Après un épisode baptisé Playground honnête, la licence Urban Trial revient avec Tricky, en exclusivité sur Nintendo Switch. Alors que le premier se voulait être un concurrent direct aux Trials de Red Lynx, le second propose une vision différente de la moto en 2,5D. Urban Trial Tricky, comme son nom l’indique, tente de mettre l’accent sur les figures et les combos à rallonge. Si l’intention est louable et la proposition sympathique, le résultat final est tout autre…
Trials Hawk's Pro Skater 2
3 catégories d’épreuves sont proposées. La première vous demandera d’ajuster votre trajectoire pour parvenir à l’arrivée en un minimum de temps, les deux autres sont centrées sur les tricks. L’une vous demande d’effectuer plusieurs figures spécifiques consécutivement, tandis que l’autre laisse libre cours à votre imagination afin d’obtenir le score le plus élevé possible. Pour ce faire, vous devrez effectuer la ligne la plus longue et la plus sophistiquée possible. Chaque niveau parmi la trentaine disponible est accompagné de son lot d’objectifs secondaires permettant de booster votre score final et votre nombre d’étoiles. Ces étoiles permettent de débloquer les niveaux suivants. Si ses prédécesseurs et la série Trials placent tout l’intérêt de leur gameplay dans la gestion des gaz et de l’équilibre de notre pilote sur sa bécane, Tricky réduit très largement cet aspect au profit des fameux tricks, effectués dans les airs ou au sol. Une touche est dédiée au saut, une au retournement rapide et deux autres aux différents mouvements acrobatiques, le gameplay de cet épisode tend donc bien plus vers l’arcade. Ici, pas question d’escalade demandant un équilibre au poil de fesse, ou de gestion de la vitesse pour franchir un gouffre d’un saut particulièrement périlleux. Place aux acrobaties. Vous pouvez donc effectuer des grabs ou des poses simples à l’aide des touches Y et X. Alternez une à deux fois les touches rapidement et ce sont des figures avancées qui s'exécutent. A vous donc de varier les pirouettes au sein de combos, tout en les liant avec des wheeling ou des roues avant pour maximiser votre score.
Ce coeur de gameplay a fait ses preuves dans des titres tels que les différends Tony Hawk's Pro Skater ou de nombreux jeux typés arcade, mais dans le cas qui nous concerne, ce dernier est gâché par une finition qui laisse à désirer. Ce qui frappe d’emblée en lançant Urban Trial Tricky, c’est sa physique lunaire et permissive au possible. Cette dernière permet de prendre de la hauteur et d'enchainer les tricks, mais prive le joueur de tout sentiment de vitesse ou de vertige. De plus le faible poids de notre pilote lui permet de se redresser trop facilement. Il en résulte une expérience accessible, certes, mais qui manque cruellement de sensations. L’autre gros point noir du gameplay de Tricky vient de son manque de réactivité. Le système de tampon permettant d’enchainer les figures ou de différencier certains mouvements n’est pas fiable. Pour faire simple, il n’est pas rare d'appuyer sur X, puis sur Y et que le jeu ne retienne que la seconde pression de touche, ou pire, aucune des deux. De plus, les transitions d’animations plutôt lentes font qu’entre l’instant où la touche est pressée et l’exécution de la figure, plus d’une demi-seconde s’est écoulée. Une demi-seconde dans les airs, c’est long, très long. Tous ces griefs rendent le gameplay d’Urban Trial Tricky balourd et imprécis.
Le vilain petit motard
Malheureusement, ce n’est pas en termes de contenu que le jeu de Tate Multimedia se rattrape. Une petite trentaine de niveaux est proposée, à raison de quelques minutes chaque, on en fait donc le tour en une poignée d’heures. Dans l’absolu ce ne serait pas un véritable problème si ces terrains permettaient de varier les approches, disposaient d’une identité visuelle marquée ou d’une certaine rejouabilité. Force est de constater qu’il n’en est rien et que les parcours s’enchainent et se ressemblent. Les assets de construction de niveau se répètent fréquemment, parfois par tronçon, rendant difficile de différencier certains stages des autres. Impossible de varier les plaisirs avec d’autres véhicules, car ces derniers ne proposent que des modifications cosmétiques très limitées. On débloque régulièrement de nouveaux tricks, mais ils ne font que remplacer les précédents et ne demandent pas d’apprendre de manipulation inédite. Inutile d’en assigner de nouveaux donc, car la modification n’est que visuelle.
Les visuels justement parlons-en. Nous avons déjà abordé la redondance artistique des niveaux. Malheureusement ce n’est pas la technique qui rattrapera cet écueil. Urban Trial Tricky arbore un flou global plutôt désagréable à l’oeil qui a l’avantage de masquer l’aliasing en mode portable, mais qui est particulièrement disgracieux sur un écran de taille standard. Les décors sont désespérément vides tandis que les graffitis copiés-collés à travers les stages peinent à conférer un semblant de vie aux environnements. Les animations sont plutôt propres, mais les transitions lentes et brouillonnes entachent le gameplay et confèrent un rendu visuel saccadé aux mouvements de notre casse-cou. Reste une bande-son sympathique, dans laquelle on peut naviguer en pleine partie à l'aide des flèches directionnelle mais qui n'atténue en rien les défauts problématique du titre.
Points forts
- Une bande-son sympathique
- Un coeur de gameplay classique mais efficace...
Points faibles
- Plombé par ses animations
- Des contrôles mous qui ne répondent pas toujours au doigt et à l'oeil
- Un level design convenu et répété à coup de copié-collé
- Une physique trop permissive
- Franchement vilain, flou et aliasé
- Une trentaine de niveaux rapidement parcourus
- Une personnalisation uniquement cosmétique très limitée
Difficile de recommander Urban Trial Tricky. Sa physique permissive au possible et son système de tricks plombé par des animations aux transitions ratées peinent à offrir des sensations convaincantes. Son level design peu inspiré et répétitif ne parvient pas à tromper l'ennui. Mou et plutôt vilain, il perd de vue ce qui faisait de ses prédécesseurs des jeux corrects et n’a finalement pas grand chose à proposer, autant sur le fond que sur la forme.