Cinq ans après le troisième épisode la saga, voici qu'arrive enfin le 4ème opus de One Piece : Pirate Warriors. Toujours confié à l'équipe d'Omega Force spécialisée dans le musô depuis de nombreuses années, ce nouveau segment mise une fois de plus sur son énorme roster puisqu'on y compte cette fois 43 personnages. Mais au-delà de ce nombre ne cessant d'évoluer d'épisode en épisode, on serait tenté de dire que le gameplay, lui, a tendance à stagner.
Le musô, parfois appelé beat'em all de masse, est un genre très particulier (bien que similaire sur certains points au Hack 'n' slash) nous venant du Japon et dont le premier véritable représentant est Dynasty Warriors 2 sorti en 2000 sur Playstation. Généralement, il s'agit de diriger un ou plusieurs personnages dans des niveaux fermés remplis de milliers d’ennemis apparaissant constamment. Le but de la plupart des missions consiste à récupérer des territoires ennemis tout en remplissant en parallèle certains objectifs.
Commençons par le commencement. One Piece : Pirate Warriors 4 est la suite de One Piece : Pirate Warriors 3 (si si) et de ce fait, se devait d'être complémentaire tant du point de vue des arcs traités que des personnages à incarner. Toutefois, bien que le traitement soit différent, notez qu'on retrouve dans cet épisode certains arcs déjà traités dans le précédent volet à l'image d'Alabasta, d'Enies Lobby, Marineford ou bien encore Dressrosa. Il est ainsi frustrant de constater que le mode Histoire n'ait pas intégré plus d'arcs et se contente de cinq d'entre eux plus un petit dernier proposant une histoire exclusive se déroulant à Wano. Bref, ceux qui auraient souhaité retrouver Skypiea ou l'excellent passage de Thriller Bark risquent d'être un peu déçus. Pour le reste, la structure reste plus ou moins similaire à celle de son prédécesseur et réclamera environ 30 heures pour espérer débloquer l'ensemble des combattants tout en bouclant les deux modes de jeux principaux.
Une formule qui prend Law
Vu le temps séparant Pirate Warriors 3 de Pirate Warriors 4, on aurait pu espérer un peu plus d'originalité dans la façon de concevoir l'ensemble. Il n'en est rien et on imagine qu'Omega Force s'est davantage employé à augmenter la taille du casting que les éléments composant son titre. Ainsi, il est regrettable que l'intégralité des modes soit basée sur le même type d'objectifs, ceci accentuant indéniablement le sentiment de redondance déjà extrêmement présent dans ce genre de jeu. Quoi qu'il en soit, vous aurez accès à trois modes de jeu : Histoire (proposant de revivre six arcs du manga incluant la partie inédite de Wano propre au jeu), Libre (permettant de rejouer les missions du mode Histoire avec d'autres personnages) et Trésor (composé de divers objectifs à atteindre en incarnant ici aussi les personnages débloqués).
Votre but restera bien entendu de déverrouiller l'intégralité des combattants (ainsi que l'impressionnante Galerie recélant quantité d'informations, la BO, etc) et pour ce faire, il vaudra mieux privilégier dans un premier temps le mode Histoire ne serait-ce que pour récupérer des personnages très puissants avec une excellente allonge à l'image de Barbe Blanche pour ne citer que ce dernier. Ensuite, libre à vous de passer aux deux autres modes pour booster vos personnages préférés, élément obligatoire si vous désirez venir à bout des dernières missions du mode Trésor dans le Chapitre Nouveau Monde. L'une des méthodes les plus intéressantes sera toutefois d'opter pour les missions à 4 joueurs dans le Chapitre Grand Line du Mode Trésor, moins difficiles, moins longues à boucler que dans Le Nouveau Monde et pouvant parfois vous rapporter pas loin de trois millions de Berrys, en cumulant la prise de territoires, l’obtention du Grade S (relativement simple à avoir) ou les bonus d'alliés.
Gameplay : En route pour la dernière mission du Mode Trésor !
Pas de secret donc : il faudra jouer encore et encore afin d'engranger un maximum d'argent et une multitude de médailles indispensables pour débloquer des compétences passives, de nouvelles attaques ou améliorer vos statistiques, via un arbre commun et deux arbres propres à chaque perso. Sur ce point, on regrettera que dans le dernier arbre, il ne soit souvent pas possible de débloquer l'ensemble des skills sans avoir joué au préalable avec d'autres personnages pour obtenir des médailles spécifiques, qui plus est liées au niveau d'équipage des combattants augmentant à mesure qu'on les incarne. Retenez également que votre score variera grandement en fonction du temps passé sur une mission, le nombre de morts, si vous avez terminé des missions secondaires, etc. Vous l'aurez compris : vous aurez de quoi faire d'autant que, comme précisé quelques lignes plus haut, vous pourrez dès le départ jouer en Coop Online quel que soit le mode. Notons que le tout est plutôt bien pensé puisque vous pourrez créer votre propre session en définissant certains paramètres (terminer un épisode en particulier, atteindre le Rang S...). Dommage cependant que les missions du mode Trésor se déroulent dans les environnements déjà visités et se basent sur des défis lambda parfois modifiés en nous faisant affronter par exemple nos alliés du mode Histoire.
Dans un cas comme dans l'autre, les objectifs vous forceront comme d'habitude à faire d'incessants allers/retours entre les zones de la map pour les défendre, affronter suffisamment d'ennemis pour faire venir des commandants puis les éliminer pour enfin prendre les territoires. On aurait apprécié une once d'originalité dans les challenges, par exemple basés sur la destructibilité partielle des environnements qui n'est ici pas exploitée hormis lors d'une mission à Wano.
Un casting de rêve
Mais qu'on ne s'y trompe pas, les musô se justifient principalement à travers les époques visitées, ou, dans le cas d'adaptations d'animes, les arcs traversés et bien entendu les personnages que vous allez incarner. One Piece : Pirate Warriors 4 ne déroge pas à cette règle et dispose dès le départ d'un roster impressionnant qui s'étoffera sur la longueur à travers de multiples DLCs. En l'état, néanmoins, il y a de quoi faire sachant que 43 combattants sont disponibles (contre 37 pour One Piece : Pirate Warriors 3), que chacun dispose de leurs coups spéciaux (sans parler d'une liste de mouvements de base assez étendue dépassant la dizaine de coups) et qu'il y a ici aussi une certaine complémentarité, certains étant spécialisés dans la force pure (Kaido, Ivankov, X-Drake) ou bien encore la rapidité (Marco, Cavendish, Mihawk). Rajoutons que pléthore de costumes seront également à débloquer, ceci se faisant au fil du mode Histoire.
Sur ce point, le titre ne déçoit pas d'autant qu'on retrouve les mimiques caractéristiques de chaque combattant et que les plus grosses attaques spéciales bénéficient d'une mise en scène parfois stylée. Malheureusement, même si c'était relativement inévitable, on note pas mal de déséquilibres entre les personnages. Par exemple, à moins d'être fan absolu de Usopp, on le laissera rapidement tomber dès que la difficulté monte en flèche tant ses attaques sont moins efficaces. Idem pour Bartolomeo au gameplay plus atypique mais finalement peu pratique pour terminer sereinement les niveaux. Néanmoins, tout le monde trouvera forcément un combattant qui lui correspond et n'aura alors de cesse de débloquer l'ensemble de ses skills.
Entre problèmes techniques et autres soucis de lisibilité
En marge de son casting, il est toutefois malheureux de constater que les développeurs n'ont visiblement pas pris beaucoup de temps pour résoudre les problèmes déjà évoqués en 2015 dans One Piece : Pirate Warriors 3. Techniquement, déjà, le jeu accuse un gros retard synonyme d’énormément de clipping et de décors parfois jolis mais relativement vides. Mentionnons tout de même que malgré les centaines d'ennemis à l'écran, nous n'avons pas constaté de ralentissements, du moins sur PS4 Pro et ONE X, le tout profitant d'un 60fps constant.
Au rayon des reproches, il est regrettable de voir que l'action est toujours aussi peu lisible. Les combats sont incroyablement brouillons et entre les problèmes de caméra, les nuées d'ennemis et les effets spéciaux, il arrive très souvent qu'on ne sache même plus où se trouve notre personnage. Pour couronner le tout, on aura le droit à des messages réguliers (nous renseignant sur l'arrivée de troupes ennemies, le déplacement de nos alliés) surchargeant l'écran en rendant le tout encore plus confus.
Dans le même ordre d'idées, le lock s'avère particulièrement mal pensé. Essentiellement utilisé pour s'occuper des ennemis les plus retors, vous devrez appuyer sur la touche R3 (sur PS4) pour cibler votre adversaire. Le stick droit servira alors à passer d'un ennemi à l'autre s'il y en a du même niveau dans les parages. Le hic est qu'on sera alors totalement tributaire des déplacements de l’ennemi puisqu'il ne sera plus possible de bouger la caméra, cela se faisant en temps normal avec le stick susmentionné. Problématique sachant que la caméra a parfois du mal à suivre l'ennemi et qu'il n'est alors plus possible de bien discerner la surface de combat environnante et donc parfois d'éviter certains attaques de zone.
Ce qui ennuie finalement le plus dans One Piece : Pirate Warriors 4 n'est pas tant sa grande répétitivité inhérente au genre que la somme d'approximations constatée. Évoquons par exemple le fait que la mini map soit elle aussi très peu lisible et qu'on soit constamment obligé de zoomer et dézoomer pour savoir exactement où aller. De plus, le gameplay s'offre finalement peu de nouveautés si ce n'est les sauts et un dash désormais commun à tous les combattants pour se déplacer plus rapidement. Enfin, c'était l'idée initiale sauf qu'on se rend compte qu'en fonction des combattants, ce fameux dash est moins efficace que la course rapide. On retiendra enfin un level design assez pauvre ou, sur le plan purement visuel, un character design ne rendant pas toujours justice au travail de l'auteur Eichiro Oda, notamment durant les cinématiques. Nous étions clairement en droit d'attendre mieux d'un jeu en développement depuis autant d'années même si votre tolérance variera en fonction de ce qui importe le plus pour vous : le fan service ou le gameplay.
Points forts
- Un nombre impressionnant de combattants
- La palette de coups par personnage est très complète
- Une personnalisation assez poussée bien qu'un peu restrictive
- Le multijoueur jusqu'à 4 désormais
- L'ensemble des doubleurs de l'anime
- Une bonne durée de vie
- La Galerie très complète
Points faibles
- Très peu de véritables évolutions par rapport à One Piece : Pirate Warriors 3
- Des combats toujours aussi brouillons
- Un système de lock maladroit
- Extrêmement redondant même pour le genre
- Techniquement en retard
- Une mise en scène assez quelconque
- Un chara design décevant (particulièrement visible durant les cinématiques)
- Certains loadings (dans les menus ou entre les cinématiques notamment)
Prompte à parfaire son casting pour mettre en avant pléthore de personnages afin de faire les yeux doux aux fans, One Piece : Pirate Warriors 4 semble s'être perdu dans une lointaine dimension lui donnant des airs de One Piece : Pirate Warriors 3. Omega Force n'a en effet réglé quasiment aucun des soucis du précédent opus en privilégiant la quantité à la qualité. D'un côté, ceci nous permettra de nous amuser malgré tout d'autant que le roster ne semble avoir oublié aucun des personnages iconiques disposant qui plus est d'une excellente palette de coups tout en étant synonyme d'une bonne complémentarité. Malheureusement, de l'autre côté, on pourra reprocher un niveau technique loin d'être au niveau, des combats incroyablement brouillons, un système de lock mal pensé et une pluie de petits défauts encore plus difficiles à digérer qu'il y a cinq ans.