Développé par des anciens de Halo et de S.O.C.O.M, Disintegration met le joueur dans la peau synthétique d’un pilote robotique qui veut en découdre avec Black Shuck, sombre antagoniste à la tête d’une force traquant ce qu’il reste de l’humanité. Le Gravicycle va vrombir pendant que les ordres pleuvent comme des roquettes. Car oui, le FPS imaginé par le petit studio de V1 Interactive met quelques grammes de tactique dans son monde de brutes métalliques. De quoi nous imprimer de bons souvenirs sur ses circuits ?
Bienvenue dans un futur fait de combats, de machines et de Gravicycles
L’univers de Disintegration prend place dans 150 ans, au sein d’un monde où les pauvres petits humains que nous sommes sont persécutés par une puissante faction baptisée “The Rayonne”. Ce groupuscule lourdement armé pense que les êtres pensants faits de chair et d’os sont des aberrations totalement dispensables au bon développement de la planète. Le joueur incarne Romer Shoal, un pilote qui a réussi à fuir les cachots de l’Iron Cloud, gigantesque vaisseau servant de base flottante aux soldats désincarnés. Soutenu par d’autres aventuriers robotiques, Shoal enfourche son Gravicycle avec pour mission d’aider la résistance dans le but d'anéantir Shuck ainsi que ses sbires.
Le Gravicycle est une sorte de vaisseau volant disposant de tout ce qu’il faut pour détruire des troupes ennemies. Ses armes, au nombre de deux, peuvent être commutées sur la pression d’un bouton du pad. Au cours de la campagne solo, il arrive régulièrement qu’un des deux slots d’équipement soit pris par un module de soin. Dans cette configuration, il est possible d’envoyer de quoi régénérer ses coéquipiers plutôt que d’envoyer des projectiles enflammés. Le Gravicycle est également muni d’un tableau de bord pensé pour commander un maximum de quatre alliés disponibles sur le terrain. En outre, l’engin a la faculté de monter jusqu’à seize mètres au-dessus du sol, est équipé d’un boost, et bouge aussi bien verticalement qu’horizontalement. Un contrôle pratique pour à la fois être proche de ses troupes lorsqu’il faut faire parler la poudre à hauteur d’homme et pour prendre de la hauteur l’instant d’après, quand il nécessaire de commander son petit monde. La vitesse de déplacement, globalement lente, permet aux joueurs s’amusant sur Xbox One et PlayStation 4 de garder une certaine précision même dans le feu de l’action. Du côté de la maniabilité, nous regrettons surtout qu’en mode “scan de l’environnement”, le jeu ne soit pas plus réactif lorsque nous appuyons sur la gâchette de tir. En effet, il faut presser deux fois la touche pour déclencher les projectiles, ce qui est plutôt embêtant dans un jeu de tir qui se veut réactif.
Ce gameplay marie le tir à la première personne avec de la tactique. Dans les faits, c’est évidemment l’action qui prend le pas sur le reste. Les adversaires sont nombreux, tirent précisément, et disposent d’unités aussi bien terrestres qu’aériennes. Ces dernières représentent d’ailleurs la véritable menace létale de la campagne de Disintegration, tant leurs déplacements sont difficilement prévisibles. Néanmoins, nous aurions tort de le ranger au rayon des FPS bêtes et méchants. La dimension stratégique, malgré sa simplicité, fonctionne assez bien. Pour survivre, il est indispensable de veiller à bien utiliser les pouvoirs de ses soldats, mais aussi d’ordonner quelques changements de position. De base, les coéquipiers suivent le Gravicycle jusqu’à rencontrer des ennemis, ce qui peut s’avérer mortel lorsque trop d’adversaires envahissent la zone. Ordonner un retrait derrière un abris fait partie des solutions à envisager in situ. De même, indiquer aux équipes quelle machine est à exploser en priorité sauve de bien des situations désespérées. Bien qu’il soit impossible de choisir précisément un allié sur les quatre larrons présents, il y a bien de la macro gestion, certes primaire, dans Disintegration. Elle est même obligatoire dans la récolte de points de vie, d’XP, et de puces d’amélioration. Heureusement, l’intelligence artificielle fait suffisamment bien son travail pour rendre les coéquipiers véritablement utiles au combat. Il est même envisageable de la laisser faire le travail en veillant à ce que les points de vie ne descendent pas trop bas.
Une campagne sans temps fort, et sans personnalisation
Histoire de décompresser entre chacun des douze niveaux qui composent l’aventure, le joueur est invité à se balader en vue à la troisième personne dans un quartier général. C’est ici qu’il peut accepter des objectifs annexes (tuer tel type d’ennemis x fois, détruire des adversaires avec tel pouvoir, etc.) et tailler le bout de gras avec ses collègues plus ou moins robotiques. Ne vous attendez pas à des discussions passionnantes, les PNJ ayant des personnalités peu développées. Entre le colosse au cœur tendre, la tireuse droite dans ses bottes et le rigolo de service, V1 Interactive livre un casting très classique. Ces séquences permettent surtout de dépenser les points d’expérience acquis et d’installer les puces ramassées afin d’améliorer les compétences de l’escouade. Si la simplicité du système d’évolution est agréable, il manque en revanche des éléments de personnalisation qui auraient pu améliorer l’expérience de jeu.
Ici, le joueur se contente de distribuer des points améliorant des caractéristiques. Il aurait été bienvenu de pouvoir laisser l’utilisateur choisir entre plusieurs pouvoirs pour chaque membre de l’équipe, ce qui aurait été parfaitement en accord avec l’aspect tactique que tente de développer le studio. Dans le même ordre d’idée, il est impossible de choisir l’équipement de son Gravicycle. En effet, c’est l’ordinateur qui choisit arbitrairement les armes de l’engin. Dès lors, on ne peut que comprendre que cette campagne n’est en fait qu’un tutoriel géant au mode multijoueur, obligeant le joueur à tester tous les types d’armement. Résultat : la difficulté des missions varie surtout à cause d’un équipement imposé peu adapté, et non grâce aux factions affrontées. Partir sur le terrain avec un le combo mitraillette/seringue de vie donne l’impression d’avoir perdu au jeu de la courte paille, quand d’autres niveaux proposent le duo lance roquettes/sphère soignante.
Malgré la variété des niveaux propulsant Shoal aux confins de villes dévastées jusqu’aux canyons de déserts arides, les objectifs comme les ennemis peinent à se renouveler. Après un énième soldat à libérer et un sempiternel brouilleur à désactiver, il se dégage une impression de répétitivité désagréable. À force d’utiliser les grosses ficelles vues et revues, V1 Interactive peine à faire entrer le joueur dans son histoire, d’autant plus que sa technique rappelle à chaque instant le “AA” qu’il est. Il est toujours risqué pour un développeur de petite taille de s’aventurer dans un genre squatté par les géants. Disintegration est moins beau, mois fignolé, moins complet que la plupart des autres FPS utilisant la même pâte artistique (coucou Destiny ), sans que la dimension tactique ne vienne contrebalancer les manquements constatés. La destruction du décor, mise en avant lors de l’annonce du jeu à la gamescom 2019, est également assez décevante. Si des morceaux volent bien sous l’impact des balles, les structures, elles, demeurent toujours intactes. Cela signifie que les maisons en ruine ou les arbres ne s’écroulent jamais dans le feu de l’action. Seules les barrières et les éléments principalement visuels partent en fumée. La dizaine d’heures de la campagne manque de moments épiques où le cœur s’emballe, tandis que la dernière partie du soft multiplie les rencontres face à l’unité adverse la plus puissante (une sorte de Scarab à la Halo ), aveu de l’impuissance du studio à renouveler sa proposition sur la longueur.
À plusieurs, c’est meilleur ?
Disintegration a dès son annonce insisté sur son efficacité en multijoueur. C’est d’ailleurs via ce mode à plusieurs que nous avons découvert le titre à la gamescom 2019. Trois types de parties sont proposés dans cette configuration : “Contrôle de zone”, où il est demandé de capturer des points sur la carte, “Collectionneur”, où des ennemis doivent être éliminés afin d’en récupérer le cerveau, et “Récupération”, où les unités doivent récolter des cœurs nucléaires et les ramener à une zone de dépôt. Quels que soient les modes sélectionnés, l’utilisateur a le choix de son équipage parmi les neuf proposés. Grand classique des jeux d’aujourd’hui, il a la possibilité d’acheter des éléments purement cosmétiques avec de la monnaie virtuelle ou contre de l’argent bien réel. Chaque groupe dispose d’un set d’armes qui lui est propre, de troupes au sol différentes, et de caractéristiques spécifiques pour le Gravicycle contrôlé par le joueur (vitesse, maniabilité, résistance). Il est donc utile de bien sélectionner son équipage en fonction de son style de jeu mais aussi du mode lancé : il peut être préférable de disposer d’un véhicule résistant lors d’une capture de zone, par exemple. Manette entre les mains (ou souris/clavier), Disintegration livre des rencontres en 5v5 amusantes, malheureusement loin d’être inoubliables. Si la maniabilité permet de réussir à peu près tout ce que l’on envisage en solo, non sans bloquer de temps à autre contre des éléments du décor, cela est différent face au comportement d’autres humains. Avec les multiples unités à gérer présentes sur le terrain, les rencontres deviennent rapidement brouillonnes. Il est à noter que la campagne n’est pas jouable en coopération, et que le multi n’est pas crossplay (pour le moment).
Gameplay : Disintegration - Nous partons en mission pour 8 minutes d'affrontement
Points forts
- Un mélange FPS motorisé/STR qui apporte un soupçon de neuf
- De la variété dans les environnements
- Une IA qui fait bien le boulot
- Durée de vie correcte
Points faibles
- Situations de jeu trop répétitives
- Une campagne sans temps fort et sans coop, aux objectifs passe-partout
- Peu de personnalisation en solo
- Une technique sans éclat
- Scénario et personnages loin d’être passionnants
- La destruction des décors qui fait le minimum syndical
Lâché dans une arène pleine à craquer de concurrents aux armures plus rutilantes, Disintegration n’est tout simplement pas à la hauteur de ses grandes ambitions. Ce FPS tactique aux multiples bonnes idées se heurte à une grande répétitivité dans ses affrontements, à une technique faiblarde, et à des missions loin d’être passionnantes. Dans sa globalité, le soft de V1 Interactive manque tout simplement d’éclat. Dommage, car les fondations du gameplay sont solides, et le mélange jeu de tir motorisé/STR est intéressant.