Si elle nous a habitué aux doubles versions et aux troisièmes éditions avec du contenu inédit, la saga Pokémon a attendu plus de 20 ans pour s’offrir son véritable premier DLC. Celui-ci nous propose de prolonger l’aventure d'Épée et Bouclier dans un nouvel environnement, l’île d’Isolarmure, qui dispose également de Pokémon jusqu’alors impossibles à capturer à Galar.
Si l’île solitaire de l’armure est le premier DLC d’un pass d’extension, sachez qu’il n’est pas possible de l’acquérir séparément. Vous devrez donc acheter le pass entier (vendu 29,99 €) pour l’obtenir, en sachant que le deuxième DLC sortira lui avant la fin de l’année 2020, mais n’a pas de date de sortie plus précise à l’heure où nous écrivons ces lignes. Par ailleurs, soyez prudents au moment d’acquérir le pass : il en existe un pour chaque version et si vous récupérez le mauvais, celui-ci ne fonctionnera pas. N’hésitez donc pas à passer directement par le menu d'Épée ou Bouclier si vous souhaitez l’acheter, puisque celui-ci vous mènera automatiquement vers la bonne version.
Pour être plus précis, sur les 211 Pokémon du Pokédex d’Isolarmure, 103 n’étaient pas présents dans les versions Épée et Bouclier. Il s’agit évidemment de Pokémon déjà existants dans les précédentes générations, exception faite de Wushours et son évolution Shifours, qui font leur apparition sur ce DLC.
Isolarmure, un petit monde ouvert
L’arrivée à Isolarmure se fait simplement, en passant par la gare de Brasswick pour retrouver un taxi volant qui viendra nous déposer sur l’île. La première bonne surprise arrive très vite : Isolarmure est en fait une seule grande zone ouverte et reprend donc le modèle des terres sauvages du jeu original. Sans être immense, l’île offre d’ailleurs assez de place à chaque biome pour nous proposer un terrain de jeu qu’on prend plaisir à parcourir et qui semble cohérent, qu’il s’agisse de son désert enclavé, sa forêt épaisse ou ses grandes plages et ses cavernes venant relier les différentes parties. Il est même possible de faire un petit tour en mer sur votre Moticyclette afin d’aller défier un Wailord flottant ou de découvrir quelques objets cachés sur les îlots alentours. En terme d’exploration, ce DLC s’avère assez réussi, d’autant plus qu’il exploite les missions annexes pour vous pousser à fouiller chaque recoin.
Ceci étant dit, ces fameuses missions annexes montrent assez rapidement leurs limites en terme d’intérêt. Vous serez par exemple très tôt confrontés à la possibilité d’aller chercher 150 Taupiqueurs d’Alola dissimulés sur l’île, un schéma qui se répète aussi pour le reste, dans une moindre mesure. Récupérer et ramener de l’Armurium sera par exemple nécessaire pour qu’un des membres de la famille “trou” aille chercher des Watts pour vous, un PNJ isolé vous proposera aussi de trouver 8 branches Galanoa dans l’optique de récupérer une récompense, et même les autres personnages ne servent généralement qu’à ajouter une ligne à votre Pokédex moyennant 100 de vos précieuses Watts…Watts que vous pourrez aussi dépenser dans l’amélioration du dojo, ce qui consiste seulement à ajouter quelques fonctions basiques (coiffeur, infotisma, distributeur de boissons etc.). Un soupçon de farming sera même nécessaire - bien que plutôt rapide étant donné la facilité de la montée d’expérience sur cet épisode - à un stade plus avancé du scénario principal, puisqu’il vous faudra faire monter votre Wushours du niveau 10 à 70 pour espérer boucler l’histoire de ce DLC.
Un scénario court, malgré des ajouts appréciables
Le scénario, justement, s’avère plaisant par son ambiance, mais est rapidement bouclé. Comptez entre 2 et 3 heures pour en voir le bout. Vous contrôlez toujours votre avatar du jeu d’origine, qui rejoint cette fois l’île d’Isolarmure pour y suivre les enseignements de Mustar, maître d’un dojo local vous demandant d’accomplir trois épreuves avant d’aller compléter l’une des deux tours : du choix de la tour dépendra la posture et le type de l’évolution finale de Mushours, récupéré entre temps. Vous croiserez en cours de route un rival dépendant de votre version (Saturnin sur la version Bouclier, Sophora sur la version Épée) ainsi que quelques personnages déjà aperçus dans le titre d’origine. Quelques bonnes surprises vous attendent, comme une épreuve un peu plus originale demandant d’aller attraper quelques Ramoloss rapides avec votre vélo, ou le retour d’une fonctionnalité appréciée permettant au Pokémon en tête de liste de vous suivre physiquement. En dehors de cela, le DLC peine tout de même à sortir de l’habituel duo combat/quête fedex. Au point que la dernière partie s’étire inutilement en longueur et donne l’impression de ne pas apporter grand-chose une fois le scénario pris dans son ensemble.
Il trouvera cependant un écho auprès des fans par certains de ses apports, comme la possibilité d’apporter le statut Gigamax à certains Pokémon qui ne pouvaient pas en bénéficier dans votre équipe : le tout se fait en récupérant des champignons et en les apportant à Mustar pour qu’il nous livre une méga soupe. Les Pokémon de départ de la huitième génération bénéficieront d’ailleurs d’une forme Gigamax pour l’occasion. Le retour de Carapuce, Bulbizarre et leurs évolutions vient également compléter la présence de Salamèche dans Epée et Bouclier, et avec plus de 100 créatures à récupérer, il y a de quoi s’occuper. L’ajout du Nigomix 3000 - qui permet de créer un nouvel objet contre 4 autres déjà existants - devrait enfin prendre un peu de temps aux amateurs de recherche de recettes, qui trouveront au passage sûrement quelques nouveaux objets fort utiles. Pourquoi pas en exploitant les noigrumes, qui font elles aussi leur retour ? Ces ajouts s’avèrent finalement plus pratiques que véritablement ludiques, et donnent l’impression qu’ils auraient tout à fait pu être intégrées via une simple mise à jour.
Points forts
- La structure totalement ouverte
- Wushours et son évolution, plutôt réussis visuellement
- Des ajouts appréciables (Gigamax, Compagnon)...
Points faibles
- ... Qui auraient pu faire l'objet d'une simple MAJ pour la plupart
- L’histoire principale courte, mais avec une dernière partie inutilement rallongée
- Peu d’inspiration dans le contenu annexe
L’île solitaire de l’armure propose une structure ouverte rendant l’exploration agréable. Le fait de passer par un DLC plutôt que par une nouvelle version agrémentée de quelques ajouts est également une bonne idée, mais celui-ci peine tout de même à nous convaincre : son approche donne une sensation régulière de remplissage basé sur des quêtes peu inspirées, et ses meilleurs ajouts résident surtout dans quelques éléments plus pratiques que réellement ludiques et qui auraient finalement pu être intégrés par une simple mise à jour. Aussi sympathique soit-elle, Isolarmure est donc le théâtre d’un premier DLC dispensable qui ne manque certes pas de contenu, mais surtout d’inspiration.