Vous souvenez-vous de Super Mario 3D World ? Sorti initialement sur Wii U en novembre 2013, cet épisode en vraie-fausse 3D avait su séduire des fans lassés de la formule "New Super Mario Bros." usée jusqu'à l'excès, en dépit d'un angle de caméra parfois un peu éloigné et limité, faute de liberté dans sa rotation. Après le succès commercial aussi facile qu'évident de New Super Mario Bros. U Deluxe il y a deux ans sur Nintendo Switch, un portage semblait s'imposer pour voir cet opus, résolument meilleur que New Super Mario Bros. U, revenir sur le devant de la scène. Mais cette fois-ci, il n'est pas seul et s'accompagne de Bowser's Fury, un (mode de) jeu inédit indépendant du titre de base, séduisant de prime abord et dont seule la durée de vie inquiétait encore.
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En 2019, la compilation New Super Mario Bros. U Deluxe n'avait pas trop pris de risques, en se contentant de regrouper l'un des tous premiers titres de la défunte Wii U et son stand-alone, le plutôt coriace New Super Luigi U. Ses ajouts exclusifs étaient pour le moins anecdotiques et de ce fait, on s'attendait assez légitimement à ce que Super Mario 3D World finisse par revenir lui aussi sur Nintendo Switch, mais sans grosses nouveautés. Eh bien, après quelques portages qualifiables de "paresseux" ces dernières années (on pensera à The Legend of Zelda: Twilight Princess HD ou plus récemment, à Pikmin 3 Deluxe), Nintendo a décidé de surprendre son monde en incluant non pas un monde supplémentaire ou un nouveau personnage jouable, mais bel et bien un mode de jeu complet aux allures de stand-alone, présenté comme suffisamment dense pour justifier le passage à la caisse.
Super Mario 3D World Deluxe
En vérité, Super Mario 3D World à lui tout seul justifiait déjà l'achat : bien plus complet (et complexe !) que New Super Mario Bros. U, cet excellent platformer demeurait jusqu'à ce jour une des meilleures exclusivités de la Wii U, et il était toujours aussi étonnant de ne pas l'avoir vu pointer le bout de son museau (et ses moustaches) sur la nouvelle console hybride de Nintendo. On ne va pas vous dire qu'on attendait un portage fidèle et efficace proposant juste un complément de gameplay comme Donkey Kong Country : Tropical Freeze, mais on s'en serait presque contenté, tant cela aurait fait plaisir de retrouver ne serait-ce que l'excellent jeu d'origine ! Nous n'allons pas trop revenir sur ce qui faisait le charme de ce dernier ici, et vous inviterons plutôt à relire notre test du jeu d'origine, qui en résume très bien les (nombreuses) forces et les (rares) faiblesses. Retenez juste que Super Mario 3D World, c'est tout simplement d'un des meilleurs épisodes de la série, porté par un level design malin au renouveau constant, une bande originale très inspirée et une durée de vie très conséquente, aidée notamment par une immense rejouabilité, en solo comme en coop. D'ailleurs, puisque l'on parle de jeu à plusieurs, cette nouvelle édition transfigure littéralement le jeu à plusieurs, et c'est loin d'être sa seule nouveauté.
En effet, la coopération est désormais jouable en ligne jusqu'à 4 (ce qui était limité à l'usage local dans le jeu d'origine), et elle inclut en plus les niveaux du Capitaine Toad autrefois réservés au solo. De quoi rendre encore un peu plus convivial un titre qui l'était déjà beaucoup ! Cette nouvelle édition retouche également quelque peu un gameplay qui tirait pas mal parti de la tablette de la Wii U. Les rares passages requérant l'usage du tactile feront appel aux mêmes fonctions en mode nomade, et on utilisera le gyroscope avec un pointeur associé au bouton R en mode TV (façon portage de Super Mario Galaxy dans Super Mario 3D All-Stars), et ceux qui nous invitaient à souffler dans le micro de la "mablette" ont évidemment été modifiés : ici, plus de grillage à hélice à faire s'élever, mais juste des plates-formes mobiles automatisées, faute de pouvoir utiliser ce gimmick de toute façon un peu désuet. Enfin, le personnage joué ne peut plus être déplacé avec la croix directionnelle (que ce soit avec un pad Pro ou aux joy-con), les axes de mouvement semblant avoir été multipliés par rapport au jeu de 2013. Les angles de caméra demeurent par contre identiques, au point de frustrer un tout petit peu dans le très joli mode photo importé de Super Mario Odyssey, belle nouveauté permettant de trouver une utilité aux près de 100 tampons à collectionner (ces derniers servaient à l'époque sur ce bon vieux Miiverse).
De plus, quelques autres améliorations sont à souligner, et nous les avions déjà mises en lumière dans notre aperçu du jeu. D'abord, Super Mario 3D World s'affiche désormais en résolution full HD (1080p au lieu de 720p sur Wii U) et tient sans souci un framerate constant de 60 images par seconde (60fps), aussi bien en mode TV qu'en portable (où il bascule, fatalement, en 720p). Il est donc toujours aussi fluide mais surtout un petit peu plus joli, plus détaillé et moins "flou" qu'à l'époque. Cependant, sa fluidité se ressent bien davantage qu'en 2013 : en effet, en plus de quelques petits ajustements de navigation dans les menus et la carte, le jeu est bien plus rapide et dynamique dans les déplacements du personnage joué, au point de finir chaque niveau beaucoup plus vite qu'à l'époque. Nous l'avions notamment illustré avec une vidéo comparative sur le niveau 1-1, terminé une dizaine de secondes en avance sur Switch avec un cheminement et des mouvements identiques. En outre, un nouveau mouvement a été rajouté parmi la palette de sauts et glissades pourtant déjà très riche de Mario et de ses compagnons, et pour couronner le tout, il sera enfin possible de passer les cinématiques, ce que le titre d'origine ne permettait pas. Vous aurez donc affaire à un platformer d'exception dans sa forme la plus agréable à jouer, car un chouia plus ergonomique et surtout plus vivace. De quoi vous régaler pendant une quinzaine d'heures pour le finir, et au moins le triple pour le compléter à 100%, Super Mario 3D World se distinguant par un contenu post-fin particulièrement généreux et même régulièrement surprenant. Et ce n'est pas tout…
Super Mario 3D World : un vrai boost de vitesse sur Switch !
Passé notre premier contact avec Bowser's Fury, nous avions eu la confirmation que celui qui se présentait initialement comme un mode de jeu bonus (toutefois indépendant de Super Mario 3D World) était en fait… un vrai jeu à part entière, au concept tout à fait rafraîchissant et prometteur ! Là où un certain Luigi Bros., déjà présent dans le titre de 2013, n'est effectivement qu'un simple mini-jeu à débloquer sur l'écran titre de ce dernier, Bowser's Fury en est clairement séparé. Au point de se demander s'il n'aurait pas tout simplement pu être commercialisé à part… Il nous restait cependant à dissiper un certain doute du côté de sa durée de vie : après un plat aussi copieux, joue-t-il dans la cour des desserts généreux ou des digestifs vite expédiés ?
Super Mario : Breath of the Wild
Notre preview nous avait permis d'apercevoir la structure de ce qui constituait bien un jeu à part. En récoltant des astres félins, Mario allait rendre petit à petit navigable le Lac Saudechat et rendre vie à son archipel d'îles, en proie à une matière noire visqueuse répandue par un Bowser aussi gigantesque que lâche, se cachant au centre du lac la plupart du temps. En résumé, plus on débloque d'astres, plus on rallume de phares et réinstaure la lumière afin de dissiper la menace. Une formule classique en somme, qui a fait ses preuves, et dont on se contente tout à fait dans ce qui n'est après tout qu'un "complément" à Super Mario 3D World. Toutefois, la vraie surprise de Bowser's Fury réside dans l'étendue de sa structure, et la conception étonnamment ouverte de cette dernière. En effet, s'il utilise les bases de gameplay de l'ancien titre star de la Wii U, on découvrira assez vite qu'il lorgne davantage du côté de Super Mario Sunshine voire de Super Mario Odyssey… dont il aurait très bien pu constituer un très bon contenu additionnel !
Si nous avions bien intégré qu'il s'agissait d'un jeu à part, dont nous aurions presque pu vous proposer un test indépendant, nous étions loin de nous douter que ce jeu serait aussi ambitieux. Alors certes, il ne faut que 3 à 4 heures pour le terminer, et plus ou moins le double pour parvenir à le compléter à 100%, mais cela reste très honorable, d'autant plus qu'on ne constate ni remplissage ni temps morts, et que l'ensemble est très dynamique ! Surtout, et c'est là qu'on ne s'y attendait pas : Bowser's Fury est tout simplement le plus grand monde ouvert dans lequel Mario ait jamais évolué, vierge de toute forme de chargement, où l'intégralité de l'espace à explorer tient d'un seul bloc. Comprenez par là que vous évoluerez dans un vaste "hub" connectant des dizaines d'îles au relief et à la fréquentation différant sensiblement les unes des autres, et que vous pourrez toutes les rallier à la nage – bien qu'il soit vivement recommandé d'utiliser votre compagnon Plessie dans cette optique.
Bowser Jr., un ennemi qui vous veut du bien
Le sympathique plésiosaure, qui vous simplifiera grandement la navigation et sera régulièrement exploité pour conquérir de nombreux astres félins bonus, ne sera d'ailleurs pas votre seul allié dans ce monde aux allures de DLC oublié de Super Mario Odyssey. Bowser Jr. vous viendra également en aide, sous forme de PNJ compagnon dont vous pourrez régler le niveau d'assistance… ou qu'un second joueur pourra contrôler. Dans ce cas, son rôle sera très limité et assez peu passionnant, un peu similaire à celui de Cappy dans Super Mario Odyssey, là encore. Le titre se voulant tous publics, vous pourrez donc y jouer en coopération avec un(e) jeune enfant ou adulte peu habitué(e) aux jeux vidéo. Côté solo, en plus des amiibo un brin trop généreux si tant est que vous disposiez d'une grande collection, l'assistance de Bowser Jr. risque de vous gâcher un peu le plaisir d'exploration, et nous suggérerons de la désactiver et de ne faire appel à ce dernier qu'avec les contrôles gyroscopiques (ou tactiles si vous jouez en portable) lorsque cela s'imposera, comme pour faire surgir des surprises du mur, voire de filer des coups de pinceaux aux ennemis alentour en cas de surnombre.
Bowser Jr. ne vous aidera cependant pas lors des combats principaux contre son père, où vous vous transformerez en Giga Mario Chat. Pour ce faire, il vous faudra attendre que Bowser entre en mode "furie" – ce qui se déclenche lorsque sa carapace noircie émerge intégralement du lac au fil des minutes de jeu – et atteindre la Giga Cloche des Sables sous réserve d'avoir débloqué assez d'astres félins pour la faire sonner. Cette phase de "Bowser en furie" n'est ni plus ni moins qu'une une version "tempête" de l'open world du jeu, où vous pourrez continuer d'explorer les niveaux et le lac à votre guise mais sous la menace permanente d'un ennemi géant et parfaitement invincible. En effet, Bowser ne disparaîtra qu'en trouvant un astre… ou lorsqu'il retournera de lui-même dans le lac au bout d'un certain temps, faisant disparaître la pluie et la pénombre avec lui. Notez que vous pouvez provoquer ce mode "furie" avec un des trois amiibo existants à son effigie, dont l'usage individuel est heureusement tempéré par un cooldown plus que bienvenu pour ne pas en abuser.
Forcément, au vu des bandes-annonces, nous étions en droit d'attendre pas mal de ces passages où l'on incarne ce qui est en fait un Mario Lion. Nous n'en dirons pas trop pour préserver le suspense, mais ces séquences d'affrontement au sommet, très attendues, sont aussi grisantes qu'un peu molles, bien que techniquement impressionnantes. Étrangement, les phases dites de "Bowser en furie" engendrent quelques chutes de framerate qui sautent vite aux yeux tant le reste est stable et solide pour un monde ouvert en 60fps. Enfin… si vous jouez en mode TV, car en version nomade, le titre rencontre hélas ses limitations techniques et passe à un verrouillage à 30fps qui déçoit un peu après l'avoir expérimenté en docké. Dans les deux cas, d'ailleurs, le jeu se contente d'une résolution de 720p (contrairement aux 1080p de Super Mario 3D World en mode TV), concession sans doute obligatoire pour tenir le framerate désiré en mode TV : de quoi fatalement entraîner un aliasing assez prononcé, surtout sur les grands écrans. En-dehors de ces petites faiblesses techniques et d'un véritable manque de difficulté – deux points qui ne dérangeront pas spécialement le grand public – il n'y a pas grand-chose à redire sur ce "jeu dans le jeu", qui s'avère plaisant à explorer, vraiment complet et au concept de gameplay plutôt original et très satisfaisant. Au point de se demander si finalement, il n'y aurait pas matière à le réexploiter du côté de chez Nintendo…
Un Bowser en furie !
Une promesse pour l'avenir ?
En 2013, Super Mario 3D World avait eu la bonne idée d'inclure des stages optionnels très sympathiques, et au level design original : les niveaux du Capitaine Toad. Au vu de leur popularité auprès des joueurs, il ne fut pas surprenant de retrouver cette mécanique de gameplay au service de dizaines de niveaux inédits, dans un jeu complet commercialisé sous le nom de Captain Toad Treasure Tracker un an plus tard (et qui fut ensuite réédité sur Nintendo 3DS et Nintendo Switch). De quoi se poser une question légitime, passée l'interrogation quant au statut de DLC de Super Mario Odyssey peut-être remis à plus tard… et si Bowser's Fury, bien qu'étant dissocié du jeu dont il accompagne le portage, constituait lui aussi une sorte de démo grandeur nature visant à promouvoir un futur jeu à part entière ? Le concept est en effet très séduisant et même si notre expérience a mis en lumière des soucis techniques quelque peu préoccupants pour un projet de cette envergure, rien ne dit qu'il serait inenvisageable de le convertir en un vrai jeu… et cette fois-ci, sans avoir à le greffer au portage d'un titre riche dont il ne partage pas tout à fait les mêmes spécificités techniques.
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Points forts
- Super Mario 3D World, un point positif à lui tout seul !
- Toujours une belle performance de gameplay et de level design, plus de 7 ans après
- Idéal à faire à plusieurs, de 2 à 4 joueurs…
- … et désormais aussi bien local qu'en ligne !
- Techniquement impeccable, en docké comme en nomade
- De petites améliorations qui fluidifient le gameplay partout
- L'ajout du mode Photo, qui exploite intelligemment les tampons de Miiverse (RIP)
- Bowser's Fury est un vrai jeu, et tout sauf un "mini mode" vite expédié
- Le concept global de Bowser's Fury donne envie d'un jeu complet basé dessus
- Durée de vie très solide pour l'ensemble
- L'usage des amiibo, plutôt bien intégré…
Points faibles
- … quoique facilitant un peu trop souvent les choses, et ce dans les deux jeux
- La coop de Bowser's Fury est quand même assez anecdotique
- Bowser's Fury, techniquement un peu juste (720p, ralentissements, 30fps en portable)
- Pas beaucoup de challenge dans l'ensemble, sauf à la toute fin de Super Mario 3D World
Super Mario 3D World et Bowser's Fury vont tellement bien ensemble ! Avec d'un côté un portage parfait, améliorant avec autant de subtilité que de pertinence un platformer déjà excellent en tous points, et de l'autre un vrai jeu original très frais et à la proposition de gameplay étonnante, cette réédition d'un des meilleurs opus de la saga s'affirme comme un véritable indispensable sur Nintendo Switch. Si tous les portages Wii U ne se valent pas et que beaucoup ne justifient pas forcément de nouvel investissement à prix fort, Super Mario 3D World + Bowser's Fury est un des meilleurs jeux de la machine à ce jour, et saura convaincre les nostalgiques comme séduire les novices. Et qui sait, en fonction de la réception de Bowser's Fury, Nintendo y verra peut-être l'occasion de proposer à l'avenir une expérience complète et 100% inédite !