Le dénouement est proche. Que la vie paisible des deux frères loups de Seattle semble loin. Dans leur quête de survie, jamais ils n’auraient imaginé être au centre d’une telle épopée. À quelques encablures de leur destination mexicaine, Sean et Daniel contemplent le monde et profitent, enfin, d’un moment de calme après leurs dernières péripéties au Nevada. Pourtant, le duo le sait : ce n’est qu’une parenthèse dans leur existence de fugitifs. La terre natale de leur père leur tend les bras mais y parviendront-ils ? C’est tout le mystère de ce cinquième et dernier chapitre intitulé Wolves.
Face aux gorges américaines, Sean mesure le chemin traversé depuis la fin octobre 2016 (dans le récit), date où le cauchemar, tel qu’il le décrivait à l’époque, a commencé. Les dizaines de croquis griffonnées sur son carnet en disent long sur le parcours qui fut le sien et celui de son cadet. Les premières pages, relatant la vie d’un adolescent lambda, ne sont désormais que chimère. Face à la difficulté du monde, le gamin n’a pas eu d’autre choix, pour se préserver mais surtout pour protéger son petit frère, que de grandir plus vite que la normale. Et alors que tout espoir semblait perdu, c’est là qu’est apparue la personne qu’ils ont le plus détesté ces dernières années. La vie est parfois bizarrement faite…
Déconnectés
C’est donc dans un nouvel habitat que débute ce cinquième épisode. Par petites touches et interactions, le studio Dontnod parvient à acclimater le joueur à la région d’Away et à ses habitants ayant choisis de vivre en retrait. La première partie du dénouement se consacre ainsi à ce désert, à son canyon et aux choses simples de la vie comme une chasse au trésor imaginée par Daniel ou une randonnée nocturne. Mais très vite, le scénario nous rattrape et nous fait comprendre que le FBI, sur les dents, s’approche inexorablement des deux frangins. Et que la fuite est sur le point de reprendre… Wolves est à l’image des épisodes précédents, à la fois dans sa dureté, dans ses thématiques actuelles et sa portée émotionnelle. Rester avec ceux qu’ils aiment ou choisir la liberté pour les préserver de tout danger, tel est le cruel dilemme que s’impose Sean. Mais une fois passé la frontière mexicaine, que feront-ils ? Ce n’est pas un hasard si les développeurs ont choisi une région qui fait écho au fameux mur séparant les États-Unis du Mexique car cette thématique va bien au-delà de la simple dimension physique de l’édifice.
Soif de liberté
Ce dernier épisode est sans doute le plus contemplatif et ce manque de gameplay aura sans doute une répercussion sur les joueurs moins habitués à vivre des expériences cinématographiques. C’est un choix assumé par les créateurs du jeu et c’est tout à leur honneur. Encore une fois, on ressent toute la maîtrise de Dontnod dans la mise en scène, le rythme et on ne parle même pas de la dernière séquence, qui fait suite à un choix cornélien. Life is Strange 2 avait un héritage lourd à porter mais il parvient, grâce à son ambiance, ses personnages, son récit ou encore sa bande-son extraordinaire à nous transporter pour nous scotcher, une ultime fois, dans notre fauteuil. Avec ses cinq épisodes, il vient asseoir définitivement la réputation de conteurs d’histoires de Dontnod.
Points forts
- Un dénouement en apothéose
- Plusieurs fins différentes
- La mise en scène, l'écriture, le doublage
- Les thématiques sur le monde d'aujourd'hui
- La bande-son magistrale
- L'ultime choix
Points faibles
- Au moins aussi contemplatif qu'interactif
- On aurait aimé un épisode final plus long
Poignant, riche en enseignements et porté sur le monde d’aujourd’hui, Life is Strange 2 termine sa cavale avec force et fracas. Digne de ses prédécesseurs, l’ultime épisode se veut plus cinématographique dans le sens où la contemplation est au moins aussi importante que les phases de gameplay. Avec ses dénouements (très) différents, ce cinquième et dernier volet des aventures de Sean et Daniel interpelle par son sens de l’équilibre, oscillant entre des moments de pure légèreté et des séquences résumant les pires maux de l’espèce humaine. Et il vient ainsi clore une histoire qui nous aura tenu en haleine pendant plus d’un an.