Tennis World Tour 2 sera-t-il meilleur que son prédécesseur ? C’est la question que se posent de nombreux amateurs de jeux de tennis, toujours à la recherche du digne successeur de Top Spin 4 sur consoles de salon. Désormais entre les mains du studio Big Ant, déjà à l’origine du sympathique AO Tennis 2, le deuxième opus de Tennis World Tour s’est donc donné les moyens de faire bien mieux qu’un premier épisode décevant. Et le résultat est plutôt encourageant.
Sortie un peu plus tardivement que sur les autres consoles de salon, la version Switch de Tennis World Tour 2 propose un titre équivalent en tout points en terme de contenu solo et multijoueurs. Une bonne première nouvelle donc, suivie par une autre : le titre est tout aussi jouable en mode docké ou portable, la fluidité étant suffisante pour rendre les échanges lisibles. Il convient toutefois de noter que la modélisation du titre, déjà moyenne sur les autres plateformes, s'avère ici particulièrement décevante en mode docké et portable. L'aliasing s'invite partout sur le cour, du filet aux éléments environnants, les textures basses définition peuvent même masquer des logos (le logo Adidas de la casquette de Dominic Thiem est une bouillie de pixels) et au regard d'autres productions Switch, il est difficile de ne pas penser que nous étions en droit d'attendre un rendu un peu plus soigné. De même, si la fluidité est suffisante comme évoquée précédemment, certains défauts techniques de l'opus ressortent tout de même davantage sur cette version, et notamment quelques animations plus saccadées et de légères téléportations.
Tennis World Tour 2 : Un match entre Federer et Nadal sur la version Switch
Avant d’évoquer plus en profondeur la prise en main du titre, il convient d’en évoquer le modèle économique. S’il est vendu de façon classique, seule l’édition Ace permet d’avoir accès aux versions sous licence de trois tournois (Roland-Garros, Halle et Madrid), tandis que l’accès aux deux légendes (Marat Safin et Gustavo Kuerten) est réservé aux joueuses et joueurs ayant précommandé une version de Tennis World Tour 2. Depuis le lancement, ces deux contenus sont également proposés à l'achat en tant que DLC. Un choix regrettable pour ceux privilégiant une version classique et qui n’auront donc pas droit à ces tournois sous licence dans leur carrière... À moins de repasser à la caisse.
Peu d’erreurs de casting
En dehors de ce point, Tennis World Tour 2 a toutefois la bonne idée de se passer de microtransactions malgré la présence d’un système de cartes. Ces dernières, sur lesquelles nous reviendrons un peu plus tard, peuvent être acquises par le biais de boosters à acheter contre la monnaie du jeu, uniquement récupérable en enchaînant les matches… et les victoires. Ce nouvel épisode a aussi eu la bonne idée de muscler son jeu en terme de contenu, offrant un mode multijoueur - partie rapide ou personnalisée, ligues en ligne - ainsi que des matches de double, sans oublier la classique “académie de tennis” donnant accès à une série de tutoriels et quelques défis.
Le casting s’avère lui dans la veine du premier opus en penchant nettement du côté masculin avec 25 hommes contre seulement 11 femmes. Il faut en revanche saluer la diversité du casting en terme d’âge, de styles de jeux et de nationalité : Federer et Nadal font office de têtes d’affiche, mais ils sont bien entourés par des Thiem, Zverev, Medvedev ou Monfils. À part Djokovic, Berrettini ou éventuellement un Andy Murray, une majorité des joueurs intéressants du top 30-40 est représentée. On ne peut en dire autant de leur homologues féminines : malgré la présence de Barty, Svitolina, Andreescu, voire Mladenovic et Garcia du côté français, on ne peut que déplorer l’absence d’Osaka, Halep ou Serena Williams, figures incontournables du circuit féminin actuel. Notez tout de même que si la plupart des joueuses et joueurs sont reconnaissables, quelques uns à l’image de Zverev, Coric, Tsitsipas, Svitolina ou même Kuerten bénéficient d’une modélisation moins réussie.
Casting masculin
- Alex De Minaur
- Daniil Medvedev
- Grigor Dimitrov
- Marat Safin (bonus de précommande)
- Alexander Zverev
- David Goffin
- Gustavo Kuerten (bonus de précommande)
- Nick Kyrgios
- Stefanos Tsitsipas
- Casper Ruud
- Gaël Monfils
- Kyle Edmund
- Fabio Fognini
- Kei Nishikori
- Roger Federer
- Borna Coric
- Felix Auger-Aliassime
- Stanislas Wawrinka
- Denis Shapovalov
- Jannik Sinner
- Dominic Thiem
- John Isner
- Francis Tiafoe
- Rafael Nadal
- Benoit Paire
- Karen Khachanov
- Roberto Bautista Agut
Casting féminin
- Bianca Andreescu
- Elina Svitolina
- Kiki Bertens
- Petra Kvitova
- Belinda Bencic
- Caroline Garcia
- Kristina Mladenovic
- Cori Gauff
- Garbine Muguruza
- Madison Keys
- Ashleigh Barty
Une carrière à l’évolution timide
Comme dans toute bonne simulation de tennis, c’est évidemment le mode carrière qui cristallise les attentions. Celui de Tennis World Tour 2 reprend les codes du premier en permettant de choisir votre planning entre différentes options (tournoi, exhibition, entraînement, repos, embauche d’un agent ou d’un entraîneur, action sponsorisée...), mais a eu la bonne idée de l’améliorer sur quelques points de détail. Dans la création de joueur tout d’abord, qui offre quelques options de personnalisation de chacun des visages prédéfinis et permet donc de customiser davantage son avatar, dans la difficulté ensuite, qui peut cette fois être changée à tout moment, mais aussi dans le classement, un peu plus dense avec un démarrage au 500e rang. Ceci étant dit, le mode peine tout de même à évoluer et nous n’aurions pas été contre quelques nouveautés significatives et un peu de polish : le système de progression qui consiste à améliorer une des trois branches à chaque niveau franchi manque de personnalisation et ne rend pas la progression très engageante, quelques informations pratiques sont introuvables (comme le détail des points qu’il est possible d’engranger dans chaque tournoi), tandis que la difficulté doit forcément être changée en plein match ou par le biais du menu général, pas de celui de la carrière.
Enfin, les fans de simu regretteront qu’il soit impossible d’équiper des tenues officielles - exception faite de quelques modèles de raquettes - à son joueur, les seules disponibles étant des créations basées sur des marques fictives. Des détails, certes, mais qui montrent que malgré des qualités susceptibles d’occuper les amateurs du genre pendant de longues heures, le mode mériterait encore un peu plus d’attention pour gonfler sa proposition, d’autant plus que son concurrent AO Tennis 2 (développé par le même studio, pour rappel) propose un outil de création et de partage de ces dernières offrant une carrière customisée d’une richesse potentiellement infinie.
Une simulation en nette progression
Malgré des sensations plutôt tièdes en terme de nouveautés sur les premiers points évoqués, Tennis World Tour 2 a fait le bon choix en se concentrant sur le principal défaut de son prédécesseur : son gameplay. Afin de l’améliorer, il a tout d’abord opté pour des mécanismes éprouvés directement repris du souvent cité Top Spin 4. Les frappes puissantes (déclenchées en restant appuyé sur la touche) apportent d’un côté des coups plus rapides et puissants (et oui) mais susceptibles de sortir plus facilement en cas de timing imparfait, tandis que les frappes précises (déclenchées en appuyant brièvement sur la touche) sont un moyen idéal d’atteindre des zones plus difficiles d’accès, mais s’avèrent évidemment moins puissantes. Tout comme dans Top Spin 4, vous devrez donc gérer à la fois le timing de vos frappes, l’effet appliqué, le style de coup, mais aussi l’endurance de votre avatar pour construire vos échanges.
Le résultat est d’autant plus satisfaisant qu’il n’est jamais gâché par les petites téléportations ou animations non appropriées qui polluaient vos sessions de jeux sur le premier opus. Quelques stigmates de l’épisode original sont toujours visibles dans les animations pas toujours parfaitement fluides ou la propension du jeu à forcer certains déplacements du joueur, mais la sensation de contrôle reste bien présente et la frustration reste heureusement rare. On apprécie également que le jeu à la volée soit pour une fois accessible, ce qui est rare dans les jeux de tennis, et que les balles fautes restent régulières, ce qui vous pousse à réellement maîtriser le système de timing pour éviter d’en faire les frais. Il faudrait évidemment bien plus que quelques dizaines d’heure pour l’affirmer, mais la difficulté semble elle aussi bien dosée en offrant suffisamment de marge de progression aux joueurs. Notez par ailleurs que le système d’arbitrage vidéo et de “challenge” est aussi présent, tout en restant intégré avec parcimonie.
À cela, il faut ajouter l’une des rares bonnes idées de l’épisode original avec la gestion des cartes qui fait ici son retour. Avant chaque match, vous pouvez équiper jusqu’à 5 cartes à vos joueurs, l’une offrant une compétence passive, les 4 autres étant à activer en cours de match. Il en existe des dizaines, apportant toutes des bonus différents affectant votre adversaire ou vous en offrant plus de précision, de puissance, d’endurance, sur un ou plusieurs coups, voire pendant un jeu entier. Celles-ci apportent un soupçon de gestion sur les temps forts et faibles des matches et parviennent quelque part à refléter mécaniquement le système de mental des joueuses et joueurs, le tout sans s’avérer abusives dans leurs modifications du gameplay. Tennis World Tour parvient enfin, avec ce deuxième épisode, à se montrer comme une simulation convaincante dans son approche qui a certes encore une marge de progression, mais de solides bases sur lesquelles construire tout cela.
Points forts
- Casting complet et varié, malgré quelques grands absents
- Des ajouts qui changent tout (timing, coup précis/puissant)
- Gameplay intuitif et équilibré
- Le côté “gestion” du système de cartes
Points faibles
- L’évolution timide du mode carrière
- Pas de tenues de marques officielles pour nos joueurs
- Encore perfectible sur ses animations et sa fluidité
- Le système de service, trop facile
- Une version Switch nettement en dessous visuellement
Nous pourrions blâmer son mode carrière encore loin d’être abouti ou ses imperfections de gameplay, mais Tennis World Tour 2 s’avère bien plus satisfaisant manette en main que ne l’était son prédécesseur. À défaut d’être inventif puisqu’il base une grande partie de ses mécaniques sur des idées tirées de Top Spin 4, il parvient à offrir une expérience de jeu intuitive, plaisante et équilibrée. Quelques imprécisions demeurent et montrent qu’il faudrait encore un peu d’huile dans les rouages, tandis que son contenu semble un peu léger, surtout en face du système de création et de partage d’éléments (terrains, joueurs…) de son concurrent direct AO Tennis 2. Mais Tennis World Tour 2 place la série sur de bons rails en nous offrant tout de même le gameplay le plus abouti du genre sur consoles, malgré un résultat visuel que nous aurions aimé plus convaincant sur Nintendo Switch. Une belle surprise qui n’en fait pas un must-have, mais un titre qui vaut quand même le coup d’oeil pour peu que vous soyez en manque de petites balles jaunes sur votre console.