Dragon Ball fait un retour fracassant ces dernières années. Entre Dragon Ball Super, la série animée, les Dragon Ball Xenoverse et FighterZ en jeux vidéo, ou encore le film Dragon Ball Super Broly, les amoureux de la série ne savent plus où donner de la tête. Que l'on aime, ou pas, les orientations prises par cette saga, le fan service est là et c'est encore le cas en ce qui concerne Super Dragon Ball Heroes : World Mission. Mais attention, contrairement a pas mal de productions jeux vidéo Dragon Ball, ce titre-là s'adresse à un public assez spécifique qui doit apprécier les jeux de cartes et la stratégie au tour par tour...
Il y a énormément à dire à propos de ce SDBH, mais il faut d'abord comprendre quelle est sa nature. En effet, c'est avant tout un jeu tactique de cartes virtuelles à collectionner. Oui, il ne s'agit absolument pas d'un jeu de combat classique. Nous sommes plus proche ici d'une sorte de "RPG" au tour par tour que d'un Budokai Tenkaichi. Alors si vous n'êtes pas hermétique au genre, vous pouvez continuer cette lecture. Dans le cas contraire, vous aurez beaucoup de mal à comprendre l'intérêt de la chose.
Des graphismes indignes de la génération actuelle ?
Nous rentrerons bientôt dans les mécaniques du jeu et son gameplay, mais avant cela, j'imagine que, comme beaucoup, le rendu graphique du soft des développeurs de Dimps vous étonne. Rappelons d'abord que Ball Heroes est, à la base, un jeu de cartes sur bornes d'arcade japonaises sorti en 2010. Et s'il a bénéficié d'un update graphique en 2016 (Super Dragon Ball Heroes), son rendu demeure assez basique. Pour autant, il s'agit bien de ce que proposent les bornes du jeu au Japon aujourd'hui et en cela, ce portage Switch et PC est une réussite. Et ce, malgré des décors très pauvres, des moments, rares, où l'aliasing est hyper présent (surtout sur les protagonistes lors des effets spéciaux) et une modélisation sommaire des personnages. De plus, n'oublions pas que pas mal d'épisodes des séries Dragon Ball ne sont pas des merveilles en termes de dessins, ce qui nous permet d'avoir une certaine tolérance vis-à-vis de ces graphismes. Et je ne vous apprends rien : les graphismes n'ont jamais fait un bon jeu... Bref, à vous de voir si vous pouvez supporter ce rendu de l'acabit de Budokai Tenkaichi en 2019, d'autant que l'on trouve largement mieux dans le genre, a fortiori sur mobile (Dragon Ball Legends pour ne citer que lui...). Quoiqu'il en soit, je dois avouer qu'à force de jouer, ça ne m'a plus dérangé et, finalement, je trouve la réalisation assez fidèle à l'univers. Le constat est identique concernant les animations, pas folles, mais suffisantes pour le style de jeu.
Dans la veine de l'arcade ?
Retour en 2010 au Japon : c'est la sortie en arcade de Dragon Ball Heroes (sans le Super, donc). La borne est composée de deux écrans, l'un face à vous et l'autre (tactile) à l'horizontal, rappelant une DS. C'est sur ce dernier que sont reconnues vos cartes Dragon Ball Heroes, une fois posées, ceci afin de créer une équipe de champions made in Dragon Ball. Sur l'écran face à vous, vos personnages prennent vie, s'animent pour des rixes au tour par tour. A vous de déplacer vos cartes intelligemment sur l'écran tactile pour en exploiter toutes les ressources, toutes les combinaisons possibles et mettre la pâtée aux méchants qui vous font face. La première grande force de DBH ? Proposer des challenges intéressants contre des personnages de l'univers Dragon Ball. A vous de déjouer la force d'un Freezer à 100% de puissance ou d'un Buu dans sa forme ultime. La seconde ? Offrir une immersion totale dans l'univers de Toriyama qui exploite tous les personnages et contextes de la série officielle, mais pas seulement. En effet, de nouveaux personnages xenoverse sont créés pour alimenter la borne. Comprenez des héros basés sur la timeline officielle de la série, mais qui ont évolués dans des mondes paralèlles. A vous Vegeks (fusion de Vegeta et Trunks), le Broly maléfique, les Badack Super Saiyan 3 ou masqués, les duels entre deux Songoku - l'un en Super Saiyan Blue et l'autre en Super Saiyan 4 de GT, etc. Toute une déclinaison de héros ou vilains totalement délirants et une nouvelle histoire, celle de Dragon Ball Heroes. On y retrouve aussi des démons qui transforment les héros et méchants en monstres, des Dragon Ball sombres aux effets étonnants sur les personnages, etc. Du délire pour certains, mais surtout un puit sans fond de nouveaux concepts, de nouvelles époques, de némésis inédits, de challenges et de cartes surprenantes de champions à vendre...
Si je dois bien admettre que j'étais hermétique à tout ce qui ne rentrait pas dans la timeline officielle de Dragon Ball, DBZ et DB Super, je me suis penché sur ce xenoverse afin de comprendre le phénomène. Et bien sachez qu'en Asie, ces personnages existent bel et bien en mangas. La sortie récente de Super Dragon Ball Heroes en dessin animé promotionnel en est la preuve et il y a bien un public pour cela. Car au-delà de la révolution technologique (double écran, cartes reconnues via tactile, mouvements de cartes, etc.) que fut l'arrivée de Dragon Ball Heroes dans les salles d'arcade en 2010 (et la version suivante Super Dragon Ball Heroes en 2016), sachez que ces jeux, comme leurs cartes et leurs versions papiers ou animées sont un succès qui dure depuis plus de 9 ans. Super Dragon Ball Heroes World Mission sur Switch et PC est un condensé de ce que vous pouvez retrouver dans les bornes du même nom avec presque toutes les missions disponibles et les histoires paralèlles (avec un Cell mutant géant, un Buu devenu roi des démons, etc.). Et en plus, vous trouverez un mode histoire spécial dans ce portage. Le rêve pour tout fan tolérant qui accepte les entorses plus que violentes à la saga originale Dragon Ball.
Un jeu stratégique de cartes, vraiment ?
Si c'est tout un univers, canon ou non, tournant autour de Dragon Ball qui est proposé dans ce titre, c'est bien le gameplay qui est au centre de toutes les préoccupations. Comme expliqué, vous gagnez des cartes virtuelles lors de tirages et formez une équipe de champions. Vous les alignez ensuite face à des ennemis pour les battre au tour par tour. Chaque carte est unique et a ses propres pouvoirs. A vous de créer une équipe équilibrée ou spécialisée dans certains domaines. Chaque carte a ses points de vie, sa puissance d'attaque et sa défense (appelée garde dans le jeu). Comme si ce n'était pas suffisant, elles ont aussi, chacune, des pouvoirs spécifiques : certaines transforment le personnage en plein combat, d'autres déclenchent des combos avec des cartes précises, une augmentera vos dégâts ou enclenchera un pouvoir à un moment unique du match, etc. Il y a plus de 1000 cartes à débloquer dans SDBH sur plus de 300 personnages aux différentes formes (SSJ, SSGSS, Ultra Instinct, forme parfaite, méchant normal ou possédé, muté, fusion en tous genres, etc.). Pour exemple, vous pouvez trouver une bonne dizaine de formes de Badack, le père du héros principal de la série et bien plus de versions concernant Vegeta et Goku. Les combinaisons dans une équipe sont ainsi innombrables et c'est à vous de déterminer celles qui correspondent le mieux à votre façon de jouer.
Une fois les cartes posées, la partie est lancée et vos héros accumulent de l'endurance qui leur sert à se déplacer sur le terrain de jeu. Celui-ci se décompose en deux zones : l'une de repos en bas de l'écran (permettant d'accumuler de l'endurance) et la seconde en haut (elle même décomposée en trois sous-zones) qui sert à l'attaque. Vos points d'endurance servent à faire avancer plus moins haut vos personnages dans les sous-zones d'attaque. L'idéal étant de pouvoir placer vos lutteurs le plus haut possible pour faire grimper votre score de puissance. Les parties se déroulent en 5 manches et une fois que vous avez placé vos cartes, l'affrontement commence. Le joueur qui a le plus grand score de puissance débute l'assaut. Ses personnages frappent les défenseurs (forcément placés dans la zone d'attaque de l'adversaire, ceux qui sont au repos ne participent pas) qui attaqueront tous ensuite à leur tour. Le premier casse-tête est donc de savoir lequel, ou lesquels, de vos sept héros placer au repos ou en attaque. Cette partie est la base de votre tactique globale. Les manches s'enchainent ensuite de la même manière jusqu'à la perte totale des points de vie de votre équipe.
Mais, lors des phases d'attaque ou de défense, débute un jeu de barres qui se remplissent automatiquement à répétition, appelé "impact de charge". C'est aux joueurs d'appuyer sur le bouton A au bon moment pour remplir leur barre le plus possible et remporter la rixe. Ces duels se suivent et le gagnant de l'impact de charge réussit à se défendre correctement ou à attaquer plus fort puisqu'il a percé la défense adverse. Comme si ça ne suffisait pas, juste en dessous de votre score de puissance se trouve la barre d'énergie de héros composée de 10 cristaux. A chaque fois que votre score de puissance monte de 3000 points, vous accumulez un cristal. Et ces cristaux correspondent à la quantité d'énergie nécessaire pour lancer les pouvoirs spéciaux de vos héros après l'impact de charge. Certains n'ont besoin que de 4 cristaux alors que d'autres de 8 ou 9 par exemple. A vous donc de gonfler votre score pour avoir assez de cristaux et lancer de grosses attaques lorsque vous gagnez des duels. Mais attention, rappelez-vous que plus vous montez vos héros sur la zone d'attaque, plus vous dépensez aussi d'endurance. Si celle-ci sert à la fois à ralentir votre barre lors des impacts de charge (pour que ce soit plus facile) notez que si elle tombe à zéro sur un personnage, il est alors étourdi, ne pourra plus se défendre et son impact de charge sera forcément raté. Il deviendra donc une cible privilégiée pour faire fondre la santé de votre équipe.
Ces fameux pouvoirs, gonflés à coups de QTE, font d'énormes dégâts (logique, un Kamehaméha fait bien plus mal qu'un simple coup de poing) et leur enclenchement est déterminant lors d'un match. D'autant qu'ils bénéficient d'animations spécifiques que tous les fans veulent lancer sur leurs adversaires. Pour éviter cela, il ne faut surtout pas que vos héros manquent d'endurance, d'où l'intérêt de les remettre, parfois, dans la zone de repos en bas de l'écran (mais dans ce cas ils ne participent pas à la manche et n'augmentent pas votre score de puissance). Il s'agit là d'un système de combat assez complexe à maitriser dont je vous épargne les détails les plus pointus que sont les natures des cartes, les capsules qui modifient la défense des ennemis, augmentent votre niveau de puissance, les pouvoirs qui accélèrent ou ralentissent les barres d'impact de charge pour rendre les rixes plus difficiles, etc. Inutile d'aller plus loin dans le détail, le système de jeu de Super Dragon Ball Heroes est riche, d'autant que certains combats se font dans des conditions spéciales avec des modificateurs tels que des Dragon Ball aux options spéciales ou l'intervention du Dieu Zeno. Et puis les pouvoirs demandent de manipuler les cartes ou encore de tapoter (au tactile sur Switch si vous le désirez ou à la manette, ça marche très bien aussi) l'écran façon QTE. De quoi vous impliquer encore plus dans ces joutes...
Au final, les combats sont assez vivants, intéressants, stratégiques, mais globalement aussi assez réptitifs sur la forme (tapoter, déplacer peut s'avérer un peu léger à la longue), la variété se situant surtout dans les combinaisons de cartes et les pouvoirs qu'elles enclenchent. Enfin, notez que ces affrontements se révèlent souvent épiques puisque des pouvoirs se lancent les uns sur les autres pour, parfois, retourner une situation ou contrer les combinaisons d'un opposant qui vous dominait, par exemple, sur les deux premières manches. Attention, l'inverse est possible aussi...
Un contenu gargantuesque
SDBH propose pas mal de modes différents. Le solo qui développe une histoire originale (attention, originale ne veut pas forcément dire bonne), le multi pour jouer contre d'autres joueurs en ligne, l'arcade (dans lequel vous retrouvez pas mal de missions de la borne Super Dragon Ball Heroes - mais pas toutes et surtout pas celles de la borne Dragon Ball Heroes), le stade des héros pour des tournois offline de différents niveaux, la boutique pour obtenir des bonus (à utiliser en solo sur vos cartes) et tenter des tirages au sort afin de récolter de nouvelles cartes (rares ou non), la création de decks pour créer des équipes de fous furieux (de 7 personnages ici dans SDBH alors qu'il n'y en avait que 5 dans DBH à l'origine) et, enfin, le mode création de cartes et de missions pour façonner vos cartes et des challenges uniques à proposer aux autres joueurs sur la toile (notez d'ailleurs que vous pourrez aussi jouer ceux des autres). Oui, il y a énormément de choses à faire et à jouer dans SDBH, c'est carrément indécent, d'autant que le mode solo est vraiment long.
Un scénario digne d'Inception, le film ?
Ce fameux mode solo est une histoire originale dans laquelle vous incarnez un joueur de SDBH. Ce dernier découvre le jeu et apprend, tout comme vous, à y jouer. Mais comme tout cela est très meta, il finit par rentrer carrément dans le jeu, vous y choisirez alors son apparence, pour combattre avec ses héros préférés. Enfin, Inception, le film, peut aller se rhabiller lorsque ce sont les méchants du vrai monde de Dragon Ball qui débarquent dans celui du héros et qu'il les combat à coups de cartes et de duels d'impact de charge. Tout cela donne lieu a des changements d'univers, de contextes, à des voyages dans l'histoire originale de toutes les séries de la saga, en version modifiée ou non, canon ou pas, et c'est donc un joyeux mélange complètement fan service qui, si on le tolère, peut se révéler assez savoureux. Pour autant, l'histoire est loin d'être palpitante et si l'humour du manga original y est parfois présent, il est loin d'être aussi percutant en jeu vidéo, que ce soit clair. Enfin, la traduction française est correcte, mais quelques erreurs ou manques de précision peuvent, de temps à autres, perdre les joueurs.
Néanmoins, ce scénario tiré par les cheveux de Super Saiyen se laisse jouer car il donne lieu à des batailles par dizaines et après plus d'une quinzaine d'heures de jeu (juste sur le solo), je suis encore loin d'en avoir vu le bout tant il y a d'histoires cachées et de longueurs aussi au travers de dialogues assez basiques. Bref, là encore, les fans tolérants apprécieront, les autres sans doute moins et supporteront seulement tout ce folklore pour profiter des combats qui y sont disponibles.
La création, possibilités infinies ?
Pour finir, le mode arcade est proche de celui de la borne avec plus d'une vingtaine d'histoires Dragon Ball proposant, pour certaines une dizaine de combats. De quoi s'occuper puisque le challenge ne cesse d'augmenter. Evidemment, il sera possible d'en avoir de nouvelles via des mises à jour ou des DLC puisqu'on ne trouve pas encore celles du film Dragon Ball Super Broly, pourtant disponibles au Japon en arcade. Pas d'inquiétude côté contenu, c'est même presque trop... S'ajoute à cela le jeu en ligne contre d'autres équipes de joueurs en direct. Disponible depuis deux jours, ce dernier a été l'occasion de trouver des adversiares particulièrement doués ayant constitué des équipes monstrueuses, toutes différentes les unes des autres. Là aussi, avec le nombre de cartes gigantesques et l'imagination des joueurs, vous trouverez toujours des adversaires à votre hauteur. Attention cependant à ne pas tomber de haut tant certains sont vraiment retors dans leurs associations de cartes. Notez, aussi, que le rythme des parties en ligne est encore plus lent qu'en jeu solo, tant les connexions des joueurs Switch sont instables. Ce n'est pas toujours le cas, mais lors de notre test, certains affrontements ont été assez longs à cause de ça.
Et comme si vous n'étiez pas déjà noyé sous le contenu, sachez enfin que vous pouvez créer vos propres cartes et même vos missions, grâce à un outil de création efficace, pour les proposer ensuite aux joueurs sur la toile. Evidemment, de votre côté vous pouvez jouer celles des autres et les refaire indéfiniment pour avoir le meilleur score (battre le mieux possible les combinaisons d'ennemis créées par les joueurs). Vous l'aurez compris, terminer à 100% Super Dragon Ball Heroes, rien qu'en solo, relève de l'exploit, mais en ligne, le contenu est quasiment infini...
Points forts
- Du pur fan service avec tous les univers Dragon Ball
- Fidèle portage de la borne d'arcade
- Un jeu de cartes tactique
- Un contenu gargantuesque
- Parfaitement jouable en tactile ou à la manette
- Les voix japonaises
Points faibles
- Une réalisation indigne de 2019
- Un coeur de gameplay tout de même répétitif
- Une histoire originale, mais pas forcément intéressante
- Les musiques, insupportables à la longue
En tant que fan de jeux de cartes, de combats au tour par tour et de Dragon Ball, j'ai apprécié Super Dragon Ball Heroes. Son gameplay tactique, son contenu, énorme, ses possiblités innombrables et son univers ont su me séduire. Mais impossible d'oublier pour autant ses graphismes datés, ses musiques lassantes et la répétitivité indéniable de ses QTE, ceci malgré une certaine forme de stratégie plus qu'appréciable. Il s'agit donc d'un fidèle portage de l'arcade qui s'adresse aux fans hardcores, mais tolérants, de l'univers et qui aiment les jeux de carte virtuels, ou encore se casser la tête à trier leurs héros pour trouver les meilleures combinaisons possibles en fonction de leur style de jeu. Reste à savoir si vous êtes de ceux-là ?