Généralement habituée aux écrans de nos smartphones, la série The Room a déjà eu le droit à des portages sur PC ou Nintendo Switch. Mais avec A Dark Matter, le titre de Fireproof Games prend une nouvelle dimension grâce à la réalité virtuelle. Les environnements restreints et objets complexes de la formule de base sont ainsi dispersés dans des niveaux plus vastes. Est-ce que la VR va comme un gant à The Room ?
The Room VR - Trailer d'annonce
Ce test a été réalisé sur la version PSVR du jeu avec une PS4 Pro.
Londres, 1908. Une lettre vous informe de la disparition d'un égyptologue de renom. Et il semblerait que vous ayez déjà mis un doigt dans l'engrenage. Dans le coffre-fort de votre bureau se cache un artefact particulièrement puissant. Il faudra ainsi en rassembler quatre pour arrêter un mystérieux personnage. Qu’on se le dise, le scénario de The Room VR : A Dark Matter est plutôt décousu et assez anecdotique. Les lettres dispersées çà et là dans les niveaux ponctuent agréablement l’aventure et participent tout de même à l’ambiance. Vous apprendrez par exemple l’existence de voix inquiétantes alors que vous fouillez tranquillement les tiroirs d’une maison. Mais ça ne va pas plus loin. Rien de bien grave : dans The Room, il faut toujours se torturer l’esprit pour percer les secrets de plusieurs objets. Et pour le coup, dans A Dark Matter, vous allez être servi.
L’escape game kamoulox
Mais servi peut-être jusqu'à l'indigestion. A Dark Matter se décompose en trois niveaux principaux que l’on peut considérer comme trois gros escape game. L’objectif final sera toujours de récupérer l’un des artefacts évoqué plus tôt. Pour se faire, il va falloir ouvrir des tiroirs, résoudre des puzzles, orienter des faisceaux de lumière, etc. Le lot habituel des aventuriers en tout genre. Et le titre se montre ainsi assez généreux sur ce point : les niveaux regorgent de secrets et il faudra bien une heure voire une heure et demi pour terminer chaque level (comptez donc environ cinq heures pour terminer le jeu en comptant l’intro et la scène finale). The Room fait ainsi le choix d’étaler ses énigmes sur de grandes pièces plutôt que sur des objets uniques, comme par le passé. Pour le meilleur et pour le pire.
Car en gagnant ainsi en échelle, le titre s’éparpille plutôt méchamment. Attention toutefois : dans A Dark Matter, le plaisir d’entendre un mécanisme se déverrouiller après un puzzle est toujours aussi présent. Néanmoins, qui pourrait croire en un lieu si complexe qu’un interrupteur ouvre un tiroir à l’autre bout du bâtiment pour dévoiler un engrenage d’horloge appartenant à l’aile sud du même building ? Ici, nous caricaturons intentionnellement, mais il y a bien quelque chose de ce goût-là dans The Room VR : en étalant ainsi ses énigmes, le titre s’avère assez confus. Il nous est par exemple arrivé de sécher sur une devinette et d’explorer le reste du bâtiment avant d’avoir l’illumination. Mais d’entamer en parallèle d’autres mystères et de perdre le sens des priorités, surtout quand un item doit être obtenu en premier pour déverrouiller la suite. Des problèmes qui sautent aux yeux après quelques heures de jeu.
Si certains puzzles vous donnent du fil à retordre, sachez que The Room VR : A Dark Matter intègre un système d’indices assez généreux. Pour chaque énigme, il est possible d’avoir jusqu’à trois aides qui deviennent progressivement plus limpides jusqu’à révéler la solution. Il faut toutefois attendre entre chaque coup de pouce avant de lire le suivant. Un système simple et pas trop intrusif, qui incitera le joueur à essayer de lui-même entre chaque timer.
Gameplay - Un peu d'énigmes et de sarcophage mystérieux
Des qualités malgré tout
Nous avons surtout parlé des défauts de A Dark Matter pour le moment, mais le titre a aussi ses qualités. Ainsi, même si le lien entre les énigmes s’avère décousu, on ne peut pas reprocher à The Room VR la diversité de ses puzzles : il faudra par exemple établir le lien entre le récit des Templiers et le mécanisme d’une horloge ; aligner plusieurs objets pour créer le bon motif sur le mur ; tourner tout un tas de leviers pour ouvrir le chemin ; etc. Fireproof Games n’a pas non plus oublié les atouts de la réalité virtuelle. Préparez-vous donc à agripper tout un tas d’objets, à faire parfois preuve de précision pour aligner les bonnes notes d’un piano ou pour activer le bon bouton. De ce côté-là, pas grand chose à reprocher.
Surtout que The Room VR propose de vraies bonnes idées pour pimenter ses puzzles. A un moment de l’aventure, vous récupérerez notamment un pouvoir vous permettant d’entrer à l’intérieur des mécanismes. On se retrouve ainsi comme un petit insecte au beau milieu d’un orgue ou encore d’une chambre funéraire. Surtout que dans certains cas, il va falloir varier les actions entre le monde réel et celui des minimoys pour par exemple insérer une armoire dans une maison de poupées pour ensuite l’ouvrir en mode miniature. On mettra ainsi de côté l’argument “tais-toi c’est magique” utilisé par Fireproof Games pour apprécier la diversité du jeu.
Côté déplacements, A Dark Matter utilise le même système que de nombreux jeux VR : la fameuse téléportation. Toutefois, vous ne pourrez pas bouger librement dans les lieux de l’aventure. Seuls certains points précis sont accessibles, à proximité desquels on retrouve les différentes énigmes du titre. Une bonne idée pour éviter de se disperser dans tout le bâtiment à la recherche d'indices. The Room VR intègre également un inventaire qui répertorie tous les objets importants. Il faudra ainsi y accéder pour par exemple placer le bon médaillon dans le bon emplacement.
De Londres à l’Egypte
Et en parlant de diversité, il faut dire que dans A Dark Matter, vous allez voir du pays. Vos débuts se feront à Londres pour terminer en Egypte, en passant par un musée sinistre ou encore une mystérieuse abbaye. Le titre peut aussi s’appuyer sur une résolution honnête qui, sans décrocher la rétine, parvient sans mal à mettre en branle son univers. On pourra enfin lister quelques derniers petits problèmes pour The Room VR : le fait que Fireproof Games arrive en un seul jeu à cocher les trois cases de “l’aventure mystérieuse vue et revue” (avec à la fois l’Egypte, les Templiers, et l’antre de la Sorcière) et qu’on a parfois du mal à distinguer les éléments avec lesquels on peut interagir. Mais rien de bien alarmant.
Points forts
- La diversité des puzzles
- Toujours un plaisir d’ouvrir un passage mystérieux
- Le pouvoir du minimoy pour entrer dans les mécanismes
Points faibles
- On peut facilement perdre le cap entre deux puzzles
- Parfois du mal à comprendre avec quoi on peut interagir
- Univers qui manque d’originalité
Avec A Dark Matter, la série The Room gagne mais perd aussi au change : les atouts de la réalité virtuelle sont là, avec le plaisir d'agripper la poignée d’un tiroir secret que l’on vient tout juste de dévoiler. Mais à la différence des opus précédents, Fireproof Games a fait le choix d’éparpiller ses puzzles plutôt que de se concentrer sur des objets complexes. Il en résulte une aventure assez confuse, où le joueur se perd facilement entre deux énigmes. Le tout n’est pas aidé par un scénario et un univers manquant d’intérêt. Toutefois, quelques bonnes idées de game design, comme la possibilité d’entrer à l’intérieur de certains mécanismes, font mouche. Et la diversité des énigmes est à saluer. A Dark Matter est ainsi un titre plaisant malgré ses défauts. Mais loin d’être un immanquable en VR.