbo ainsi que le Super Street Fighter 2 II X. Le genre combat en un contre un est complété par Cyberbots, un affrontement de méchas. Les amoureux d’action pourront se rabattre sur quelques classiques comme Strider, Final Fight, Captain Commando, Dynasty Wars (Tenchi wo Kurau), Chiki Chiki Boys, Warriors of Fate (Tenchi wo Kurau II), Powered Gear, Battle Circuit, Tatakai no Banka, Bionic Commando, Ghouls'n Ghosts ou encore Ghosts’n Goblins. Parmi eux se glisse le sympathique Higemaru, une aventure à la Bomberman où les bombes sont remplacées par des tonneaux qu’on doit soulever pour écraser les ennemis qui peuplent les niveaux. Rigolo ! Enfin, qui dit Capcom et arcade dit forcément shoot’em up. Dans cette catégorie, la série des 19XX (1942, 1943, 1944…) est épaulée par Vulgus, Gigawing, Varth, Carrier Air Wing, Forgotten Worlds, Legendary Wings, Section Z et Progear. Le panel est complété par les run’n guns emblématiques que sont les excellents Commando (Senjo no Okami) et Senjo no Okami II, plus connu sous le nom de Mercs.
Vous l’aurez compris, il y a largement de quoi faire avec cette première salve, d’autant qu’il existe une option Télécharger, ce qui promet l’arrivée future de nouveaux titres.
Les plus de la compilation
Le petit plus de cette compilation, au-delà de tout son habillage (on peut choisir différentes bornes, plusieurs filtres, etc.) et sa diversité, réside dans la présence de défis. Aux défis score se greffent des défis spéciaux qui s’activent durant une période limitée. Durant ce challenge, le joueur est contraint de respecter différentes règles, comme par exemple une vitesse multipliée par deux. Autant dire que sur un programme comme Ghouls’n Goblins, on prend cher. Mais c’est toujours intéressant de comparer ses performances avec celles des autres joueurs dans le monde. Les points obtenus permettent de glaner des CAPSO et de débloquer quelques bonus supplémentaires (mais rien de foufou, il ne s'agit que d'habillages additionnels). Les puristes seront en revanche ravis d’apprendre que Capcom Arcade Stadium dispose à la fois des versions internationales mais aussi japonaises. Quant aux historiens en herbe, ils découvriront avec plaisir le montage vidéo retraçant la longue vie de Capcom. C’est le seul véritable bonus et c’est un peu léger mais ça a le mérite d’être là. Au global, on a donc le sentiment que l'éditeur aurait pu aller plus loin mais c'est tout de même pas mal du tout. On a vu bien plus paresseux par le passé.
Points forts
- Visuel très réussi
- Des options nombreuses (affichage, difficulté...)
- Les défis et le classement en ligne
- Sélection très convaincante...
Points faibles
- Bonus très léger (une seule vidéo)
- Impossibilité de jouer en ligne
- Trop de Street Fighter
- ... mais il manque quelques pièces majeures
Si vous aimez l’éditeur japonais, cette compilation Capcom Arcade Stadium pourrait bien vous faire de l’œil. À l’inverse de certaines productions du même genre, celle-ci est très soignée et a fait l'objet d'une véritable attention. Les développeurs ont fait en sorte de reproduire l’ambiance d’une salle d’arcade et ont intégré une ribambelle d’options (affichage, difficulté, etc.) pour que les joueurs trouvent la formule qui leur convient. Avec 32 jeux au compteur, le titre mise sur la diversité mais n’en oublie pas pour autant la qualité. Aux grands classiques se mêlent quelques œuvres moins connues, mais pas moins intéressantes. Avec ses défis de différentes natures, son classement en ligne et la possibilité de parcourir de nombreux jeux à plusieurs, Capcom Arcade Stadium est une compilation réussie qui manque seulement de bonus (croquis, making of, etc.) et d’une sélection peut-être un peu plus solide. On n’aurait pas dit non à un Marvel vs. Capcom, un Power Stone ou un bon vieux Darkstalkers.