Les mois passent et les DLC de Borderlands 3 continuent de sortir à un rythme quasi métronomique. Voici donc la troisième campagne additionnelle du FPS de Gearbox, qui nous emmène sur une toute nouvelle planète et nous propose de prendre la tangente dans les grands espaces. Teintée de western, Une Prime Sanglante : Le Chemin de la Rédemption ne manque d’atouts pour nous séduire.
Chaque campagne additionnelle de Borderlands 3 a le mérite de proposer une identité qui lui est propre, inspirée bien souvent d’un genre cinématographique et/ou littéraire. Si Le Casse du Beau Jackpot s’inspirait vaguement du cyberpunk, Flingues, Amour et Tentacules : Le Mariage de Wainwright & Hammerlock prenait le parti d’une ambiance horrifique façon “l’Appel de Cthulhu”. Une Prime Sanglante : Le Chemin de la Rédemption plonge quant à lui en plein western, en nous emmenant sur la planète Géhenna. Notre héros cherche ainsi à se faire un peu d’argent et entend parler d’une belle prime pour régler un petit problème local. Sur place, il va devoir faire face à une nouvelle menace : la ville du coin vient de se faire voler une énorme pierre précieuse, qui, entre de mauvaises mains, pourrait bien aboutir à un cataclysme sans précédent.
Ni une ni deux, nous voici aux trousses des “Démons”, le groupe de bandits local qui semble être derrière tout ça. En tout, une demi-douzaine de lieux sont proposés, parmi lesquels l’inévitable ville poussiéreuse, avec son saloon, son shérif à l’accent traînant et son croque-mort. À cela s’ajoutent une très grande plaine qui donne envie de galoper pendant des heures, des montagnes enneigées qui rappellent davantage Les 8 Salopards et le Grand Silence, ou encore les entrepôts désaffectés de ce qui devait être une compagnie minière. Ces derniers sont d’ailleurs particulièrement réussis, cadre de l’un des meilleurs passages du jeu. Artistiquement, Gearbox s’inspire du style Art déco, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Bioshock Une très belle séquence fait d’ailleurs une référence directe au chef d’oeuvre d’Irrational Games.
Moins drôle, mais mieux écrit
La trame principale d'Une Prime Sanglante est certes classique, mais s’avère bien rythmée et, surtout, bien racontée. La très bonne idée, ici, c’est la présence d’un narrateur qui commente les faits et gestes de notre personnage, comme si l’histoire que l’on vit fait déjà partie du passé. À la manière Call of Juarez : Gunslinger , il narre avec une gouaille imprenable les tenants et aboutissants du scénario. Comme à son habitude, Gearbox a fait un excellent travail de doublage pour l’ensemble des personnages rencontrés. En version originale, chaque rencontre est l’occasion de découvrir une façon de parler typique de cette Amérique profonde du 19e siècle. Notons d’ailleurs que, au lancement, Une Prime Sanglante n'intègre pas de voix françaises. Un manque lié à l’épidémie de Covid19, qui a empêché le studio de localiser totalement le jeu. 2K nous précise cependant que le doublage est bien prévu, sans toutefois nous donner de date. En revanche, Une Prime Sanglante est un DLC un peu moins délirant que ses prédécesseurs. C’est peut-être en effet le plus “sérieux” des trois, même si le sens du second degré et de la parodie sont toujours présents, mais davantage dans les quêtes secondaires. En contrepartie, une poignée de climax réussis parsèment le titre, appuyés par une direction artistique soignée. Notons également une excellente et surprenante bande originale, qui fait la part belle aux violons, à mi-chemin entre la mélancolie d’un western désabusé et le côté épique de l’appel des grandes plaines.
En matière de gameplay, Une Prime Sanglante propose enfin un peu de nouveautés. Durant les combats, il est ainsi possible d’utiliser des sortes de “bumpers” pour effectuer de très larges sauts, de tirer sur une plante particulière, qui va alors libérer des spores capables de rallier temporairement un ennemi à votre cause ou encore d’user et d’abuser de téléporteurs, pour passer immédiatement d’un point à l’autre de la zone d’affrontement. Très soigné, le level design alterne couloirs à explorer et larges zones bourrées de plateformes et de couvertures. En résultent alors des combats particulièrement nerveux et jouissifs.
En contrepartie, avec toutes ces “aides” au combat, Une Prime Sanglante est une campagne relativement facile à boucler (comptez 5 heures pour la quête principale) et les vétérans de Borderlands 3 auront intérêt à la traverser en mode difficile. Les quêtes secondaires sont cependant assez nombreuses et prolongeront la durée de vie d’une paire d’heures. À cela s’ajoute un système de “prime” qui vous demande de fouiller la carte à la recherche d’un ennemi précis (souvent très puissant, mais généreux en loot). Bref, entre l’ambiance “western” réussie, les nouvelles mécaniques de jeu et la narration au cordeau, Une Prime Sanglante : Le Chemin de la Rédemption s’impose aisément comme le meilleur DLC de Borderlands 3 sorti à ce jour.
Points forts
- Une campagne bien racontée
- De nouvelles zones visuellement très réussies
- Doublage anglais impeccable
- L'ambiance "pastiche de western", réussie
- Quelques nouveautés de gameplay dans les combats
Points faibles
- Assez facile en mode "normal"
- Pas de doublage français au lancement
- Durée de vie plus faible que sur les autres DLC
- Manque d'optimisation technique sur PC
Cette troisième et avant-dernière campagne additionnelle pour Borderlands est une jolie réussite et surclasse sans souci les deux DLC sortis précédemment. Bien rythmée, bien écrite et proposant quelques très bons moments, la trame principale se déguste avec plaisir. À cela s’ajoutent des combats plus réussis que jamais grâce à l’ajout de quelques nouveautés de gameplay bienvenues. Seules petites ombres au tableau, une difficulté un peu basse en mode normal et une durée de vie un peu plus faible qu’auparavant. Mais sinon, c’est du tout bon.