Les années passent. Le zombie demeure. Ce fieffé affamé popularisé par le réalisateur George Romero au cours du XXe siècle s'est installé durablement sur le marché du jeu vidéo. Et ce n'est pas le studio Rebellion qui dira le contraire... développeur derrière la franchise Zombie Army dont le quatrième épisode sous-titré Dead War accoste en 2020 sur nos rives.
No Country for Undead
L’Europe est à feu à à sang. Refusant de capituler face aux assauts répétés des Alliés, le IIIe Reich en la personne d'Adolf Hitler déclenche le plan Z et ressuscite les morts. Une vague de zombies déferle alors sur le Vieux Continent et repousse pour un temps les forces de libération. Malgré ces hordes putréfiées, américains, russes et résistants parviennent a littéralement envoyé le Führer en Enfer… mais la guerre des morts ou Dead War n’est pas terminée. Zombie Army 4 : Dead War emprunte à la série B et aux nanars sont amour du zombie nazi et nous gratifie d’un récit uchronique décomplexé embrassant pleinement sa destinée coagulée.
Le shooter de Rebellion ne se prend jamais au sérieux et grand bien lui en fasse. Le ton humoristique constamment en surjeu ne fait que souligner un contexte loufoque et porte une longue campagne, composée de 9 missions elles-mêmes divisées en chapitres, jouable intégralement en solo et/ou en coopération jusqu’à 4 joueurs. Il va sans dire que Zombie Army 4 : Dead War se savoure véritablement à plusieurs et se révèle majoritairement dans ces conditions, malgré des mécaniques coopératives on ne peut plus classiques. Toutefois, ce TPS reste plaisant à parcourir seul… la difficulté et la quantité d’ennemis s’adaptant aux nombres de joueurs impliqués.
La mise en scène ne se démarque pas de la concurrence et se contente des traditionnelles cinématiques d’ouverture pour dérouler un scénario toujours prompt à nous arracher un sourire en coin. Le seul accent des prota-antagonistes suffit à installer une atmosphère “Over the Top” digne des films dont le jeu s’inspire ouvertement. Les références sont nombreuses et ponctuent une aventure humant la poudre à canon et les viscères en décomposition pour le plus grand plaisir des amateurs de nanars 100% assumés. Les réfractaires à l’anglais seront quant à eux ravis d’apprendre la présence de sous-titres en français.
L’Europe dépeinte se veut une carte postale post-apocalyptique piochant allègrement dans les archétypes les plus tenaces d’un genre infecté par la série B. Marécages, usines désaffectées, cimetières, cryptes, parcs zoologiques, villes délabrées… les clichés ont la vie dure, mais ce n’est pas pour nous déplaire tant le contexte et le ton se prêtent à l’exercice. D’un point de vue purement technique, Zombie Army 4 : Dead War assure l’essentiel ni plus ni moins. Il se dégage des environnements une ambiance pesante et maîtrisée de fin du monde tandis que le sound design souligne les affrontements. Les ennemis à eux seuls justifient cette pluie de sang et de plomb. Ces derniers réagissent, se tordent, dansent à chaque impact pour finalement donner vie de la plus belle des manières aux exactions des joueurs.
Gameplay : Douce Venise
Zombie Nazi Must Die
Zombie Army 4 : Dead War est un TPS qui assure l’essentiel sans se risquer outre mesure au hors piste. Pour faire simple, le titre de Rebellion récite les gammes du parfait shooter coopératif et parvient tout de même à renouveler suffisamment ses situations pour éviter autant que faire se peut ce sentiment préjudiciable de répétitivité. Certes, les joueurs dégomment du zombies en veux-tu en voilà, mais alternent des phases variées… de l’assaut frontal à la défense de zone en passant par l’activation d’objectifs précis. Qui plus est, le manque récurrent de munitions et la mise en avant de l’exploration pour survivre intensifient une expérience soutenue. Le bestiaire est également à la hauteur et donne du fil à retordre aux aventuriers les plus endurcis. Zombies traditionnels, requins morts-vivants, géants en armures, kamikazes, tank organique… les déclinaisons putréfiées ne manquent pas pour donner le change.
La finalité de Zombie Army 4 : Dead War demeure inchangée de bout en bout aussi bien durant la campagne que dans le mode Horde… éradiquer du zombie encore et encore avec le goût du travail bien fait. Le système de combo propre à la franchise signe un retour remarqué et accentue ce sentiment de puissance qui se dégage d’affrontements intenses. Le mort-vivant se tue à la chaîne et avec style. Pour cela, Rebellion intègre au gameplay la fameuse Kill Cam iconique de la série Sniper Elite et ses ralentis stylisés suivant le projectile tiré... de la bouche du canon à l’impact en vision X-Ray. Ce nouvel épisode frappe fort et avec précision quitte à rester dans les clous du genre, même si le retrait des phases de sniper laisse un léger goût amer.
Ce TPS uchronique récompense également la maîtrise de chaque type d’arme, finalement peu nombreuses, mais ô combien efficace. Chacune d’entre-elles possède un “spécial”, idéal pour faire le ménage et disponible une fois un nombre précis d’ennemis éliminés avec celle-ci. Soldat aguerri et sniper émérite oblige, les avatars à incarner peuvent retenir leur souffle et ainsi ralentir le temps quelques secondes afin de réduire à l’état de viandes fumées le moindre zombie à l’écran. Nos protagonistes se débrouillent aussi au corps à corps grâce à plusieurs armes de mêlée et à un système d’exécution essentiel permettant de récupérer entre autre de la santé. Zombie Army 4 : Dead War lorgne également du côté des “Light RPG” en autorisant les joueurs à modifier partiellement les attributs des avatars mis à disposition.
L’expérience glanée au gré des missions et des éliminations, et donc la montée en niveau, permet d’améliorer les attributs ainsi que les armes, mais surtout de débloquer de nouveaux atouts actifs et/ou passifs tels que la “Deuxième chance” offrant une résurrection en échange d’un kill. La difficulté crescendo du TPS de Rebellion est ainsi compensée par un gain de puissance des joueurs tout au long de la campagne, du mode Horde et des événements hebdomadaires organisés… la progression étant unifiée et liée à la réalisation d’objectifs personnels. Ces derniers, symbolisés par des “autocollants”, déverrouillent de nombreux bonus en jeu. Le terme “classique” résume à bien des égards ce système qui innove en rien, mais accentue un sentiment d’immersion finalement très présent.
Gameplay : Le mode Horde
Points forts
- Le contexte uchronique "zombie nazi"
- L’approche série B totalement assumée
- Une expérience intense aux objectifs renouvelés
- Le système de combo et la Kill Cam
- La variété du bestiaire
- Une campagne et un mode Horde intégralement jouable en coopération
- La montée en puissance des avatars (armes, atouts…)
- Les sous-titres en français (VOSTFR)
Points faibles
- La mise en scène un peu trop convenue
- Une certaine répétitivité dans la forme
- Le manque d’armes à débloquer
- L’accent mis en priorité sur l’action au détriment des phases de tir (sniper)
Zombie Army 4 : Dead War surprend par son contexte “nanardesque” loufoque et la maîtrise d’une formule, celle du TPS coopératif en milieu zombie, qui ne pourra étonner que les profanes du genre. Rebellion puise dans la série B et dans un genre codifié à l'extrême pour nous servir un plaisir coupable. L’expérience s’avère fun, décalée et ose jouer la carte du “classique mais efficace” quitte à dégager un persistent sentiment de déjà-vu.