Débarqué d'un peu nulle part en ce début de mois de février en accès anticipé, Valheim a rapidement su conquérir le cœur des joueurs, trustant au passage et en très peu de temps les meilleures ventes de jeux sur Steam. Ce jeu de survie développé par Iron Game Sutdio et édité par Coffee Stain Publishing, sous la houlette duquel sont déjà sortis Satisfactory et Deep Rock Galactic, a-t-il tous les arguments pour s'imposer sur la durée ou ne sera-t-il qu'un feu de paille.
Ce test de Valheim évalue les qualités et les défauts de l'accès anticipé et ne représente en rien un test du produit définitif. Ce test est valable pour sa date du 10/02/2021 et sera amené à être remanié au fil de l'évolution du jeu, avant le test de la version finale.
Bienvenue en terres Viking
Situé au cœur de la mythologie nordique, Valheim est le monde dans lequel votre Viking, dont vous pouvez vaguement personnaliser les traits en début de partie, se trouve parachuté par une immense Valkyrie, dans le but de prouver sa valeur à Odin en terrassant les forces du chaos qui peuplent ce purgatoire bien verdoyant.C'est là l'embryon de scénario développé pour donner un peu de contexte et d'épaisseur à l'exploitation de l'univers viking dans ce jeu de survie qui ne brillera certainement pas pour ses qualités narratives. Certes quelques runes placées ici et là vous donnent régulièrement quelques phrases sibyllines pour expliquer un peu le passé de ce monde (immense) et le jeu a bien un fil conducteur ponctué de combats de boss à dénicher et à invoquer, mais les choses ne vont pas franchement plus loin, mais qu'importe après tout, l'intérêt de Valheim se trouve ailleurs et parvient tout de même à tenter d'aller un peu plus loin que le traditionnel « bac à sable » très souvent proposé dans le registre.
C'est en premier lieu la direction artistique qui frappe. Assez tranchée et étonnante, l'esthétique de Valheim oscille entre design très pixellisés et finalement assez rétro tout en proposant des éclairages vraiment somptueux. Chaque monde créé est ici généré de manière procédurale, mais proposera logiquement toujours les mêmes biomes, répartis différemment, chacun d'entre eux jouissant de sa propre atmosphère et s'enchaînant avec un grand naturel, rendant l'exploration dans le jeu fort agréable grâce aux ambiances changeantes et aux effets météo variés et cohérents. Souvent très joli, stable et assez avare en bugs pour un survival en early access – le genre nous a habitués à bien pire – Valheim pourrait séduire uniquement par son visuel, mais fort heureusement, il n'est pas une coquille vide et fait montre d'un vrai savoir-faire dans le domaine de la survie en monde ouvert, mais tente d'allier approche classique avec un peu de personnalité.
De la survie adoucie et pas totalement classique
Effectivement, il faut d'abord savoir que sur certains points, Valheim n'est pas aussi punitif que nombre de ses confrères. La soif, par exemple, n'est pas gérée par le jeu et la satiété est certes à prendre en considération, mais conditionne davantage votre niveau de vie et votre endurance maximale plutôt que vos performances pures. Effectivement, vous pourrez vous nourrir de trois plats différents en une seule fois. Inutile par exemple d'espérer enchaîner l'ingestion de deux viandes fraîchement cuisinées, il faudra attendre que l'effet de la première se dissipe pour pouvoir en dévorer une deuxième. Cependant, vous pouvez combiner plusieurs types d'aliments qui ont chacun leurs statistiques et vous apporteront une certaine portion de points de vie et d'endurance supplémentaire. À vous de voir alors quels fruits récolter et quels animaux chasser pour obtenir la combinaison statistique la plus performante, indispensable pour survivre dans le monde hostile de Valheim et surtout y progresser.
Construisons une base rudimentaire
Vous connaissez la musique, vous commencez la partie au centre du monde aléatoire que vous venez de créer (ou que vous venez de rejoindre avec des amis) et n'avez aucun outil pour vous façonner de l'équipement. Il faudra donc partir en quête de bois et de pierre pour vous tailler votre première hache rudimentaire afin d'attaquer des arbres un peu plus costauds. La manière dont fonctionne le craft dans Valheim est assez traditionnelle et ne réinvente pas totalement la roue. À mesure que vous craftez de nouveaux outils (avec une poignée de patrons déjà connus en début de partie), vous en débloquez d'autres, vous permettant d'accéder à des ressources plus précieuses, ouvrant alors la fenêtre à de nouvelles constructions et ainsi de suite. Outre les différents équipements (arc, équipement de cuir, etc.), c'est aussi votre premier abri et point de réapparition qui sera fort utile en cas de mort, car le monde de Valheim est terriblement vaste, mais certains prérequis sont demandés avant de pouvoir vraiment multiplier les lits et espaces de stockages. Effectivement, il faudra toujours bâtir un établi avant de pouvoir vous confectionner un lit, qui devra être situé à côté d'un feu de camp et l'ensemble devra systématiquement être recouvert d'un toit. Si l'on comprend aisément la nécessité d'avoir un édifice au moins un peu couvert pour que le repos y soit réparateur, cette contrainte de couverture met parfois un frein à la mobilité du joueur, a plus forte raison que la construction, aussi riche et variée soit-elle, manque parfois de précision.
De nombreuses perspectives d'évolution
Une fois les rudiments maîtrisés, vous vous rendrez en revanche compte de la richesse qu'offre Valheim. De la petite cahute en paille, vous pourrez, à mesure que vous progresserez, passer à l'âge de bronze et multiplier les constructions. Votre petit radeau pourra troquer sa place contre un drakkar pour que vous puissiez sans crainte partir à la conquête des océans, et pourrez aussi regagner rapidement votre base fortifiée si vous vous donnez la peine de construire des portails si tant est que vous ayez déjà récolté la ressource et le patron approprié. Valheim est certes un jeu d'exploration, mais, nous l'évoquions plus haut, un fil conducteur vous demande de terrasser plusieurs boss. Si le premier d'entre eux est indiqué sur votre carte, il vous appartiendra, après un indication assez vague de votre Valkyrie et guide (un peu timide) dans le jeu, d'explorer les terres du monde et d'invoquer la prochaine créature afin de la terrasser et également de bénéficier de certains attributs permanents une fois votre mission accomplie ainsi que d'équipement supplémentaire dévérouillant parfois de nouveaux accès en jeu. Une manière plutôt maline d'inciter les joueurs à ne pas rester immobiles et à varier les plaisirs pour découvrir tous les secrets du monde.
Bien évidemment, l'exploration, certes récompensée, n'est pas sans danger, et tout un tas de créatures issues de la mythologie nordique répond présent dans l'univers de Valheim. Draugrs, Troll, Nains, Squelettes... les adversaires du jeu sont plus ou moins tenaces selon l'endroit où vous les rencontrez aussi faudra-t-il toujours veiller à avoir un bon équipement (réparable gratuitement sur n'importe quel établi que vous avez construit – petite fleur offerte aux joueurs) avant de vous lancer à l'aventure ou avant de rentrer dans l'un des nombreux donjons du jeu, donjons qui, génération procédurale oblige, ne sont pas spécialement excitants à parcourir, mais s'avèrent rémunérateurs pour progresser dans votre arbre de construction.
Des combats qui manquent de précision
Alors pour vous frayer un chemin à travers les allées sombres de ces donjons, vous devrez fatalement avoir recours au combat, qui n'est clairement pas le point sur lequel Valheim brille le plus en l'état. Système d'endurance, coup unique, contre et roulade d'esquive sont ici les mécaniques adoptées et l'ensemble s'avère assez peu intuitif, autant en raison d'une caméra pas toujours impeccable que de hitboxes dont on peine à cerner le diamètre. Cependant, avec un peu de prudence – et d'équipement adéquat – l'exploration de Valheim n'est pas insurmontable et offre, pour une early access, un voyage très varié et de nombreuses perspectives d'évolution. C'est d'ailleurs en forgeant que l'on devient forgeron, car, plutôt que d'opter pour un arbre de talent dans lequel répartir des points d'expérience, Valheim privilégie la simple évolution par la pratique. Manipulez le couteau, la hache ou la discrétion, et vous progressez en niveau dans chacun des outils empoignés, augmentant ainsi vos performances (dégâts, endurance) lors de leur utilisation, donnant aussi un vrai sentiment de montée en puissance de votre personnage. Pour finir sur le registre des combats nous pourrions pester contre l'agressivité des monstres, qui ont une tendance à vous coller au train sur de très nombreux mètres, nous vous donnant pas toujours la marge de privilégier la fuite.
Le premier boss du jeu
La mort dans Valheim, quoi qu'assez classique pour le genre, reste globalement moins punitive face à ce à quoi la concurrence avait pu nous habituer par le passé. Certes, lorsque vous mordrez la poussière, tout votre équipement sera laissé par terre et il faudra regagner votre corps pour tout récupérer. Cependant, si vous en veniez à mourir durant le trajet, une nouvelle tombe avec le matériel fraîchement récolté sera creusée à l'endroit de votre cadavre, mais n'a pas pour effet de faire disparaître le précédent. Pour peu que vous ayez préalablement apposé un marqueur sur le lieu de votre premier trépas, vous ne devriez jamais être définitivement séparé de votre équipement. Si vos morts ne sont pas très espacées entre elles, le malus habituel appliqué à votre personnage – à savoir une diminution des compétences acquises jusqu'alors – ne s'appliquera pas. Bien que récurrente, la mort dans Valheim reste assez peu punitive
Dans son ensemble, il est difficile d'affirmer que Valheim révolutionne la formule du survival en open world, et fait montre, dans son early access de quelques pépins inhérents au format. Cependant, sa structure qui facilite la vie des vétérans du survival comme des novices fait que le titre peut séduire un public assez large. Tout à fait jouable pour les joueurs en solitaire, qui pourront créer leur propre monde, le jeu prend davantage d'épaisseur et de fun en coopération, sur des serveurs dédiés pouvant accueillir jusqu'à 10 joueurs, joueurs qui peuvent aussi choisir d'activer ou non un mode PvP. Une plutôt bonne idée pour varier davantage encore l'expérience, qui devrait s'étoffer rapidement, autant au regard du succès fulgurant du jeu que de la roadmap déjà dévoilée.
Points forts
- Un univers très joliment éclairé, varié et une ambiance charmante
- Déjà une grande variété de craft d'équipement et de bâtiments
- Efficace en solo comme en multi
- Le fil rouge et le principe des combats de boss
- Un vrai sentiment de progression du personnage
- Certaines mécaniques de survie adoucies sans sacrifier le challenge
Points faibles
- Combats imprécis
- Caméra pas vraiment au point
- Navigation en mer peu intuitive
- Interface assez rudimentaire
- Construction parfois un peu pénible
Sans bouleverser les fondamentaux qui régissent les jeux de survie depuis leur création, Valheim en propose une approche pas toujours évidente, mais pourtant parfois plus accessible que d'ordinaire et parvient, grâce à quelques bonnes idées, à tirer son épingle du jeu aidé en cela par un univers enchanteur, une vraie profondeur dans l'évolution de votre personnage et des constructions possibles. Si vous n'êtes pas hostile au principe d'accès anticipé, vendu à petit prix, en l'occurrence, sachez que Valheim offre déjà une expérience très stable et complète, qui s'étoffera au fil du temps et que vous pourrez traverser aussi bien seul qu'avec une généreuse poignée d'amis. À surveiller sur la durée, donc.