Il est fort probable que pour certains d’entre vous, Le Donjon de Naheulbeuk fut votre toute première saga MP3. Il y a une vingtaine d’années, nous rigolions grassement aux vannes que se renvoyaient dans les dents ces aventuriers de pacotilles pendant la traversée d’une tour maléfique. En 2020, cette parodie des jeux de rôles est adaptée en jeu vidéo avec une histoire inédite.
12 statuettes enroulées dans du jambon
Tout commence à l’entrée d’un donjon, avec une étrange bande d’aventuriers : un nain, une elfe, un voleur, un ranger, une magicienne, un barbare et un ogre. Ils ne sont pas amis (loin de là), mais ont décidé de se prêter main forte pour relever la malédiction qui hante ce drôle de château. Chacun sa spécialité et surtout, son caractère. Le ranger tente de jouer au chef, le nain ne pense qu’à son or, le voleur est un véritable froussard, la magicienne se montre plus forte en théorie qu’en pratique, le barbare crie baston à chaque coin de couloir, l’ogre doit gérer sa boulimie et l’elfe joue la potiche de service. Si vous ne connaissiez pas l’univers, vous voilà rapidement prévenu : l’humour est gras, voire même stigmatisant. C’est la même recette qu’à l’origine donc tout dépendra si vous êtes sensible au genre ou non.
Cette bande de bras cassés s’entend pour dérober une statuette légendaire. La seule information pratique que nos héros et héroïnes détiennent, c’est qu’elle se trouve dans ce donjon. Nous voilà bien avancés. Malheureusement, l’exploration de cet antre ne se passe pas comme prévu et une amulette venue de nulle part vient leur compliquer la tache. Le scénario est inédit, mais fidèle à l’essence de la saga : parodier les jeux de rôles.
Un Jeu de rôle classique
Le jeu emprunte de nombreuses mécaniques que l’on retrouve dans les RPG. Là-dessus, Le Donjon de Naheulbeuk tape dans le classique. Les personnages jouables ont chacun leurs avantages et désavantages. Par exemple l’elfe utilise fièrement son arc à distance, mais se montre un brin fragile dans du corps-à-corps. De ce côté-ci, pas de surprise. Chacun d’entre eux jouit d’un équipement à leur mesure même s’il est vrai qu’une arbalète peut aussi faire office d’arme de seconde main pour plusieurs membres de l’équipe. Les statistiques habituelles sont exposées et c’est à vous d’habiller et équiper vos héros pour tirer le meilleur d’eux-mêmes. Ils profitent par ailleurs d’un inventaire qui leur est propre et d’un arbre de compétences à déverrouiller au fur et à mesure de la partie. Les combats apportent des points de compétences et d’expériences. Tout le monde reçoit la même somme, mais il existe aussi des bonus et des malus en fonction du rôle qu’a pu jouer un héros pendant un affrontement.
Qui dit jeu de rôle dit forcément quêtes. Alors bien entendu, il y a la principale qui permet d’avancer dans le scénario. Mais pendant que vous vous promenez dans les différents étages de ce donjon, vous allez faire connaissance avec des soldats, des voyageurs et autres piliers de comptoir. La taverne, qui priorise tout un niveau, est le lieu idéal pour faire des rencontres. Certaines des quêtes ressemblent à ce qu’on demanderait à un mercenaire et puis il y a les autres, celles où il faut retrouver des poulets ou un hamster guerrier. Ce ton complètement décalé n’a rien de surprenant connaissant l’œuvre. Ces quêtes se révèlent indispensables pour gagner de l’expérience et ainsi ne pas se ramasser honteusement lors des affrontements les plus importants.
Un Tactical RPG
Puisque nous parlons de combats, sachez que nous avons affaire là à un Tactical-RPG : des déplacements sur un échiquier, des points d’action et du tour par tour. Qui s’est déjà frotté à ce système de jeu ne sera pas dépaysé le moins du monde. La stratégie commence en amont de la bagarre puisqu’il faut placer ses pions le plus intelligemment possible. Analyser le terrain et anticiper les déplacements de ses ennemis s’avèrent nécessaires. Avec le déblocage de compétences au fil du temps, vous allez aussi pouvoir créer des duos qui, côte à côte, bénéficient d’une plus grande force, précision ou encore protection. Plus vous jouez, plus le jeu devient intelligent. Outre les techniques qui incombent à chacun, le jeu a aussi une jauge pour tout le groupe qui se remplit au fur et à mesure de l’affrontement. Elle peut libérer des actions très intéressantes comme apporter beaucoup de soin à un allié. Les combats, globalement, n’ont rien de surprenant et fonctionnent assez bien.
Des problèmes techniques
Malheureusement, tout n’est pas rose dans Le Donjon de Naheulbeuk. Tout d’abord les écrans pour patienter pendant le temps de chargement entre deux étages ou charger une partie sont très longs. Ce sont toujours quasi les mêmes illustrations donc un sentiment de lassitude s’installe. Mais ça encore, ça passe. Non, le problème, c’est pendant les combats. Les animations sont lentes, et ce, même si vous augmentez la vitesse dans les paramètres prévus à cet effet. Parfois, le jeu semble paralyser avant qu’une action s’exécute. Nous pouvons ainsi rester de longues secondes devant notre écran, à ne pas savoir si ça va se débloquer ou non. Déjà que de bases, un jeu au tour par tour n’est pas le système de combat le plus énergique du monde, là, on s’endormirait presque. Sur la durée, cela donne vraiment un gros coup de mou à l’aventure.
Points forts
- Un environnement coloré
- Pour les fans assidus
- Un T-RPG qui fonctionne
Points faibles
- Un humour pas du goût de tout le monde
- Lenteur et bugs qui devrait arriver Day One
- Quelques voix françaises agaçantes
Le Donjon de Naheulbeuk : L’Amulette du Désordre a sans doute de quoi ravir les fans qui n’ont jamais cessé de baigner dans cet univers. A titre personnel, j’attendais ce jeu pour me replonger dans mes premières années d’adolescente. Malheureusement, et c’est mon avis, je trouve que cela a très mal vieilli. C’est lourdingue, heureusement que nous pouvons passer les dialogues. Néanmoins, certaines quêtes ne manquent pas d’humour et le système de combat serait vraiment très plaisant si l’équipe de développement nous délivrait un patch rapidement pour gérer les quelques bugs qui viennent gâcher la fête.
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