Comme chaque année, nous avons droit à notre Call of Duty. Ce nouvel épisode baptisé Black Ops Cold War a la lourde tâche de passer après un épisode qui aura certes fait débat mais aussi remis un coup de polish à la licence. Qu'avons-nous pensé de ce nouveau Black Ops ?
Cet article est une mise à jour du test original de Jiikaa. Cette mise à jour se concentre sur le mutijoueur et a été testé par Aubin_Gregoire.
L’année dernière, la campagne solo de Modern Warfare tentait, plutôt avec succès, d’apporter un peu de réflexion sur la guerre, à travers quelques séquences bien trouvées et des personnages plus éloignés du héros archétypal de “Call of”. Oubliez tout ça avec Black Ops Cold War, puisque le retour aux années 80 est l’occasion d’une enfilade de scènes que l’on aurait pu voir dans n’importe quel actioner des années 80, le genre de films avec les biceps d’un Stallone ou d’un Schwarzy sur l’affiche. Cold War convoque ainsi un certain esprit régressif, à travers un scénario particulièrement délirant, mais qui, il faut l’avouer, se suit avec plaisir. Rien que le pitch est délicieux : un groupe d’agents de la CIA tente d’empêcher un mystérieux terroriste, connu sous le nom de Perseus, de faire sauter des dizaines de bombes H cachées dans plusieurs grandes villes d’Europe. Un coup des Russes, bien entendu (ou peut-être pas, qui sait ?), et le début d’une course contre la montre pour éviter l’apocalypse nucléaire.
À partir de cette intrigue totalement dans l'esprit 80's, Cold War nous propose d’incarner une nouvelle recrue de l’équipe Black Ops, nom de code “Bell”. Première originalité : l’identité de cette dernière est décidée par le joueur. Sexe, origine (MI6, CIA, ancien du KGB), profil psychologique, nom et prénom… En quelques questions, vous créez votre avatar. Le bon point, ici, c’est que cette création de personnage est habilement justifiée dans le scénario, mais l’on regrette que le héros ou l'héroïne reste muet, même lorsque le jeu affiche des dialogues à choix multiples. C’est d’ailleurs là un autre aspect intéressant de la campagne solo de Cold War : le titre nous propose à intervalles réguliers de faire des choix plus ou moins importants, qui consistent la plupart du temps à épargner ou non un ennemi, mais qui permettent de nous impliquer un peu plus dans l’histoire. Même si les conséquences de nos actes restent très nébuleuses.
Gameplay : Direction le Viêt Nam (sur PS5 en 4K)
Une formule un peu bousculée
Ceci étant dit, on peut accorder aux multiples studios derrière cette campagne solo de tenter de bousculer les acquis de “Call of” en matière de mécanique de jeu. Vous n'échapperez évidemment pas aux séquences de shoots très scriptés ou aux courses poursuites explosives, mais le titre offre régulièrement des respirations bienvenues. Un long passage, au milieu de la campagne, vous propose par exemple d’incarner un agent double dans les bureaux du KGB, qui doit trouver le moyen de donner l’accès aux Black Ops à une zone ultra sécurisée. Plusieurs moyens sont proposés pour y parvenir : infiltration, dialogue, piratage… Autant de cartes en mains qui évoquent bien entendu Deus Ex, même si la profondeur n’est ici pas du tout la même. Tout cela reste en effet très “light” et particulièrement explicatif (une carte des lieux vous indique bien quelles sont vos options), mais a le mérite d’apporter une variété et un rythme intéressant à la campagne.
La diversité des situations et des décors est d’ailleurs le gros point fort de ce solo : il n'y a pas deux missions qui se ressemblent et vous voyagerez du Vietnam à Berlin Est en passant par Cuba et la Russie. Le titre va ainsi alterner des scènes d’action dans le pur esprit “actioner 80’s” et des moments plus calmes, mais tendus, qui évoquent davantage un bon vieux James Bond. Tout un pan du cinéma de genre est ainsi régulièrement cité, avec un certain sens de l’emphase, parfois à la limite du pastiche. On sent d’ailleurs que les équipes derrière le jeu se font plaisir et ne prennent finalement pas tout cela très au sérieux. Autre nouveauté : la présence de missions secondaires, qui permettent de creuser un peu plus certains aspects de l’intrigue grâce à la récolte d’indices. Là encore, l’idée est très bonne, mais le tout reste très léger. Il s’agira, la plupart du temps, de prendre d’assaut un lieu en particulier, et de fouiller rapidement la zone pour mettre la main sur un ou plusieurs documents. Des passages très courts et finalement peu intéressants, que les scénaristes ont du mal à relier à l’intrigue principale.
Beaucoup de bonnes idées… pas assez exploitées
Solide dans son rythme et sa narration, la campagne de Cold War est également techniquement de bonne facture. Rien de dingue ici, mais un jeu propre, qui tourne constamment à 60 FPS et qui, sur PC, profite d’effets de ray-tracing (sur les reflets, principalement) et du DLSS. Le travail sur les animations et la modélisation des visages est par ailleurs particulièrement convaincant, ce qui donne notamment des cinématiques faites avec le moteur du jeu très réussies et ce malgré un doublage français pas toujours heureux. Nous émettons cependant un gros bémol sur l’IA adverse, qui s’avère franchement faiblarde : les comportements étranges sont monnaie courante (un ennemi en face qui, au lieu de vous tirer dessus, va se déplacer sans aucune raison puis rester inerte) et les phases d’infiltration perdent une partie de leur saveur face à des adversaires au champ de vision réduit. Si vous êtes un habitué de la série, on vous conseillera donc de monter la difficulté pour profiter d’un peu de challenge.
Il y a en tout cas dans cette nouvelle campagne solo de Call of Duty une véritable volonté de bien faire et de proposer du neuf. La variété des situations, le rythme maîtrisé et les influences cinématographiques permettent ainsi de passer un très bon moment. Mais on sent malgré tout les limitations d’une équipe engoncée dans un cahier des charges encore très présent, ce qui donne, au final, tout un tas de bonnes idées trop vite survolées. Mais quelques fulgurances de game design sont là, certains passages sont, narrativement, très réussis (croyez-le ou non, mais tout un chapitre s’inspire de The Stanley Parable) et le tout se savoure avec un certain plaisir régressif.
Gameplay : La première mission du jeu (en 4K avec ray-tracing)
Un multijoueur tourmenté...
Le segment multijoueur est le cœur de l’expérience Call of Duty. Pour ce nouveau Black Ops, Treyarch a fort à faire pour maintenir le nouveau standard installé par Modern Warfare. S’il n’est pas apprécié de tous, ce dernier n'en représente pas moins un tournant pour la série. Après plusieurs dizaines d'heures de jeu, il est malheureusement difficile de ne pas voir Black Ops Cold War comme une régression sur certains aspects.
Lors de notre preview nous considérions ce Cold War trop proche de Modern Warfare en termes de feeling et de philosophie de jeu. Après un temps de jeu plus conséquent, force est de constater qu’il n’en est rien. Évidemment, les deux titres s’inscrivent dans le même moule et un habitué de l’épisode précédent trouvera tout de suite ses marques, mais de nombreux ajustements confèrent une identité plus marquée qu’escomptée au titre. La vitesse de déplacement est très élevée, surtout une fois équipé d’une arme légère. Cette mobilité est très plaisante et dynamise les parties. On note cependant l’absence de certaines mécaniques présentes dans l’opus précédent. Impossible de se pencher au coin des murs et une porte fermée ne pourra pas être défoncée d'un coup d'épaule, Black Ops Cold War se veut encore plus arcade que son prédécesseur. Ce ressenti est accentué par le sound design bien plus sec qui manque de réverbérations et de spatialisation. On réalise ainsi facilement les progrès qui avaient été faits par Modern Warfare, car ce nouvel épisode n’en profite pas et est bien moins immersif. Le feeling en est largement affecté et si l’on y ajoute le recul pratiquement inexistant des pétoires, on se retrouve avec un FPS qui manque de patate.
...Où les pistolets-mitrailleurs sont rois
Les sensations ne sont pas les seules à en être affectées, car cette absence de recul avantage un type d’arme bien spécifique : Les pistolets-mitrailleurs. La cadence de tir très élevée de ces armes est généralement équilibrée par le recul généré à chaque balle quittant le canon. Ici, son absence rend ces équipements redoutables à pratiquement toutes les distances. Les joueurs se plaignent de la MP5 qu'ils jugent surpuissante et s’ils ont raison, c’est malheureusement la partie visible de l’iceberg, car ce sont globalement toutes les armes légères à la cadence de tir élevée qui sont avantagées. Malheureusement, la vitesse de déplacement et le recul inexistant ne sont pas les seuls éléments à déséquilibrer les affrontements.
Seules 8 cartes sont disponibles au lancement de ce Cold War pour son multijoueur traditionnel. Bien que certaines soient réutilisées ou agrandies pour les modes à plus grande ampleur et que 2 autres s'ajoutent pour le 40 VS 40, c’est peu. Mais ce qui dérange surtout, ce sont leurs quelques défauts de conception qui créent des situations frustrantes ou des pratiques toxiques. Comme dans tous les épisodes, chaque carte est susceptible d’abriter différents modes de jeu. Dans le cadre d’un affrontement aux points de réapparition définis, on déplore quelques lieux clé donnant l’avantage positionnel à une équipe un peu trop facilement. On pense notamment à Garrison qui offre une vision sur la presque intégralité de la carte à une équipe. Ce n’est pas problématique outre mesure, car le changement de côté à chaque manche en R&D, en Domination ou en VIP Escort permet d’équilibrer l’ensemble. C’est une autre paire de manches dans les modes aux points de spawn variables comme les mêlées générales et autres Point Stratégique.
Les réapparitions sont régulièrement aberrantes et il n’est pas rare de faire 3 pas pour mourir d’une balle dans le dos. Pire encore nous avons déjà été confrontés à des situations où des tourelles de défense attaquaient une équipe à peine revenue. C’est d’autant plus problématique que plusieurs cartes disposent de longs couloirs à leurs extrémités latérales. Ainsi, il est relativement aisé de contourner l’adversaire sans prendre trop de risques. C’est notamment le cas de Checkmate où courir en rond autour de la carte équipé d’un pistolet-mitrailleur pour Spawnkill les adversaires en boucle représente une stratégie particulièrement efficace. Toutes les maps ne sont heureusement pas affectées par ce souci et sont plaisantes dans le mode de jeu adapté, même si on regrettera un nombre de recoins et d’angles à couvrir un peu trop élevés. La personnalisation de la recherche de partie permet de prendre part à des matchs sains mais réduit encore plus le contenu déjà peu fourni du multijoueur.
Vitesse de déplacement rapide, réapparitions hasardeuses, faible recul, cartes rendant les contournements trop aisés… Ces éléments favorisent le mouvement constant et les frags enchainés. Malheureusement, ce style de jeu se met en place au détriment des autres participants et génère vite de la frustration. Énormément de morts subies sont perpétrées par un adversaire équipé d’une MP5 vous canardant dans le dos. On comprend mieux le volume élevé des bruits de pas qui permet parfois de se sortir de cette situation. Ces derniers font débat, mais ils permettent tout de même de refroidir les ardeurs et de calmer les joueurs qui courent comme des dératés à découvert. Finalement, on se rend compte que c’est bel et bien le gameplay en lui-même et le level design qui nuisent au plaisir de jeu. On note également l’apparition d’un matchmaking basé sur le skill dont il est encore difficile de mesurer l’impact à l’heure actuelle, mais qui pourrait amener à des morts plus fréquentes et des parties plus serrées. Pour anticiper ce cas de figure, le jeu ne réinitialise pas les séries d’éliminations en cas de mort, mais augmente les points reçus lors des enchainements de kills.
Un manque de finition flagrant
Visuellement, on a la triste impression d’avoir affaire à un titre moins beau que son prédécesseur. Si techniquement les deux jeux se valent, c’est bien la direction artistique globale de ce multijoueur et l’aspect assez plat de l’ensemble qui peine à convaincre. Si on peut apprécier quelques points d’intérêts marquants comme le satellite écrasé et son parachute qui flotte au vent de Satellite, les structures brutalistes russes de Moscou ou les Néons de Miami, il est difficile de ne pas reprocher un aspect générique au design de ce Cold War. De plus, il n’est pas rare de mourir d’une balle d'un ennemi que l'on aura pas décelé, car le modèle du tireur ne se détache pas suffisamment du décor. Il est parfois difficile de percevoir les différentes nuances de marron dans le feu de l’action. Nous avons également subi quelques crashs malvenus et ce, dans tous les modes de jeu.
Côté contenu, on reste sur la formule des derniers épisodes. Chaque partie gagnée nous confère des points d’expériences afin de gagner en niveau et ainsi débloquer armes et équipements. Cette progression est toujours aussi plaisante et continuellement débloquer des accessoires pour son arme favorite est agréable. On regrettera tout de même un nombre de pétoires un peu décevant, notamment au niveau des armes secondaires. Les Atouts sont de la partie et permettent de briser les règles de construction de classe pour par exemple s’équiper de deux armes principales. La liberté offerte par la customisation est très plaisante et atténue un peu le manque d’options au lancement. Elle permet d’adapter son style de jeu en plein match quel que soit le mode de jeu.
Trop classique. Voilà comment on pourrait résumer la sélection de modes de jeu de ce Cold War. Une fois les traditionnels Mêlée Générale, Point Stratégique, Team Deathmatch, Domination et Recherche et Destruction enlevés, il ne reste finalement que des variantes peu inspirées de ces mêmes modes de jeu. Le VIP Escort est un R&D où le joueur est une bombe, Armes Combinées et une Domination à grande échelle. Rien qui viendrait renouveler l’expérience de jeu. On regrette l’absence des excellents 1V1 et 2V2 qui brillaient par leur tension sur MW. Difficile de se prononcer sur le mode Équipe d’Assaut pour le moment. Ce dernier promet des modes saisonniers favorisant des matchs à plus grandes échelles, mais le Dirty Bomb disponible à l’heure actuelle n’a rien de transcendant. Plusieurs équipes de 4 joueurs doivent récupérer des ressources à déposer sur des sites de bombes tout en éliminant leurs adversaires. Vite brouillon et chaotique, il ne parvient jamais à atteindre la tension d’un Warzone ou la vélocité des combats à échelle moindre. Anecdotique en somme. Finalement ce qui déçoit lorsqu’on enchaîne plusieurs parties multijoueur de ce Cold War, c’est la sensation d’en avoir fait le tour bien plus vite que ce qu’on aimerait.
Le Zombie a toujours été un pan très important des jeux de Treyarch et celui-ci ne déçoit pas. Toujours aussi plaisant, il demande au joueur de survivre aussi longtemps que possible face à une horde de zombies toujours plus puissante. Au fur et à mesure, viennent s’intégrer de nouveaux ennemis comme les traditionnels chiens démoniaques putréfiés et autres berserkers. Le joueur y commence cette fois équipé de l’arme de son choix et pourra comme à l’accoutumée en acheter à l’aide de points amassés en massacrant la horde. On retrouve les Atouts aux distributeurs, la boîte d’armes aléatoires, etc. Si la formule n’évolue pas vraiment, la carte Die Maschine est réussie. Les objectifs sont très clairs ce qui pourra déplaire aux vieux de la vieille qui espéraient pouvoir découvrir de nombreux secrets. Sans surprise, mais efficace.
Pour le moment, Warzone n’est pas intégré à Black Ops Cold War malgré sa présence dans le menu. Si vous voulez jouer au Battle Royale et que vous possédez les deux jeux, il faudra installer Modern Warfare. Ce n'est guère pratique et sature les disques durs.
Points forts
- Une campagne un poil délirante, bien rythmée et aux situations variées
- Quelques très bonnes idées de narration
- Techniquement très propre en solo
- Un gameplay nerveux à souhait
- Le système de classe et la progression qui fonctionnent toujours aussi bien en multijoueur
- Le Zombie, classique mais efficace
Points faibles
- Beaucoup de bonnes idées en solo, mais peu exploitées
- Les missions secondaires, sans grand intérêt
- L'IA des ennemis, très limitée
- Des armes qui manquent de patate
- Un contenu multijoueur dont on fait vite le tour
- Les cartes inégales, créant parfois des comportements toxiques
- Des nouveaux modes anecdotiques
Difficile de recommander ce Black Ops Cold War, alors que son prédécesseur fait tout mieux ou presque. Si sa campagne est très plaisante et présente de bonnes idées de gameplay enrobées de codes de cinéma d’action des années 80, son multijoueur déçoit. Les armes manquent de punch, les cartes sont peu nombreuses et inégales, les nouveaux modes sont anecdotiques, l’ensemble est déséquilibré… Ce n’est malheureusement pas le Zombie, efficace, mais très classique, qui fera oublier les errements et le manque de polish de ce multi.