Après un second épisode sorti l'année dernière, la série Nioh est de retour sur PS5 avec un remaster des deux opus. Dans le cadre de toutes ces sorties, nous vous proposont donc un test de la Nioh Collection (qui regroupe Nioh 1 et 2 remis au goût du jeu) ainsi qu'une review par version, afin de vous donner la vision la complète possible sur le retour de la licence de Koei Tecmo.
Le premier Nioh fait l’objet d’une version remasterisée sur PS5, à acquérir individuellement ou via la Nioh Collection qui ajoute le second épisode lui aussi amélioré. Dans tous les cas, l’opus fondateur accueille ainsi les trois DLC sortis (Dragon of the North, Defiant Honor et Bloodshed's End), ce qui signifie plus de missions, une arme inédite - le tonfa -, et le mode Abysses, sorte de tour avec de nombreux étages, à l’issue desquels un puissant boss vous attend.
En marge de meilleurs temps de chargement, un mode photo et les features de la DualSense, ce remaster débarque surtout avec un mode 4K / 60 images par seconde ou en 1080p / 120hz (requiert un écran compatible). Le premier, plutôt propre, permet de retrouver le framerate déjà présent dans le jeu original. Le second quant à lui double la mise sans pour autant bouleverser le feeling des combats, même si on ressent un gain de fluidité.
Le titre accueille aussi de très légères améliorations graphiques, comme pour les effets de lumière, mais transpose à l’identique les problèmes d’affichage tardif d’ombres et d’assets, qui semblent encore plus présent dans le mode 1080p/120hz. Le tout reste donc évidemment assez daté par rapport aux autres productions actuelles. Mais permet de retrouver le très bon système de combat du titre ainsi qu’une durée de vie conséquente.
Enfin, à l’inverse du second opus, Koei Tecmo ne propose pas d'upgrade de PS4 à PS5 gratuit pour le premier Nioh. Il est toutefois possible de transférer ses sauvegardes d’une machine à l’autre si jamais vous décidez d’acquérir ce remaster. Les joueurs sur old-gen pourront également toujours jouer avec ceux sur next-gen.
> Lire notre test de Nioh Collection
Nioh (PS5) - Les 30 premières minutes de l'aventure (Gameplay)
Test original de Nioh (par MrDeriv, le 10/11/2017)
Un simple Dark Souls au pays du Soleil Levant ?
Hardcore, exigeant, technique, un brin masochiste, les qualificatifs ne manquent pas pour définir notre expérience Nioh. Si le jeu a longuement lorgné du côté du RPG historique japonais ou encore du musô, la Team Ninja a pris la décision d’y injecter une bonne grosse dose d’ADN de la saga des Souls afin de conférer sa direction finale au projet. Mais Nioh n’est pas à considérer comme un Souls-like au rabais copiant une formule éculée sans parvenir à l’égaler. Si ses influences en matière de game-design à la From Software sautent aux yeux, on remarque progressivement les multiples différences d’approche des deux titres. Oui, Nioh peut se montrer difficile et intransigeant tout comme un Souls. Oui, le jeu vous demandera d’avancer avec beaucoup de prudence, d’apprendre à gérer votre jauge d’endurance (ici, le Ki), d’alterner avec maîtrise entre les attaques et les esquives ou bien de vous frayer un chemin dans des environnements tortueux bourrés de pièges et d’une poignée de raccourcis salutaires.
En revanche, l’ouverture de l’univers de la saga Dark Souls laisse ici place à un découpage en niveaux distinctifs, le loot d’équipement se fait abondant et le gameplay se montre plus nerveux. Ce que beaucoup considèrent au premier abord comme un simple Dark Souls au pays des samouraïs étend en réalité ses inspirations du côté d’Onimusha dont il semble être l’héritier spirituel, de Ninja Gaiden pour l'exigence technique, et même de Diablo pour son flot continuel de butin jaillissant des monstres. Vous avez aimé les Souls ? Vous pouvez donc vous tourner sans grand risque vers ce Nioh. Vous êtes amateur de challenge, mais la saga de From Software vous a toujours refroidie par son approche, le jeu de la Team Ninja représente peut-être l’alternative que vous attendiez tant ! Nioh est-il au final un jeu difficile ? Le terme est mal adapté, on parlera ici plus volontiers d'exigence. Exigeant par sa capacité à vous ôter la vie en un ou deux coups lors de certains passages précis ou erreurs personnelles, la progression se fait plus douce une fois votre personnage correctement équipé et familiarisé avec le rythme global du gameplay. Si Nioh reste intransigeant, il sait aussi se montrer plus accessible qu’un Souls, hormis sur quelques boss très corsés.
Samouraï Spirit
Le joueur évolue dans la peau de William Adams, personnage historique, premier anglais à avoir foulé du pied l’archipel Nippon aux alentours de l'année 1600. Sous ses faux airs de Geralt de Riv en kimono, l’ami William porte sur ses épaules les ambitions scénaristiques du jeu. Moins cryptique que celle d’un Souls, la trame de Nioh s’expose en plein jour grâce à de nombreuses cinématiques et phases de dialogues à la patte Team Ninja facilement identifiable. Plongé en pleine période de guerre des clans de l’ère Sengoku, notre samouraï en devenir croisera sur sa route une série de figures historiques comme Hattori Hanzo, Kuroda Kanbei et autres Daimyo (gouverneurs féodaux) du Japon du historique. Cette « authenticité » est néanmoins entrecroisée avec brio avec un folklore japonais beaucoup plus fantaisiste basé sur les grandes légendes de l’archipel. Le monde de Nioh est envahi par les Yokai, des démons ténébreux répandant leur corruption sur les terres et dans le cœur des hommes. En solitaire ou aidé par quelques PNJ, William devra faire parler le tranchant de ses lames pour rétablir un semblant de paix au sein d’une nation en crise.
Côté gameplay, le dynamisme de la voie du samouraï empruntée par la Team Ninja saute aux yeux dès les premières minutes de prise en main. En bon sabreur, notre personnage est capable de manier une série de cinq armes aux forces et faiblesses distinctives. Le katana représente un bon compromis entre vitesse et puissance d’attaque, les doubles lames jouissent d’une grande rapidité, mais d’une portée réduite ; l’allonge des lances compense la relative ouverture de votre garde à courte portée là où la puissance brute des haches assène d’importants dégâts au prix d’une consommation élevée d’endurance. On se laissera aussi séduire par l’amplitude et la rapidité du Kusarigama, cette faucille associée à une chaîne capable de frapper en zone à bonne distance. Arcs, arquebuses et autres canons portatifs complètent cet arsenal avec un très bon potentiel de dégâts à plus longue distance contrebalancés par un nombre limité de munitions. Notez que William pourra s’équiper de deux armes principales et de deux armes à distances afin de varier les approches en fonction des adversaires.
Notre reportage consacré à Nioh
Ki est Ki
Si le renouvellement constant de votre équipement est l’un des grands gimmick de ce Nioh, chaque types d’arme bénéficie d’un seul et unique « moveset » contrairement à un Dark Souls ou de nombreuses armes offrent leur propre palette de coups. La Team Ninja compense ce gameplay unifié par l’ajout de techniques et de combos spéciaux à débloquer via différents arbres de compétences. Attaque de dos, charge, tournoiement de hache, buffs personnels, la liste des aptitudes à déverrouiller au fil de la progression ajoute de la profondeur au système de combat. Ce dernier s’inspire au passage de jeux tels que Bushido Blade ou Jedi Knight pour intégrer différentes postures de combat. L’alternance entre ces « stances » est le premier indicateur d’une bonne maîtrise du gameplay par le joueur. Vous passerez une bonne partie de l'aventure en position moyenne du fait de son bon équilibre entre vitesse d’attaque et capacité d’esquive. Ne sous-estimez néanmoins pas la rapidité d’exécution conférée par la position basse ni la puissance des coups portés en posture haute. Il devient ainsi très agréable de danser avec l’adversaire tout en alternant les postures de combat afin de trouver la plus adaptée à la situation.
L’autre mamelle du gameplay de Nioh réside dans la gestion intelligente de l’endurance (le fameux Ki). Il faut garder un œil attentif sur sa propre jauge d’épuisement tout en contrôlant celle de vos ennemis. S'exténuer représente le meilleur moyen de se faire punir par une très sévère mandale imparable ou inesquivable faute de tonus. En contrepartie, le même traitement est appliqué aux adversaires dont la jauge de Ki peut elle aussi tomber à zéro. Vidés de leur énergie, les ennemis deviennent vulnérables à de puissantes attaques stylisées (décapitations, embrochages en règle, etc.). La bonne gestion de sa barre d’énergie passe avant tout par la maîtrise de la technique de l’impulsion de Ki. Avec un esprit très Gears of War, appuyer au bon moment sur la touche R1 après une action permet à William de récupérer instantanément une bonne partie de l’endurance dépensée. La différence entre un joueur vivant et une dépouille encore fumante résidera à coup sûr dans la bonne assimilation de cette mécanique de jeu.
D’autant que la plupart des Yokai se plaisent à laisser dans le sillage de leurs attaques des zones de corruption démoniaque augmentant leur puissance et réduisant à néant votre régénération de Ki. Une impulsion exécutée au bon moment et au bon endroit fera disparaître cette gêne étroitement associée aux stratégies de la plupart des combats de boss. Bref, Nioh se distingue encore de son homologue "Soulien" auquel tout le monde tend un peu trop à le comparer grâce un gameplay bien plus nerveux. On pourrait en ce sens le rapprocher (puisque les joueurs adorent les comparaisons) d'un certain Bloodborne. Pas de bouclier, ni de jeu planqué derrière sa garde (très coûteuse en Ki), Nioh fleure bon l’héritage Ninja Gaiden avec ses déplacements dynamiques, ses contres timés à la frame, ses esquives fluides et sa rythmique de combats sans gros temps morts.
Priez pour ce raccourci
Nioh adopte un découpage assez classique par niveau afin de transformer chacune de ses missions (principale ou secondaire) en opportunité de farm pour le joueur. Cette absence de connexion directe entre les différentes zones offre à la Team Ninja le champ libre pour proposer une palette variée d’environnements. Mine empoisonnée, forteresse de gouverneur, village de pêcheurs, temple souterrain, la thématique du Japon féodal est correctement exploitée même si certains pourront regretter l’absence de liaison globale de l’ensemble. On pourrait au premier abord le penser linéaire, atteint du syndrome du jeu couloir, pourtant, le level design de Nioh puise ses inspirations et sa réussite dans l’approche tortueuse à la logique implacable des productions made in From Software. Entre deux autels de prière faisant office de checkpoints salutaires et de lieux ou dépenser ses Amrita pour augmenter ses stats, le joueur explorera les multiples recoins de zones truffées de dédales, de pièges, d’opportunités de contournement et de raccourcis permettant de rejoindre une zone plus avancée du niveau sans avoir à combattre une nouvelle fois la moitié des adversaires de la zone.
L’intégration de ces raccourcis (simple porte à ouvrir, souche d’arbre à faire tomber, etc.) reste – dans l’ensemble – moins inspirée que dans les Souls où la construction des zones nous surprenait régulièrement par leur ingéniosité. Il n’empêche qu’aucun des environnements de Nioh ne nous a semblé avoir été conçu à la va-vite par une équipe pressée de nous faire affronter l’un des nombreux boss du titre.
Le bestiaire de Nioh oscille entre des modèles très inspirés et le recyclage un brin trop prononcé de certaines créatures. Si l’on imagine que la Team Ninja a souhaité conserver une certaine cohérence sur le long terme dans le panel de yokai qu’affronte William, on aurait apprécié un renouvellement plus régulier de la palette d’ennemis. Ce recyclage ne nous fait néanmoins pas minimiser le bon travail de chara-design effectué sur la plupart des boss. Du simple samouraï capable de vous ôter la vie en une taillade fulgurante, au démon grotesque bardé d’excroissances rougeoyantes en passant par la geisha vampire maîtresse SM, le folklore japonais est utilisé avec talent pour coller diverses horreurs en travers d’une route que l’on pensait jusqu’alors toute tracée vers la victoire…
Le slogan « Prepare to die » si cher à Dark Souls pourrait s’appliquer à merveille à certaines rencontres tant le pic de difficulté grimpe régulièrement en flèche sur les phases de boss. Il existe parfois un réel fossé entre la difficulté globale d‘un niveau et celle de son protecteur final. Un gouffre d’exigence capable de mettre à mal l’intégrité physique de votre manette. Bref, prenez votre temps, n’hésitez pas à aller farmer quelques rations ou à monter certains stats, avec de la patience et un esprit protecteur correctement placé, ça devrait passer, normalement…
À vos marques, prêts, lootez !
Une fois les ennemis puissants terrassés et après avoir sans doute sué sang et larmes, à vous l’explosion de butin au sol. Armes, armures, consommables, argent, Nioh est un jeu très (très) généreux en loot ! Ce n'est pas pour rien s'il revendique l’une de ses inspirations du côté de la franchise Diablo. Si l’efficacité globale de William dépend en partie de statistiques à faire progresser en dépensant des Amrita (les âmes récoltées à la mort de chaque ennemi), une grande partie de votre puissance réside dans l’équipement. Armes et armures disposent d’un indice de protection, d’un poids et de nombreuses statistiques à l’impact réel sur votre gameplay. Augmentation des critiques, meilleurs contre, régénération améliorée du Ki, ajout de dégâts élémentaires, un bon build de Nioh s’accompagnera toujours d’un set adapté à son style de jeu.
Revers de la médaille évident d’une telle profusion de butin, le joueur croule littéralement sous les objets. Il faut donc s’imposer des retours réguliers aux autels ou au dojo pour échanger ce surplus contre des âmes ou utiliser le tout dans le système d’artisanat assez complet du jeu. L’interface de navigation dans l’inventaire aurait gagné à être plus simple et plus intuitive afin de nous éviter de scroller pendant de trop longues minutes dans un fatras sans nom d’équipements dont on finirait presque par en oublier l’importance. Même constat au rang des différentes compétences à débloquer via différentes sous-couches de menus peu pratiques à l’usage.
La question de la durée de vie dans un jeu comme Nioh est finalement relative à plusieurs paramètres : votre skill, votre envie d’explorer de fond en comble tout le contenu du jeu et votre propension à relancer le titre en mode new game plus après l’avoir bouclé une première fois. Pour vous donner un ordre d’idée, Nioh peut se terminer en environ 30 à 40h lors d’une première partie pour un joueur doté d’un skill moyen. On ajoutera allégrement quelques dizaines d’heures supplémentaires si vous souhaitez vous lancer dans tout le contenu annexe (quêtes secondaires et autres missions hardcore en mode Crépuscule).
Pensé autour du concept de duel, le jeu autorise tout de même la coopération libre pour les missions secondaires et soumise à l’utilisation d’un consommable pour les missions principales. Vous pourrez aussi définir un mot de passe afin de limiter l’accès à la partie à un joueur en particulier. Bref, un système proche de celui de Dark Souls 3 avec ses avantages et lourdeurs de fonctionnement.
Techniquement, Nioh fait quelque peu les frais de sa longue période de développement. À la base envisagé comme un projet destiné à la PS3, le titre débarque aujourd’hui en exclusivité sur PS4. Il affiche en ce sens un rendu visuel en demi-teinte avec une modélisation des environnements que l’on sent un peu à la traine. Ce retard technique est toutefois contrebalancé par le grand soin apporté à la modélisation des personnages, des armes et armures ou encore des différentes animations d’attaque. La Team Ninja nous rappelle une nouvelle fois ici qu’une bonne direction artistique suffit souvent à amoindrir les défauts d’une technique en retrait.
Sur PlayStation 4 classique, le joueur peut sélectionner deux modes d’affichage : un mode cinéma affichant du 1080p au prix d’un framerate oscillant aux alentours de 30 fps et un mode action réduisant dynamiquement la résolution entre 720p et 900p afin de maintenir le cap constant des 60 fps. Sur PS4 Pro, les options sont plus nombreuses et permettent au moteur de viser le 1080p 60fps à certains moments peu gourmands de l’aventure. Bref, nous vous conseillons de privilégier la fluidité au profit de la résolution et de fuir les modes d’affichage à fps variables afin d’éviter tout phénomène gênant de variation de fluidité.
Points forts
- Un gameplay toujours aussi efficace
- Les trois DLC directement livrés avec
- Mode 4K native/60 fps ou 1080p/120hz
- Cross-play et transfert de sauvegarde
Points faibles
- Moteur graphique encore plus daté qu'à l'époque
- Pas d'upgrade PS4/PS5 gratuit pour Nioh 1
Même s'il ne brille clairement pas par sa refonte technique, Nioh Remastered : Édition Complète est une bonne occasion de se replonger ou de découvrir le jeu de la Team Ninja. Les temps de chargement plus courts ainsi que les différents modes d'affichage (4K/60fps ou 1080p/120hz) rendent cette version plus confortable, et surtout les qualités du titre d'origine sont toujours là : contrairement aux Souls, Nioh mise sur des combats vifs et une emphase sur le loot, pour aboutir à de très nombreuses combinaisons d'armes et d'équipement. Même 4 ans plus tard, le challenge y est présent, tout comme le plaisir de jeu. A déplorer tout de même le manque d'innovations techniques, surtout en ce qui concerne les textures et la distance d'affichage. Et pas non plus d'upgrade gratuit de Nioh PS4 à Nioh PS5 au programme, même s'il est possible de transférer ses sauvegardes. Il faudra donc repasser à la caisse pour jouer au titre de la Team Ninja sur next-gen. Pour les personnes qui ne sont pas familières avec la série, ça peut largement valoir le coup.