Le pari était risqué : en troquant une 2D minimaliste et plutôt lisible pour un univers tout en 3D bardé de couleurs, Risk of Rain avait toutes les chances de nous perdre en chemin. C’est en tout cas ce que nous pensions quand nous avons vu les premières images du jeu. Mais quelle erreur : grâce à ce changement de dimension, Risk of Rain 2 transcende son concept et atteint le sommet des meilleurs rogue-lite.
Le principe de base de Risk of Rain 2 ne change pas par rapport au précédent épisode : vous explorez une planète inconnue en vous téléportant de zones et zones, qui sont autant de niveaux à parcourir. Pour boucler un niveau, il faut trouver le téléporteur, le charger à 100% et vaincre le boss local, tout en faisant face à des vagues d’ennemis. Le twist, ici, c’est que la difficulté augmente dans le temps, au court de votre run. Les premières minutes se font en mode “facile” et les adversaires sont peu nombreux et font peu de dégâts. Mais plus le temps passe et plus la situation devient compliquée, jusqu’à finir au niveau de difficulté baptisée “HAHAHAHAHAAHAHAH...” qui voit un déluge de feu et de tirs déferler sur votre avatar. On aurait donc tendance à penser qu’il est préférable d’aller rapidement de portail en portail afin d’atteindre le boss de fin le plus vite possible, sans que le niveau de difficulté ne soit trop élevé. Erreur : rusher jusqu’à la fin implique de gagner peu de niveaux et donc de puissance et de faire l’impasse sur les très nombreuses améliorations à dénicher au sein des décors. Toute la stratégie de Risk of Rain 2 consiste donc à trouver le bon équilibre entre une montée en puissance efficace, sans trop attendre que le jeu devienne impossible. Rien qu’avec ce concept, le studio Hopoo Games tient quelque chose de fort.
Mais toute cette idée de difficulté progressive, si vous avez joué au premier Risk of Rain, vous connaissez déjà. L’énorme changement, ici, c’est le passage à la 3D, qui change drastiquement la façon d’aborder les combats et oblige le joueur à être très mobile, à miser sur le contrôle des foules, la fuite pour recharger son énergie et, surtout, sur un grand sens de l’observation. À chaque début de zone, le mieux reste d’explorer le plus rapidement possible afin de dénicher le téléporteur, puis d’ensuite prendre son temps pour gagner quelques niveaux de puissance et accumuler suffisamment d’argent pour s'acheter le plus d'améliorations possible. À la manière d’unThe Binding of Isaac ou un Dead Cells , le titre propose une vaste collection d’objets qui vont vous aider dans votre quête. Cela peut être un drone soigneur, une capacité à courir plus vite, un double saut, des bombes lâchées aléatoirement sur les ennemis… Impossible de savoir à l’avance ce qui sera disponible : comme tout bon rogue-lite qui se respecte, Risk of Rain 2 mise tout sur l’aléatoire. Un concept bien connu, mais qui a ses limites, puisqu’il suffit de tomber sur un run avec peu de loot et un premier boss trop difficile pour largement écourter sa partie.
Mission to Mars
Mais revenons à ce passage en 3D : non seulement il s’avère judicieux en matière de mécanique de jeu, mais il donne également une dimension artistique inédite au titre, en proposant des environnements vastes et envoûtants, délivrant même à quelques moments de titanesques visions de science-fiction. Cela peut être un vers des sables géant qui surgit du sol, une lune qui illumine le ciel, la forme d’un bâtiment alien qui se dessine au loin… Le monde de Risk of Rain 2 est une belle réussite, certes peu expliquée et qui laisse une grande part à l’imagination, mais délivre de nombreux souvenirs et quelques courts moments de belles contemplations entre deux combats furieux.
Car il faut avoir conscience que le rythme est très, très soutenu et que les derniers niveaux sont bien souvent de véritables champs de bataille, où les tirs arrivent de partout. Pour peu que vous jouiez à 4, l’impression d’être au coeur d’un affrontement à la Starship Troopers n’est pas qu’une illusion. Contrecoup de ce torrent d’action : la lisibilité en prend un coup et l’on finit bien souvent par tirer dans le tas en espérant toucher “quelque chose”, tout en surveillant en permanence sa barre de vie, prêt à fuir à la moindre blessure trop importante. Mais soyons honnête : ce sont aussi lors de ces moments de “joyeux foutoir” de Risk of Rain 2 procure un plaisir authentique.
Des classes qui ont la classe
Le statut de Rogue-lite de Risk of Rain 2 peut également entraîner une certaine lassitude, à force de parcourir sans cesse les mêmes types d’environnements dans l’espoir d’atteindre le dernier boss. Heureusement, le jeu propose jusqu’à 10 classes de héros à incarner, qui sont autant de façons de jouer. La classe de base, le Commando, est ainsi très équilibrée, munie d’un pistolet mitrailleur, d’une capacité à esquiver via à une roulade et d’un tir assommant bien utile pour interrompre un tir fatal qui se prépare. Mais les autres classes ne sont pas en reste et proposent chacune leurs atouts : la Chasseuse possède le don de téléportation et peut larguer une pluie de flèches sur une zone donnée. En contrepartie, elle a peu de points de vie. L’Ingénieur ne peut pas tirer directement sur un ennemi, mais lance des grenades par pack de 4, peut poser des mines au sol et de tourelles et bénéficie d’un très pratique bouclier de protection, qui crée une zone “sans danger” au sol (très pratique en multijoueur, notamment). Le capitaine, quant à lui, a la capacité de commander des tirs surpuissants depuis l’espace vers le sol, mettant à terre un pack d’ennemi en un instant… Ce ne sont là que quelques exemples et il faut reconnaître le soin d’équilibrage apporté à toutes ces classes de héros, qui ont toujours leurs forces et leurs faiblesses et s’adaptent à tous les types de jeux. Assurément une grande force du titre et une bonne façon de renouveler l’intérêt d’une partie à l’autre.
Risk of Rain 2 est donc un excellent titre, qui s’apprécie de multiples façons et qui a beaucoup à offrir. Le passage à la 3D est étonnamment réussi, aussi bien d’un point de vue artistique que ludique et la variété des classes permet de se créer un jeu “à la carte”. En solo, le titre s’avère difficile et tendu, et il faut progresser à tâtons pour espérer aller le plus loin possible. En multijoueur, pour peu que l’on soit bien coordonné, les parties deviennent carrément épiques et visuellement explosives. Une réussite incontestable et peut-être le meilleur rogue-lite en 3D sorti à ce jour.
Points forts
- 10 classes complémentaires et très réussies
- Un passage à la 3D qui sublime le concept
- Artistiquement très réussi
- Une excellente bande-son signée Chris Christodoulou
- De l’action explosive, surtout à plusieurs
- Des combats de boss souvent épiques
Points faibles
- L’action peut rapidement devenir peu lisible
- Difficilement jouable à la manette
- Un parti pris artistique qui peut déplaire
Risk of Rain 2 est une véritable réussite, à tel point qu’il fait passer le premier épisode pour un sympathique brouillon. Comme si le titre de Hopoo Games attendait de passer à la 3D pour dévoiler son plein potentiel. Ultra nerveux, visuellement très réussi, riche en contenu et doté d’un système de classe qui renouvelle l’intérêt au fil des parties, Risk of Rain 2 s’apprécie aussi bien seul qu’à plusieurs. Une valeur sûre du rogue-lite, doublé d’un jeu d’action explosif.