Avec Paper Mario : The Origami King, la série de Mario RPG développée par Intelligent System se dote d’un épisode plutôt inattendu, annoncé en mai dernier. Qu’importe, nos Nintendo Switch ne vont pas faire la fine bouche. Toutefois, notez que l’aspect RPG du titre semble de plus en plus quitter la série, et cet épisode marque un nouveau pas dans la direction du jeu d’aventure. Voyons cela de plus près.
Depuis l’excellent La Porte du Millénaire , souvent considéré comme le meilleur Paper Mario, la série d’Intelligent System s’est installé dans un certain confort. En mettant de côté Super Paper Mario qui proposait un concept différent, les titres qui ont suivi, malgré de bonnes qualités, manquaient d’innovation et s’avèrent au final n’être que de "bons" jeux. Rien de dramatique, mais connaissant le label de qualité Nintendo, on s’attend toujours à mieux. Paper Mario : The Origami King peut-il relever le défi ? C’est ce que nous allons voir.
L’histoire nous emmène une nouvelle fois dans le Royaume Champignon version papier, avec une menace inattendue qui pointe le bout de son nez. Olly, maître Origami, compte bien faire plier le monde à sa volonté, transformant les habitants en origami obligés de vivre dans la servitude. Fichtre ! Heureusement pour lui, Mario sera aidé d’Olivia (la gentille sœur d’Olly) dont le soutien est indispensable pour venir à bout des 5 serpentins qui enserrent le royaume.
Du papier mâché...
Ce point de départ des plus simples est un bon prétexte pour partir à l’aventure, tout en offrant quelques jeux de mots sur l’univers du papier, comme la série sait le faire depuis déjà bien longtemps. Vous l’avez deviné, Paper Mario reste bon enfant et The Origami King compte nous offrir quelques belles tranches de rigolade face à des situations cartoonesques. Pendant l’aventure, vous devez régulièrement sauver des Toads cachés dans le décor sous forme d’origamis divers, essayant de s’adapter à leur environnement en tant qu’insectes, papillons ou pots de fleurs par exemple. Bien qu’au début il est drôle de voir leur grande capacité d’adaptation et leurs explications, ce petit jeu de recherche n’est pas ce qui vous tient le plus en haleine. The Origami King est cependant blindé de scènes et de phases rigolotes, que nous ne vous raconterons pas pour éviter de vous gâcher la surprise, mais qui nous baignent toujours dans un univers coloré, tant au sens propre qu'au figuré. Le Parc Shogunland et notamment son théâtre sont un exemple, mais on peut aussi compter sur des personnages drôles ou des situations absurdes comme le culte que vouent les koopas à l’Esprit de la Terre, avec un temple qui sent bon l’arnaque à touriste. Cet opus est plein de saveurs et suivre l’aventure est parfois un vrai plaisir…
... au papier gâché
« Parfois un vrai plaisir » ? Oui, parfois. Car d’autres fois, ce Paper Mario oublie d’être accrocheur d’un point de vue purement ludique. En effet, entre ces quelques passages mémorables, les phases d’exploration sont souvent bien plus fades et redondantes. Il n’est pas rare de devoir enchaîner les aller-retour dans des zones qui n’ont pas grand-chose de nouveau à offrir. De longues minutes qui sont plus pénibles qu’autre chose et qui ne s’arrangent pas quand il s’agit d’aborder le système de combat. Bien que The Origami King laisse tomber la plupart des éléments RPG comme l’expérience ou les gains de niveau, il garde un système au tour par tour qui essaie d’être original, mais qui manque sa cible. Le principe est censé mélanger réflexion avec une phase où l’on essaie d’aligner les ennemis, et combat classique. Si la deuxième partie se limite à l’utilisation de quelques armes avec la profondeur d’un simple pierre-papier-ciseau, l’aspect « puzzle-game » souffre d’une redondance telle que l’on est lassé des combats après à peine deux heures de jeu. Les possibilités offertes par le système de roue sont trop peu nombreuses pour rester intéressante et même si le titre entend se complexifier au fur et à mesure, les combats restent un point faible du jeu. Contre les boss, le principe est plus évolué puisqu’il faut alors faire avec des flèches, mais ce n’est pas assez fréquent pour rattraper le coup.
Heureusement, The Origami King garde pour lui la variété de ces situations , chaque phase mettant en scène de nouveaux personnages charismatiques et attachants. Passage dans les rapides, combats épiques en mode « aventure » (bien plus funs que le système au tour par tour), le titre a suffisamment de cordes à son arc pour pousser le joueur à faire fi des phases d’exploration pour aller jusqu’à la prochaine scène fun et découvrir les surprises qui nous sont réservées. Les clins d’oeil à la série ou à d’autres phénomènes culturels sont nombreux et même si on n’est pas au niveau d’un Luigi’s Mansion 3 à ce niveau, l’aventure saura vous occuper pendant une bonne trentaine d’heures.
Points forts
- L’univers Paper Mario, coloré et accessible
- Un humour toujours aussi efficace
- Des scènes drôles et originales
- La variété des situations
- Quelques moments touchants
Points faibles
- Le système de combat sans grand intérêt
- Les aller-retour
- Certaines phases d’exploration, pas très fun
- Olivia, la « Navi » du jeu, est parfois pénible
Paper Mario : The Origami King n’est peut-être pas le meilleur jeu de la série, mais il reste une aventure d’assez bonne facture grâce à des scènes drôles, une réalisation propre et des situations diverses et variées. Il parvient à nous occuper pendant toute l’expérience, même si on regrettera un système de combat très plat et quelques moments lassants dans les phases d’exploration. S’il est plus un jeu d’aventure qu’un RPG, il n’en reste pas moins efficace pour nous voler quelques sourires, et c’est déjà ça.