Nouveau voyage au bout de l'enfer pour Steel Mantis. Après avoir proposé Slain : Back from Hell il y a 3 ans, le studio n'a pas bougé sa ligne de conduite, à savoir le plateformer 2D tout en run & gun. Valfaris est donc sorti donc des tréfonds futuristes ce mois-ci, avec une toute nouvelle thématique en arrière-plan : une bande-son metal pour accompagner les nombreux effluves de sang intégralement en pixel-art. La formule avait de quoi intriguer.
La bande-annonce de Valfaris
Au détour d'une conférence PC Gaming Show au dernier E3 toujours aussi dense en annonces, Valfaris avait attiré l'attention de deux catégories de personnes. Les amateurs de rétro-gaming tout d'abord, plutôt enchantés à l'idée de voir le pixel-art et la 2D old-school rester d'actualité, et les metalleux bourrins ensuite qui savouraient la minute gracieuse du trailer, pleine d'action sur un riff de guitare strident. Une question se posait donc, le titre édité par Big Sugar pouvait-il conquérir ces deux publics, mais tout simplement être satisfaisant pour le grand public ?
Heavy Metal Hurlant
Connaissez-vous la fameuse revue Metal Hurlant ? Magazine français reconnu de la fin des années 70 / années 80, recueil de bandes dessinées adapté de sa version américaine nommée Heavy Metal. La plupart du background de Valfaris en est inspiré, de quoi replonger certain dans une belle adolescence hard rock. Pour les autres, le titre plonge l'action dans le futur, et l'on y incarne le guerrier Thérion. Rien à voir avec un certain nain bien connu, l'homme est un aventurier bien badass, cheveux longs et épée destructrice à la main qui débarque avec son vaisseau sur la dangereuse planète Valfaris. Guidé par une sombre histoire de vengeance familiale, le Conan en herbe cherchera avant tout à nuire à son paternel Vroll et rétablir un peu de tranquilité dans le paysage planétaire... Ou pas.
Une planète et un jeu éponyme totalement modélisés en pixel-art, et cette fois-ci la fameuse formule est respectée : un jeu en pixel-art n'est pas forcément un jeu moche. Valfaris est étonnant de détail et de beauté simpliste quand l'on se penche sur la direction artistique. Le background, les animations, les effets de lumière, les interactions avec le décor, le bestiaire... Un soin particulier a été apporté à chaque élément, et qui colle parfaitement à l'ambiance sombre et infernale du titre. Côté son, on ne nous a pas menti sur la marchandise puisque dès l'arrivée sur le site le ton heavy metal est donné. Les transitions musicales sont plutôt bien senties et l'on n'a jamais le sentiment d'être agacé par le thème sonore. Forcément, les récalcitrants au genre metal trouveront beaucoup à redire, reste à comprendre leur envie à tester ce jeu ensuite.
He shot me down ? Headbang !
Pour le reste, Valfaris marche dans les pas de Slain en tant que jeu de plateformes 2D. La prise en main est ultra rapide, la technique presque impeccable, le tir en diagonale étant quasi-impossible sans avancer tout droit, un véritable traquenard lorsque plusieurs gouffres mortels se dressent devant nous. Outre le bouton saut, trois slots d'armes sont disponibles lors des premières heures avec l'épée de Thérion pour le corps-à-corps, un pistolet simple pour la distance et une arme puissante qui utilise de l'énergie. Et c'est l'un des deux nouveaux points stratégiques qui offrent une dimension supplémentaire à un jeu signé Steel Mantis. Le héros à une barre de mana/énergie qui consommée lui sert à utiliser le bouclier pour parer et renvoyer des projectiles, mais aussi à utiliser son arme puissante. Rechargeable via les coups d'épée sur des ennemis, on a donc le choix de garder cette énergie pour se défendre face aux ennemis coriaces ou dézinguer à tout va via son arsenal destructeur. Un compromis à trouver et équilibrer pour bien avancer, notamment contre les boss.
L'autre feature sympathique qui plaira aux joueurs hardcores, c'est la gestion des idoles de resurrection. Chaque tableau est disséminé de certaines de ces idoles verdâtres, et de checkpoints. Cependant pour activer ces points de sauvegarde, une idole doit être consommée. Une indication plutôt simple, car l'on trouve facilement un de ces artefacts entre deux checkpoint, mais il faut savoir que ces idoles sont aussi utiles pour booster sa barre de vie et d'énergie pour la suite du jeu, ainsi que pour acheter des minéraux sanguins afin d'améliorer ses armes. Alors, quel choix feriez-vous ? Passer deux checkpoints pour booster la puissance de son épée, mais risquer de mourir contre une araignée géante ? Ou jouer safe en sauvegardant à chaque occasion, mais en étant plus faible et donc plus vulnérable les niveaux suivants ? Là aussi, tout est une histoire de diabolique compromis.
Moi, Mosh et Méchants
Au final, Valfaris s'affirme comme un vrai bon et beau die & retry bien sanguignolant, non sans vrai challenge. Une difficulté modulée selon votre goût du risque avec l'utilisation des fameuses idoles qui donneront des sueurs froides à chaque fois que vous tentez un coup. Même si certains passages sont dispensables dans leur construction et l'apparition des monstres, on ne peut pas reprocher au soft de s'être creusé la tête pour la plupart du level design. Les phases statiques, de boss ou de déplacement sont bien variées, mention aux passages tout en verticalité qui sont les plus grisants du plateformer. Le bestiaire complet est lui aussi original, tout comme l'élaboration et le patern de plusieurs boss. Bref, si la rejouabilité est limitée comme la plupart des jeux du genre et si un mode co-op (absent) avait pu être plaisant, la dizaine d'heures à visiter Valfaris n'en reste pas moins une expérience visuelle et divertissante.
Points forts
- La DA en pixel-art sublime
- Une bande-son délicieusement metal
- Prise en main facile et rapide
- Le côté stratégique des idoles
- Du challenge bien ajusté
- Bestiaire et arsenal touffus
- Bonne durée de vie (10 à 15 heures)...
Points faibles
- ...mais une rejouabilité limitée
- Le tir en diagonale terriblement frustrant
- Certaines phases peu inspirées
- Pas de mode co-op
Après être sorti d'un périlleux safari sur la planète Valfaris, la première d'envie est celle d'y retourner pour y explorer sa face cachée. Son ambiance sombre bien retranscrite par un superbe pixel-art, ses pogos de monstres plaisants à affronter, ses boss épiques et son metal qui dégueule, tout y est pour passer un bon moment dans le plateformer/action de Steel Mantis. Et même si certains tableaux peuvent être oubliables, les amateurs de challenge hardcore s'y retrouveront avec le système d'idoles de résurrection. Un die & retry sans énorme fausse note, comme toute bonne séance de Air Guitar.