Gérer légalement et surtout sans risque son empire de la weed, c’est maintenant possible grâce à Weedcraft Inc. Sorti tout droit du catalogue de Devolver, celui-ci vous permet en effet de développer votre petit business de la verdure, avec toutes les contraintes qu’impliquent ce choix. Un concept qu’il nous tardait évidemment d’essayer et sur lequel nous vous livrons aujourd’hui notre verdict.
Weedcraft propose de base deux scénarios. Le premier est une sorte de grand tutoriel vous faisant démarrer au bas de l’échelle, tandis que le second propose déjà de nombreuses mécaniques de base et convient donc aux joueurs un poil plus rôdés. C’est d’ailleurs l’un des points les plus intéressants du jeu, qui parvient à ajouter de l’immersion à l’ambiance de vos parties grâce à ses deux histoires, dans lesquelles chaque objectif atteint déclenche une série de dialogues. Mais surtout, le premier scénario permet de mieux appréhender toutes les mécaniques du jeu, et elles sont nombreuses.
Par monts et pavots
Loin d’être seulement un petit jeu de gestion sans prétention, Weedcraft parvient régulièrement à densifier son approche avec de nouvelles idées, en partant pourtant d’une base plutôt modeste. Au départ, vous n’aurez ainsi qu’à gérer manuellement la pousse en cliquant sur les touches d’arrosage et en taillant vos plants avec le timing adéquat. Puis vient le temps de la vente, ou vous découvrez que chaque lieu de la ville est un marché potentiel, avec ses groupes d’acheteurs aux budgets et goûts différents, mais aussi le risque d’être repéré si votre activité fait trop de bruit. Il existe non seulement des gangs concurrents qui peuvent venir rogner vos parts de marché, mais vous devrez aussi jongler avec le risque d’être repéré par la police.
Des soucis qui peuvent être réglés par plusieurs options, notamment en profitant des compétences que vous pourrez glaner en progressant ou plus simplement, via la dissimulation de vos ventes derrière une activité de façade servant à blanchir l’argent. Mais avant d’en arriver à ces options plus avancées, c’est bien de vos pousses qu’il faudra prendre le plus grand soin pour espérer prospérer en améliorant leur rythme de production ou leur qualité. Pour cela, vous aurez ainsi la possibilité de gérer la température des pièces ou régler l’humidité en achetant du matériel adéquat allant d’une lampe dernier cri au ventilateur, mais également d’aller plus loin en cherchant directement à modifier la proportion de composants chimiques du plant. Un choix qui implique de mener quelques recherches pour déterminer les conditions optimales de création d’une variété de weed.
Un futur toncar…
D’un départ plutôt basique, Weedcraft parvient donc rapidement à étendre ses mécaniques de jeux, offrant plusieurs heures après votre début de partie suffisamment d’idées pour vous obliger à la fois à micro-gérer quelques points très précis tout en vous assurant que l’ensemble de votre empire tient la route. La routine ne s’installe que rarement, toujours bousculée par vos envies de grandeur, un retour aux affaires des autorités locales ou l’émergence d’un concurrent aux abois, ce qui rend les parties dynamiques d’autant plus que même après plusieurs heures, d’autres idées viennent encore changer votre rythme de jeu.
Premières minutes dans la peau d'un dealer
… Qui beuh mieux faire ?
Weedcraft propose en plus de ces mécaniques un volet social plus développé que nous ne l’aurions imaginé au premier abord : à la gestion de la police, de la concurrence, des employés, des goûts et des prix plafonds des clients, viennent s’ajouter des interactions basiques mais amusantes avec tous les personnages peuplant la ville. Un point qui est certes à ne pas négliger, mais dont la portée nous a semblé finalement plus limitée que prévue, permettant surtout d’améliorer l’efficacité des employés et de récupérer gratuitement quelques nouveaux produits auprès de la concurrence. Car dans les faits, l’ensemble prend plus souvent la forme d’échanges dans lesquels vous devrez trouver des sujets susceptibles d’intéresser votre interlocuteur que de véritables conversations. Le titre a cependant peu de défauts, l’un des plus visibles restant le manque de clarté de l’interface sur les parties plus avancées. Jongler d’un panneau à l’autre s’avère alors fastidieux, et les traits marqués de la direction artistique - par ailleurs agréable et parfaitement adaptée au ton du jeu - n’aident pas toujours à distinguer les éléments de micro-gestion du premier coup d’oeil, ce qui peut s’avérer gênant lorsque vous avez beaucoup d’éléments à surveiller en fin de partie.
Liberté chéweed
Mais là encore, les nombreuses possibilités offertes par le jeu permettent de compenser ces quelques errances, notamment grâce au système d’employés, susceptibles de vous décharger de la gestion sur le terrain. S’ils sont moins efficaces que vous, ces derniers restent un atout précieux et peuvent vous rendre plus d’un service une fois judicieusement affectés. Aux éléments déjà cités, il faut ajouter la possibilité de changer de ville à terme afin de découvrir de nouveaux clients, des employés inédits et surtout de faire progresser le scénario, mais aussi la possibilité de passer à un commerce entièrement légal dans certains états ou la weed n’est pas interdite. Vous êtes d’ailleurs entièrement libre dans la gestion de la taille de votre empire ou même dans le choix des produits réalisés et vendus, autre point appréciable qui vient contraster avec un scénario dirigiste visant à vous faire cerner toutes les possibilités offertes par le jeu.
Points forts
- L’intégration de deux scénarios pour accompagner votre progression
- Bon équilibre entre micro-gestion et décisions à plus grande échelle
- Très complet et varié sur ses mécaniques de jeux
- Courbe d’apprentissage bien dosée
- La D.A parfaitement adaptée...
Points faibles
- … Mais qui n’aide pas à améliorer la clarté de l'interface
- Le passage entre les différents écrans et lieux, fastidieux sur une partie avancée
- Mécaniques de socialisation au potentiel sous-exploité
Quelques soucis de lisibilité et un système d’interaction sociale légèrement sous-exploité ne suffisent pas à gâcher le potentiel de Weedcraft Inc. Complet, amusant, offrant un bon équilibre entre micro-gestion et prise de décisions plus générales, il se pare en plus de deux scénarios qui ajoutent de l’immersion à l’ensemble et permettent de vous habituer en douceur aux nombreux mécanismes à appréhender. Sans avoir la profondeur des jeux de gestion à gros budget, il parvient tout de même à se montrer plus fourni que bons nombres de tycoons grand public et constitue à ce titre une bonne pioche pour les amateurs du genre.