La franchise The Walking Dead a connu de multiples déclinaisons dans les médias culturels en général, et dans le jeu vidéo en particulier, avec plus ou moins de succès. Même si elle connaît actuellement une période de déclin, la saga s'invite à nouveau sur PC et en réalité virtuelle, sous le développement de Skydance Interactive.
Le titre est compatible Valve Index, HTC Vive, Windows Mixed Reality, Oculus Rift, Rift S, Quest avec le link et a été testé par nos soins sur Oculus Rift S.
Notre Gaming Live de The Walking Dead : Saints & Sinners
Bienvenue en Lousianne
The Walking Dead : Saints & Sinners vous place dans la peau d'un homme ou d'une femme (dont vous pouvez choisir la voix et le teint de peau en début de partie), quelque temps seulement après qu'un ouragan semblable au tristement célèbre Katerina a frappé à nouveau La Nouvelle-Orléans. Alors que le gouvernement était en passe d'intervenir pour secourir la population, une infection généralisée a conduit la population à se transformer en morts-vivants, ou Marcheurs conformément aux comics. Après seulement une poignée de minutes et un bref tutoriel vous présentant les rudiments du jeu et de sa maniabilité en réalité virtuelle, vous vous retrouvez dans un havre de paix, qui est en réalité un bus aménagé, dans lequel vous pourrez vous reposer, crafter de l'équipement, mais également communiquer avec un survivant après avoir réparé la radio des lieux. Ce dernier vous assure qu'un bunker se trouve quelque part et qu'il est rempli de ressources. Votre principale mission sera d'accéder à cette précieuse réserve menacée par les eaux, mais également d'interagir avec une mystérieuse survivante évoluant en marge des deux principales factions qui se disputent les rares ressources de La Nouvelle-Orléans.
Votre bus est en réalité un HUB. Vos missions vous conduiront à rejoindre différentes zones de La Nouvelle-Orléans, zones qui sont assez cloisonnées et que vous ne pouvez explorer qu'en journée. Une fois vos objectifs accomplis et un maximum de ressources collectées, vous pourrez rejoindre votre lieu de repos et désassembler vos déchets afin d'améliorer 3 établis de confection dédiés à la fabrication de nourriture, l'augmentation de vos statistiques ainsi qu'à la confection d'armes à feu ou de poings, ce qui s'avèrera tout simplement indispensable si vous désirez voir le bout de l'aventure, à plus forte raison que le passage d'un jour à l'autre, déclenché par vos soins en buvant une fiole d'alcool, implique une augmentation du nombre et de la férocité des marcheurs arpentant les zones ainsi que la raréfaction des ressources consommables.
Une narration pas si centrale que ça
Avant même de parler de la (très bonne) exploitation des fonctionnalités de la réalité virtuelle du jeu, il convient de préciser, si vous vous posiez la question, que Saints & Sinners est avant tout un jeu de survie et que la narration est à reléguer au second plan. Assez convenablement écrites, les différentes quêtes n'esquivent toutefois pas tous les poncifs que l'on attend d'un Walking Dead, à savoir doute sur la confiance, propos désespérés, évocation de souvenirs sordides que l'infection a impliqués. Le titre étant basé sur les Comics plutôt que sur la série, ne vous attendez pas à autre chose qu'à une poignée d'easter eggs, avec la possibilité notamment de crafter des armes assez emblématiques de la saga, mais ce sera tout. En outre, alors que les promesses de choix poignants et d'influence drastique sur l'histoire étaient alléchantes, il faut reconnaître que dans les faits, l'ensemble est limité. Les quêtes annexes sont très peu nombreuses et les deux trames principales vous demanderont, à quelques exceptions près, de toujours remplir les mêmes objectifs. Trouver 3 objets identiques pour activer une pompe, ou 3 documents cachés dans le camp d'une faction constitueront le gros de vos objectifs.
Si elle avait été annoncée pour la sortie du jeu, la VF a malheureusement été repoussée et pour l'heure, le jeu n'est proposé qu'en anglais, dont vous pouvez aussi activer les sous-titres. La VF, toujours d'actualité, sera disponible ultérieurement.
À l'exception d'un choix ou deux, ce n'est vraiment que le final du jeu, plutôt réussi, qui vous place face à vos décisions et vous laisse le choix entre 3 grandes options. Pour le reste, l'histoire s'avère assez convenue et les tâches à accomplir répétitives, même si quelques bonnes idées (elles aussi un peu trop répétées) viennent donner au joueur un peu de temps pour respirer et interagir avec son environnement tout en dialoguant avec quelques rares interlocuteurs, par l'intermédiaire d'un système de choix de dialogue dont l'impact est cependant limité, lui aussi. Notez qu'il sera particulièrement difficile de rusher la quête principale. Il faudra donc accepter de consacrer des jours entiers à la collecte de ressources sans pour autant avancer dans l'aventure, afin de faire évoluer votre personnage et ses perspectives de fabrication. Comptez donc au bas mot une quinzaine d'heures, voire nettement plus, pour voir le bout d'une aventure dont la difficulté s'accroît à mesure que le temps passe. Le challenge est bien là, mais certaines mécaniques le rendent plus frustrant qu'agréable.
De la survie complète mais pas toujours bien pensée
Et justement, côté mécaniques, comment fonctionne The Walking Dead : Saints & Sinners ? Il repose essentiellement sur deux principes : celui de la gestion de l'endurance et de la santé. Chaque coup porté aux marcheurs ou aux humains, chaque courte session de sprint ou chaque moment d'escalade bref, tous les mouvements un tant soit peu physiques grignotent votre jauge d'endurance, qui se remplit progressivement en restant immobile ou en marchant. Cependant, faire ces efforts physiques a pour conséquence de vous donner faim et, à mesure que vous progressez, la jauge maximale d'endurance est diminuée. Au départ, le seul moyen de la rétablir totalement est de consommer la nourriture trouvée sur place. Sauf en cas de coup de chance, malheureusement, les denrées trouvées sont partiellement avariées et leur absorption entraînera une diminution de votre jauge maximale de santé, santé qui sera naturellement entamée par les coups de feu, les chutes ou les morsures de marcheurs.
Dans ce cas, pour regagner de la santé, vous pourrez glaner ou crafter des bandages, mais pour redonner à votre barre sa capacité maximale, il faudra trouver les rares médicaments qui se trouvent dans les zones explorées. Et autant dire qu'en début de partie, ce principe s'avère assez handicapant. L'endurance est tout simplement indispensable, mais son maximum fond à vue d'oeil, vous donnant le réflexe de vous nourrir, impliquant alors une diminution drastique de votre maximum de vie. L'équilibre de cette mécanique, plutôt logique sur le papier, n'est pas spécialement en faveur du joueur et rend parfois l'exploration difficile, à plus forte raison que les ressources à récolter pour que le sprint ou le corps à corps soit amélioré sont très nombreuses et votre inventaire limité. Sachant que vous ne pouvez explorer une zone qu'une fois par jour, autant dire qu'il faudra parfois accepter de partir le jour suivant avec le ventre vide et l'endurance à la traîne puisque privilégier la confection d'armes, même rudimentaire, est effectivement conseillé. Seulement la difficulté augmente parfois plus vite que les capacités de craft de votre personnage si vous avez mal géré votre début de partie, rendant la progression parfois très laborieuse.
Le danger est partout
Chaque arme, qu'il s'agisse d'arme à feu, d'armes contondantes ou tranchantes, a une durabilité. Particulièrement faible, et donc souvent frustrante, pour les armes trouvées dans le monde, la durée d'utilisation des armes faites maison est plus significative. Et, compte tenu des multiples menaces de l'ensemble du jeu, autant dire que l'assurance d'avoir à portée de main bandages, plusieurs surins ou armes à feu au chaud dans votre inventaire est rassurant avant de partir à la chasse aux morts-vivants. Ces derniers constitueront d'ailleurs le gros des ennemis à affronter. Si terrasser deux ou trois zombies n'est pas un problème, certaines hordes seront nettement plus retorses à renvoyer ad patres et il faudra parfois bien étudier l'environnement pour esquiver la meute ou, mieux encore, repérer un zombie ayant les tripes à l'air afin de soigneusement vous barbouiller le visage de ses viscères afin que les infectés ne vous détectent pas. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'un vrai sentiment de panique s'empare de vous. Une jauge d'endurance mal gérée et c'est la morsure assurée, le rechargement d'une arme un peu lent conduira à la même sanction et il sera donc indispensable de bien planifier votre progression avant de passer à l'assaut, foncer tête baissée ne pouvant vous conduire qu'à la mort. La mort d'ailleurs, comme de très nombreux jeux de survie, vous fait perdre l'intégralité de votre loot, que vous pouvez récupérer à l'endroit où se trouve votre cadavre. Si vous mourez entre temps, tout votre équipement est définitivement perdu.
C'est du côté des humains que le bât blesse. Étant tous armés et votre personnage souvent muni d'armes de poing, il est recommandé d'opter pour l'infiltration, lorsque, à plusieurs reprise, on vous demandera de récupérer des documents soigneusement dissimulés en plein cœur du bastion d'une faction du jeu. Si vous pénétrez de front dans les lieux, les PnJ tireront à vue, et autant dire que, compte tenu de la fragilité de votre personnage, vous ne ferez pas long feu et n'aurez sans aucun doute pas la possibilité de récupérer votre loot. Alors se pose le problème de l'approche discrète rendue totalement aléatoire par une intelligence artificielle qui ne l'est pas moins.
L'infiltration aléatoire
En effet, une jauge de détection apparaît au-dessus des adversaires qui sont parfois frappés de cécité et de surdité puis dotés d'une vue et d'une ouïe perçantes. La furtivité devient donc très laborieuse. Tous les soldats ne sont pas toujours isolés, et jeter un objet pour détourner l'attention n'est clairement pas efficace. Ainsi, il arrivera parfois que vous tuiez à distance un adversaire sans pour autant alerter le camp entier, ou vous contenter d'abattre tous les adversaires que vous pouvez, fuir loin de lieux, pour mieux revenir et répéter l'opération. Il y a certes bien la possibilité, parfois, de compter sur les attaques de marcheurs, qui agressent aussi les camps et détournent l'attention, pour s'en servir comme d'une ouverture, mais le procédé est assez fastidieux, trop aléatoire et finalement redondant. Cependant, il existe dans presque tous les cas un chemin prévu par les développeurs, vous permettant d'éviter le gros des troupes. Ces séquences invitant à l'infiltration peuvent donc être résolues parfois grâce à votre sens de l'observation. Cette idée d'un chemin « sûr » récompensant les explorateurs est une très bonne idée sur le papier, certes, mais elle requiert un minimum d'essais préalables pour s'assurer d'avoir pris le bon chemin et de ne pas se retrouver nez à nez avec une dizaine de gardes qui vous abattront en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il n'est donc pas rare de devoir accepter de mourir et de laisser choir son équipement définitivement pour s'assurer de pouvoir accomplir discrètement une quête. En somme, les affrontements contre les humains sont assez ratés et l'infiltration beaucoup trop laborieuse pour rendre ces séquences agréables pour le joueur, qui cependant, trouvera beaucoup de plaisir à profiter d'une certaine science de la réalité virtuelle dispensée par Skybound.
Une belle exploitation de la réalité virtuelle
Votre personnage dispose de 7 points d'attache. Deux au niveau des hanches, pouvant accueillir vos armes de poing, un à l'épaule droite dans lequel vous pouvez attacher une arme à deux mains, l'épaule gauche est affectée à votre sac à dos (qui est votre inventaire), tandis que votre poitrine accueille sur ses deux poches votre journal et votre lampe torche, qui faudra régulièrement secouer pour en recharger la batterie. Enfin, la poche ventrale est l'espace de stockage sans fond des munitions que vous pourrez glaner ou confectionner. Tout semble très naturel et intuitif dans Saints & Sinners. Alterner entre arme de hanche et de dos se fait avec une grande fluidité et certaines sensations de combat sont tout bonnement criantes de crédibilité, grâce à plusieurs fonctionnalités qui fonctionnent diablement bien. En premier lieu, et conformément à la tradition, il convient de viser la tête de marcheurs, ou de les décapiter pour en venir à bout. Il faudra donc, avec un couteau par exemple, agripper de votre main libre la tête d'un marcheur pour le tenir hors de portée de morsures et transpercer son crâne avec votre main armée. Cependant, les lames ne sont pas toutes très bien affûtées et en fonction de leur tranchant, il faudra parfois appuyer sur la lame déjà partiellement enfoncée dans le crâne pour terrasser l'opposant. Il en va de même pour le retrait de la lame, solidement implantée dans la boîte crânienne du mort-vivant, et qu'il faudra extirper d'un coup sec ou en faisant contrepoids en appuyant sur le crâne de votre main libre.
Les armes à deux mains, telles que les battes cloutées ou les haches, ont aussi bénéficié d'un véritable soin, puisque les porter à une seule main les rend impossibles à manipuler convenablement. Il faudra donc, pour avoir assez de force et de précision dans les coups portés, fermement agripper le manche de vos deux mains et mimer les gestes pour décapiter ou fendre tous les crânes qui s'offrent à vous. Et les armes à feu ne sont pas en reste et ont chacune bénéficié d'un traitement très crédible. Il faudra par exemple, pour recharger un Beretta, éjecter le magasin, saisir un chargeur, l'insérer dans l'arme puis chambrer la première cartouche en manoeuvrant la culasse. Vous devrez insérer manuellement chaque cartouche dans le canon de votre fusil à pompe et activer vous-même la pompe pour éjecter celle tirée ou insérer vous-même les balles dans le barillet de votre calibre 45 puis, d'un coup de poignet, le remettre en place. Les armes sont assez nombreuses et toutes crédibles dans leur manipulation. Si nous aurions aimé que le gunplay global soit un peu plus soigné et procure plus de sensations, et – une fois encore – que la durabilité des armes qu'il faudra à chaque fois reconfectionner soit revue à la hausse, la grande crédibilité de leur manipulation est aussi vectrice de stress lorsque vous êtes en proie à une horde de zombies et qu'il faut recharger en vitesse.
En outre, votre personnage est particulièrement agile. Les déplacements libres adoptés par Saints & Sinner favorisent l'exploration et il ne sera pas rare de trouver des chemins dérobés en escaladant les gouttières prévues à cet effet, ou en vous hissant de caisse en caisse à la force de vos bras. Il est simplement regrettable que cette grande liberté de mouvement ne soit pas suffisamment exploitée par un level design somme toute assez convenu une fois sorti des maisons renfermant une quête. En réalité, l'exploration ne peut se faire réellement que dans certains endroits clairement indiqués sur votre carte, que vous pouvez consulter à tout moment dans votre journal, et fouiner dans les environs n'est pas spécialement rémunérateur ni franchement attractif puisque les zones traversées sont beaucoup trop semblables pour inviter à la découverte. C'est d'autant plus regrettable que Saints & Sinners avait un potentiel énorme si toutes les bonnes idées avaient été mieux équilibrées et certaines mécaniques nettement plus approfondies.
The Walking Dead : Saints & Sinners montre ses mécaniques de survie
Points forts
- Des combats brutaux, viscéraux et jouissifs
- Un vrai souci de réalisme pour les nombreuses armes à feu et tranchantes et leur maniement
- Une belle exploitation de l'ensemble des fonctionnalités VR
- Personnage plutôt agile
- Beaucoup de bonnes idées
- Durée de vie solide (15h au bas mot pour finir la campagne sans encombres)
- Un final plutôt réussi
Points faibles
- Narration anecdotique et objectifs redondants
- Intelligence artificielle des PnJ humain à revoir et qui s'avère handicapante
- L'infiltration fonctionne mal mais s'avère parfois indispensable
- Zones cloisonnées et trop similaires
- La progression dans l'établi de craft très lente et coûteuse, mal équilibrée avec l'accroissement de la difficulté d'un jour à l'autre
- Courbe de difficulté parfois mal dosée
- Quelques bugs
- Très peu de quêtes annexes et de choix qui comptent
The Walking Dead : Saints & Sinners déploie des trésors de bonnes idées malheureusement pas toujours approfondies ni bien calibrées. Avec ses combats viscéraux, brutaux, stressants et ultra crédibles, le titre de Skydance parvient à faire vivre au joueur l'expérience The Walking Dead d'une manière assez inédite et immersive à souhait, surtout côté combat, la vraie réussite du jeu. Cependant,sa difficulté mal dosée, les gros problèmes d'intelligence artificielle humaine, les quelques bugs qui traînent ici et là, la trop grande homogénéité des décors et une histoire en retrait l'empêchent d'exploiter tout le potentiel d'un gameplay qui lui, vaut assurément le détour. Une expérience qui reste plutôt agréable pour le joueur patient mais qui pourrait clairement gagner en qualité avec le temps et une approche entre les différentes mécaniques (endurance / santé / craft / temps qui passe) plus équilibrée