L’exploration spatiale a nourri bien des fantasmes vidéoludiques. Si les jeux de pilotage de vaisseaux sont nombreux, ils sont pour la plupart axés vers la simulation. Everspace 2 prend le contrepied des Elite Dangerous et autres Star Citizen en proposant une expérience accessible. En abandonnant les bases de Rogue-Like de son prédécesseur, le titre de Rockfish entend permettre au premier quidam venu d’explorer l’infinité de l’espace. Devez-vous craquer pour cet early access ?
Ce test d'Everspace 2 évalue les qualités et les défauts de l'accès anticipé et ne représente en rien un test du produit définitif. Ce test est valable pour sa date du 22/01/2020 et sera amené à être remanié au fil de l'évolution du jeu, avant le test de la version finale.
Du Rogue-Like à l'exploration il n'y a qu'un pas ?
Annoncé lors de la Gamescom 2019, Everspace 2 a surpris son monde en délaissant le Rogue-like au profit d’une structure plus libre. Ce pari était risqué, car il prend de grosses libertés avec la formule établie par le jeu d’origine. Le cœur de gameplay reste sensiblement identique et l’on pilote donc aisément notre vaisseau depuis le cockpit ou en vue à la troisième personne. Le stick gauche contrôle les gaz tandis que le droit est dédié à la direction et à la rotation. Les boutons de tranche sont quant à eux associés à l’axe Y et aux armes. Le tout se contrôle avec une grande facilité et il ne faut que quelques minutes pour apprendre à naviguer avec flegme entre les carcasses de Destroyers. Il en va de même pour le tir qui bénificie d'une assistance à la visée généreuse. Plusieurs capacités sont assignées à une combinaison de touches qui ne fonctionne que moyennement à la manette. Ainsi pour un boost tactique ou une déflagration IEM, il faudra simultanément appuyer sur un bouton de façade et sur la croix directionnelle, obligeant à intégralement lâcher les commandes du vaisseau. Ne pas pouvoir contrôler son bolide tout en enclenchant un puissant boost de vitesse est assez incongru. Les objets activables requièrent des manipulations du même type. Hormis cet écueil ergonomique, Everspace 2 est très agréable à prendre en main. Le sound design efficace participe à donner de la vélocité aux affrontements, qui s’en sortent avec les honneurs. Bref, les fondations de gameplay de ce shooter spatial sont, à défaut d’être parfaites, très solides.
Ce cœur de gameplay est mis au service d’une structure classique pour qui a touché à un open world ces dix dernières années. Le pilote navigue entre différentes stations spatiales pour accepter objectifs principaux et secondaires. Il gagnera donc objets et points d’expérience pour monter en puissance, améliorer sa base et être en capacité d’affronter les menaces futures. On pourrait résumer l’expérience Everspace 2 ainsi : « Explorer, Shooter, Looter ». En effet, le joueur récupère régulièrement de nouveaux équipements au taux de rareté variable et peut ainsi équiper son vaisseau des réacteurs ou des armes de son choix. On note également des phases d’énigmes régulières qui sauront récompenser le joueur de cache à loot. Relativement simples dans leur principe, ces puzzles n’en sont pas moins agréables à résoudre. On devra alors colmater les fuites de gaz d’une station, alimenter un générateur, suivre une simulation de crash pour récupérer des données… Le joueur pourra également s’attarder sur le système de craft permettant d’assembler de nouveaux équipements en s’aidant de plans obtenus çà et là.
S’il reprend la structure des open world traditionnels, il n’en est pas un à proprement parler. L’univers est ici subdivisé en zones fermées de tailles variables. Pour les relier, le joueur utilise, quand il le désire, l’hyperespace qui sert de sas et de temps de chargement déguisé entre les différentes zones. Ce point précis n’est pas dommageable, car les échelles de distances imposeraient d’elles-mêmes l'hyperespace. Dans le cas contraire, le joueur mettrait plusieurs années à rejoindre les différentes zones. On regrettera simplement que le déclenchement de la vitesse supraliminale enclenche un bref chargement brisant l’immersion. Nous espérons que l’optimisation à venir du titre gommera cette transition disgracieuse et fluidifiera les voyages. Car hormis cet écueil, l’univers d’Everspace 2 est particulièrement agréable à arpenter. Les différentes zones fermées offrent de très jolis panoramas. De plus, elles confèrent à la progression un rythme soutenu. Ici, pas de trajets de 10 minutes ou d'atterrissage requérant une autorisation et une manipulation complexe.
Une expérience solide qui n'attend que du contenu
Everspace 2 est une expérience moins immersive et réaliste qu’un Elite Dangerous, certes, mais son accessibilité et sa proposition plus « fun » en feront surement un titre de choix pour les joueurs rebutés par l’exigence des simulations spatiales. Si l’on parle au futur c’est parce que le titre de Rockfish est encore loin d’être fini. Ses fondations sont solides, mais le contenu est pour l’heure plutôt léger. L’intégralité de la quête principale se boucle en moins d’une dizaine d’heures en ligne droite. Et si plusieurs quêtes secondaires sont proposées et que de nombreux évènements aléatoires parsèment la route du joueur, cela reste plutôt léger au tarif appliqué (37,99 € sur Steam). Pour se consoler, le pilote en herbe pourra toujours jeter son dévolu sur les différents vaisseaux disponibles ou expérimenter avec les armes alternatives, bien que pour acquérir ces sésames il devra obligatoirement passer par la case grind. Ces vaisseaux disposent de statistiques et capacités différentes qui pourront s’adapter à différents styles de jeu, mais pour l’heure il n’est question que de chasseur une personne. Ainsi, il est impossible de piloter un Destroyer de grande taille. On pourra toutefois customiser notre fidèle destrier, mais cette personnalisation se limite à différentes peintures, du moins pour l'instant.
Si l’on est dans l’incapacité de se prononcer sur l’intégralité du scénario, on peut attester de son efficacité à ce stade de l’aventure. Sans être originale, la quête du clone Adam a le mérite d’aborder quelques concepts de science-fiction intéressants. Ainsi on pourra esquisser un sourire lorsque le comparse d’Adam, Dax, tente de lui expliquer l’intérêt du Kayak et l’on pourra apprécier les interrogations soulevées par ces derniers lorsqu’ils découvriront le précédent corps de notre avatar. On regrettera cependant la mise en scène assez pauvre à l’heure actuelle qui tend à exposer froidement les évènements. Les cutscenes, de leur côté, sont pour l’instant limitées à des illustrations aux proportions parfois hasardeuses.
Les “cinématiques” sont disgracieuses, mais on ne peut pas en dire autant des phases de gameplay. Nous parlions des panoramas plus tôt, ces derniers sont mis en valeur par une technique solide. Les effets visuels et sonores parviennent à retranscrire avec efficacité le dynamisme des joutes. Les reflets et rayons rebondissent élégamment sur la coque de notre vaisseau, bref Everspace 2 donne envie d’explorer. Pour l’heure nous n’avons déploré que quelques soucis techniques très mineurs. Nous avons subi des freeze par deux fois tandis que quelques zones plus chargées auront causé une baisse du framerate, mais rien de dramatique. Pour un early access, le jeu de Rockfish est donc franchement propre. On ne sera pas aussi enthousiaste à l’écoute de la bande originale en retrait qui use et abuse des poncifs de la navigation spatiale. Sans être désagréables à l’oreille, les pistes musicales manquent un peu de grandiose et de personnalité.
Points forts
- Un maniabilité plaisante et très accessible
- Des affrontements efficaces
- Une structure classique, mais qui offre une aventure rythmée
- Solide techniquement (surtout pour un early access)
- Quelques très jolis panoramas
- Un changement de genre réussi
Points faibles
- Quelques aberrations ergonomiques à la manette (des pouvoirs qui obligent à lâcher les deux sticks)
- Un contenu chiche à l’heure de l’early access, surtout au tarif appliqué
- La narration en demi-teinte
- Le temps de chargement à chaque passage en hyperespace trouble l’immersion
- Pas de VF à l'heure actuelle
Everspace 2 est d’ores et déjà une solide expérience de navigation spatiale. Cet early access s’adresse avant tout aux joueurs effrayés par l’austérité d'autres jeux de pilotage. Sa maniabilité accessible, mise au service d’une progression classique mais efficace, saura séduire le pilote en herbe laissé sur la touche par les simulations pointues. Nous avons hâte que son contenu s’étoffe, car sa structure plus balisée que celle d’autres titres du genre le rend particulièrement agréable à parcourir. Si vous avez toujours été attiré par l'exploration spatiale, mais aviez peur de vous ennuyer sur No Man's Sky ou de vous emmeler les pinceaux sur Elite Dangerous, Everspace 2 pourrait très bien être fait pour vous.