Hello Games, le studio à l’origine de No Man’s Sky, nous propose avec The Last Campfire un titre mêlant exploration et énigmes. L’univers à parcourir renferme de nombreux puzzles et profite d’une écriture maîtrisée pour une expérience aussi intime que réconfortante.
Un voyage intime
Si No Man's Sky bénéficiait d’une campagne de communication exceptionnelle, c’est un peu dans le secret que The Last Campfire a fait son entrée sur de nombreuses plateformes. Au premier coup d’œil, les deux jeux paraissent très différents. Ils partagent cependant un point commun : le voyage. Cette fois-ci, point de grandes mises en scène, mais une traversée plus personnelle, accompagnée d’une direction artistique simpliste, mais réussie. Nous avons affaire à un petit jeu mignon, avec une bande-son douce, des bruitages amusants et un travail d’écriture remarquable. Les paroles, exprimées par une voix envoûtante, jouent avec l’environnement et offrent une réalisation aussi surprenante que pertinente, non dénuée de poésie. Nous plongeons alors dans un conte fantastique et navigons d'une émotion à l'autre : les regrets, la peur mais aussi l'entraide et cet espoir qui nous pousse à avancer.
De belles rencontres
En ce qui concerne l’histoire, nous suivons Ember, une voyageuse égarée, à la recherche de sa véritable destination. En perdant son chemin, elle échoue dans les limbes. Elle rencontre alors des âmes perdues, appelées braises mélancoliques. Sa gentillesse et compassion lui dictent de sauver ces pauvres esprits. Les échanges ne manquent pas de douceur et de bienveillance. D’autres genres de personnages font leur apparition. Nous avons par exemple croisé et porté main forte à un cochon glouton et insatiable, un cuisinier en perte de confiance ou encore un ouvrier robot un peu rouillé. En leur rendant de simples services, ils nous apportent aide et conseil pour poursuivre l’aventure.
Explorer un monde enchanteur
L’aventure comporte différents types d’énigmes. Tout d’abord, il y a celles que nous retrouvons dans l’environnement principal. Elles demandent le plus souvent de trouver des objets, actionner des leviers ou encore se déplacer au tour par tour et en miroir de créatures comme les grenouilles sur les nénuphars. De quoi nous rappeler l’excellent jeu mobile Lara Croft GO . Chacun de ces petits mondes se compose d’un feu de camp gardé par un esprit qui souhaite guider les braises mélancoliques pour un dernier voyage. Quand celles-ci ont toutes été sauvées, un portail s'ouvre vers une nouvelle région à explorer. The Last Campfire donne une illusion de liberté en nous laissant vagabonder sur la carte, mais quelques embûches nous ramènent finalement sur un circuit assez linéaire. De même pour les dialogues : le choix de vos questions n’ont pas d’incidence sur le déroulé de l’histoire.
Des puzzles classiques mais satisfaisants
Lorsque Ember rentre en contact avec les braises mélancoliques, figées comme de la pierre, nous pénétrons dans leur imaginaire, matérialisé par des puzzles. Les casse-têtes ne font pas dans l’originalité et se résument à peu de chose près au déplacement de caisses dans un ordre précis, tout en évitant des obstacles. Le but est de se frayer un chemin vers la flamme bleue pour réveiller les voyageurs et voyageuses perdues. La difficulté monte progressivement, mais rien d'insurmontable. Les puzzles restent accessibles, mais demandent de plus en plus de réfléchir et d’adopter en amont toute une stratégie. Toute proportion gardée, ils se rapprochent des sanctuaires de Breath of the Wild . Malins, c’est un plaisir de se creuser un peu les méninges pour les résoudre. Un conseil : prenez votre temps et accordez-vous des petites sessions journalières.
The Last Campfire propose deux modes distincts qui doivent être choisis avant de lancer une partie. Sachez qu’une fois sélectionné, il est définitif. Le mode normal comporte tout le contenu du jeu tandis que celui nommé exploration se concentre sur l’univers et l’histoire : le nombre de puzzles se voit drastiquement réduit.
Même si la structure reste sensiblement la même du début jusqu’à la fin, le jeu arrive à nous surprendre et ne tombe pas dans la répétition. En effet, les interactions avec l’environnement et la faune se renouvellent au fil de la partie. Au milieu de ce périple, un nouvel accessoire s’ajoute pour pimenter un peu plus les énigmes. Son pouvoir nous invite à déplacer certains éléments du décor pour progresser dans l’aventure et venir à bout des jeux de réflexion.
Des problèmes techniques
Tout cela semble fort enthousiaste et pourtant, le titre n’échappe pas à quelques problèmes d’ordre technique qui viennent ternir un peu le tableau. En effet, il survient de temps à autre des bugs d’affichage. Cela passe par des animations hachées, des collisions entre les différentes textures et les personnages, des mécanismes ou éléments de décors bloqués voire, qui disparaissent. Les textes comportent encore des traces du code ou se retrouvent parfois coupés à cause d’une mauvaise intégration sur l’écran. Pour couronner le tout, le jeu freeze de manière répétée. Nous sommes plusieurs à la rédaction à l’avoir remarqué et certains retours de joueurs sur PlayStation 4 ou Switch le signalent également. Dire que l’expérience en est totalement entachée serait une exagération, mais ces détails ne peuvent pas non plus être passés sous silence. À quand l'arrivée d'un patch pour régler tous ces soucis ?
Points forts
- Une direction artistique réussie
- Une écriture de qualité portée par une voix tout bonnement merveilleuse
- Des puzzles classiques mais efficaces
- Des rencontres inoubliables
Points faibles
- Un petit manque de challenge
- Des bugs répétés, un patch serait le bienvenu
Avec The Last Campfire, Hello Games nous prouve qu’une bonne écriture peut s’accompagner d'un gameplay aux mécaniques maîtrisées. Certes, le titre manque peut-être d’un peu de challenge, mais, dans son ensemble, il mérite sans l'ombre d'un doute ses 15 euros. Il rejoint par ailleurs la famille de ce qu’on appelle des care games : des jeux vidéo qui font du bien. Insuffler la vie dans ces ruines et répandre l’espoir là où tout était éteint apporte une certaine satisfaction. The Last Campfire nous apprend qu’une flamme peut être ravivée et qu’il ne faut pas se laisser abattre par les difficultés rencontrées au fil de notre existence. Quel dommage que la technique ne suive pas toujours… sans ces petits accrochages, The Last Campfire frôlerait la perfection dans sa catégorie.