Hotline Miami et sa suite Hotline Miami 2 : Wrong Number popularise le Twin Stick Shooter Hardcore à leur sortie respective en 2012 puis 2015. The Hong Kong Massacre, un titre inspiré principalement des films d’action de John Woo, fait parler la poudre quatre ans plus tard sans parvenir à imposer le genre sur le scène vidéoludique. Les studios Upstream Arcade et le label Raw Fury (Dandara, Sable, Mosaic…) reprennent en 2020 le flambeau avec West of Dead, un Western fantastique à la direction artistique “comics”.
Gameplay de West of Dead : Les contes de la Crypte
Pour une poignée de damnés
(1888. Etat du Wyoming. Etats-Unis) Un cowboy amnésique à tête de squelette s’extirpe de sa tombe dans la petite ville fantastique de Purgatory pour littéralement envoyer ad patres la vermine qui y grouille. Cet ersatz du Ghost Rider (personnage de l’univers Marvel) version fin du XIXe siècle compte bien retrouver la mémoire. Pour ce faire, notre héros part en quête de ses vestiges mémoriels éparpillés aux quatre coins d’une vision ludique du purgatoire où errent pécheurs et âmes tourmentées qui aspirent contre leur gré à atteindre l’Ouest… allégorie de la rédemption. Tel est le contexte de West of Dead, un Shooter à la narration expéditive et à la mise en scène timide, parfois (trop) épurée, mais suffisamment présente pour attiser la curiosité des porte-flingues.
William Mason de son vrai nom est un dur à cuire tanné par une vie de cowboy “solitaire”. Et qui de mieux que Ron Perlman pour incarner ce personnage ? L’acteur connu pour ses rôles principaux dans la saga Hellboy de Guillermo del Toro et la série télévisée Sons of Anarchy prête ici sa voix au héros. Une initiative à mettre au crédit des studios Upstream Arcade tant le timbre de voix de l’acteur colle parfaitement à l’ambiance Far West fantastique qui se dégage du titre. A noter que ce dernier est intégralement sous-titré en plusieurs langues dont le français (VOSTFR). Toutefois, l’univers sonore au-delà de la prestation de Ron Perlman s’avère finalement en retrait avec des compositions sobres qui accompagnent simplement l’action sans vraiment la magnifier à la différence des visuels.
Dès sa première apparition lors du X019 de Microsoft, la direction artistique de West of Dead tape dans de l’auditoire et la version finale ne fait que confirmer cette première impression. La direction artistique typée “comics” mise au point par les artistes d’Upstream Arcade sublime un contexte de Western fantastique qui se fait rare dans le jeu vidéo et dans les autres médias en général. Les graphismes en cel shading rappellent par leurs tonalités sombres et leurs coups de “pinceaux” incisifs les planches du comics The Walking Dead. Il se dégage de West of Dead une atmosphère pesante de fin du monde soulignant ainsi par les visuels une expérience de jeu où la mort règne en maître absolu.
Gameplay de West of Dead : Une traque souterraine
La mort aux trousses
“Quand on tire, on raconte pas sa vie” Cette tirade culte du film tout aussi culte “Le Bon, la Brute et le Truand” exprime en quelques mots le gameplay de West of Dead… de l’action, de l’action et surtout de l’action mettant ainsi de côté les envolées lyriques au profit de la gâchette. Les studios Upstream Arcade dégainent un Twin Stick Shooter nerveux où réflexes et apprentissage vont de pair pour survivre. Cependant, à la différences des autres jeux du genre et à leurs niveaux gravés dans le pixel, ce Western infernal s’inspire des Roguelite et se structure autour d’une génération procédurale des niveaux et d’une mort synonyme de retour à la case départ. Le héros réapparaît alors dans un saloon… forcément… avant de recommencer son périple en espérant aller cette fois-ci un peu plus loin. La progression se veut tout de même linéaire avec sa suite de chapitres à traverser parmi lesquels Les Cryptes, La Traque, Les Mines ou encore La Ville. Aussi plaisants soient les affrontements et attrayant soit l’univers, la répétitivité finit par pointer sporadiquement le bout de son nez sans pour autant gâcher l’expérience.
L’aventure de William Mason n’a rien d’une promenade de santé. Tel le phénix, cet anti-héros va renaître de ses cendres des dizaines de fois avant d’atteindre son but et ainsi trouver le repos éternel. La ville de Purgatory est infestée de créatures en tout genre. Le bestiaire inspiré de nombreux folklores se composent de zombies, de desperados damnés, de rats (ou chiens) mutants ainsi que plusieurs boss tels que le Wendigo ou encore le Prêcheur. Ces êtres singuliers et surtout retors, une fois mort, le restent pour l’éternité. Pour se défaire de ses nombreux ennemis, le héros peut compter sur un système instinctif d'esquive et de couverture (mis à mal à de rares occasions par une caméra perfectible) et la présence de sources de lumière… kryptonite du bestiaire de West of Dead.
En bon cowboy qui se respecte, notre “Ghost Rider” utilise un arsenal de pétoires allant du fusil de chasse au mousquet en passant par les revolvers à cinq coups et deux canons, et peut compter sur plusieurs bonus / capacités / charmes (dynamite, machette, vivacité, tomahawk…) pour se sortir des situations mal engagées. Ce bric-à-brac se paye en Fer (la monnaie du jeu) glané sur des cadavres encore chauds auprès des marchands qui attendent patiemment votre arrivée dans les niveaux. William M. monte également en puissance en dénichant des améliorations qui boostent la santé ou encore les dégâts pour finalement tout perdre au doux son du Game Over. Enfin… tout ou presque.
Certains ennemis portent littéralement sur eux leur péché qui une fois en possession du héros peuvent être troqués chez la Sorcière contre des items permanents (fioles de soins), ou bien des armes / équipements / charmes disponibles dans les niveaux à la prochaine résurrection. West of Dead pousse vraiment les joueurs à l’exploration en disséminant l’attirail du parfait cowboy à travers les salles et couloirs qui forment la ville labyrinthique de Purgatory. Rien de novateur sous le soleil noir du Wyoming, mais Upstream Arcade joue parfaitement sa partition pour inciter le damné ludique à tenter sa chance encore et encore… un Run après l’autre… sans voir les heures filer inexorablement.
Gameplay de West of Dead : La Mort arrive en ville
Points forts
- Un univers de Western Fantastique singulier
- Des gunfights nerveux et exigeants
- Un bestiaire inspiré et renouvelé
- Un héros interprété par l’acteur Ron Perlman
- Une direction artistique “comics” séduisante
- Des sous-titres et une interface en français (VOSTFR)
Points faibles
- Une caméra à de rares occasions perfectible
- Une certaine répétitivité après plusieurs heures de jeu
- Une bande originale en retrait
Les studios Upstream Arcade et le label Raw Fury dégainent et font des étincelles. West of Dead se démarque par son univers de Western Fantastique putride, sa direction artistique “comics” léchée et son approche Roguelite du Twin Stick Shooter pour un résultat détonant. Une volonté de bien faire se dégage de cette expérience exigeante au gameplay nerveux où l’apprentissage passe inévitablement par la mort et l’exploration. Toutefois, rien n’est parfait que ce soit dans ce monde ou celui d’après. Au-delà d’une répétitivité inhérente au genre, West of Dead aurait mérité une bande originale plus percutante et une caméra 100% du temps sur le fil.