En fondant le studio Playtonic, l’équipe des anciens membres de Rare Software comptait ressusciter l’esprit de Banjo-Kazooie avec un nouveau duo de facétieux personnages. Yooka le caméléon déterminé, Laylee la chauve-souris malicieuse, tous deux plongés il y a deux ans maintenant dans une aventure colorée en 3D aux doux parfum d’antan. Ce désir de nostalgie se heurtait malheureusement trop souvent à un level design peu inspiré et à une aventure dans l’ombre de son illustre modèle. Avec Yooka-Laylee and the Impossible Lair, Playtonic dit en partie bye bye à la 3D et opère un nouveau retour aux sources pour nous proposer un vibrant hommage à la série des Donkey Kong Country.
Bande-annonce de Yooka-Laylee and the Impossible Lair
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Il était une fin...
Cela peut vous sembler étrange, mais Yooka-Laylee and the Impossible Lair partage une construction similaire à celle de The Legend of Zelda : Breath of the Wild. Le joueur peut, s’il le souhaite et s’il en possède le talent, se lancer à l’assaut du défi final de l’aventure dès les premières minutes de jeu. Pas de Ganon le fléau ici, mais un long niveau rempli de pièges retors dont le nom donne son sous-titre à cet épisode : le Repaire Impossible. Cet antre diabolique, certes accessible à tout moment, structure en réalité notre progression par sa difficulté bien trop corsée pour être surmontée sans aide extérieure. Ce coup de pouce prend la forme d’un bouclier d’abeilles se renforçant à mesure que le joueur parcourt les différents niveaux à la recherche des insectes capturées par le maléfique Capital B. Chacune des 42 Soldabeilles secourues permet d’absorber un point de dégât dans l’Antre Impossible augmentant ainsi nos chances de progresser vers l’ultime défi de ce repaire. Cette mécanique, originale et bien pensée, maintient le joueur dans un constant état de revanche et lui permet de parcourir les niveaux avec un objectif précis en tête, celui de se renforcer pour aller retenter sa chance dans ce repaire de l'enfer...
Des niveaux à la carte
Il faudra pour cela explorer une vaste world map en 3D vue du dessus à la recherche de la vingtaine de chapitres d’un livre sous forme de niveaux de plateforme en 2D quant à eux, à la construction tout droit inspirée de la saga Donkey Kong Country. Loin d’être un simple HUB d’accès aux différentes épreuves du jeu, la carte globale est en réalité un puzzle géant dont les différentes zones se révèlent au fil de la progression du joueur dans les niveaux. Grâce à la collecte de pièces ou de plumes lors des séquences dédiées à la pure plateforme, le joueur débloque de nouveaux chemins, des secrets ainsi que des zones inédites à explorer. Une véritable cohérence se dégage de cet ensemble imbriqué de telle manière à ne jamais laisser Yooka et Laylee face à une impasse.
On croise aussi sur cette map une série de PNJ loufoques, pour la plupart issus du premier Yooka-Laylee, flanqués d’un chara-design toujours aussi inégal. Trowzers le serpent au pantalon mono-jambe nous détrousse de nos pièces pour ouvrir de nouvelles portions de la carte, on dépense nos plumes après de la vendeuse de toniques pour débloquer quelques bonus pour la plupart cosmétiques. Passer l’écran en mode monochrome à la Gameboy, grossir la tête de Yooka, transformer le ratio de l’affichage pour un look so rétro ! D’autres toniques possèdent néanmoins un effet plus direct sur le gameplay et permettent par exemple d’attirer les plumes à distance ou de réduire la puissance des ennemis. Un petit malus de gain de plumes est associé à ces effets plus significatifs afin d’équilibrer les choses.
Yooka Kong Tropical Laylee
Chaque niveau est l’occasion pour Playtonic d'exprimer son savoir-faire en matière de plateforme avec une rappel constant des mécaniques de level-design utilisées dans le dernier Donkey Kong Country : Tropical Freeze. Des pièges, des plateformes mouvantes, des sections où la rapidité est importante, d’autres où la précision est de mise, cet épisode nous réserve une bonne dose de challenge, mais se montre rarement frustrant puisque des checkpoints réguliers sont placés sur notre route. Si une légère sensation de flottement se fait ressentir dans les contrôles de Yooka durant les premières minutes de jeu, on prend rapidement le pli et la prise en main globale se montre agréable malgré plusieurs passages aux hitbox assez douteuses. Le caméléon peut sauter, rouler pour dégommer les ennemis ou se propulser à plus grande distance et profiter des ailes de Laylee pour effectuer une attaque aérienne. Laylee la chauve-souris est capable d’absorber un dégât, elle se met alors à tournoyer dans les airs durant quelques secondes durant lesquels le joueur peut la récupérer pour repartir de plus belle. Des cloches réparties un peu partout dans les niveaux permettent de la rappeler afin de garantir l’entière palette de mouvements du duo. La difficulté de l’ensemble, plutôt linéaire dans sa courbe, subit parfois de courts, mais intenses pics de challenge capables d’énerver les joueurs les moins patients.
Si l’objectif principal des niveaux réside dans la libération des abeilles retenues captives par Capital B, le studio à pris soin de disséminer sur notre chemin tout un tas d’éléments à collecter comme il est de mise dans les plateformers du genre. Des plumes à échanger ensuite sur la world map, mais aussi une série de cinq pièces parfois bien planquées en référence directe aux lettres de la saga Donkey Kong Country. Chaque niveau possède ainsi son lot de challenges annexes à expérimenter à l’envie. Variés dans les décors visités, les environnements du jeu manquent toutefois parfois d’inspiration surtout au niveau de certains arrière-plans assez pauvres en détails. Un reproche similaire concerne la palette d’ennemis rencontrés qui, à l’image du premier Yooka-Laylee, manquent cruellement d’originalité et de panache lorsqu’on les compare au bestiaire déjanté d’un Tropical Freeze pour ne citer que lui.
Face B
Une autre surprise attend le joueur lors de l’exploration du monde. Il est possible d’altérer l’état de l’ensemble des 17 niveaux de plateforme du jeu pour en créer une version alternative à explorer sous un autre angle grâce à de nouvelles mécaniques. Des baies glacées vont par exemple transformer l’eau d’un stage en glace et créer d’autres chemins, l’activation du courant sur la carte actionne un ventilateur géant capable de propulser notre duo plus haut dans les airs, etc. Playtonic double de manière intelligente la proposition en niveaux de son titre sans qu’aucune de ces relectures ne tombe dans la redite ou la rejouabilité artificielle.
En 60 images par seconde sur tous les support (même sur Switch) Yooka-Laylee and the Impossible Lair repose sur le même moteur que son prédécesseur et affiche une technique correcte malgré quelques manques de précision dans certains aspects de sa prise en main. Ce trip nostalgique ne serait rien sans une bande-son en accord avec l’esprit très Rare du projet, on retrouve donc le duo David Wise et Grant Kirkhope à la composition, figures iconiques des ost de la saga Donkey Kong Country, qui signent ici une suite de tracks inspirées et diablement enjouées.
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Points forts
- Une lecture originale du genre où tout débute par la fin
- Phases de plateformes réussies au challenge régulièrement renouvelé
- Une World map construire comme un vaste puzzle à résoudre
- Chaque niveau possède une version alternative.
- La bande-son enjouée de David Wise et Grant Kirkhope
Points faibles
- Quelques pics frustrants de difficulté
- Manque parfois de précision dans ses collisions
- Des arrières-plans qui manquent régulièrement de détails
- Un bestiaire ennemi sans grande saveur
Bingo ! Après un premier essai en demi-teinte sous forme de lettre d’amour nostalgique à Banjo-Kazooie, le studio Playtonic signe ici une suite bien plus maîtrisée. Car en plus d’être un bon hommage à la série des Donkey Kong Country, Yooka Laylee and the Impossible Lair parvient aussi à battre de ses propres ailes pour nous offrir un très bon jeu de plateforme. Articulé autour de plusieurs bonnes idées, comme une progression ouverte où tout débute par la fin et une world map pensée comme un niveau à part entière, l’aventure se montre à la fois familière et rafraîchissante pour les habitués du genre.