La chose n'est pas nouvelle, le jeu d'horreur a toujours eu le vent en poupe. Nombreuses sont les personnes à ne pas rejeter le plaisir du frisson vidéoludique, mais il faut bien reconnaître que l'expérience est avant tout solitaire. Phasmophobia, fraîchement sorti en accès anticipé, entend bien concilier grand frisson, stratégie et coopération en vous invitant gaiement à une petite partie de chasse aux fantômes.
Ce test évalue les qualités et les défauts de l'accès anticipé et ne représente en rien un test du produit définitif. Ce test est valable pour sa date du 15/10/2020 et sera amené à être remanié au fil de l'évolution du jeu, avant le test de la version finale.
Le vidéo-test de Phasmophobia
Le postulat de Phasmophobia rappelle, par certains côtés, Outlast . Vous ne serez pas dans l'attaque, mais toujours dans la défense, ou presque. Dans ce jeu de chasse aux fantômes, vous n'êtes pas un exorciste, vous ne cherchez pas à lutter contre des entités démoniaques. Non, vous prenez simplement part à des chasseurs d'événements paranormaux qui n'ont pour seule arme que leurs outils d'analyse pour confirmer dans différents lieux, allant du pavillon à l'asile psychiatrique, la présence d'une entité hantant les lieux. Votre but ? Collecter suffisamment de preuve d'éléments surnaturels afin de satisfaire les personnes vous ayant embauché et maximiser vos gains, autant pour gagner en niveau et accéder ainsi à des cartes de plus en plus grandes que pour engranger de l'argent afin d'acheter du matériel plus performant, facilitant ainsi vos chasses ultérieures.
Esprit, es-tu là ?
Jouable seul et jusqu'à 4 en coopération, Phasmophobia déroule un schéma assez similaire d'une partie à l'autre, mais en fonction de la taille de la carte et de leur difficulté, les parties ne se ressemblent pas, à plus forte raison que certains éléments du jeu sont générés d'une manière aléatoire. Une partie se déroule en effet en 2 voire 3 temps. Le premier exige que vous et vos partenaires identifiiez où se trouve le spectre chassé. Effectivement, si un esprit occupe une maison, il n'élit domicile que dans une seule pièce. Ainsi, plusieurs indicateurs vous permettront de savoir quelle pièce de tel bâtiment est occupée par un esprit, qui finira fatalement par devenir hostile. En premier lieu, il faut prendre en compte les indices visuels. Si vous choisissez d'allumer une lumière (et non pas toutes celles d'une maison faute de quoi les plombs finiront par sauter), la voir s'éteindre subitement et sans intervention humaine permettra d'orienter vos recherches vers cette zone. Ajoutez à cela toute la panoplie de portes qui se referment seules, d'objets qui tombent abruptement, d'alarmes qui se déclenchent et vous comprendrez que Phasmophobia joue sur des ressorts classiques, mais très efficaces du cinéma d'horreur pour vous arracher quelques frissons. En tant que visiteur passif et sans moyen de défense, les manifestations surnaturelles prennent vite un tour beaucoup plus inquiétant que si vous étiez armés d'un outil permettant de vous défendre. Notez d'ailleurs que votre personnage ne se déplace que très lentement, aussi, il ne faudra pas espérer prendre la fuite rapidement si vous ne réagissez pas aux signes avant-coureurs d'une attaque imminente.
Petite frayeur en solo
Mais ce n'est là qu'une première étape. Il conviendra essentiellement de vous en référer à votre matériel, rudimentaire en début de jeu, pour identifier avec précision la source surnaturelle. Lampe UV, caméra infrarouge, compteur électro-magnétique, livre d'écriture ou votre souffle témoignant d'une brutale chute de température seront autant d'outils qu'il faudra exploiter pour déterminer quelle pièce est occupée. Malheureusement, vous ne pourrez embarquer avec vous que 3 objets, dont la lampe torche, indispensable, sachant que certaines manifestations ne se produisent que dans l'obscurité. Il faudra donc, notamment en coopération, répartir au mieux les tâches en fonction des objets à votre disposition. Si chacun des membres dispose des objets de base à chaque début de partie, il faudra veiller à les ajouter au camion avant de lancer la chasse. Une fois ceci fait et que chaque membre a exploré, en fonction de son attirail, les différentes pièces de la maison, certaines manifestations se produisent : un souffle qui devient glacial, un EMF qui s'agite... les premiers indicateurs témoignant de lieux hantés ne tardent pas à apparaître et ceux-ci devront rapidement être consignés dans votre journal. C'est aussi là que se trouve le grand plaisir pris à traverser le jeu. C'est dans sa science de retenir au maximum l'apparition du spectre que le titre sait titiller votre imagination et donc créer une sorte d'expérience intérieure, vous confrontant à vos propres peurs... car une fois le fantôme apparu, les choses prennent une tournure plus stratégique de terrifiante.
Le grand frisson en coopération
Effectivement, il n'existe pas qu'une seule forme de fantôme dans le jeu. Djinn, Cauchemar, Esprit... autant d'entités qui ne manifestent pas leur présence de la même manière. Cependant, chacune d'entre elles se fait connaître par le biais de trois facteurs cumulés. Une fois ceux-ci identifiés, vérifiés, et consignés dans votre journal, vous saurez avec précision à quel esprit vous aurez à faire. Il faudra donc être efficient dans vos recherches, et surtout apprendre à bien analyser chaque manifestation, car le temps vous sera compté. En mode amateur (la difficulté la plus faible), vous disposerez de 5 minutes pour analyser les lieux, préparer votre matériel et identifier le spectre, faute de quoi votre santé mentale commencera à diminuer, notamment en raison des actions de plus en plus menaçantes de l'esprit que vous êtes en train de chasser. Plus votre santé mentale sera basse, plus vous aurez des chances d'être attaqué et de perdre au passage l'équipement supplémentaire que vous aviez amené sur les lieux, acheté avec vos dollars durement gagnés au cours des chasses précédentes.
Alors commencera une chasse aux objectifs supplémentaires. Un fantôme et un Djinn n'auront pas le même comportement, certains esprits seront plus timides que d'autres, d'autres, plus agressifs... mais chacun a ses propres forces et faiblesses qu'il conviendra d'étudier dans votre journal afin de mieux les comprendre, et de réunir toujours plus de preuves afin d'engranger toujours plus d'argent. Car si l'objectif constant est d'identifier à quel esprit nous avons à faire, d'autres, indiqués dans le camion de départ, demandent de réaliser des actions supplémentaires : détecter avec un thermomètre (pour peu que vous en ayez acheté un) une pièce à la température glaciale, calmer avec un peu d'encens l'éventuelle attaque du spectre... ou mieux, directement le prendre en photo.
Le vocal : le gros coup de pouce à l'immersion
Ces objectifs secondaires, quoique facultatifs, sont toutefois particulièrement rémunérateurs, car, en fin de mission, si vous parvenez à les remplir, ils vous octroieront de l'argent supplémentaire, sachant que, malheureusement, certains objectifs ne sont pas partagés par le groupe. Ainsi, si vous n'avez pas pris, par exemple, la peine d'identifier dans votre journal le spectre chassé, vous vous priverez de la rémunération correspondant à cet objectif de base. Mais leur accomplissement suppose une prise de risques. S'il est relativement facile d'identifier un spectre à 4 chasseurs, il faudra aussi le contenir afin de le pousser à se manifester et c'est aussi là que le vocal rentre en jeu d'une bien belle manière. Effectivement, chaque spectre a un nom, indiqué sur votre tableau de départ. Si vous disposez d'un appareil permettant de parler directement au démon (comprenez demandez vocalement : « où es-tu ? » et attendez d'obtenir un grognement en guise de réponse), il faut savoir que votre micro est en permanence ouvert et que le spectre entend tout, quand vos partenaires ne vous entendent qu'une fois une touche pressée, comme pour un talkie-walkie, s'ils ne se trouvent pas à votre proximité.
Phasmophobia est un jeu vocal avant tout, et il faudra bien garder ce point à l'esprit, car il n'est pas forcément aisé pour toutes et tous de lâcher prise au cours d'une partie. Pour autant, une grande partie de l'excitation de Phasmophobia vient de sa gestion assez maline, quoiqu'encore imparfaite, du vocal. S'il est bien possible de jouer tout seul et que, même dans cette configuration, il sera nécessaire de vous équiper de la « Spirit Box » et de vous contraindre à chercher la présence de l'esprit, il arrivera des situations où, pour obtenir une manifestation surnaturelle, il faudra invoquer directement le nom de l'esprit. Attendez-vous donc parfois à scander le nom du mort pour le voir apparaître devant vous, dans le seul but de le photographier. Outre la pression que cela peut créer chez les chasseurs les plus impressionnables, il est un vrai régal parfois, d'invoquer un esprit pour qu'il se montre alors que tout à été fait pour le retenir en amont: poser du sel devant sa porte, un crucifix dans la pièce qu'il occupe et l'invoquer bêtement en vocal déclenchera souvent son apparition, donnant une réactivité au jeu assez grisante. Votre micro étant en permanence ouvert pour le spectre, il faudra parfois prendre garde à ne pas trop prononcer son nom sans le vouloir, faute de quoi vous pourriez déclencher son courroux alors qu'il était auparavant calme.
C’est sous cette condition que vous gagnerez suffisamment d'argent pour vous équiper de matériel plus performant, pour mieux détecter les fantômes qui hantent les maisons ou établissements de vos commanditaires. Le travail de coopération est vraiment déterminant et la communication est primordiale pour réaliser une chasse parfaite. Phasmophobia est particulièrement original dans son approche du genre et chaque partie peut apporte un plaisir renouvelé, puisqu'en fonction de votre matériel, vous pourrez élaborer des stratégies de plus en plus perfectionnées pour coincer un fantôme et vous défendre face à lui. Si certes, une fois que l'on a « pris le coup », les frissons s'atténuent un peu, mais dans l'ensemble, c'est à un vrai sens de la coopération et une bonne dose de courage qu'il vous faudra faire appel pour ce titre atypique, qui ne devrait cesser d'évoluer d'ici sa sortie définitive. Phasmophobia, grâce à ces différents différentes, s'éloigne du simple jeu d'horreur et offre une subtilité assez inattendue si l'on ne s'attarde qu'à son concept de base. La connaissance de votre matériel et des différents spectres du jeu aura une incidence réelle sur le déroulement de la partie et le succès de votre équipe. Le jeu dévoile sa profondeur au fil des parties et votre expertise croit à mesure que vous enchaînez les détections. Notez qu'en l'état, et à mesure que vous gagnerez en niveaux, vous pourrez débloquer des cartes un peu plus originales, de l'asile abandonné à l'école américaine typique... de quoi varier les plaisir et surtout les frissons.
Points forts
- Parfois vraiment flippant, une vraie progression dans la tension
- De bonnes sensations de progression (assurance, stratégies, matériel...)
- Les différents esprits et leurs spécificités
- Certaines cartes assez inspirées (l'école, notamment)
- Un jeu plus subtil et profond qu'on pourrait le croire
- Sound design réussi
- Jouable en VR
Points faibles
- Le vocal, qui pourra rebuter les plus "timides"
- Un peu trop homogène dans les différents décors
- Animations ratées
- Pourra paraître redondant à certains
Particulièrement original, aussi grisant que flippant, Phasmophobia propose une approche très imaginative et plutôt inédite du jeu d'horreur en vous plaçant dans les bottes de chasseurs de fantôme. Si vous serez d'abord vite terrorisé à la moindre manifestation surnaturelle, votre expérience vous aidera à devenir un chasseur expert et courageux, qui devra cependant compter sur une coopération solide avec ses partenaires. L'exploitation du vocal, les différents types d'entités et le sentiment de progression font de ce titre une très bonne alternative à de nombreux jeux coop, qui devrait en plus s'améliorer avec le temps et pour le moment facturé à petit prix