Tout commence par une série de questions personnelles. Ce test de personnalité déguisé n’a d’autre but que de vous associer avec le Pokémon qui vous ressemble le plus. A vous ensuite de sélectionner votre compagnon de route, parmi une dizaine de petits monstres allant de la première à la troisième génération de Pokémon. Passée cette introduction amusante, vous découvrez qu’avant de vous réveiller dans la peau d’un Bulbizarre ou d’un Kaiminus, vous apparteniez à la race humaine ! Par malheur — ou heureuse pirouette scénaristique, vous ne vous souvenez de rien d’autre. En faisant équipe avec votre nouvel ami Pokémon, vous ne tardez pas à faire le lien entre ce mystère et une ancienne légende. De ce côté-ci, rien n'a changé par rapport à l'original.

Une remise au goût du jour

Un soin tout particulier a été appliqué à la direction artistique de ce remake. En passant de la 2D à la 3D, le studio a choisi un style très coloré et crayonné, empruntant la technique du cell shading. Visuellement, nous ne sommes pas loin des livres illustrés pour enfant. Le résultat fait son petit effet sur l’écran de la Switch mais, comme bien souvent, l’enchantement disparaît dès que le jeu est projeté sur un grand écran de télévision. Nous sentons que nous sommes davantage sur un Pokémon pensé pour un usage mobile. Les musiques ont elles aussi bénéficié d’un nouveau traitement. Les morceaux, plus agréables à l’oreille, peuvent même pour certains se montrer épiques. Néanmoins, d’autres, plus répétitives, agacent. Cela arrive quand le temps de parcours d'un donjon se traîne en longueur.

L'autre point qui aurait mérité lui aussi un petit dépoussiérage, c’est la qualité d’écriture. Les personnages se trouvent être de véritables moulins à paroles et malheureusement, quantité ne rime ici pas avec qualité : les échanges se transforment avec le temps en fardeau. Le scénario n’a jamais eu la moindre prétention mais certaines scènes arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe. Le titre s’adresse peut-être aux plus jeunes mais tout de même, ça frise parfois le ridicule... Un dernier mot sur l'aspect général de ce remake : nous observons de temps à autres une petite chute de framerate, ce qui saccade un peu l'image notamment pendant l'exploration des donjons et les combats. C'est fâcheux.

Des donjons bêtes et méchants

Le principe de jeu ne change pas : il s’agit d’un dungeon-RPG avec des combats au tour par tour, un choix de quatre capacités, des déplacements sur cases et la possibilité d'utiliser des objets. Le duo initial fonde une équipe de secours pour venir en aide à d’autres créatures. Chaque mission, qu'elle soit directement en lien avec l’aventure principale ou secondaire, demande aux héros de se rendre dans un donjon, bien souvent pour délivrer un autre Pokémon. Celui-ci est généré aléatoirement, comporte plusieurs niveaux et, même si les environnements changent selon la région de la carte, ils s’organisent toujours de la même façon à savoir des couloirs reliant des pièces. Ces dernières regorgent de pièces d’or, de Pokémon sauvages et d’objets en tout genre.

Parmi les fonctionnalités introduites par cette nouvelle formule, les déplacements automatiques permettent d’avancer sans prise de tête dans les donjons et éviter de s’impatienter face aux bousculades dans les couloirs. Attention tout de même, votre course s’arrête nette à l’approche d’un ennemi. Et si là encore, vous êtes d’humeur fainéante ou juste démotivé par la traversée de tous ces étages fabriqués par un seul et même moule, la fonction capacité automatique devrait vous plaire. Absente des jeux de 2006, cette option lance le sort le plus puissant face à l’ennemi. Pratique.

Malgré ces apports pensés pour rendre l’expérience moins pénible, les sessions dans les donjons restent répétitives, pour ne pas dire rébarbatives. Le rythme manque cruellement de dynamisme et au fur et à mesure de la partie, une lassitude se fait ressentir. Même pour les fans du genre, l’ennui pourrait pointer le bout de son nez. Et après un titre comme Pokémon Donjon Mega Mystère sorti en 2016, nous avons la fâcheuse impression d'avoir fait machine arrière.

Gérer son équipe de secours

Le village qui abrite votre Pokémon fait également office de hub. C’est ici que se trouve l’ensemble des boutiques et services proposés comme le stock d’objets, la banque, le dojo pour faire grimper rapidement le niveau des personnages ou encore le club camping. Celui-ci offre la possibilité d’ouvrir des camps pour accueillir les Pokémon qui souhaitent se joindre à votre équipe. Assez coûteuses pour la plupart, ces acquisitions ne se font pas sans avoir au préalable effectué quelques raids. Aussi, chaque type de Pokémon a besoin d'un camp adapté : la gestion de ces abris accompagne s'étend alors tout le long du jeu.

Plus vous avancez et multipliez les contrats, plus votre équipe va s'étoffer. Dans les donjons vos anciens ennemis sont susceptibles de devenir vos alliés. A vous ensuite de les faire progresser grâce aux combats et objets consommables pour développer de nouvelles compétences et augmenter ses statistiques. En fonction des types de donjons, vous apprenez assez vite à choisir la bonne composition. Avec l'arrivée de nouvelles compétences, la possibilité d'en lier plusieurs entre elles et la gestion de ces dernières, le jeu se dote d'un peu de stratégie mais avouons-le tout de suite, ça n’a rien de très élaboré. Nul besoin d’être un habitué des jeux tactiques pour en maîtriser les rouages.

Désormais, votre équipe peut accueillir jusqu’à huit Pokémon. Le recrutement dans les donjons est moins limité mais cela rend les déplacements bien plus brouillons : souvent les membres se gênent, surtout si vous effectuez un demi-tour dans un couloir. Enfin, si vous tombez KO, vous avez désormais le choix entre faire appel à d’autres vrais joueurs et joueuses grâce à Internet ou bien créer une deuxième équipe de secours grâces aux Pokémon présents dans votre camping. D'où l'intérêt de faire grimper les niveaux d'un certain nombre de vos coéquipiers. C’est déjà moins décourageant que de devoir tout recommencer !