Un peu moins de 13 ans après Helldorado, la licence Desperados est de retour avec un troisième épisode, signé Mimimi. Grâce à l’expérience acquise sur l’excellent Shadow Tactics : Blades of the Shogun paru en 2016, le studio a pu obtenir les droits de la licence et se mettre à développer Desperados III. Après une preview extrêmement encourageante, nous avons pu mettre les mains sur la version finale du titre, et le parcourir pendant de nombreuses heures. Desperados 3 s’annonçait comme un excellent jeu d’infiltration tactique en temps réel, mais a-t-il tenu toutes ses promesses ?
Ce test a été réalisé en très grande majorité sur un PC Windows 10 64x équipé d’un I7 4790K, d’une GTX 1060 et de 8 Go RAM. La version PS4 a également été testée, notamment au niveau du rendu et de la prise en main.
La vengeance dans la peau
Desperados III se déroule avant le tout premier Desperados. Par conséquent, nous commençons l’aventure avec un John Cooper enfant, accompagnant son père lors d’une chasse à la prime. Nous le retrouvons quelques années plus tard, alors qu’il traque un certain Frank, en compagnie de son ami Hector. De son côté, Doc McCoy remplit divers contrats, Kate O’hara use de sa maîtrise du déguisement pour infiltrer la compagnie DeVitt, à laquelle compte également s’en prendre Isabelle Moreau, la petite nouvelle du casting. Tous finissent par se rencontrer et se trouver des objectifs communs, les poussant à agir ensemble sur nombre de missions. Le but : retrouver le fameux Frank, qui collabore étroitement avec la compagnie DeVitt. Cela mène les personnages du Colorado au Nouveau-Mexique, en passant par les rives du Mississippi et les sombres bayous de La Nouvelle-Orléans.
Avec ce nouveau titre, Mimimi passe un véritable cap en termes de narration, et les personnages, qui ont tous bénéficié de la motion capture, sont tous très bien caractérisés. Les séquences cinématiques, ainsi que les dialogues entre les personnages durant les missions, sont efficaces. L’utilité première de cette narration est de créer un lien entre les missions, mais également de justifier la présence ou l’absence de certains membres de l’équipe au fil du jeu, ainsi que l’apparition des différentes zones dans lesquelles on évolue. Cependant, Mimimi parvient à dépasser cet aspect pratique pour nous servir une histoire que l’on suit avec plaisir, et des personnages auxquels on s’attache. La narration est même suffisamment poussée pour que l’on soit surpris par certains rebondissements, qu’on vous laisse évidemment découvrir par vous-même.
L’impasse mexicaine
Tout comme Shadow Tactics et Commando, Desperados 3 est un jeu d’infiltration tactique en temps réel, demandant aux joueurs de se servir des compétences des personnages et de l’environnement pour progresser, et atteindre divers objectifs fixés. Ceux-ci sont variés, allant de la libération de personnages à la destruction de pont, en passant par l’élimination de cibles précises, le détournement de trains, l’explosion de portes, la création d’incendies, ou encore la récupération d’informations. Tous ces objectifs se déroulent dans différentes zones, dont la conception est également très réussie, de même que leurs ambiances respectives.
Durant les 16 missions du titre, les joueurs évolueront au sein d’un désert, de villes, de domaines privés, des mines et de marécages, disposant tous de caractéristiques propres et, bien évidemment, de très nombreux ennemis. Pour citer deux exemples parlants, les villes offrent de nombreuses cachettes, dont l'intérieur de certains bâtiments, ainsi qu'une certaine verticalité, mais sont remplies de civils qu’il faudra préserver d’un sort funeste, tandis que les marais proposent de nombreux chemins, mais leur présence rend les déplacements peu furtifs, l’eau créant une onde sonore et la boue laissant apparaître le trajet réalisé par les personnages. Une variété qui relance toujours l’intérêt du jeu, même lorsqu’on maîtrise totalement les compétences des personnages et les synergies existant entre elles. On peut ajouter à cela les nombreuses interactions possibles avec les décors, qui permettent d'éliminer un ou plusieurs ennemis de façon contextuelle.
Ces ennemis se divisent en plusieurs catégories : les gardes armés, les gardes en poncho, les longs manteaux, sans oublier les civils, prompts à indiquer la position du joueur s'il agit étrangement. Si les simples gardes peuvent aisément être distraits par une pièce de monnaie, laisser passer un personnage déguisé ou se laisser séduire, ce n'est pas le cas des longs manteaux. Ces adversaires, que l'on peut classer comme des "élites", détectent les déguisements, s'avèrent plus résistants, et détectent plus rapidement nos personnages. Entre les deux se situent les gardes en poncho, qui ont la résistance d'un garde normal, mais qui ne se laisseront pas distraire. Au sein même de ces classes d'ennemis, on trouvera des pistoleros classiques, mais également des snipers, souvent juchés sur les toits ou des plateformes. Au joueur de trouver la bonne méthode d'approche pour éviter la détection, et tirer parti des faiblesses détectées.
Des personnages variés et compémentaires
Parlons justement des compétences dont disposent nos cinq personnages. John Cooper, que l’on peut considérer comme le personnage principal, est capable de lancer un couteau et d’utiliser deux pistolets à la fois. De son côté, Hector Mendoza dispose d’une hache très efficace contre les ennemis les plus résistants, d’un fusil à double canon tuant tout ce qui se trouve dans son champ d’action, et d’un piège à ours aussi discret que meurtrier. Kate O’Hara, quant à elle, peut se déguiser afin de librement se déplacer, mais également séduire certains gardes afin de les isoler et de s’en débarrasser. Doc McCoy est le sniper du groupe, mais peut aussi étourdir un groupe d’ennemis à l’aide d’une fiole, ou injecter un poison mortel à ses ennemis.
Cependant, la vraie nouveauté réside dans Isabelle Moreau, dont les capacités renvoient au vaudou. Celle-ci peut en effet se servir de fléchettes spéciales, liant les destins de deux ennemis. Par conséquent, éliminer un des deux adversaires liés permettra d’éliminer le second sans avoir à s’en approcher. Elle peut également prendre possession d’un adversaire pour le forcer à agir contre son gré, et envoyer un chat distraire les gardes. Au-delà de leurs compétences, chaque personnage dispose de caractéristiques spécifiques. Certains devront traîner les corps, d'autres pourront les porter. Certains pourront nager et grimper aux feuillages, aux échelles ou aux cordes, d'autres devront trouver un chemin plus classique.
On l’avait déjà senti lors de la preview, mais l’équilibrage entre tous ces personnages et toutes ces capacités est impeccable, et on s’amuse énormément à essayer toutes les combinaisons possibles. Cela ressort tout particulièrement lorsqu’on déclenche la pause tactique, ou Showdown mode, l’une des principales fonctionnalités du jeu. Par la simple pression d’une touche, le jeu s’arrête, et le joueur peut programmer un certain nombre d’actions pour ses différents personnages. Ensuite, le joueur peu soit déclencher toutes les actions, soit relancer le jeu pour que la configuration idéale se mette en place, et ensuite demander aux personnages de tout exécuter. Il ressort de toutes ces possibilités un véritable sentiment de satisfaction, d’autant que le titre est loin d’être évident, et ce dès le mode normal. Difficile ainsi de bouder son plaisir lorsqu’après une demi-heure de préparation et d’essais en tout genre, on déclenche des actions simultanées et que l'on constate que tout se déroule parfaitement. Sur ce point, Desperados 3 vise encore juste, d'autant que l'interface est toujours aussi intuitive sur PC, permettant de très rapidement prendre des décisions.
Le Grand Défi
Desperados III se boucle en une trentaine d’heures pour une première run, en sachant que les joueurs qui bloquent peuvent paramétrer la difficulté grâce à diverses options. Mais Mimimi a aussi pensé aux plus acharnés. Chaque mission dispose de nombreux défis à réaliser, qui vont du traditionnel objectif de temps aux actions contextuelles à réaliser en cours de partie, en passant par des contraintes spécifiques, qui restent optionnelles. Tous ces objectifs permettent bien évidemment d’augmenter le défi, mais dévoilent la très grande rejouabilité au titre. Il s'agit d'un point sur lequel Mimimi a insisté, puisqu'après chaque mission, un replay permet au joueur de revoir l'intégralité de son cheminement, ses différentes actions, et son temps de jeu. Un outil idéal pour analyser sa mission et, peut-être, de l'envisager autrement au moment de la refaire.
Pour un défi encore plus relevé, Desperados 3 propose un mode défi, une fois le huitième niveau bouclé, dont le contenu se débloque progressivement. Ces missions, données par un mystérieux Baron, donnent de nouveaux objectifs à réaliser dans différents environnements avec plusieurs contraintes. Pour citer quelques exemples, il faut tantôt éliminer plusieurs ennemis sans aucune compétence létale, tantôt transformer un wagon minier en gatling, ou encore éliminer absolument tout le monde en n’utilisant que des armes à feu et l’environnement. Pour le moment, ces missions particulières sont au nombre de cinq, mais Mimimi nous a indiqué que d’autres suivront en tant que mises à jour gratuites. Un autre défi existait concernant Desperados III du côté des développeurs de Mimimi : capitaliser sur la formule de Shadow Tactics, et emmener le concept encore plus loin pour que Desperados III soit un jeu moderne. Sans aucun doute possible, ce défi est accompli haut la main, même si on sent, parfois, une exécution un peu scolaire des principes énoncés dans le précédent titre. Un tout petit défaut, qui n’enlève absolument rien à l’excellence du jeu en termes de gameplay. Côté rendu, Desperados III mise avant tout sur une direction artistique efficace, des animations crédibles, et une ambiance qui plairait aux amateurs du Far West et de la Louisiane.
Pour ce qui est de la technique, le titre tourne parfaitement, aussi bien sur PS4 que sur une configuration PC modeste. Seuls de très rares bugs sont apparus, et ils concernaient tous le pathfinding des ennemis. Nous avons par exemple pu observer un groupe de garde rester sur place au lieu d’effectuer une ronde. Mais pour être honnête, ce souci n’est apparu que deux fois en 35 heures de jeu, ce qui est tout à fait honorable. Le seul autre petit point noir concerne la prise en main à la manette. Mimimi a fait de nombreux efforts pour qu’elle soit efficace, mais la multitude des actions possibles et la nécessité d’être parfois assez réactif rend le tout assez difficile avec un pad en main. On s’y fait, mais les contrôles au clavier et à la souris sont beaucoup plus efficaces.
Points forts
- Le gameplay, subtil et profond
- La pause tactique, jouissive
- Une narration plus poussée qu’à l’accoutumée
- La variété des environnements et des objectifs
- Une difficulté relevée, mais maîtrisée
- Une IA implacable
- Une vraie patte artistique
- Une très grande rejouabilité
Points faibles
- Des temps de chargement longuets
- Une prise en main au pad peu adaptée au genre
- De petits sous-titres, impossibles à régler
- Une exécution globale un peu scolaire
Au moment de conclure ce test, difficile de ne pas avoir l’impression d’être devant la nouvelle référence du genre lorsqu’on joue à Desperados III, quand bien même ce dernier ne réinvente pas la roue. De son efficace narration à la profondeur de son gameplay en passant par sa rejouabilité et ses défis, Desperados III réalise quasiment le sans-faute, et, si vous êtes adeptes du genre, on ne peut que vous conseiller de foncer. Desperados III est un jeu exigeant, qui sait cependant rester accueillant pour les nouveaux venus, grâce à des réglages bienvenus. Mais le titre est surtout d’une grande générosité, qui occupera les joueurs et leur sens de la réflexion pendant de nombreuses heures. Si Mimimi perfectionne sa formule dans tous les domaines, certains regretteront que le studio ne soit pas plus sorti que cela de sa zone de confort.