5 mois exactement après sa sortie, DOOM Eternal accueille son premier DLC. Le hit de id Software étend sa trame narrative à travers The Ancient Gods Part 1. Ce contenu additionnel représente-t-il une raison valable de replonger la tête la première dans cet enfer frénétique ?
Doom Eternal : The Ancient Gods, Part One - Un combat infernal
Après avoir sauvé l’humanité de l’extinction en réduisant à néant l’Icône du péché invoquée par la Khan Maykr, le Doom Slayer doit reprendre du service. Des démons restés sur Urdak ont corrompu le lieu saint, ce sera donc à nous de pacifier la région. Ce ne sera pas une mince affaire, car le challenge est ici au rendez-vous. Au moins aussi dur que les derniers segments du jeu de base, The Ancient Gods Part 1 n’hésitera pas à nous envoyer deux Maraudeurs simultanément au bout de 30 minutes de jeu. Nous n’avions pas eu le moindre souci à progresser dans le DOOM Eternal de base en “Fais-moi mal” (l’équivalent d’un mode normal). Nous ne pouvons pas en dire autant pour cette extension. Même pas le temps de se remémorer les touches qu’une volée de roquettes et une quinzaine d’ennemis foncent vers nous simultanément. La courbe de difficulté de ce DLC reprend là où celle du jeu base s'était arretée et ne cesse de croitre. Nous vous recommandons donc de vous échauffer sur ce dernier avant de lancer The Ancient Gods, tant le choc peut être violent si l'on a pas touché Eternal depuis plusieurs mois. Étonnant, car cette extension est proposée en Stand-Alone. Les nouveaux venus ne se sentiront pas chaleureusement accueillis, mais les vétérans y verront un vrai défi qui, nous allons le voir, parvient à régulièrement se renouveler.
Court mais intense... Très Intense
Ce contenu additionnel est segmenté en 3 niveaux distincts. Le premier est plutôt classique et nous place sur une station militaire en plein milieu d’un océan en proie à une tempête. Arènes, plateforme, exploration… La structure reste inchangée et ne surprendra pas l’initié. On appréciera la qualité globale des aires d’affrontements qui permettent d'affronter de nombreux ennemis coriaces simultanément. On regrettera peut-être quelques aspérités sur le terrain, notamment dans quelques couloirs, où il est trop facile de se bloquer dans le feu de l’action. Les joutes sont exigeantes et laisseront peut-être certains joueurs moins déterminés sur le côté de la route. Elles restent cependant tout à fait jouissives. Foncer entre un maraudeur et un baron infernal pour tronçonner un sbire et récupérer de précieuses munitions afin de poursuivre le combat de plus belle est toujours aussi grisant. DOOM reste DOOM et ce DLC n’est pas avare en sensations, même dans sa première zone.
La direction artistique s’élève dans les environnements qui suivent. Le 2e niveau se déroule dans Les Marais Sanglants. Cet environnement alterne entre architecture gothique et marécages brumeux. Ainsi certaines routes tortueuses, où la végétation s’entortille autour de ruines moyenâgeuses, rappellent quelque peu certaines zones de Lordran, de la série des Souls. Artistiquement réussie, cette zone pèche tout de même dans certaines idées de level design impactant directement les affrontements. Certaines séquences introduisent un épais brouillard troublant largement la vision. Dans l’absolu, l’idée n’est pas mauvaise et pourrait amener à des situations de combat rapproché intéressantes, mais dans sa course à la difficulté, cette extension en fait trop.
Certains combats de cette zone, dont un en particulier, nous ont semblé raté. On doit y affronter des Pinky transparents à travers un brouillard épais. De plus, des oeufs explosifs, renfermant un gaz toxique qui trouble davantage la vision, sont placés partout dans l’arène. Il faut donc continuellement dasher et tirer sur une menace invisible sans y voir à plus de deux mètres de distance. Particulièrement désagréable. D’autres variations de gameplay sont quant à elles bien plus réussies. Par exemple, on nous demandera de suivre un loup fantomatique qui purifie l’air vicié autour de lui. Ainsi il faudra se battre dans une zone restreinte sous peine de voir nos points de vie chuter à chaque seconde. Ce niveau intègre le premier nouvel ennemi du DLC, un spectre capable de posséder les sbires de l’enfer et de renforcer leurs statistiques. Une fois le monstre possédé occis, le fantôme réapparait et il faudra utiliser l’un des tirs secondaires du fusil à plasma pour le bannir. On se prendrait presque pour Bill Murray dans Ghostbusters.
Le troisième environnement est sans aucun doute le plus réussi. Plus exotique et variée en termes de colorimétrie, cette zone luxuriante aux tons chauds, que l'on aperçoit brièvement en fin de partie du jeu de base, tranche avec les précédentes. En plus d’être très agréable à parcourir, elle propose des affrontements jouissifs grâce à l’arrivée du deuxième nouvel ennemi. Cet adversaire n'est sensible qu’au tir à la tête et n’est vulnérable que lorsqu’il prépare une attaque spécifique. Ainsi il faudra temporiser le temps qu’une ouverture se présente et ne pas louper sa cible le moment venu. Le headshot est donc particulièrement jouissif et l’ennemi en question s’intègre parfaitement au bestiaire. Ces affrontements finaux sont jubilatoires, jusqu’au combat de boss qui s’avère très réussi dont la résolution nous laisse sur un cliffhanger intriguant. Notez tout de même qu’il vous faudra à peu près 5 heures de jeu pour voir cette adversairissime, ce qui est peut-être un peu court pour le tarif pratiqué (20 euros pour la 1re partie, 30 euros pour le season pass).
Enfin, l’interruption de la collaboration entre Mick Gordon et Bethesda avait de quoi inquiéter quant à la qualité de l’OST de ce DLC. Force est de constater que ces inquiétudes seront vite balayées. Ce sont Andrew Hulshult et David Levy qui sont en charge des pistes musicales de cette extension. Au vu de l’identité musicale très marquée de la série DOOM, il n’est pas étonnant que l’on ne ressente pas de patte personnelle outre mesure. Ce constat est logique, car cette bande originale se doit d’être dans une forme de continuité vis-à-vis du travail de Mick Gordon. Ainsi sans dénaturer l’oeuvre originale, les nouvelles pistes s’inscrivent complètement dans l’ADN DOOM. Guitares saturées et synthétiseurs dissonants sont toujours de la partie et le produit fini ne jure jamais avec le matériau de base. Du beau travail que l’on espère retrouver dans la 2e partie de ce DLC.
Points forts
- Exterminer du démon, toujours un plaisir
- Une technique solide, évidemment
- Des environnements réussis artistiquement
- Deux nouveaux ennemis bien intégrés
- Une bande-originale dans la continuité de l'oeuvre originale
- Un boss réussi
- Un challenge à la hauteur
Points faibles
- Quelques affrontements ratés (notamment lors des phases de brouillard)
- Un poil court (3 niveaux pour 5 heures de jeu)
- La difficulté retorse d'entrée de jeu n'aide pas à se remettre dans le bain
Tout comme le jeu de base, DOOM Eternal : The Ancient Gods, Part 1 est une virée sanglante et éprouvante sollicitant toute la concentration du joueur. Particulièrement ardue, cette extension sera un morceau de choix pour les vétérans en manque d’action. Si l’on peut regretter un contenu plutôt léger et quelques arènes moins réussies, il est difficile de bouder notre plaisir en parcourant les 3 niveaux composant ce DLC. L’expérience DOOM est toujours aussi solide et l’on a hâte d’en voir la suite.