DANS DES MILLIARDS DE GALAXIES LOINTAINES...

Star Renegades plante son décor dans un univers spatial, présentant plusieurs lignes temporelles. Dans chacune d'elle, l'Impérium a pour dessein de conquérir les quatre planètes de la galaxie. Pour contrecarrer ses plans, le joueur incarne le robot J5T-1N, un droïde capable voyager à travers ces multiples réalités. Dans ce but, il recrute une équipe de soldats capables de venir à bout des sbires désirant d'éradiquer chaque autochtone pour satisfaire les désirs de "Mère". Ce scénario facile justifie parfaitement le côté roguelite du titre puisque ces sbires arrivent à plusieurs reprises à dérouter l'escouade de héros. Malgré la défaite, J5T-1N parvient à chaque fois à rejoindre une autre réalité pour prévenir l'invasion de l'Impérium avec les différentes ressources récoltées auparavant.

MOURIR POUR MIEUX RECOMMENCER

Si le synopsis reste cohérent avec l'offre proposée, cet aspect reste marginal. Bien évidemment, l'une des clés de voûte du titre passe par la case départ empruntée à chaque mort. Comme dans Dead Cells , le joueur accumule des monnaies utilisables au camp de départ. Les renseignements (récupérables sur les béhémoths) permettent de débloquer de nouveaux membres pour rejoindre l'équipe des renégats, mais offrent aussi de nouveaux passifs pour chaque personnage. Par exemple, l'atout Défenseure de Wynn lui permet de gagner 10% sur ses attaques ainsi que 20 PV. Si plusieurs traits sont récupérables par protagoniste, seul un sera équipable. Une autre ressource sera conservée au fur et à mesure des runs : la technologie. Vaincre des ennemis permettent d'en accumuler et seront à échanger pour bénéficier de l'équipement en début de tentative.

UN PLAISIR SOUVENT RENOUVELÉ

Si ces bonus sont appréciables et utiles, il est difficile de connaître leur impact sur le parcours. De fait, la deuxième force majeure de Star Renegades réside dans la richesse de son gameplay. En effet, il ne faut pas se limiter à la grossière répartition en trois groupes (tank, soutien et dégâts) des douze personnages jouables. Chacun d'eux peut, tout en restant cantonné à son rôle, se jouer de manière différente : construction sur les attaques légères, altérations d'état ou gros dégâts, quasiment tout est possible. Une variété qui se ressent aussi sur les différentes compositions possibles (plus d'une centaine) ce qui permet d'alterner les plaisirs et de repartir (encore et toujours) au combat.

Outre la complexité des personnages - micro et macro -, l'habilité tactique du joueur dépendra des pouvoirs, de la montée de niveau et de l'équipement. Les protagonistes peuvent monter jusqu'au niveau 10 grâce à des morceaux d'ADN récupérés en explorant la carte ou en tuant des ennemis. Faire monter en grade un personnage permet d'accéder à de nouveaux pouvoirs - plus forts - à de nouvelles cartes de camps (dont on parlera un peu plus bas), et à de l'équipement. Et c'est là une perspective importante du titre. L'ADN ne tombe pas par millier : il faut équilibrer armement et niveau médian des personnages pour ne pas avoir un boulet à traîner au cours du voyage. Si un membre supplémentaire rejoint les renégats à chaque boss, le degré de difficulté augmente sévèrement entre les planètes : accéder au vaisseau final lors d'une run ne garantit pas (du tout) le même succès la prochaine fois. Il faut donc savoir conserver ses ressources de manière astucieuse que ce soit l'ADN pour l'expérience ou les crédits permettant d'acheter de l'équipement pour profiter au mieux de la richesse stratégique offerte par Star Renegades.

RETARD' À TERRE

Une richesse stratégique que l'on retrouve dans les combats grâce à la fonctionnalité majeure de Star Renegades : le temps. Chaque tour délimite en une minute les actions des personnages, alliés comme ennemis. Il faut donc choisir soigneusement son plan d'attaque selon la rapidité des attaques adverses. Dès lors, les attaques sont divisées en trois catégories : légères donc rapides, moyennes, puissantes et lentes. C'est grâce à ce système de "Qui tape en premier" dont vient toute la subtilité tactique de Star Renegades. Attaquer avant son adversaire offre un effet de critique, permettant d'infliger des dégâts supplémentaires, de casser l'armure ou encore d'enlever du temps à l'ennemi et attention : cette règle marche dans les deux sens ! Infliger des coups critiques accorde le gain de points de fureur, nécessaires pour effectuer des combos ou des capacités spéciales, souvent instantanées.

Différer suffisamment l'attaque d'un adversaire pendant un même tour lui inflige l'effet "RETARDÉ". Dès lors, l'ennemi ne jouera plus du tour et pourra être bombardé de coup critique. Néanmoins, le nombre de retardements n'est pas infini. Ils sont propres à chaque ennemi et augmentent si aucun délai ne leur est infligé. Via ce constat, il faut être sûr de venir à bout des ennemis pour ne pas qu'ils infligent d'importants dégâts au tour suivant.

Une fois la mécanique temporelle prise en compte, d'autres facteurs viennent compliquer la prise de décision. Avant de mettre à terre un ennemi, il faudra d'abord lui enlever ses trois couches de défense : le bouclier, l'armure et enfin sa barre de vie. Le bouclier empêche la vie de descendre, tandis que l'armure réduit les dégâts subis. Par exemple, si l'adversaire a 100 de bouclier, 100 PV et 10 d'armure et que le joueur lui inflige 150 points de dégâts, l'ennemi n'aura plus de bouclier, 60 PV et 9 d'armure. Cette dernière baisse d'un cran à chaque fois que le personnage subit des dégâts, hors altérations. Très embêtante, l'armure peut toutefois être réduite de manière plus significative grâce à des coups critiques.

Enfin, un dernier aspect exige du joueur qu'il réfléchisse en amont à tout son tour. Si elle a peu d'importance sur les premières planètes, la formation rend plus difficile les combats. De fait, il sera nécessaire d'éliminer les opposants en première ligne avant de pouvoir atteindre les adversaires positionnés derrière. Certaines attaques permettent de choisir la cible, mais sont plus lentes et exposent le joueur à de gros dégâts adverses.

Globalement, le système de combat ne présente pas de défauts et séduit au fur et à mesure des combats et des planètes. À la manière de Fire Emblem, une fonctionnalité (non désactivable) permet de voir à l'avance, les dégâts subis par les adversaires (et les alliés) ainsi que le délai infligé. Involontaire ou pas, l'incapacité à revenir sur les actions d'autres personnages (comme c'était possible dans Golden Sun par exemple) peut parfois frustrer et est souvent handicapante. Néanmoins, les combats offrent - une fois la première planète passée - un challenge systématique.

CAMP C'EST QUE L'ON SÈME

Mais alors, quand est-ce qu'on se bat ? Chaque planète correspond à une grande carte, divisée en plusieurs zones dont l'exploration doit se faire en trois jours avant l'arrivée du béhémoth, le gros boss de la région. Ces zones habitent soit des ennemis, soit des lieutenants ou encore des bonus d'armure, de vie ou de bouclier. Comme tout roguelite qui respecte les codes du genre, les zones sont générées de manière procédurale : les bonus trouvés sur une tentative ne seront pas forcément là les prochaines fois ! Par ailleurs, pour accéder à ces différentes zones, il faut utiliser les charges de J5T-1N pour enfoncer les barrières de chacune d'elle. Une fois les trois charges quotidiennes dépensées, la nuit tombe, rapprochant l'arrivée du béhémoth. Si ce n'est pas l'aspect principal du jeu, la navigation entre les différents pans de la carte fait du grand pour pas grand chose. L'absence de map indiquant les différents points d'accès et méchants sur la carte ne facilite pas la navigation ni l'optimisation du parcours à prendre, et c'est souvent qu'on se laisse ballotter entre chaque zone sans grande conviction.

C'est d'autant plus dommage puisque lorsque la nuit tombe, un camp se monte et permet de rapprocher les renégats. Comme dans Fire Emblem : Three Houses , chaque membre de l'escouade peut se lier d'amitié avec un autre, octroyant des bonus. Chaque barre de relation se divise en trois cœurs (voire plus si affinités), correspondant chacun à un bonus supplémentaire. Cette liaison s'augmente via l'utilisation de cartes, récupérées lors de la montée de niveaux des personnages ou lorsque un lieutenant est vaincu. Outre la relation, ces cartes donnent également des boosts sur les deux prochains combats (dégâts ou bouclier en plus par exemple). Néanmoins, leur nombre d'utilisations est limité chaque nuit, obligeant le joueur à choisir la relation qu'il veut promouvoir. Ces deux aspects renforcent l'aspect stratégique du titre puisqu'ils forcent à faire des choix et à voir plus loin. Si l'écriture des scènes d'amitié laisse de marbre, on prend plaisir à rapprocher chaque personnage entre eux puisque tout est à refaire entre chaque tentative.

De temps à autre, une alternative est proposée au camp. Des objectifs facultatifs sous forme de vaisseau ennemi, grotte ou temple peuvent apparaître, toujours aléatoirement la nuit. Ils permettent d'affronter plus d'ennemis et offrent un lieutenant à vaincre en plus, résultant en plus d'expérience et au moins une pièce d'équipement. Ce choix soumis au joueur caresse habilement le péché capital de la gourmandise : puis-je mettre de côté le soin et les relations offerts par le camp ? Ai-je assez de vie pour enchaîner cinq combats de suite ? Contrairement aux boucliers, l'armure et les PV ne se régénèrent pas une fois le combat terminé. C'est donc une fois de plus, Star Renegades ajoute un facteur de plus dans la prise de décision.

LA DA, PARTIE INTÉGRANTE DU ROGUELITE

On prend d'autant plus de plaisir à parcourir la galaxie avec les graphismes proposés par Star Renegades. Il faut saluer cette direction artistique qui, elle aussi, invite le joueur à revenir ! Les dessins en pixel-art sont léchés et suffisamment variés pour s'émerveiller à nouveau - au moins sur 30 heures de jeu - sur les décors, notamment ceux des boss et des objectifs bonus : une grotte glacée, un ancien temple ou encore des croisés spatiaux viendront rafraîchir l'intérêt du joueur pour l'environnement.

Cette patte graphique est accompagnée d'animations dont on se lasse peu... quand on arrive à les voir. Star Renegades souffre souvent d'un trop plein d'informations à l'écran : dégâts sur les boucliers, sur la vie et sur l'armure, un méchant qui explose, tout ça avec l'interface chargée de renseignements. Ce n'est pas gênant dans la mesure ou le titre est un jeu au tour par tour, mais il est vrai qu'il pourrait faire office de plus de lisibilité. Ce manque de clarté peut donner l'impression de ne pas tout contrôler, de laisser une part de chance au destin... ce qui n'est pas cohérent avec le ressenti global du jeu. C'est par ailleurs ce tout petit manque de puissance, ce moment où l'on se sent au-dessus de tout parfaitement retranscrit par Slay the Spire , Dead Cells ou Hades qui fait défaut à Star Renegades. C'est d'autant plus souligné par une bande-originale non mémorable, qui ne marque pas la pérégrination de J5T-1N qui, réalité après réalité, a toujours le courage de se dresser face aux troupes de l'Impérium.