Pour la nouvelle génération qui n'a pas connu les années 80, la plupart des jeux de cette époque sont inconnus au bataillon. S'il est évident que des noms comme Castlevania ou Contra évoquent quelque chose pour la plupart des joueurs, ils n'ont pas pour autant joué à ces titres, du moins aux plus anciens. C'est d'autant plus vrai dû au fait que certains de ces jeux valent maintenant une petite fortune. Difficile donc de se les procurer et c'est bien dommage, car ce sont pour beaucoup de véritables classiques du run and gun et du jeu de plates-formes. L'objectif de Wallachia : Reign of Dracula ? Faire revivre ce type d'expérience nerveuse et difficile s'inspirant pour son univers de Castlevania.
Ce n'est pas le premier coup d'essai pour ce studio qui avait, entre autres, offert un bel hommage en 2013 à la célèbre licence de Konami avec Castlevania : The Lecarde Chronicles et sa suite en 2017, tous les deux gratuits. Dorénavant aidé par Storybird pour le développement, le gameplay s'inscrit, comme nous le verrons après, dans une logique qui veut s'éloigner un peu plus des productions citées au-dessus.
Après le massacre de sa famille et l'enlèvement de son frère par Dracula, Elcin, meurtrie, se fait recueillir par un William, un vieil homme qui lui apprendra à maîtriser l'art du combat et la magie, pour ainsi préparer sa vengeance. Ayant maintenant reçu l'ordre de partir pour traquer le vampire, la jeune femme se met en route avec ses compagnons et son fidèle loup Vilius pour mettre un terme aux agissements de l'Empaleur. Un postulat de départ trivial, dans la veine des histoires des jeux de la série Castlevania de cette période, qui pour la plupart se résumait à "Dracula se trouve à la fin du jeu, brave les niveaux et tue-le". Le plus important ici va donc se situer du côté ludique et non narratif.
Un run and gun efficace et exigeant
Le principe est simple et bien expliqué. Nous sommes face à un shoot 'em up en 2D à défilement horizontal qui se joue entièrement à l'arc, l'arme de prédilection de l'héroïne et l'épée, qui vous lassera vite tant les hitboxes de certains ennemis sont étranges. Il vous faudra avancer dans les sept niveaux qui vont venir rythmer une aventure d'environ 4 à 5 heures et se débarrasser des obstacles qui se dresseront sur votre passage, allant de simples soldats lents à des assaillants plus vifs et plus coriaces. Anticipation et préparation seront de mise, ne vous attendez pas à un run and gun qui prend par la main. En effet, la difficulté du jeu se montre parfois sans pitié et c'est pourquoi en plus de vos deux armes, vous disposez de différents sortilèges, offensifs comme défensifs, qui vous coûteront des points que vous pouvez par exemple récupérer en abattant des ennemis ou des oiseaux transportant des objets bonus. Le prix pour une utilisation varie selon les sorts, mais ils restent d'une manière générale cher et ils doivent donc être utilisés méthodiquement, ce qui vous obligera à réfléchir à deux fois quant au moment où vous voudrez les déchaîner.
Pour rester sur la question de la difficulté, quelques précisions s'imposent. Perdre une vie vous fera revenir au début du tableau dans lequel vous êtes, les perdre toutes vous renvoie au tout début du niveau en cours. Le côté Die & Retry du jeu ressort grandement ici, car si on prend par exemple les boss, il est souvent, en tout cas pour les derniers, primordial d'y arriver avec beaucoup de bonus et de points. Là où le bât blesse, c'est qu'une seule mort suffit à vous faire perdre tout ce que vous avez accumulé et ce même pour les points de vies en plus. De ce fait, perdre une fois contre un des boss les plus ardus condamne la plupart du temps toutes vos chances de réussir même si vous possédez de nombreuses vies supplémentaires. Il vaudra mieux reset le niveau, ce qui peut être parfois frustrant. Autre détail qui a son importance, une fois le jeu commencé, il vous faudra le faire d'une traite. Effectivement, si vous décidez de l'éteindre en cours de route pour y revenir plus tard, il faudra tout recommencer à zéro. Autant dire qu'il y a là une certaine volonté de nous mettre à la place de ceux qui ont connu certains jeux de l'époque sur NES ou autres vieilles consoles, où souvent, il n'y avait pas d'autre choix que de mettre pause s'ils devaient faire autre chose, au risque de perdre toute leur progression. Il n'y a tout de même pas de quoi s'affoler, car Wallachia n'a rien d'insurmontable et il se montre même généreux vis-à-vis des ressources données au joueur, même si comme nous avons dit plus haut, il est aussi facile de tout perdre sur une erreur banale. On notera d'ailleurs la présence d'un mode facile en plus du normal et difficile, réduisant notamment le nombre d'ennemis, mais vous empêchant d'accéder aux derniers niveaux, ce qui est un choix assez discutable.
Un style qui montre des faiblesses
Maintenant que nous avons brassé les mécaniques de jeu, attaquons le reste à commencer par les graphismes. Tout d'abord, que ce soit la séquence d'introduction ou les autres cinématiques, elles sont toutes présentées sous forme de dessins en noir et blanc plutôt travaillés qui collent très bien avec cette idée de faire du old school, bien que la raison principale soit sûrement le budget. En jeu, on voit tout de suite l'inspiration Castlevania pour les décors, l'intrigue ou les monstres rencontrés. Toutefois, le gameplay ne s'en rapproche pas tant que ça, d'une part puisqu'on abandonne le fouet pour l'arc, offrant une perspective différente pour les combats, mais surtout parce que la nervosité des affrontements et la présence du double saut font plus penser à un Shinobi ou Contra qu'un, par exemple, Castlevania III : Dracula's Curse.
Malheureusement, si les décors au second plan offrent un peu de variété, c'est loin d'être le cas du level design. On aurait aimé plus de diversité, de parcours dangereux, de chemins alternatifs, au lieu d'une simple ligne droite à travers les niveaux. Par conséquent, le double saut ou la glissade, mécaniques plutôt intéressantes qui peuvent apporter du piment aux combats, ne vous serviront que très peu tant Wallachia offrent peu de situations pour les exploiter pleinement. Mis à part cela, sans être magnifique, le jeu est assez beau, coloré, même si les personnages auraient mérité un peu plus de travail sur leur apparence. Enfin, il faut saluer la musique, composée par Jeffrey Montoya, offrant un rythme à l'aventure des plus plaisants et qui s'allie astucieusement avec la vitesse et l'effervescence des combats.
Points forts
- Des inspirations multiples qui servent un run and gun nerveux et agréable à jouer
- Une difficulté punitive bien pensée
- Un univers Castlevania-esque affirmé et réussi
- Des musiques entraînantes rythmant parfaitement l'action
- Un doublage correct...
Points faibles
- ...mais surtout pour l'héroïne
- Quelques soucis de traduction française
- Une histoire vue et revue
- Des hitboxes un peu étranges
- L'absence de sauvegardes peut en repousser plus d'un(e)
- Un level design qui peine à varier les situations rencontrées
Pour un hommage aux classiques des années 80 - début 90 et notamment à Castlevania, Wallachia : Reign of Dracula peut être considéré comme une réussite, grâce à son aventure old school excitante, difficile mais satisfaisante, qui nous transportera pendant 4 heures à l'époque de la NES. C'est malencontreusement tiré vers le bas par une aventure déjà vu mille et une fois, des doublages parfois à côté, un gameplay parfois frustrant et peu varié. Néanmoins, que ce soit pour les habitués des jeux de Migami Games ou les nouveaux venus, le jeu plaira sans aucun doute si tant est que la personne est prête à faire face à un bon défi.